La gauche est diverse. Elle le fut toujours. Il y a, au sein de celle-ci, des courants plus contestataires et d’autres, plus gestionnaires.
François Mitterrand ne serait jamais devenu président de la République s’il n’avait su rassembler les uns et les autres.
Lionel Jospin a su, ensuite, à nouveau rassembler les uns et les autres.
Aujourd’hui, l’enjeu auquel nous sommes confrontés est limpide.
La droite s’est réunie autour de la candidature de François Fillon.
L’extrême droite représente une menace plus forte qu’elle ne le fut jamais pour les valeurs qui fondent notre République.
Si la gauche se présente dispersée, éclatée, émiettée, à l’élection présidentielle, il est sûr que le second tour opposera la droite et l’extrême droite et que la gauche, toute la gauche, en sera exclue – avec, de surcroît, le risque que l’on ne doit pas ignorer ni minimiser, de voir l’extrême droite l’emporter !
Pour éviter ces issues funestes, il n’est qu’une seule solution : que Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et les autres candidats de gauche qui se sont manifestés décident de participer à la « primaire ».
Je connais les arguments que les uns et les autres peuvent invoquer pour refuser une telle décision. Je sais les critiques que peuvent susciter les partis politiques – sans lesquels, pourtant, il n’est pas de démocratie ! Je sais que l’on peut souhaiter bouleverser le paysage et renverser la table.
Mais les faits sont têtus : si Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et le candidat issu de la primaire socialiste se partagent les voix de l’électorat de gauche, la gauche ne sera pas présente au second tour – avec toutes les conséquences que cela emporterait !
Oui, les faits sont têtus.
À chacun de prendre ses responsabilités devant l’Histoire.

Jean-Pierre Sueur