Depuis la « rumeur d’Orléans », nous savons à Orléans combien des propos racistes proférés anonymement peuvent faire de mal.
La rumeur est la parole sans auteur. Elle est l’arme des hypocrites et des lâches. Sur Internet, ceux-ci ne reculent devant rien pour abîmer et salir nos valeurs les plus sacrées, sous la protection de l’anonymat.
J’ai déjà bien connu cela lorsqu’une jeune fille d’origine portugaise fut choisie pour figurer Jeanne d’Arc.
Et je sais malheureusement que, plus on en parle – même si c’est pour dénoncer ces propos –, plus on leur donne, hélas, de publicité.
Mais aujourd’hui, nous devons être bien sûr tous unis autour de Mathilde et de celles et ceux qui l’ont choisie pour dénoncer ces paroles abjectes et rappeler que le message de Jeanne d’Arc a une dimension universelle.
Dans le discours qu’il a prononcé à Orléans, André Malraux a parlé d’une petite brésilienne de 15 ans qui, à Brasilia encore en construction, figurait Jeanne d’Arc et il disait que cette jeune brésilienne « et la République étaient toutes deux la France parce qu’elles étaient toutes deux l’incarnation de l’éternel appel à la justice. »
Oui, la figure et le message de Jeanne sont universels. Nul ne peut les accaparer, surtout pour soutenir des thèses racistes qui sont aux antipodes de ce qu’elle était et de ce qu’elle croyait.
 
Jean-Pierre Sueur