Antoine Veil, qui vient de nous quitter, fut l’instigateur du « Club Vauban », auquel j’ai eu le privilège de participer, qui, durant plus de vingt ans, rassembla chaque mois pour des débats de fond, des responsables politiques venus de différents horizons et qui avaient tous en commun le même attachement à l’idéal européen. Pourquoi s’appelait-il « Club Vauban » ? Tout simplement parce que les réunions avaient lieu, du moins au départ, au domicile de Simone et Antoine Veil, place Vauban à Paris. Il s’agissait de petits déjeuners qui commençaient à 8 heures précises et s’achevaient à 9 h 30 précises. Antoine présidait avec vigueur et ferveur cette « atypique confrérie » qui rassemblait ce qu’il appelait les « parcimonieux » (du centre et de droite) et les « partageux » (de gauche).
Comme il n’y avait là aucun enjeu politique, aucun pouvoir à conquérir… la qualité de l’écoute était remarquable. Certains critiquèrent le fait que de telles rencontres pussent exister. C’était pour moi, le signe d’un sectarisme suranné. D’autres allaient jusqu’à imaginer un « gouvernement Vauban » : cela n’avait pas de sens. Ce qui avait du sens en revanche, c’était de travailler ensemble sur les enjeux auxquels la France et l’Europe étaient et restent confrontés dans un lieu débarrassé des pensées toutes faites, préjugés, a priori et invectives, autour de Simone et Antoine Veil.
Au moment où Antoine nous quitte, je tiens à lui dire merci et je pense, bien sûr, à son épouse et à ses enfants.

Jean-Pierre Sueur

 

.