Pierre Dézarnaulds 1936Je salue l’initiative qu’a prise la municipalité de Gien qui a rendu hommage à Pierre Dézarnaulds à l’occasion du quarantième anniversaire de sa disparition.
Beaucoup d’habitants de notre département ignorent en effet que deux députés de gauche du Loiret, Jean Zay et Pierre Dézarnaulds, ont participé au gouvernement du Front populaire présidé en 1936 par Léon Blum.
La mémoire de Jean Zay a été récemment célébrée par son entrée au Panthéon.
Il est juste de se souvenir également de la personnalité et de l’œuvre de Pierre Dézarnaulds. Michel Verbeke a évoqué avec talent l’une et l’autre lors d’une conférence, ce 12 septembre, à Gien. J’ai émis le souhait qu’un livre lui soit consacré, reprenant cette conférence nourrie des travaux universitaires de Michel Verbeke.
Pierre Dézarnaulds était chargé de l’Éducation physique au sein du gouvernement du Front populaire. On lui doit l’introduction de celle-ci à l’école, au collège, au lycée : il plaidait pour cinq heures hebdomadaires d’« EPS » –, comme on ne disait pas encore à l’époque. Quand il eut quitté le gouvernement, ses réformes furent reprises et prolongées par Jean Zay et Léo Lagrange.
Pierre Dézarnaulds fut longtemps maire de Gien. C’était un homme de progrès. Il ne cachait pas ses idées de gauche, tout au contraire. Sa politique était conforme à ses idées. Médecin des pauvres et chirurgien, il s’est pleinement engagé dans la construction du « nouvel hôpital » de Gien. Il s’est engagé pour les logements sociaux et pour une vraie politique sociale.
Destitué par le gouvernement de Vichy de 1941 à 1945, Résistant, Pierre Dézarnaulds entreprit courageusement à la Libération la reconstruction de la ville de Gien qui avait été profondément défigurée, des quartiers entiers étant anéantis. Ce fut sa fierté que cette « reconstruction » – comme la lutte qu’il mena avec succès contre le captage des eaux de la Loire pour alimenter Paris en eau ; on mesure aujourd’hui les conséquences qu’auraient eues ces captages, s’ils avaient eu lieu.
J’ajoute que Pierre Dézarnaulds fut toujours fidèle à son village de Pierrefitte-ès-Bois et au canton de Châtillon-sur-Loire qu’il représenta durant près d’un demi-siècle au Conseil général du Loiret, dont il fut président.
J’arrête là. Il y aurait encore tant à dire. Il faudra continuer de dire, de redire, d’enseigner et de faire connaître tout ce que nous devons à Pierre Dézarnaulds.

Jean-Pierre Sueur

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