C’est la route que je préfère pour aller de La Source à Gien. Elle passe par Vannes-sur-Cosson, communes qui, comme tant d’autres, me sont chères. Elle traverse la Sologne. Ce samedi matin, la Sologne était somptueuse avec un peu de brume encore et toutes les nuances des arbres de l’automne. J’écoutais en conduisant le huitième disque de Georges Brassens, l’un de ceux où il parle avec le plus de truculence et de justesse du temps qui passe et de la mort. Je songeais que cette truculence, cette justesse aussi, étaient en harmonie avec celui dont nous allions - avec les mariniers de Loire et beaucoup d’autres – honorer la mémoire en ce jour, Jean-Pierre Hurtiger. Et puis, après Coullons, après avoir rejoint la route venant du Cher, à mesure que la pente du coteau s’abaissait, la ville de Gien apparut dominée par son château que l’église prolonge, avec des maisons alignées roses et ocres en ce matin, leurs toits argentés tombant en pente vive vers la Loire qui lentement s’écoule. La ville m’apparut dans toute son unité.

Jean-Pierre Sueur

 

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