hardouinLe nouveau livre de Nicole Hardouin – Fontaines carnivores – marque un tournant dans son travail d’écriture. Alors que, la profusion lexicale et la multiplicité des images donnaient une sensation d’emphase, cette fois-ci les traits sont épurés, l’écriture cursive, la rhétorique sobre. Du coup, comme chez Eugène Guillevic, les mots pèsent de tout leur poids :

« J’avais encore du sel au bout des cils vous habitiez l’océan »

« Je suis transparente comme un amour sans rêve.
Cendre blanche »

« Le hurlement des loups déchire les dernières campanules »

« Renoncer aux sept fenaisons
à la pierre du destin.
Effacer les cases de ma marelle
personne ne pousse le palet.

La craie est usée »

« Monsieur, aujourd’hui je vous ignore, enfin j’essaie.
Je pose une à une les épingles sur la table basse »

Reste une question : pourquoi avoir donné pour titre au recueil cette étrange expression : « Fontaines carnivores » - alors que l’ultime vers : « Secret au goût d’airelles »
aurait eu, je crois, bien davantage, la saveur du mystère.
Jean-Pierre Sueur

• Nicole Hardouin, Fontaines carnivores. Editions Librairie-Galerie Racine, 23 rue Racine, 75006 PARIS.

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