Je me souviendrai toujours du jour où Xavier Darcos est venu annoncer au Sénat qu’il n’y aurait plus d’école le samedi matin.

J’ai immédiatement pensé que cela se traduirait par trois heures d’enseignement en moins pour les enfants et par la concentration du temps scolaire sur quatre jours hebdomadaires dans l’un des pays du monde où le nombre annuel de jours de scolarité est le moins élevé.

Je sais qu’on nous a expliqué que ces trois heures seraient remplacées par du « soutien ».

Il n’empêche que j’ai perçu cela très négativement.

Pour les enfants des familles aisées, où il y a beaucoup de livres et d’ordinateurs à la maison et où les parents peuvent tout expliquer, cela n’est pas dramatique.

Mais cela peut l’être pour les enfants qui ne disposent pas des mêmes chances et des mêmes moyens.

Pour ceux-là, c’est l’école et c’est le temps scolaire qui – seuls – permettent la réussite.

J’ai été déçu de constater que cette décision de Xavier Darcos n’avait donné lieu qu’à bien peu d’opposition, comme si chacun s’y résignait.

C’est pourquoi j’ai été heureux que les ministres qui lui ont succédé rétablissent les « quatre jours et demi » de temps scolaire.

Certes, les modalités, qui ont trop largement reposé sur les communes – dont les moyens et situations financières sont très inégales – ont pu donner lieu à discussion et à contestation. Mais il faut reconnaître qu’au total nous sommes parvenus à atteindre l’objectif qui était assigné : rétablir la semaine de « quatre jours et demi ».

Il était prévu qu’au cours de cette année et des années suivantes, ce dispositif serait évalué.

… Et puis un nouveau ministre arrive qui, aussitôt, et sans attendre la moindre évaluation, remet tout cela en cause.

Je le regrette. Faire, défaire, refaire… n’est pas la bonne méthode en matière d’éducation. Nos élèves méritent mieux.

Jean-Pierre Sueur