Interventions et prises de position

Vous trouverez ci-dessous les dernières prises de position de Jean-Pierre Sueur.

Au sujet du débat qui s’est instauré à Orléans, ma position est claire. Lorsqu’ils représentent la République, avec leur écharpe, les élus doivent respecter une stricte neutralité lors des cérémonies religieuses.
JPS

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat dans le débat sur la proposition de loi relative à la répartition des sièges de conseillers à l’Assemblée de Guyane, sur les évolutions électorales rendues nécessaires en raison du dynamisme démographique.

 

Jean-Pierre Sueur a interrogé Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, sur les suites que celui-ci a données aux préconisations de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, suite à sa visite dans un établissement psychiatrique en mai 2020.

Par une question écrite, Jean-Pierre Sueur a demandé des précisions à la ministre chargée du Logement au sujet de l’accès aux aides au logement.

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Jean-Pierre Sueur a posé une question écrite à Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, à propos du statut des correspondants de presse.

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Victime, durant l’hiver 1899-1900, de la grippe, maladie qui faisait, bien plus qu’aujourd’hui, des ravages, Charles Péguy rédige trois textes publiés durant la première année de parution des Cahiers de la Quinzaine, qu’il venait de créer pour « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste », intitulés « De la grippe », « Encore de la grippe », « Toujours de la grippe ». Ces textes introuvables (sauf dans le premier tome des Œuvres en prose édité dans La Pléiade par Robert Burac), Éric Thiers, devenu récemment président de l’Amitié Charles-Péguy, a eu la belle idée de les rassembler dans un livre qu‘il a préfacé, que viennent de publier les éditions Bartillat.

Ce n’était pas prévu au départ. Mais ce livre, méditation sur la maladie et sur l’épidémie, est d’une singulière actualité. Comme l’écrit Éric Thiers : « Cent vingt ans plus tard, après l’épidémie qui a plongé le monde dans un état de catalepsie […], la lecture de cette grippeest précieuse. Tout y est : l’insinuation de la maladie dans nos corps, mais aussi nos esprits ; l’épreuve intime et collective ; le dérèglement du monde et des individus qui ne savent plus à quelle vérité se vouer. Péguy évoque tout cela, à sa façon, ironique, tonique, à mille lieux de l’image de vieille barbe à lorgnons qu’on lui assigne parfois. »

Ce livre est donc une méditation sur la maladie, sur la mort qui toujours guette. Il est un dialogue, avec Blaise Pascal, avec les Pensées, les Provinciales et la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. On y croise Renan (beaucoup), mais aussi Sophocle et Corneille.

Ne croyez pas cependant que ce soit un livre triste, pesant et compassé. Non. C’est le contraire. Péguy y évoque surtout les maladies sociales. Et particulièrement les maladies de la politique et de ce qu’il appelle le « socialisme officiel » dont il vient justement de se séparer, ce pour quoi il a créé les Cahiers de la Quinzaine. Les trois textes réunis prennent dont la forme d’un dialogue avec un « citoyen docteur socialiste révolutionnaire moraliste. » C’est l’occasion pour Péguy de régler leur compte aux guesdistes (il avait écrit auparavant : « J’ai trouvé le guesdisme dans le socialisme, comme le jésuitisme dans le catholicisme ») : « Le guesdisme était jadis le culte et la vénération de Guesde, il […] devient de plus en plus un syndicat de jeunes ambitieux » – écrit-il – avant de pourfendre une conception autoritaire, centralisée, dogmatique du socialisme, qu’il déteste.

