Sur ce sujet, Jean-Pierre Sueur a donné une interview à Marie Guibal de La République du Centre (lire ci-dessous l’intégralité de ses réponses).
Cette interview a été largement reprise dans l’édition du 20 juin de La République du Centre.
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République du Centre : Le président de la République a-t-il facilement accepté l’invitation à venir inaugurer ces deux lieux ?
Jean-Pierre Sueur : François Mitterrand a été immédiatement d’accord pour venir rendre hommage à la mémoire de Jean Zay en inaugurant l’avenue que le conseil municipal d’Orléans avait décidé, à mon initiative, de lui dédier. Passionné de culture et d’architecture, il a accepté très volontiers d’inaugurer, le même jour, la médiathèque.

République du Centre : Quel souvenir le plus marquant gardez-vous de cette journée à ses côtés ? Une anecdote particulière vous revient-elle en mémoire ?
Jean-Pierre Sueur : Je garde beaucoup de souvenirs. En particulier, le souvenir du repas pris avant les inaugurations, en toute intimité et simplicité, à La Source, chez les parents d’Anne Lauvergeon. François Mitterrand avait beaucoup parlé avec le père d’Anne, Gérard, des communes et des villages de la Nièvre, auxquels il était toujours passionnément attaché. Je me souviens aussi qu’il était préoccupé par la santé de son épouse, Danièle, qui venait de se faire opérer, je crois. Il m’en a parlé. Il lui téléphonait entre les inaugurations. Beaucoup d’autres souvenirs : la foule rassemblée dans la cour de l’Hôtel Groslot ; le tableau de Daniel Gélis que nous lui avons offert et qu’il a aimé…

République du Centre : A l’époque, ce projet de médiathèque a fait l’objet de nombreuses critiques. 20 ans après, cela semble loin et la médiathèque a été adoptée par les Orléanais…
Jean-Pierre Sueur : Relisez la « République du Centre ». Il y a eu des pages et des pages de polémique ! Mais avec Augustin Cornu, nous avons tenu bon. Il y avait là trois choix majeurs. D’abord, faire une grande médiathèque à vocation régionale, au cœur de notre ville. Deuxièmement, rompre avec l’idée que toutes les activités culturelles devaient être rassemblées autour de la cathédrale, dans cette même partie du centre-ville. Cette installation sur les mails, au centre de gravité de l’agglomération, était un acte fort qui anticipait sur ce qui, je l’espère, arrivera : la réfection des mails pour qu’ils redeviennent une vraie « avenue » plus conviviale, plutôt que d’être une pseudo-autoroute en centre-ville. Troisième choix : faire entrer enfin à Orléans l’architecture du XXe siècle… avant la fin de ce siècle. L’œuvre de Dominique Lyon et Patrice du Besset a d’abord surpris avant d’être adoptée. Je souligne que si le matériau est résolument contemporain, la facture est classique, sobre, racée. J’aime voir ce mur de vagues sous le soleil et aussi la nuit lorsqu’il est illuminé. Je pense que c’est une « vigie ». La médiathèque veille. Elle est le symbole de la place de la culture dans notre cité.

République du Centre : A l’époque, baptiser une rue du nom de Jean Zay vous paraissait-il le moindre des hommages à rendre à cette illustre homme qui marque encore aujourd’hui l’actualité ?
Jean-Pierre Sueur : En effet, pendant plusieurs décennies, on n’avait pas assez mis en lumière à Orléans la haute et forte figure de Jean Zay, même si son nom avait été donné à un lycée ou à une école. Élu maire en 1989, j’ai eu à cœur, avec les membres du conseil municipal, de marquer ce que nous devons à Jean Zay, élu d’Orléans, « ministre de l’intelligence », qui fut jusqu’au dernier jour fidèle à la République et fut assassiné par la milice. Ceux qui ont armé son bras détestaient tout ce qu’il représentait, et qui nous est très cher. La décision de François Hollande de faire entrer Jean Zay au Panthéon vient aujourd’hui consacrer la reconnaissance de la République à l’égard de celui qui fut l’un de ses grands serviteurs. Avec tous ceux qui ont œuvré pour cette reconnaissance, je lui en suis profondément reconnaissant.

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