J’écris ces lignes après avoir regardé dans la soirée les reportages sur la « passation de pouvoir » à l’Élysée, puisque les fêtes de Jeanne d’Arc qui, une fois encore, ont rassemblé les Orléanais, ne m’ont pas permis de suivre cet événement en direct.

Le mot qui me vient sous la plume pour caractériser cette « passation de pouvoir » est : « dignité ».

Évoquant l’ensemble de ses prédécesseurs, prononçant des paroles et accomplissant des gestes éminemment républicains, Emmanuel Macron a pris un bon départ.

Je sais qu’il n’ignore rien des difficultés de la tâche qui l’attend.

Ces difficultés sont renforcées par le fait qu’il a choisi de « faire bouger les lignes », de changer la donne politique afin de dépasser des oppositions qui ont pu apparaître comme trop rituelles et trop figées, en unissant ce qu’il appelle les « progressistes » –  c’est-à-dire, si je comprends bien, et je crois bien comprendre, ceux qui ne sont pas conservateurs et qui s’opposent donc à ces derniers.

Je lui souhaite bonne chance et succès.

Je sais que beaucoup ont déjà commencé à faire son procès alors qu’il n’a encore engagé aucune action – et pour cause !

Je ne partage pas cet état d’esprit.

Beaucoup de Français attendent d’Emmanuel Macron un renouveau de notre vie politique. Je partage cette aspiration.

S’agissant du clivage entre la gauche et la droite, qui structure notre vie politique depuis si longtemps, je ne pense pas qu’il disparaîtra.

D’ailleurs, le clivage entre progressistes et conservateurs le recouvre largement.

J’ai dit – et je maintiens – qu’Emmanuel Macron devra pouvoir s’appuyer sur une majorité large, cohérente et progressiste.

Je maintiens que celle-ci doit, à mon sens, être « plurielle » et comprendre à côté du mouvement « République En Marche », les socialistes – ou socio-démocrates – qui, bien sûr, auront choisi de ne pas être dans l’opposition, c’est-à-dire la majorité d’entre eux, des radicaux, des écologistes, des centristes et des gaullistes sociaux qui auront évidemment choisi de rompre avec la droite conservatrice.

Pour moi, l’enjeu des élections législatives, c’est la constitution d’une telle majorité, dans sa diversité. Chaque composante devra apporter sa contribution pour gagner le défi du changement, de la réforme et du renouveau.

Jean-Pierre Sueur