Au-delà, la critique porte sur bien des aspects de la politique politicienne : « Quand un parti est malade, nous nous gardons soigneusement de faire venir les médecins : ils pourraient diagnostiquer les ambitions individuelles aigües, la boulangite, la parlementarite, la concurrencite, l’autoritarite, l’unitarite, l’electolâtrie… »

Péguy adore créer des néologismes, développer des énumérations fantasques (on pense parfois à Rabelais), inventer la singulière syntaxe qu’il déploiera de livre en livre. Et déjà les grands thèmes de son œuvre apparaissent. Ainsi les « hussards noirs de la République » sont déjà là : « Si ce village de Seine-et-Oise ne meurt pas dans la fureur et les laides imbécillités de la dégénérescence alcoolique, si l’imagination de ce village arrive à surmonter les saletés, les horreurs et les idioties des radio feuilletons, nous n’en serons pas moins redevables à ce jeune instituteur que nous n’en serons redevables au Collège de France. »

Il y a la défense des peuples opprimés, et d’abord de l’Arménie (sujet toujours d’actualité !) :« Le massacre des Arméniens […] est sans doute le plus grand des massacres des temps modernes (…]. Et l’Europe n’a pas bougé. La France n’a pas bougé. La finance internationale nous tenait. »

Il y a aussi, comme dans la première et jusque dans la deuxième Jeanne d’Arc, le refus radical d’admettre qu’« il y eût une souffrance éternelle, et une maladie éternelle, et une mort éternelle. » Le « croyant anticlérical » que fut Péguy n’a jamais supporté l’idée de la damnation.

Comme l’écrit Claire Daudin dans le compte rendu de ce livre paru dans le dernier numéro de L’Amitié Charles Péguy, « le Péguy jeune, des tout débuts des Cahiers de la Quinzaine, est encore à découvrir, et pourtant il est déjà prophétique. »

Jean-Pierre Sueur

Je vous l’assure. Avec mes collègues sénateurs, nous avons multiplié les interventions, par mail, par lettres, à l'oral et par écrit, dans l’hémicycle et en commission. Sans succès. Si bien qu’aujourd’hui, je partage l’incompréhension de tous les acteurs de la culture et des 700 000 Français qui vivent de la culture. Je ne comprends vraiment pas pourquoi les théâtres, les cinémas et autres lieux de la culture ne peuvent pas rouvrir avec des jauges réduites et dans le respect des mesures sanitaires, alors que l’on constate une promiscuité bien plus forte dans les transports en commun et dans les grandes surfaces commerciales.
Jean-Pierre-Sueur

Jean-Pierre Sueur s’est exprimé au Sénat dans le débat sur la proposition de loi de sa collègue Sophie Taillé-Polian à propos de la suppression de l’ordonnance qui permet à des dirigeants qui ont mis une entreprise en faillite de la racheter. Cette mesure sera supprimée le 31 décembre.

Jean-Pierre Sueur a été invité sur Public Sénat le 9 décembre pour aborder les questions d’actualité, conjointement avec Catherine Procaccia. L’émission était animée par Tam Tran Huy

>> (Re)voir l’émission (à 3 h 06)

Je tiens à signaler le rapport de mon collègue Pierre Ouzoulias sur les effets de la crise de la Covid-19 sur le secteur funéraire, intitulé « Crise du funéraire en situation de Covid-19 : mort collective et rituels funéraires bouleversés ». Ce rapport, pour lequel j’ai été auditionné, présente une solide analyse de cette question et fait un certain nombre de propositions.

>> Lire le résumé du rapport dans Crémation Magazine, revue de la Fédération française de crémation, ainsi qu’une analyse de ce rapport.

 

Au-delà des divergences politiques, il est juste de saluer les initiatives qui ont été prises par Valéry Giscard d’Estaing pour moderniser la France et tout particulièrement l’abaissement de la majorité à dix-huit ans, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse pour laquelle Gisèle Halimi et bien d’autres s’étaient battues courageusement et que Simone Veil a défendue tout aussi courageusement, l’instauration du divorce par consentement mutuel, le droit pour soixante parlementaires – et donc pour les oppositions – de saisir le Conseil Constitutionnel, la fin de l’ORTF, et la création des « questions d’actualité » au Parlement. Il est enfin juste de saluer la grande détermination qui fut la sienne durant son septennat – qui vit adopter l’élection du Parlement européen au suffrage universel – et ensuite pour la construction européenne, la grande cause qu’il n’a cessé de défendre.

