des-hommes-et-des-dieux-1Le film de Xavier Beauvois, est un grand film, qui fera date. Comment ne pas être touché par l’histoire de ces hommes de paix (les moines de Tibhirine, en Algérie), victimes d’un crime qui n’a toujours pas été élucidé ? Tout a été dit sur la force, l’humanité et la beauté de ce film. J’ajouterai une seule remarque. Ce qui distingue ce film me paraît être le rapport au temps dont il témoigne. Ce film réhabilité le temps long. Celui de la réflexion, de la méditation, de la sagesse. Il y a de longs silences. Les chants, la musique, les regards échangés prennent toute leur place. Cela tient sans doute au fait que ces hommes partage la même foi et cherchent des passages entre les religions. Mais pas seulement. Si, en effet, ce film ne laisse pas indifférent – quelles que soient les convictions des uns et des autres – c’est, me semble-t-il, par ce singulier rapport au temps, ce sens du temps long qui tranche tellement avec l’ère du zapping, du temps en miettes, avec cet « empire de l’éphémère » - pour reprendre le titre du livre de Gilles Lipovestsky – qui est la forme moderne de ce que Pascal appelait le « divertissement ».
Jean-Pierre Sueur
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