« Dune d’or, aile de libellule, tapis volant » : l’architecte Mario Bellini file les métaphores pour décrire la verrière habillée de résille qu’il a conçue avec Rudy Ricciotti et qui se déploie dans la cour Visconti du Louvre, abritant l’éblouissante exposition – vous pourrez vérifier que l’hyperbole n’est pas usurpée – consacrée par le plus grand musée du monde aux arts de l’Islam. Il faut remercier les dizaines de personnes qui ont travaillé dix ans durant avec à leur tête Sophie Makariou, directrice du département des arts de l’Islam, pour nous présenter, sur 2 800 m², ces 2 600 objets, tous restaurés, qui illustrent des civilisations de haute culture déployées sur de vastes périodes et territoires, parmi lesquels on admire les portes étoilées des mamelouks, des mosaïques restituées dans leurs teintes originelles et un rutilant mur de céramiques ottomanes. Il faudra revenir plusieurs fois pour simplement regarder, comme elle mérite de l’être, cette prolifique exposition.
… Et pendant ce temps, fanatisme, intégrisme, intolérance, invectives, provocations et atteintes au droit de l’expression se partagent l’actualité. Et cela crée tant de fureurs, de clameurs et de violence qu’on se dit, en quittant le Louvre, que cette exposition vient à point nommé et qu’il serait temps de retrouver le chemin des hautes civilisations qui nous sont offertes dès lors que nous choisissons de nous tourner vers elles.

Jean-Pierre Sueur

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