JPS

Jean-Pierre Sueur intervenu au Sénat sur la hausse du budget de la Justice et il a relevé quatre points : restons vigilants quant aux réductions de crédits et personnels en cours d'année, l'aide juridictionnelle doit être renforcée face à la précarité qui touche de plus en plus de Français, la réforme de l'ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs doit mettre l'accent sur l'éducatif plutôt que le répressif.
Et pour finir : construire des prisons n'est pas la seule solution à la surpopulation carcérale, il est nécessaire de développer les peines alternatives.

Jean-Pierre Sueur avait déposé en 2019 une proposition de loi sur les biens mal acquis. Celle-ci a été adoptée par le Sénat. Elle avait pour objet de faire en sorte que les biens issus de la corruption internationale confisqués par la Justice reviennent effectivement aux populations spoliées (populations des pays pauvres, le plus souvent).

Bien que le gouvernement se fût engagé à une adoption de ces dispositions pour fin 2019… cette proposition de loi attend toujours.

C’est pourquoi Jean-Pierre Sueur est revenu sur ce sujet lors du débat sur le budget de la Justice, évoquant notamment l’article de Patrick Lefas et Francine Lepany paru dans Le Monde du 3 décembre.

 
Son intervention (compte-rendu analytique)

M. Jean-Pierre Sueur. – La corruption transnationale représente entre 20 et 40 % de l’aide mondiale au développement. Des pays pauvres sont honteusement pillés par leurs prétendues élites qui achètent des hôtels particuliers à Paris et sur la Côte d’Azur. L’an dernier, le Sénat a adopté à l’unanimité une de mes propositions de loi afin que les biens réquisitionnés par la justice aillent aux populations spoliées. La ministre Mme de Montchalin s’était engagée à ce que le sujet soit réglé en loi de finances. L’Assemblée nationale a voulu faire un rapport qui a abouti aux mêmes conclusions. Mais cette question est toujours paralysée. J’ai sollicité un rendez-vous auprès de vous et je serais heureux que vous puissiez nous recevoir pour débloquer cette situation. Dans l’affaire Obiang - le vice-président de la Guinée Équatoriale -, le tribunal de Paris a considéré que l’État ne pouvait « moralement » bénéficier de la confiscation des biens. Des associations, comme Tranparency International, se sont mobilisées. S’il y a une volonté, nous pourrons régler cette question.

M. Antoine Lefèvre, rapporteur spécial. – Je comprends qu’il s’agit d’un amendement d’appel. Retrait ?

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux. – Je suis sensible à cette question. Je connais bien ces dossiers pour y avoir été confronté dans ma vie antérieure, alors que je n’étais pas pharmacien (Sourires) Avis favorable à ce que nous nous rencontrions pour avancer le plus vite possible. Retrait ?

M. Jean-Pierre Sueur. – Je ne me prévaux de rien de moins que de l’unanimité du Sénat. Compte tenu de cette volonté commune, je retire cet amendement.

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat sur le budget des relations avec les collectivités locales lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2021 pour défendre un amendement en faveur d’une dotation plus juste pour les petites communes.
 
Il est également intervenu lors du débat sur ce même budget pour soutenir l’augmentation des crédits pour les quartiers en difficulté.

Anne Sylvestre nous laisse près de trois cents chansons, sans compter les Fabulettes (vingt CD), et quand on s’aventure dans son œuvre considérable, en feuilletant le catalogue des EPM (ou en regardant le site Internet), on retrouve nombre de chansons connues, reconnues, et on lit les titres de tant d’autres qu’il nous reste à découvrir. Depuis le cabaret de La Colombe jusqu’à ces derniers mois, Anne Sylvestre n’a jamais cessé d’écrire, de créer, de chanter : trois mille spectacles, soixante ans de chansons. Durant ses récitals, elle était là, proche de nous. Elle l’est encore. « Y a-t-il une vie après le théâtre ? » demande-t-elle dans l’un de ses textes : quand elle était sur scène, elle était entière, simple, directe. Qu’importe si le nombre de musiciens était réduit – il n’y en eut parfois qu’un seul –, son public l’aimait. Ce public, il s’est d’ailleurs renouvelé, de génération en génération, avec les nombreux Rescapés des fabulettes pour reprendre le titre de la seule chanson pour « adultes » où elle évoque son autre répertoire.

