Les partis politiques n’ont de sens et d’utilité que par rapport aux convictions, aux valeurs et aux projets qu’ils portent.

Ils se doivent, de surcroît, d’être des lieux de débat, d’étude, de réflexion afin d’élaborer des réponses aux questions qui se posent à chaque époque, et qui sont toujours nouvelles et de préparer et proposer des réformes afin de faire avancer la société.

Ils sont encore les instances qui ont pour mission d’arbitrer entre les candidats aux différentes élections par des procédures démocratiques.

Les partis sont nécessaires. La Constitution précise qu’il « contribuent à l’expression du suffrage. » Il n’est pas de démocratie sans parti politique. Et il n’est pas de parti digne de ce nom sans démocratie en son sein.

Les récentes « primaires » ont été, à gauche comme à droite, une confirmation de ce que je viens d’écrire.

Il a pu arriver – il est arrivé – que le vainqueur des primaires ne soit pas en phase avec la majorité – ou les opinions majoritaires – du parti dont il se réclame.

On en a vu les conséquences.

Si les adhérents des partis se trouvent dessaisis de la désignation de leurs représentants et aussi de la détermination de la ligne politique ou du programme qui sont, de fait, liés au candidat élu, alors on peut aller vers un effacement, de fait, des partis politiques.

Il peut aussi arriver que faute de travail sur le fond, de prise en compte de la société et de l’actualité telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles fussent, les partis perdent de leur force et de leur vigueur. Il faut alors les régénérer.

Il peut arriver enfin que les contours des partis ne correspondent plus à des clivages clairs. Ainsi des positions inconciliables peuvent perdurer au sein du même parti, cependant que des partis différents peuvent réunir des adhérents dont les positions sont proches, voire semblables.

Dans ces cas, il est sain de chercher à clarifier les choses.

En tout état de cause, tout parti peut perdre de sa substance lorsqu’il se détourne des idées, projets et convictions qui fondent son existence.

Cela ne signifie pas qu’il mourra pour autant. On a pu voir aussi des partis continuer à exister comme des astres morts.

Je termine en citant, bien sûr, Charles Péguy et Notre Jeunesse : « Tout commence en mystique et finit en politique […] L’essentiel est que […] la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance. »

Il écrivait encore : « Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique. »

Ce qui est premier c’est l’idée. C’est le sens. Il faut sans cesse les retrouver, les faire renaître, s’y ressourcer. Le reste est second – ce qui ne signifie pas secondaire.

Jean-Pierre Sueur