portrait-de-Jean-ZayC’est avec une grande émotion que j’ai appris la décision de François Hollande de faire entrer Jean Zay au Panthéon.
Cela fait en effet de nombreuses années que je défends cette cause.
C’est une décision de justice pour le grand serviteur de la République que fut Jean Zay.
C’est un honneur pour Orléans et le Loiret où Jean Zay fut avocat, militant politique, conseiller général puis député avant d’être le grand ministre de l’Éducation nationale du Front populaire.
Jean Zay était très proche des Orléanais et des habitants du Loiret, comme le montrent les milliers de dossiers conservés aux Archives nationales.
Il fut un grand parlementaire, présent, actif, réformateur, s’intéressant aux grandes causes nationales, se battant constamment pour les idéaux humanistes et républicains, ainsi que pour la laïcité.
Il fut un grand ministre. Il était attaché à une école de l’exigence, à l’enseignement rigoureux des différentes matières comme il était attaché à la rénovation pédagogique. Il n’y avait là pour lui aucune contradiction : la pédagogie devait permettre à tous d’accéder à la connaissance.
Il fut un pionnier lorsqu’il fonda les classes de découverte, jeta les bases du CNRS et de l’École Nationale d’Administration et créa le festival de Cannes au moment où le festival de Venise était sous l’emprise de mouvements fascistes.
Il fut un résistant de la première heure.
Il fut victime d’un assassinat ignoble par des miliciens qui ne supportaient ni ses origines, ni son intelligence, ni son humanisme, ni ses convictions, ni sa générosité.
Ceux-là ont tué le « ministre de l’intelligence ».
Mais l’entrée de Jean Zay au Panthéon montre que cet acte sordide ne pouvait en rien porter atteinte au rayonnement de cet homme qui croyait tant en l’humanité, en ses valeurs, ses vertus, ses beautés, et dont le message reste vivant.
Il n’est que de lire son magnifique livre écrit en prison « Souvenirs et solitude », un livre si calme, si serein, souvent verlainien, pour s’en persuader.
Je remercie de tout cœur François Hollande, président de la République, qui a pris cette décision, juste et forte, qui était tant attendue.
Je remercie Avelino Vallé et Jean-Michel Quillardet qui ont toujours été présents, vigilants actifs pour défendre cette cause – aux côtés, bien sûr, de Catherine et d’Hélène, filles de Jean Zay.
Je remercie particulièrement Sylvie Hubac, directrice de cabinet du président de la République et Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Élysée, si réceptifs et attentifs à nos propos.
La dépouille de Jean Zay quittera le cimetière d’Orléans, où nous nous sommes si souvent réunis pour nous souvenir de lui. Il restera en nos cœurs.
Je sais qu’en ce lieu prestigieux – Le Panthéon – comme en la crypte de la Sorbonne, sa mémoire, sa pensée, son action resteront vivaces, et qu’elles continueront à inspirer les consciences et à appeler inlassablement à une société plus juste et plus humaine.

Jean-Pierre Sueur

 
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