Une pensée pour Gérard Jouannest, qui vient de nous quitter. Il fut le pianiste de Jacques Brel. Comme l’a écrit Bruno Lesprit,« impossible d’imaginer ses chansons sans ce piano qui constituait une seconde voix, comme un contrepoint fluide et délicat aux humeurs tourmentées du chanteur »1. Il composa, avec Brel le plus souvent, la musique de trente-cinq de ses chansons, dont ce que j’appelle les « trois M » - « Marieke », « Madeleine » et « Mathilde » : une épopée ! -, mais aussi « La chanson des vieux amants » et « J’arrive ». Avec François Rauber, il a accompagné toute l’aventure musicale de Brel. C’est la femme de François, Françoise, qui disait qu’il était « l’amitié à l’état pur »2. Il était aussi, à l’état pur, un homme de gauche. Après Brel, il a accompagné Juliette Gréco. Il a composé pour elle plus de cent mélodies. Il devint son mari. Je terminerai par cet extrait d’une lettre de Jacques Brel à Juliette : « Ma chère Gréco, il me faut te dire merci pour la tendresse que tu offres à Gérard. Tu sais, c’est un homme vraiment bien, et de savoir que tu le sais me donne envie de regarder le soleil dans les yeux »3.

Jean-Pierre Sueur

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1 Le Monde, 19 mai 2018

2 Angela Clouzet, «Gérard Jouannest, de Brel à Gréco », p 56

3 Id. p 159.