Interventions et prises de position

Vous trouverez ci-dessous les dernières prises de position de Jean-Pierre Sueur.

Jean-Pierre Sueur était intervenu auprès du prédécesseur de François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, sur le complément de traitement indiciaire demandé par les personnels du secteur médico-social rattaché aux hôpitaux. François Braun lui a répondu.

Je reproduis très volontiers le texte de mon ami et collègue sénateur Mickaël Vallet lors du débat sur la proposition de loi sur l’encadrement des cabinets de conseil afin d’exiger que ces organismes parlent et écrivent en français.
>> Lire son intervention
M. Mickaël Vallet. Je profite de cette explication de vote pour préciser et éclaircir les choses. J'aimerais, monsieur le ministre, vous entendre sur cet article et savoir ce que vous en pensez sur le fond.
En France, il n'y a pas de police de la langue. Nous devons démystifier cette idée et ne pas tomber dans la caricature. Dans le privé, sur les réseaux sociaux, les gens parlent entre eux comme ils l'entendent – et c'est heureux. Mais plus on entre dans les interactions sociales, à commencer par le monde du travail, plus les règles se précisent.
Nous parlons dans cet article des pouvoirs publics. Le Premier ministre, chef de l'administration, et les ministres sont là pour faire appliquer un droit, qui découle de certaines normes telles que la Constitution et la loi Toubon, par exemple. L'administration doit aussi suivre les circulaires primoministérielles, notamment sur la féminisation des titres. On doit dire aujourd'hui « Mme la préfète » et pas autrement. Si des préfètes, dans certains départements, continuent de se faire appeler « Mme le préfet », elles sont en contradiction avec ce que dit leur administration.
De la même façon, quand Édouard Philippe, par circulaire, demande à son administration de s'exprimer d'une certaine façon, et pas d'une autre, sur la question du point médian, et non sur celle de l'écriture inclusive, objet de tous les fantasmes, il en a parfaitement le droit.
Cet article précise la loi Toubon et souligne que l'administration a l'obligation de travailler et de s'exprimer en français, mais aussi qu'elle doit exiger de ceux qu'elle paye pour lui rendre des documents qu'ils s'expriment également en français.
Nous ne pourrons malheureusement pas étendre cette disposition aux grandes entreprises, y compris celles qui sont issues de grands monopoles d'État et qui ont une belle histoire publique – je pense notamment à La Poste, qui parvient à pondre des idées aussi idiotes que « Ma French Bank ». Peut-être cela viendra-t-il un jour, mais ce texte n'est pas le bon véhicule législatif. Nous en restons à l'obligation faite à l'administration de s'exprimer en français.
La question de la bonne application de cette disposition relève presque uniquement de l'administration et de ceux qui la dirigent. Vous pourrez compter sur le Parlement pour la contrôler.
Monsieur le ministre, je suis curieux de connaître votre position sur cet article. (M. Jean-Pierre Sueur applaudit.)
 

Je signale tout particulièrement ce texte de Katia Beaupetit paru dans La République du Centre du 19 octobre, sur le texte méconnu de Charles Péguy sur la Loire que j’ai récemment réédité aux éditions La guêpine.

La récente disparition du philosophe Bruno Latour a suscité nombre d’articles sur une œuvre novatrice explorant de nombreux champs du savoir – une œuvre qui ouvre de multiples pistes pour penser un monde en mutation.
Mon ami Éric Thiers, président de l’Amitié Charles Péguy, m’a justement rappelé que Bruno Latour s’était – aussi – intéressé aux écrits et à l’écriture de Charles Péguy. C’est ainsi que l’on trouve l’un de ses textes intitulé « Pourquoi Péguy se répète-t-il ? Péguy est-il illisible ? » dans un ouvrage reprenant les actes d’un colloque tenu à Orléans les 6 et 7 septembre 1973 à l’occasion du centenaire de la naissance de Charles Péguy sur le thème « Péguy écrivain ». Ce texte fut donc d’abord une communication orale donnant lieu à un débat lors de ce colloque introduit et largement animé par Roger Secrétain.
On le sait, Charles Péguy a écrit qu’il n’y a pas une seule répétition dans toute son œuvre. Et c’est vrai que si les mêmes motifs, les mêmes structures, les mêmes formes reviennent, notamment de vers en vers, c’est toujours avec des changements, des variations qui constituent en complément à l’écriture linéaire une écriture verticale lourde de sens – comme dans une symphonie, les mêmes mouvements reviennent. Ce sont les mêmes, mais ils reviennent toujours différemment.
C’est ce que perçoit, ce qu’explique remarquablement Bruno Latour que je me contenterai de citer. Pour lui, chez Charles Péguy, « à la temporalité linéaire, progressive et transitive » vient s’ajouter « la temporalité refluante, descendante, ressourçante et verticale. »
Il ajoute : « Nous n’aurions jamais découvert cette nouvelle logique si Lévi-Strauss n’avait appliqué aux mythes (lesquels parlent aussi de l’essentiel) une semblable distorsion. En récrivant le récit continu de façon à placer sur des lignes verticales les sections du texte qui ont même tonalité, il obtient un nouveau sens qui est saisi par la continuelle redite des textes transversaux. »
Et il écrit encore : « L'accumulation des mots, des parenthèses, des redites n’exhausse pas une formule ultime, mais enracine de plus en plus puissamment l’origine. À chaque mot nouveau, le premier mot devient encore plus premier. »
On le voit, Bruno Latour a perçu, bien au-delà des commentaires et critiques convenus, ce qui fait l’incomparable force de l’écriture de Charles Péguy, dès lors qu’on la prend pour ce qu’elle est, –dans sa plénitude.
Jean-Pierre Sueur

 

Jean-Pierre Sueur vient de publier aux éditions « La guêpine » un texte méconnu, et pourtant « fabuleux », de Charles Péguy sur la Loire. Ce texte est précédé, dans cette édition, d’un avant-propos de Jean-Pierre Sueur, qui en souligne toute l’importance.
Cette description de la Loire et de sa vallée qui s’étend à ses châteaux et aux poètes qui l’ont chantée est l’épilogue d’un long article publié en 1907 dans Les Cahiers de la quinzaine sous le titre – « peu porteur », écrit Jean-Pierre Sueur, « De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne devant les accidents de la gloire temporelle » – et repris entre les deux guerres avec d’autres textes sous le titre « Situations » dans une édition aujourd’hui introuvable.
Jean-Pierre Sueur écrit que Charles Péguy y décrit la Loire « en une écriture emphatique qui transporte et emporte ceux qui acceptent de se laisser emporter et de partager avec lui, au-delà des convenances de la rhétorique, les labeurs, les souffles, les grandeurs et les fulgurances de l’écriture. »

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