Faire preuve d'une plus grande vigilance A la suite du résultat des élections présidentielles, ma première pensée va vers Lionel JOSPIN, à qui je veux dire mon amitié. Lionel JOSPIN a gouverné durant cinq ans la France avec honnêteté, avec une grande intégrité. Son gouvernement a accompli de très importantes réformes. Je veux souligner aussi la grande dignité avec laquelle il a tiré les conséquences de l’échec du 21 avril. Je suis persuadé que l’histoire lui rendra justice, comme elle rendra justice à son action.

Le résultat de cette élection, qui permet au candidat de l’extrême droite d’être présent au second tour, est la conséquence de la dispersion des votes à gauche et du grand nombre des abstentions. Il faut en tirer les conséquences pour l’avenir et faire preuve d’une plus grande vigilance.

Ce résultat est aussi le fruit de l’exploitation qui a été faite du thème de l’insécurité. Ce thème a occulté tous les autres sujets, pourtant également importants pour l’avenir de la France. L’insécurité existe. Il faut la combattre. Le gouvernement de Lionel JOSPIN a fait, en ce domaine, bien davantage que ses prédécesseurs. Mais beaucoup reste à faire. Cela ne passe pas par la démagogie, mais par une action tenace, persévérante associant tous les responsables et conjuguant la sanction, l’éducation et la prévention.

Beaucoup de ceux qui ont voté Le Pen ont voté contre l’insécurité. Mais, ce faisant, ils ont voté pour un personnage dont les propos et le programme sont très dangereux pour notre pays. M. Le Pen considère que les chambres à gaz sont un « point de détail » de la Seconde Guerre mondiale. Il préconise des mesures xénophobes. Il veut que la France sorte de l’Europe. Le programme de l’extrême droite est contraire à nos idéaux républicains.

C’est pourquoi, au second tour, il faut « faire barrage » à M. Le Pen. C’est nécessaire, indispensable, pour l’avenir de la France et des Français. Il faut que notre pays reste fidèle aux valeurs républicaines qui sont les siennes.

Je porte, pour ma part, un jugement sévère sur le bilan de Jacques CHIRAC, sur son comportement, sur la façon dont il a fait campagne. Je suis en désaccord avec beaucoup d’aspects de son programme. Mais je tiens à dire que si Jacques CHIRAC est un adversaire des partis de gauche dans le cercle de la démocratie, Jean-Marie Le Pen représente, lui, un danger pour la République. Il est donc, pour moi, essentiel que le candidat de l’extrême droite fasse le plus faible score possible le 5 mai, afin de défendre les principes républicains qui sont les nôtres. C’est pour cette raison, et pour cette seule raison, que je voterai pour Jacques CHIRAC le 5 mai et que j’appelle tous les républicains à voter pour lui afin de « faire barrage » au grand danger que représente l’extrême droite.

L’enjeu est tellement important qu’il serait, pour moi, inexcusable de ne pas avoir une position claire.