Anne Sylvestre ne voulut jamais être une « chanteuse engagée » (elle l’a dit, ou plutôt elle l’a chanté) Elle a été, et elle reste, une chanteuse à fleur de vie, riche de tant d’observations, de constats tristes ou beaux, de révoltes et d’interrogations. Et c’est tellement plus fort !

Je ne prendrai que quelques exemples… Il y a dans son œuvre l’amour bien sûr, l’amour sublime de Lazare et Cécile, l’amour intermittent, qu’elle magnifie dans Belles parenthèses, et l’amour en rade (Ah, l’amour, l’amour). Il y a l’amitié (Les amis d’autrefois). Il y a la dureté des relations entre les êtres (Maryvonne), la grande humanité aussi (J’aime les gens qui doutent). Il y a la guerre d’Algérie (Mon mari est parti), le patrimoine (Les cathédrales). Il y a le féminisme, bien sûr, un mot auquel elle est toujours restée fidèle (Une sorcière comme les autres, Clémence en vacances, Mon mystère, Juste une femme). Il y a le combat pour l’intervention volontaire de grossesse (Non, tu n’as pas de nom), celui pour le mariage de personnes du même sexe (Gay, marions-nous). Il y a les sujets sociaux et les malheurs de ses amis artistes (La java des assédiques). Il y a le Québec (Dis-moi Pauline). Il y a l’écologie (Un bateau mais demain, Le lac Saint-Sébastien). Et la réponse aux caricatures d’une chanteuse prétendument ruraliste (Les pierres dans mon jardin). Il y a la fin du monde (Le jour où ça craquera). Et la drôlerie, une drôlerie pleine d’esprit (liste non exhaustive : Les punaises, Lettre ouverte à Élise, La reine du créneau, Petit bonhomme – à ranger dans la rubrique « féminisme » aussi ! –, Les blondes, Trop tard pour être une star, Parti partout, etc.)

J’arrête… car je pourrai continuer encore, tant Anne Sylvestre a beaucoup dit et chanté. Je finirai par un vœu sincère : que paraisse bientôt une intégrale de son œuvre. Ce serait un bonheur !

JPS

La liberté de la presse est essentielle. Sans elle, pas de démocratie. La loi de 1881, qui la garantit, est précieuse entre toutes. Il est des lois qui sont des symboles. Il ne faut y toucher qu’avec une « main tremblante » et sans doute est-il mieux de ne pas y toucher.

L’article 24 de la proposition de loi dite « sécurité globale », tel qu’il a été voté par l’Assemblée Nationale, met évidemment en cause la liberté d’expression et la liberté de la presse. Nous en avons eu la preuve par l’absurde. Si les faits n’avaient pas été filmés lors de « l’évacuation » de migrants place de la République à Paris, Gérald Darmanin n’aurait pas pu dire qu’il avait vu des « images choquantes » et si les violences faites à Michel Zecker n’avaient pas été filmées, Emmanuel Macron n’aurait pas exprimé sa « honte » devant de telles images.

François Hollande, qui a connu une situation où il a dû revenir en arrière – il s’agissait de la « déchéance de nationalité » – a fait à cet égard une déclaration très juste. Je cite : « Il y a plus d’honneur à retirer un texte quand il heurte les consciences et divise la société qu’à le maintenir quand le risque majeur est de créer de l’incompréhension et de provoquer la violence. Le seul apaisement possible est le retrait. »

J’ajoute que l’idée de créer une commission constituée de personnes nommées – aussi honorables soient-elles – pour réécrire la loi entre son examen par l’Assemblée et le Sénat est contraire à l’esprit de nos institutions. C’est le Parlement qui fait la loi. Les présidents de deux assemblées ont dénoncé ce procédé. On nous a depuis vendu que ladite commission ferait autre chose… sans convaincre pour autant, c’est le moins qu’on puisse dire !

