Nous étions réunis comme chaque année ce dimanche 19 juin à Orléans pour commémorer la mort de Jean Zay, assassiné par des fanatiques.
Et les mots me sont venus spontanément à la bouche.
En cette semaine qui s’est achevée hier, le fanatisme a encore terriblement frappé. Il a poursuivi son œuvre de mort.
Aux États-Unis, à Orlando, des êtres humains ont été assassinés parce que des fanatiques ne supportaient pas qu’ils soient homosexuels.
En France, à Magnanville, deux policiers, un homme et une femme, ont été assassinés par d’autres fanatiques animés par des diktats monstrueux et inhumains, renvoyant à la barbarie. Et alors qu’on aurait pu penser qu’il y aurait le lendemain même de cette tragédie, décence, silence et recueillement, des casseurs sont venus blesser plusieurs dizaines de policiers, comme s’il fallait que le nihilisme s’ajoute à la barbarie.
En Grande-Bretagne, une femme, Joe Cox, députée lumineuse autant que généreuse, a été pareillement assassinée par d’autres fanatiques.
Quand cela s’arrêtera-t-il ?
J’espère, comme chacune et chacun, que le respect de l’humanité et de chaque être humain, l’altruisme, la tolérance, ou, tout simplement, la civilisation, l’emporteront.
Mais nous savons que c’est un combat qu’il faudra toujours gagner.
Dans mes interventions dans les médias mentionnés ci-dessous, j’ai plusieurs fois cité Albert Camus.
Dans son livre, La Peste, il décrit tout ce que les hommes ont fait pour venir à bout de ce mal. Ils ont été héroïques. Mais lui sait qu’un jour – hélas – «  la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. »
Le mal est là. Il peut revenir. Il n’y a pas de « victoire définitive. »
Mais il faut, impérieusement, que, « malgré leurs déchirements personnels », tous ceux qui refusent ce mal s’efforcent inlassablement d’être des « médecins ».
Ainsi faut-il, à l’école, dans la cité, en utilisant toutes les ressources de l’État de droit, tous les ressorts de la raison, de la volonté et toute la force des convictions de ceux qui aiment l’humanité, œuvrer chaque jour contre le fanatisme.

Jean-Pierre Sueur