Nouvelle directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans, Maud Le Pladec vient de présenter « Borderline » au Festival d’Avignon, un spectacle très fort (qui sera proposé à Orléans du 5 au 7 octobre) consacré au drame des êtres humains qui sombrent dans ces « bateaux de la mort » qui traversent la Méditerranée – ou parfois en réchappent après avoir vécu des moments épouvantables – pour le plus grand profit des passeurs qui méprisent le plus cyniquement du monde les lois les plus élémentaires de l’humanité.

Ce spectacle, mis en scène par Guy Cassiers, s’appuie sur un texte non seulement réaliste, mais décapant, dérangeant, un texte dont on ne peut sortir indemne, de l’écrivaine autrichienne Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature.

La chorégraphie de Maud Le Pladec est sobre, d’une tragique simplicité. Elle se suffit à elle-même. Le drame est dit, montré, dansé, sans fioriture, sans détour inutile.

On éprouve parfois quelque difficulté à vivre la relation entre le texte, bouleversant, mais dit en néerlandais, et donc « sous-titré », et la chorégraphie – comme si l’un et l’autre relevaient de logiques parallèles, également prégnantes. Mais c’est un défaut mineur – si c’en est un ! Reste la force du spectacle. Et du message qu’il délivre.

J’ai dit – on m’excusera de le répéter – l’autre jour au Sénat que 2 247 êtres humains sont morts depuis le début de cette année dans ces « bateaux de la mort » qui traversent la Méditerranée.

Cela ne peut, ne doit pas continuer. Le théâtre peut aussi envoyer des cris d’alarme.

Jean-Pierre Sueur

>> Lire deux extraits de l’interview croisée de Guy Cassiers et Maud Le Pladec dans le programme du spectacle