Je me suis exprimé là-dessus en séance publique au Sénat ce samedi après-midi. La vidéo de mon intervention figure ci-dessous. Je suis clair : il faut supprimer cette commission comme cet article 24.

Il faut garantir pleinement la liberté d’expression et la liberté de la presse. Il faut aussi protéger les policiers et les gendarmes quant aux menaces dont ils peuvent être l’objet, ce que des dispositions législatives permettent déjà. Tout cela – comme l’ensemble du texte de la proposition de loi, au-delà de l’article 24 – demande un vrai travail parlementaire. Avec mes collègues, j’y prendrai toute ma part.

Jean-Pierre Sueur

>> Le texte de mon intervention

>> La vidéo de mon intervention

 

Présentant le 28 novembre devant le Sénat son rapport pour avis sur le budget des pouvoirs publics, Jean-Pierre Sueur a déploré les « conditions singulières » dans lesquelles il a dû rédiger son rapport. Le directeur de cabinet du président de la République a en effet refusé de le recevoir à ce sujet, pour la deuxième année consécutive. Jean-Pierre Sueur a considéré qu’en dépit des prétextes invoqués, cette attitude était « peu républicaine », et cela d’autant plus que le même directeur de cabinet l’avait longuement reçu, pour répondre à ses questions durant les années 2017 et 2018.

 

Jean-Pierre Sueur a été l’invité de la « Matinale » de Public Sénat le 25 novembre. Il a notamment répondu à des questions sur les mesures annoncées par rapport à la COVID-19, sur les moyens financiers des collectivités locales dans le projet de loi de finances pour 2021 et l’article 24 de la proposition de loi sur la « sécurité globale ».

>>(Re)voir l’émission

Compte tenu des lourdes difficultés qu’ont connues et que connaissent les commerçants, le Sénat a adopté le 28 novembre à une large majorité, et contre l’avis du gouvernement, trois amendements identiques rétablissant le Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (FISAC). Il reste à espérer que ces amendements seront également approuvés par l’Assemblée Nationale.

>> Lire les amendements

Lors de l’examen au Sénat de la mission « pouvoirs publics », Jean-Pierre Sueur a défendu un amendement de Michelle Meunier – qui n’a malheureusement pas obtenu la majorité des votes au Sénat – augmentant les crédits de la Mission de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

>> Lire les interventions de Michelle Meunier et de Jean-Pierre Sueur

Je signale l’article de Bastien Scordia sur les études d’impact, paru dans Acteurs Publics.

J’y redis ma conviction selon laquelle il n’est pas logique que l’étude d’impact d’un projet de loi soit réalisée par des services placés sous l’autorité du ministre qui a également rédigé le projet de loi. Celui-ci est, en quelque sorte, juge et partie.

Pour nombre de raisons – dont celle-là –, les études d’impact ne répondent pas aux promesses faites lors de leur instauration. Ce dispositif doit assurément être revu.

JPS

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Suite 1

Je signale le « Grand format » très complet sur les vingt ans de la première ligne de tramway d’Orléans paru sur le site internet de La République du Centre. Et je signale tout particulièrement dans ce dossier les deux interviewes d’Antoine Prost, très éclairantes sur les enjeux urbains de cette première ligne.

JPS

>> Voir le « Grand format »

 

Suite 2

Dès les années soixante-dix, le Groupe d’études municipales de l’agglomération d’Orléans (GEMAO), animé notamment par Michel de La Fournière, Antoine Prost, François Paumier et Régis Guyotat, avait déjà présenté dans sa revue La Tribune d’Orléans des vues novatrices sur la circulation et les transports dans l’agglomération d’Orléans.

C’est ainsi que dans un article paru en 1979 et intitulé « Onze propositions concrètes », Louis L. Saulnier, alias Michel de La Fournière, préconise : « À moyen terme (1980-85) la création d’une ligne de tramway moderne (pas un vieux tacot !) Saran – La Source, par le faubourg Bannier, la Croix Saint-Marceau et Olivet. Le coût d’un tramway est dix à douze fois moindre que celui d’un transport en site propre de type Tridim et sa technique est parfaitement au point. C’est la meilleure solution sur un axe où le débit est important. »

>> Lire l’ensemble des onze propositions

À la demande d’Alain Chaborel, maire de Poilly-lez-Gien, j’ai très volontiers posé à la ministre de la Transition écologique une question sur la mise en œuvre des garanties financières pour la post-exploitation des centres d'enfouissement technique.

