FRACJe suis heureux qu’après douze ans d’éclipse l’architecture contemporaine ait enfin fait son retour à Orléans avec le FRAC. Et je salue la ténacité de la Région Centre et de son président, François Bonneau, sans laquelle ce bâtiment n’existerait pas.
L’architecture contemporaine dérange, au moins un temps. Elle dérange tous ceux qui pensent qu’il faut se borner à recopier – voire à singer – ce qu’ont laissé les siècles passés. Elle dérange ceux qui pensent que les formes convenues sont bonnes, que les innovations sont hasardeuses et que les choses doivent rester ce qu’elles sont.
Eternelle histoire. Sait-on que la Tour Eiffel en son temps suscita de vives oppositions de personnages qui déclaraient qu’elle allait irrémédiablement défigurer Paris.
Je me souviens des vives – et même très vives – oppositions suscitées à Orléans par la médiathèque, la salle Jean-Louis Barrault, le Zénith, le Pont de l’Europe – d’autres projets encore.
Aujourd’hui la médiathèque est adoptée. Avec le Pont de l’Europe, elle figure dans d’innombrables livres et revues d’architecture dans le monde entier.
Autre débat : comment l’architecture contemporaine s’insère-t-elle dans son environnement urbain ?
Elle est toujours rupture et aussi continuité – comme la vie. Elle crée un nouveau paysage urbain. Elle ajoute la marque d’un siècle à celle d’autres siècles.
A cet égard, le nouveau FRAC, dû à Jakob et MacFarlane, est remarquable. Impossible de ne pas se faire surprendre par ses formes, son habillage, ses reflets et ses métamorphoses photo 3numériques. En même temps, on voit combien le bâtiment classique des Subsistances militaires s’inscrit dans le projet qui, finalement, conjugue les continuités et les ruptures en une œuvre singulière.
C’est l’inverse de ce qui fut fait naguère autour de notre cathédrale où l’on s’est ingénié à recopier les formes anciennes – pour ne prendre que cet exemple.
L’architecture, c’est la vie, c’est le mouvement de la vie.
Il était nécessaire que la collection sans équivalent des maquettes de l’architecture moderne que recèle le FRAC – et sur laquelle Marie-Ange Brayer veille avec ferveur – fût accueillie au cœur d’une œuvre architecturale qui soit à sa mesure.

Jean-Pierre Sueur

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