J’ai souvent écrit combien j’appréciais l’œuvre de Daniel Gélis.

Et j’ai longtemps pensé que la force de cette œuvre tenait à sa clarté, sa transparence, sa simple beauté.

Nul ésotérisme, nul obscurantisme. Aucune de ces postures en lesquelles certains hommes et femmes de culture se drapent pour donner l’illusion que l’absence de signification témoignage d’une insigne profondeur.

Non, la vie « simple et tranquille », comme l’écrivait Verlaine.

La mer, les ballons dans le ciel, les bateaux, les instruments de musique, les fêtes, les colombes, la féminité…

… Et puis avec le temps, je me rends compte que Daniel Gélis nous donnait à voir bien davantage.

J’ai découvert et aimé les sanguines.

L’exposition « Visions secrètes » de 2017 nous révélait une pure sensualité.

Mais ce qu’elle révélait était déjà dans toute l’œuvre ; c’était un versant ignoré ; ou peut-être n’avions-nous pas suffisamment décrypté tout ce que l’œuvre porte en elle : apparente surface et vraie profondeur.

C’est tout cela que nous retrouvons – ou que nous trouvons – dans le livre que Jean-Dominique Burtin vient de consacrer à l’œuvre de Daniel Gélis.

Jean-Dominique Burtin a le don de l’empathie ou de la sympathie – je ne sais quel mot convient le mieux – pour les œuvres ou les spectacles dont il rend compte.

Et ici, il pousse l’empathie ou la sympathie jusqu’à reprendre les textes de tous ses confrères journalistes ou auteur qui ont écrit sur l’œuvre de Gélis.

… Et peu à peu, les citations de Gélis prennent le dessus, entre les reproductions d’œuvres – peintures sanguines et dessins – très bien choisies pour mettre en valeur tous les moments, tous les climats (comme disait Péguy à propos d’Eve) de l’œuvre.

Je citerai ci-dessous un beau texte de Gélis – « Genèse d’une œuvre » – consacré aux affres de la création et qui doit avoir été écrit – Jean-Dominique Burtin ne le dit pas précisément – à propos de sa fresque « Le chant des lendemains ».

Jean-Pierre Sueur

>> Lire « Genèse d’une œuvre »