>> Lire la question écrite

• Vingt ans déjà ! Le temps passe décidément bien vite. J’ai l’impression que l’inauguration de la première ligne de tramway d’Orléans, c’était hier. Qu’on me permette d’écrire, en fêtant cet anniversaire, que je ne regrette rien. Prendre, avec mes collègues élus, la décision de réaliser une ligne de tramway de dix-huit kilomètres dans une agglomération de notre taille, ce fut un risque et ce fut un pari. Mais nous avons eu raison de le faire. Aujourd’hui, le tram est largement utilisé. Il fait partie du paysage. Et c’est le plus grand projet écologique qui ait été mis en œuvre dans notre – nouvelle – métropole depuis trente ans.

• Ce projet, je tiens à le rappeler, est celui d’une équipe. Jean-Pierre Lapaire, ancien maire de Saint-Jean-de-Braye, fut celui qui y crut le plus tôt. De nombreux élus, de toutes tendances, y ont cru et se sont pleinement engagés pour qu’il soit mené à son terme : Pierre Bauchet à Fleury-les-Aubrais, Monique Faller et Guy Bombereau à Olivet, Jean-Pierre Delport à Orléans. Je citerai aussi Pierre Lanson, ancien maire de Saint-Denis-en-Val, tellement passionné par tous les projets de l’intercommunalité. Je n’oublie pas tous les cadres, techniciens, personnels qui, autour de Christian Buisson, ont travaillé d’arrache-pied. Ni les entreprises, leurs dirigeants et leurs salariés. Et on me reprochera, à juste titre, de ne pas en citer bien d’autres… Mais ma conviction est claire : on ne construit bien qu’en équipe. Et il y eut une bonne équipe, ou plutôt de bonnes équipes.

• Bien sûr, il y eut des conséquences. Combien de fois m’a-t-on dit que, sans le tramway, mon équipe et moi-même aurions été réélus en 2001 ? Je ne sais pas. On ne le saura jamais. Mais qu’importe ! Nos concurrents ont gagné en disant tout le mal qu’ils pensaient de ce projet. Et puis cinq ans plus tard… ils ont fini par réaliser la seconde ligne !  Ils ont eux-mêmes reconnu qu’ils avaient eu tort de s’opposer à la première… en décidant de faire la seconde. Certes, on peut toujours, quand on est élu, choisir de ne rien faire pour ne mécontenter personne. Je n’ai jamais fait ce choix. Car dans ce cas, à quoi bon être élu ? Non. Il faut faire ce que l’on croit juste, quand on a le temps, la possibilité et la chance de pouvoir le faire.

• J’ajoute enfin que le tramway fut un projet de transport écologique, mais aussi un projet urbain. L’agglomération d’Orléans a connu deux ruptures. L’une au 19e siècle lorsqu’il fut décidé qu’il y aurait deux gares et donc un second pôle urbain autour des Aubrais. L’autre rupture, au 20e siècle, lorsque La Source fut créée, une ville nouvelle à douze kilomètres du centre-ville. Notre but, avec cette première ligne, était de contribuer à résorber ces deux ruptures. Le tram part du centre de Fleury-les-Aubrais, il dessert les gares des Aubrais et d’Orléans, le centre-ville, Saint-Marceau, le Zénith, le Larry à Olivet, l’université (trois arrêts), La Source et l’hôpital. Il est une épine dorsale, un trait d’union dans une agglomération en quête d’unité.

• Les vicissitudes furent nombreuses. Qu’il me suffise de dire combien les décisions d’un aéropage de cinq commissaires enquêteurs se révélèrent totalement injustifiées et, de surcroît, très pénalisantes. Je pourrais développer cela longuement. Mais ce doit être un sujet de réflexion sur les processus qui aboutissent, ou non, aux décisions publiques.

