1- François HOLLANDE en pôle position

François HOLLANDE fait, dès le premier tour, l’un des meilleurs scores jamais atteint par un candidat socialiste aux élections présidentielles. Il est en pôle position. Il est bien placé pour gagner au second tour. Ce serait justice, car il a fait une campagne solide, sérieuse, fondée sur des valeurs fortes, sans céder à la démagogie. A l’inverse, Nicolas SARKOZY a fait une campagne en zigzag, changeant sans cesse de position, comme ce fut trop souvent le cas lors du quinquennat qui s’achève. Même s’il est difficile de gouverner en temps de crise et si les gouvernants sont souvent désavoués en ces périodes, le résultat du premier tour est d’une grande clarté : trois Français sur quatre ont voulu par leur vote sanctionner Nicolas SARKOZY. Reste à transformer l’essai. Le résultat du second tour n’est pas acquis d’avance. Tous ceux, dont je suis, qui veulent avec François HOLLANDE une France plus juste, œuvrant pour l’emploi, la réindustrialisation, la formation, l’innovation, la recherche, pour une Europe plus forte, centrée sur la croissance, jugulant la folie financière et se donnant les moyens de maîtriser de vraies politiques communes, - tous ceux-là doivent continuer à convaincre, ce qui suppose d’abord de comprendre et d’entendre les messages des électeurs du premier tour.

2- Des résultats contrastés dans le Loiret

Si le vote du Loiret, pris dans son ensemble, reste plus marqué à droite que dans la moyenne de la France, ce qui est une tendance constante depuis le début de la Cinquième République, il y a beaucoup de contrastes au sein de notre département. Et je me réjouis – on le comprendra – du vote de la ville d’Orléans. Cela fait des années que, scrutin après scrutin, la ville d’Orléans est non seulement au diapason des votes nationaux, mais qu’ils sont amplifiés au bénéfice de la gauche. Le beau score de François HOLLANDE (32.62% contre 28.32% pour Nicolas SARKOZY) traduit une réelle adhésion à la gauche responsable autant que solidaire qu’il incarne.

3- Le score du Front National

Le score du Front National est très élevé. S’il est de 18.12% dans toute la France, il est de 20.58% dans le Loiret. C’est préoccupant, parce que les thèses de ce parti, fondées sur le refus de l’autre, tournent le dos aux valeurs de la République. C’est doublement préoccupant parce qu’elles tournent également le dos à l’Europe, et que le retour au franc prôné par celui-ci aurait pour conséquence une vraie catastrophe financière et économique. Mais je me refuse à croire que la grande majorité des électeurs de ce parti partagent les thèses extrémistes de ses dirigeants. Je pense qu’ils manifestent une colère, un désarroi, des souffrances, et aussi un refus d’un jeu politique qui leur paraît loin des réalités. A nous d’en tirer les conséquences et d’expliquer qu’entre François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY, le premier œuvrera pour améliorer la vie quotidienne du plus grand nombre cependant que le second continuerait sur la lancée du quinquennat écoulé.

4- Des sondages plus qu’approximatifs

S’agissant de la publication des estimations de vote le jour du scrutin ainsi que des sondages, chacun voit aujourd’hui combien les propositions que nous avions faites, Hugues PORTELLI et moi, apparaissent justifiées. Il faut à l’évidence fermer tous les bureaux de vote à la même heure en France métropolitaine. Il faut aussi revoir la législation sur les sondages. Ceux-ci ont été doublement démentis : sur le taux d’abstention, qui a été relativement faible, et sur le score du Front National plus élevé que ce qu’annonçaient toutes les enquêtes. Les sondages n’ont jamais une valeur absolue. Ils ont une valeur relative. Il faut enfin publier les marges d’erreur qui sont - le plus souvent – de plus ou moins trois points pour la plupart des chiffres annoncés. Il faut aussi dire la vérité sur les « redressements ». Les chiffres donnés par les sondages ne sont pas les chiffres bruts. Ils sont redressés. Il serait juste que ces redressements et les critères en vertu desquels ils sont faits soient non seulement déposés à la Commission des sondages mais, de surcroît, consultables par chacun. Ainsi, y aura-t-il une totale transparence sur les méthodes et les prévisions. Les sondeurs ne cessent de dire que leur démarche est scientifique. La science suppose la transparence.

En tout cas, même si les sondages peuvent apporter des informations utiles, l’abus de sondages mal présentés et mal interprétés est nuisible. En démocratie, seul le vote des électeurs compte !

Jean-Pierre SUEUR

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