Remise de l'étendard

Monseigneur,

Cette nuit de veille avant la bataille était, en 1429, une nuit où le temps était suspendu, une nuit faite d’attente, d’incertitudes, de peurs et de mystères.

La ville était depuis des mois assiégée. Elle avait perdu confiance en elle-même. Les notables de la cité comme ceux de l’Eglise et comme ceux de l’armée étaient découragés. Ils avaient presque rendu les armes.

Et soudain, celle qu’on n’attendait pas, celle qui était, peu de temps plus tôt, totalement inconnue – une femme venue d’ailleurs – allait par la force de son courage et de sa ferveur changer le cours des choses.

Elle allait rendre confiance à tous ces notables désabusés et au peuple angoissé.

D’abord abasourdis par tant de volonté, par tant de confiance, par un tel sens de la justice et du bon droit, ils allaient se réveiller, se remettre en route, repartir, changer d’idée, croire en la victoire, gagner enfin.

Quelle leçon !

Une femme, hier inconnue, sans titre de noblesse, venue d’ailleurs, allait changer le cours de l’histoire.

C’est une leçon d’humanisme.

Elle nous montre que chacune et chacun peut apporter quelque chose d’irremplaçable à la société humaine.

Soyons attentifs. Les idées neuves, les projets importants, les initiatives utiles, viendront peut-être aujourd’hui et demain de telle ou tel que nous ne connaissons pas.

Saurons-nous les entendre ?

L’égale dignité des êtres humains, leur égale capacité à être acteurs de la société, cela s’appelle la citoyenneté, cela s’appelle aussi la République.

Monseigneur, au moment où je vous remets cet étendard, permettez-moi de saluer les prélats qui vous entourent et tout particulièrement Monseigneur Louis-Marie BILLE, archevêque de Lyon, président de la conférence des évêques de France, natif d’Orléans.

Permettez-moi d’avoir une pensée pour Monseigneur François MAUPU, enfant du Loiret, qui fut si longtemps parmi nous, récemment ordonné évêque de Verdun, dans la Meuse.

Ce qui nous ramène à Jeanne d’Arc.

« Adieu Meuse endormeuse et douce à mon enfance ]
Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas
Meuse adieu : j’ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas. »

Ces fêtes johanniques de l’an 2000 seront marquées par nombre d’innovations.

Ainsi, dans un moment, des voix orléanaises s’élèveront ici devant cette cathédrale.

Mais au moment où nous basculons dans un nouveau siècle, ces fêtes de Jeanne d’Arc sont cette fois encore, pour nous, l’occasion de dire que nous aimons la liberté, l’égalité et la fraternité.

Thème : Jeanne d'Arc