• Enfin, un clin d’œil. J’ai milité pour que le tram passe par l’avenue de Paris, la rue de la Gare et desserve la cité Coligny et tout son voisinage… en songeant à une troisième ligne qui desservirait – il suffirait de trois ou quatre arrêts supplémentaires – les Blossières puis Saran. Je rêve d’assister un jour, en compagnie de Michel Guérin et de Serge Grouard, sous la présidence de Christophe Chaillou, à l’inauguration de l’arrivée du tram à Saran… Mais peut-être qu’en cette période difficile, je continue de prendre mes rêves pour des réalités… et que ce n’est qu’un joli conte de Noël.

Jean-Pierre Sueur

• Je signale tout particulièrement l’article de Cindy Roudier dans La République du Centre du 20 novembre et Le tram de A à Z, dans le même journal, le 21 novembre.

La direction de la SNCF a répondu à Jean-Pierre Sueur sur la question de la possibilité d’acheter des billets à Dordives ainsi que sur le coût du transport entre Dordives et Paris, du fait que les habitants du nord est du Loiret ne bénéficient pas du Pass Navigo, contrairement aux usagers de la gare de Malesherbes.

Jean-Pierre Sueur considère que s’il est positif que des dispositions soient prévues pour l’achat de billets, ainsi que pour le tarif des billets achetés dans les trains, celles-ci doivent encore être finalisées.

De même, au delà des diminutions de tarif, limitées, annoncées pour les trajets vers où depuis Paris, il lui apparaît important d’aller au delà, notamment dans le cadre de la concertation évoquée avec les autorités organisatrices pour obtenir une substantielle réduction des coûts d’abonnement.

Sur ces deux points, Jean-Pierre Sueur restera vigilant en lien avec les élus concernés et le comité d’usagers qui s’est constitué.

>> Le courrier de la SNCF

Suite à cette réponse, Jean-Pierre Sueur a écrit au directeur régional TER Centre-Val de Loire de la SNCF.

>> Lire la lettre à Stéphane Coursier

Jean-Pierre Sueur vient de publier son rapport pour avis, fait au nom de la commission des lois, sur le budget des pouvoirs publics portant sur trois institutions : la présidence de la République, le Conseil Constitutionnel et la Cour de justice de la République.

Lire :

Jean-Pierre Sueur est intervenu en séance publique au Sénat pour expliquer son vote négatif sur le projet de loi sur la recherche, notamment en raison de la remise en cause, de fait, du Conseil national des Universités, garant d’une « certaine conception de l’Université. »

>> Lire son intervention

Saisi par les représentants des salariés, Jean-Pierre Sueur est intervenu auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie  et des Finances, Élisabeth Borne, ministre du Travail et Pierre Pouëssel, préfet de la région Centre-Val de Loire et du Loiret, pour demander que les services de l’État prennent toutes les initiatives appropriées afin que les 81 licenciements annoncés au sein de l’entreprise Sandvik, située à Orleans La Source, puissent être évités. Il leur a fait valoir que les représentants des salariés font très légitimement observer qu’il s’agit d’« une décision visant à renforcer la profitabilité d’un groupe industriel générant déjà une profitabilité exceptionnelle par rapport à ses concurrents », que « les années 2017, 2018 et 2019 ont été saluées comme des années record par la direction du groupe » et que si l’année 2020 est plus difficile en raison de la pandémie, « le groupe s’en sort plutôt bien par rapport aux autres entreprises du secteur ». Jean-Pierre Sueur suivra cette question avec une grande vigilance.

