Jean Codron, qui a vécu une partie de son enfance en Algérie, fut prêtre puis prêtre ouvrier dans le Loiret. Après avoir démissionné du clergé, il devient militant puis responsable syndical. Et puis il s’engage dans le tourisme « social et solidaire ». Fondateur et directeur d’un village de vacances en Sologne, il est élu président de la fédération « Loisirs Vacances Tourisme ».

Aujourd’hui – comme on le lit sur la quatrième de couverture du livre qu’il vient de publier – « atteint de la maladie de Parkinson et d’un cancer, il puise dans l’écriture la force et l’énergie de vaincre le tremblement de ses mains et l’épuisement de ses jambes. »

Ce livre s’intitule Journal de méharées. Il a été composé et mis en page « par sa femme Marie-Jo et sa fille Karine. » Fasciné par le désert, qu’il a voulu longuement arpenter à pied, à plusieurs reprises, il y raconte « deux longues marches silencieuses dans le désert de l’Aïr (du 11 novembre au 14 décembre 1998) et du Ténéré (du 15 janvier au 18 février 2003) » qui sont, pour lui, « comme autant de voyages intérieurs… »

Ce livre nous présente donc un ressourcement, un retour sur soi, une méditation menée pas à pas, seconde après seconde, dans le temps long et la marche lente du désert. Ce n’est toutefois pas un livre de solitude, les rencontres y sont multiples, les amitiés se nouent – mais tout cela dans des paysages immenses : le sable, les montagnes ocre, le ciel…

Je préviens les lecteurs que ce livre n’est pas facile. Il est exigeant. En effet, Jean Codron ne triche pas. Il nous livre la réalité de la marche telle qu’elle fut, dans sa quotidienneté, sa monotonie ; il détaille les préoccupations matérielles et déroule inlassablement les heures vécues, les unes après les autres. C’est un voyage dans l’espace et le temps.

Il faut prendre le temps de lire, page à page, de se laisser porter par le rythme des jours et des nuits, pour découvrir au cœur ou au terme d’un paragraphe de vraies pépites, comme ces extraits que je vais retranscrire :

« Dans le désert, il ne faut jamais se laisser aller à se coucher, s’arrêter ou boire si ce n’est pas le moment ou par faiblesse. »

« Un Touareg ne doit jamais s’humilier en public et exprimer une envie. Et ce n’est pas parce que le bien de consommation est là qu’il faut le consommer. Le rapport à l’eau est très significatif dans le pays de la soif. »

« Finalement, l’Aïr, est-ce vraiment un désert ? Tous les jours, nous avons vu des arbres. Il n’y a que deux ou trois jours sans eau. Et régulièrement, nous croisons une piste où les touristes peuvent visiter le pays en Toyota climatisée avec un matériel fou […] Moi j’ai la marche, les nuits, les étoiles, les chameaux, le contact. »

« Vallée de la préhistoire. La perle du Ténéré. Le vol des aigles sur la dune. Instants de vie, de fraternité avec d’autres hommes. »

« Une autre impression m’est venue ce matin en marchant. C’est la comparaison avec la mer. […] Toujours avancer, résister, prendre de l’avance, prévoir, réorganiser, recommencer quels que soient le vent, le soleil, la soif, le froid, la chaleur, la clarté. »

« J’ai un sentiment de plénitude, d’immersion, de responsabilité. J’éprouve un réel plaisir physique proche de l’orgasme, comme quand on nage longtemps nu, dans les mers chaudes et que l’eau glisse sur le corps, jouissant de ses caresses et des sensations que le soleil multiplie. »

Il me reste à remercier Jean Codron pour nous avoir confié par ce livre ses pérégrinations dans l’univers et, indissociablement, en lui-même.

Jean-Pierre Sueur

Ce livre peut être commandé à Jean Codron, 3 avenue des Genêts, 41600 Nouan-le-Fuzelier (mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). Prix du livre : 19 €, frais d’envoi : 5,20 €.