Ce fut pour moi un plaisir de retrouver ce jeudi 11 juin à la porte de Versailles à Paris, Dominique Lyon, qui fut, avec Patrice du Besset, l’un des deux architectes de la médiathèque d’Orléans, avec qui je participais à une table ronde devant le congrès de l’association des bibliothécaires de France, et donc devant des centaines de bibliothécaires de toutes nos villes et nos départements, sur le thème de la place de la bibliothèque dans la ville.
Dominique Lyon exposa très clairement comment l’édifice d’Orléans fut, pour lui, le point de départ d’une véritable aventure architecturale qui se traduisit ensuite par plusieurs autres bâtiments – tous de grande qualité !
Ce fut l’occasion d’évoquer les différents défis auxquels le projet de la médiathèque d’Orléans devait apporter une réponse.
Le premier était spatial. Il est dans nos villes des quartiers voués à la culture et à l’administration et d’autres au commerce. La bibliothèque de la rue Dupanloup voisinait ainsi avec la cathédrale, le musée, le conservatoire, la préfecture, le rectorat, le conseil régional, la mairie, etc.
L’installer au cœur géographique de l’agglomération, sur un lieu de fort passage, près du quartier gare voué au commerce, c’était rompre avec une certaine idée de la spécialisation des espaces urbains.
C’était aussi un manifeste pour une reconquête des mails, reconquête qui tarde à venir. Combien de fois faudra-t-il dire qu’il est très préjudiciable à notre ville que l’espace de convivialité que furent jadis les mails se soit transformé en pseudo autoroute ? Et il faut regretter que l’opportunité que représente la seconde ligne de tram, qui aurait pu – et dû – être saisie pour repenser et reconfigurer une partie au moins de ces mails ne l’ait pas été.
(J’ajoute que l’on aurait pu penser le nouveau quartier gare autour qu’un équipement culturel fort – mais c’est une autre histoire !)
Le second défi fut celui de l’architecture. Il s’agissait, en un mot, de faire entrer l’architecture du XXe siècle à Orléans avant que le siècle ne s’achève. On y parvint de justesse !
J’ai toujours pensé que pour moderne qu’elle fût, l’architecture de la médiathèque était très classique. Il n’y a rien dans son dessin ni dans sa conception qui soit gratuit. Rien de pittoresque ou de décoratif. Les lignes sont épurées. Il y a une totale adéquation entre la conception d’ensemble et la vocation des lieux. Seuls les matériaux sont résolument, et volontairement, contemporains.
Le troisième défi fut d’offrir les livres, disques, vidéos à un large public, appartenant à toutes les générations. Ce défi a été, je crois, gagné – en particulier parce que la médiathèque est une « tête de pont »  qui s’inscrit dans un réseau au sein duquel toutes les bibliothèques de tous les quartiers apportent leur contribution.
… On en revient à la ville. Construire dans la ville un édifice culturel, c’est toujours faire un choix urbain. Il ne doit pas y avoir d’un côté des gestes architecturaux et de l’autre de l’urbanisme. Tout doit être lié.
… Ce 11 juin, la médiathèque d’Orléans était, pour les bibliothécaires de toute la France, au cœur de ce débat.

Jean-Pierre Sueur
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