Tous ceux, dont je suis, qui aiment Beaugency, ont mille fois admiré son pont, l’un des plus anciens ponts de la Loire, dont l’harmonie nous séduit, même si nous discernons quelques irrégularités dans la succession de ses arches – et aussi à cause de cela !

Mais il ne faut pas se fier aux apparences, et l’histoire de ce pont fut mouvementée, tumultueuse. C’est presque une histoire picaresque. L’on admire encore davantage ce pont lorsqu’au-delà des légendes qui le hantent – comme celle du Diable et du chat –, on connaît les multiples épisodes de son histoire.

C’est pourquoi je suis reconnaissant à mon ami Dominique Daury qui a publié récemment une « histoire du pont de Beaugency » (qui constitue un supplément au bulletin annuel de 2017 de la Société archéologique et historique de Beaugency).

On y apprend que le premier pont, très probablement en bois, date du XIIe siècle ; qu’il n’y avait pas un pont mais deux – on parlait des ponts de Beaugency –, le plus petit, souvent victime des crues, conduisant d’une île – l’île des ponts – à la route de Lailly-en-Val ; qu’il y eut de part et d’autre des forteresses et des pont-levis ; qu’il y eut sur le pont une chapelle dédiée à Saint-Antoine, et une autre à Saint-Jacques, des commerces, un octroi, des habitations dont celle du « proviseur du pont » ; qu’il fallut construire une « arche marinière », le passage du pont suscitant maints problèmes au temps de la navigation sur la Loire ; que l’on doit à Francis Hennebique, inventeur du béton armé, la configuration actuelle du pont, en partie reconstruit et restauré à partir de 1946…

Mais j’arrête là. Et je vous laisse au plaisir de la lecture.

Jean-Pierre Sueur