Les leçons des régionales Le vote des régionales est, à l’évidence, un désaveu pour la politique menée par Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin. Personne n’imaginait que ce désaveu prendrait une telle ampleur avec vingt régions gagnées par la gauche sur vingt-deux. Une majorité de Français s’est saisie de la première – et de la seule – occasion qui leur était donnée avant 2007 pour dire avec force leur désapprobation, leur mécontentement, leur désir d’une autre politique.
Cette sanction s’explique, à mon sens, par le fait que Jacques Chirac n’a pas tiré, lui, les leçons du 21 avril 2002. Alors que suite à ce jour noir pour la gauche, il avait été réélu président de la République par plus de 80 % des Français, donc par autant, sinon plus, d’électeurs de gauche que d’électeurs de droite, il a choisi de mener une politique très marquée à droite, s’appuyant sur la seule UMP, créée pour l’occasion.
Je ne crois pas que ce vote du 28 mars signifie que les Français soient opposés aux réformes. Mais ils veulent des réformes justes.
Quand les chômeurs en fin de droit se voient supprimer leur indemnité, quand on cherche à faire des économies sur le RMI ou l’APA, quand les chercheurs se voient opposer une fin de non recevoir, quand les intermittents sont incompris, quand la baisse des impôts ne profite qu’à une minorité, quand la réforme des retraites est inéquitable – et l’on pourrait facilement allonger cette liste – très nombreux sont ceux qui ont de bonnes raisons de penser que la politique menée est injuste, qu’elle ne prend en compte ni les difficultés de nombreux Français, ni l’intérêt général.
Les réformes et les évolutions sont nécessaires. Mais elles doivent être menées dans un esprit de justice et de solidarité.
Au plan régional, le travail réalisé par la majorité conduite par Michel Sapin et Alain Rafesthain se trouve confirmé. La campagne incessante contre « la Région » menée par la majorité du Conseil général du Loiret (ou au moins une partie d’entre elle) n’a pas été suivie par les électeurs. Il faudra, là aussi, en tirer les conséquences. Car il sera de l’intérêt du département du Loiret d’entretenir des relations sereines et constructives avec la Région Centre.
A Orléans, la liste Sapin rassemble 51 % des suffrages contre 38 % à la liste Vinçon (UMP-UDF). Ce résultat est confirmé par la belle victoire de Joëlle Beauvallet dans le canton Bannier et le bon score de Liliane Coupez dans le canton Bourgogne. Ces résultats sont très porteurs pour l’avenir. Le fait que la liste UMP-UDF du Loiret était menée par M. Lemaignen, adjoint au maire d’Orléans et président de la Communauté d’agglomération, n’a pas porté chance à cette liste – c’est le moins que l’on puisse dire ! – et n’a pas infléchi la tendance nationale… et l’a sans doute aggravée !
Pour ce qui est de l’agglomération d’Orléans, les beaux succès de David Thiberge à Saint-Jean de Braye et de Michel Breffy à Fleury-les-Aubrais sont également porteurs d’avenir.
Au moment où la région prend un nouveau départ, la capitale régionale et son agglomération ne peuvent assurément plus se contenter d’une gestion sans perspective, sans projet et sans dynamisme.
Ce n’est pas le moindre des enjeux pour l’avenir d’Orléans.
Jean-Pierre SUEUR