Je salue la manifestation « Les Voix d’Orléans » consacrée à la francophonie et aux œuvres des femmes, à la place des femmes dans le champ de la francophonie, qui a été organisée les 20 et 21 mai par la Ville d’Orléans à l’Hôtel Dupanloup, qu’on eut le plaisir de voir ainsi « habité » et retrouvant vie.
Et je salue tout particulièrement la passionnante conférence d’Henriette Walter qui a expliqué avec beaucoup de verve et force exemples combien notre langue française avait bénéficié, depuis l’origine, d’emprunts de mots venant de toutes parts : du latin et du grec, bien sûr, mais aussi des langues germaniques, de l’arabe, du persan, de l’anglais, de l’espagnol, de l’italien, du turc, des langues d’Afrique… et j’en oublie.
Toute langue vivante vit avec d’autres. Elle emprunte constamment. Et nombre de langues ont beaucoup emprunté au français. Il est même des emprunts faits par d’autres langues que nous réempruntons quelques siècles plus tard et ainsi nous reviennent.
Les seules langues qui n’empruntent pas, ne se transforment pas, ne vivent pas, sont évidemment les langues mortes.
Cette conférence était un acte politique, au sens noble du terme.
Certains pensent en effet qu’il y aurait une « pureté » originelle de la langue, qui n’a jamais existé, et que les emprunts viendraient polluer et dégrader.
Les mêmes pensent pareillement qu’il existe une pureté originelle de la Nation – qui est pure illusion – que les immigrés et les réfugiés viendraient pervertir.
Funestes conceptions !

Jean-Pierre Sueur