Il y a des manifestations qui donnent le sentiment d’être rituelles. Telle ne fut pas, mais pas du tout, l’impression que m’a laissée la manifestation qui a rassemblé entre 1 200 et 1 300 personnes ce samedi 19 mars à Pithiviers pour défendre le maintien de la maternité dans l’hôpital de cette commune.
On ressentait que pour toutes et pour tous, « l’hôpital – et la maternité ! – c’est vital », pour reprendre le nom de l’association qui, autour de Mijo Miret et de beaucoup d’autres, se bat depuis des décennies pour défendre cet hôpital.
Ils étaient tous là : les médecins, les personnels soignants, les habitants, les élus, de toutes tendances, totalement unis, le conseil municipal au complet, les maires et les élus de presque toutes les communes des alentours, les conseillers régionaux, départementaux, les parlementaires.
Il y avait une forte mobilisation, mais aussi une grande émotion.
Les prises de parole furent plus spontanées que ce qui était prévu. Tant mieux !
L’humour allait de pair avec l’émotion. Quelqu’un a dit : « Je suis né à Pithiviers il ya 62 ans et je ne le regrette pas ! »
Le jeune Shady Zoof, âgé de 12 ans, est monté à la tribune et a déclaré au micro : « Mettre au monde, c’est l’art de prolonger l’œuvre d’amour et de la sublimer. Et c’est à Pithiviers que nous la sublimons ! »
Des syndicalistes venus du CHRO (Orléans) et du CHAM (Montargis) sont venus apporter tout leur soutien.
J’ai rappelé mes dialogues avec Bernard Kouchner en 1997. Bernard avait compris en venant ici le profond attachement de la population à cette maternité.
Il y a eu dans cette maternité 509 accouchements en 2015. C’est-à-dire que nous sommes très au-dessus du seuil de trois cents accouchements, seuil estimé par la Cour des comptes pour qu’une maternité soit viable.
Faisant référence à une proposition récente, aussi inattendue qu’aberrante, j’ai dit : « Nous voulons une maternité, pas un aéroport ! »
J’ai aussi évoqué la nécessité de défendre les services publics dans le Pithiverais, connaissant les inquiétudes des élus qui relaient celles des habitants des communes sur le devenir des bureaux de poste et des trésoreries.
Chacun a parlé à sa manière. Il n’y a pas eu de fausse note.
Il y eut une vraie unité.
Reste maintenant à agir pour éviter l’arrêt des accouchements à Pithiviers.
A ma demande, une réunion a lieu ce lundi soir 21 mars associant l’Agence régionale de santé Centre-Val de Loire, des directeurs d’hôpitaux (Pithiviers, Orléans, Montargis) et des représentants des médecins de ces trois hôpitaux.
Nous serons également reçus prochainement au ministère de la santé.
Cette forte manifestation de samedi montre la détermination des habitants du Pithiverais et de leurs élus. Nous devons être entendus !

Jean-Pierre Sueur

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