 

 

On sait que Camille Mialot est un avocat très « pointu » dans le domaine du droit de l’urbanisme. Mais il a d’autres cordes à son arc. Et particulièrement un sens de la pédagogie du droit qui lui vaut d’intervenir à Sciences Po et dans plusieurs universités – et qui se manifeste aussi dans ses ouvrages, tout particulièrement dans le dernier d’entre eux, qui vient de paraître : La ville face au changement climatique (éditions Berger-Levrault). Pour reprendre les termes de la préface de Jean-Bernard Auby, ce « livre brillant […] se place au croisement de deux faits centraux, deux dimensions stratégiques de l’époque que nous vivons : l’irrésistible ascension des villes et la gravité de la crise climatique. »

Ce livre pose d’abord l’enjeu et la méthode : il s’agit d’« intégrer » les évolutions « dans une démarche participative et inclusive. » Il traite de la planification et des instruments juridiques intégrateurs territoriaux. Et, à ce titre, il sera un guide précieux pour les élus et les administrateurs territoriaux.

C’est ainsi que Camille Mialot nous offre un exposé quasi exhaustif des normes juridiques, législatives et réglementaires relatives au Schéma régional d’aménagement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), au Plan climat air énergie territorial (PCAET) et à son articulation avec le Schéma de cohérence territoriale (SCOT), au Plan local d’urbanisme climatique et aux « autres instruments juridiques de la planification », tels que la Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI), la planification des déchets, les pouvoirs de police du maire, etc.

Cette énumération, non exhaustive, montre combien il est nécessaire de disposer de guides, comme l’est ce livre, pour ne pas se perdre dans les dédales. Mais au-delà, le droit apparaît ici clairement comme un instrument pour lutter contre l’artificialisation croissante des sols, atteindre la neutralité carbone, mieux maîtriser l’urbanisme, en finir  avec la laideur des « entrées de villes » – en un mot, comme l’écrit Camille Mialot : « Mieux vivre la ville. » Tout un programme, pleinement d’actualité !

Jean-Pierre Sueur

  • La ville face au changement climatique, Nouveaux instruments juridiques, par Camille Mialot, Éditions Berger-Levrault, 244 pages, 55 €.

 

 

Je tiens à saluer le cinquantième numéro du Porche, revue créée il y a vingt-cinq ans par Yves Avril et qui s’est proposée dès l’origine de publier des articles principalement consacrés à l’œuvre de Charles Péguy – d’où le titre de la revue qui renvoie à l’un de ses Mystères – puis à Jeanne d’Arc, en faisant très largement appel à des collaborateurs venus de divers horizons européens. La coopération fut, au départ, très active avec la Russie et particulièrement avec le Centre Charles-Péguy de l’Université de Saint-Pétersbourg, animé par la très chère Tatiana Taïmanova, hélas disparue récemment. Puis elle s’est étendue à la Pologne, à la Finlande et à l’Estonie, devenant le creuset d’échanges culturels de grande qualité. Romain Vaissermann a pris la direction de la revue cependant qu’Yves Avril y apporte toujours ses contributions et ses talents de traducteur.

Je signale, dans ce cinquantième numéro, un article de Romain Vaissermann sur « La poésie dans les Cahiers de la Quinzaine ».

Si ces Cahiers destinés à « dire la vérité, toute la vérité » publièrent nombre de témoignages sur les peuples opprimés, traitèrent de nombre de sujets politiques, philosophiques et sociaux, ils furent aussi largement ouverts à la poésie, et pas seulement à celle de Charles Péguy. On découvre ainsi avec intérêt des pages de François Porché, d’André Suarès, d’André Spire, de Jean Bonnerot, de René Salomé, de Joseph Mélon et d’Edmond Fleg. Comme l’écrit Romain Vaissermann, « Péguy n’avait pas seulement livré au lecteur […] une œuvre polymorphe », mais « il y avait associé des amis poètes. » Sans méconnaître le mérite de ceux-ci, comment ne pas penser que l’écriture poétique de Péguy en apparaît d’autant plus forte, plus singulière, à nulle autre pareille.

Jean-Pierre Sueur

  • Le Porche, Yves Avril, 2 rue du Vieux tilleul, 25380 La Grange. Abonnement annuel : 30 €.

Le moins qu’on puisse dire est que le projet de loi sur la recherche, tel qu’il vient d’être adopté par la commission mixte paritaire (CMP) après une lecture dans chaque assemblée est très loin de répondre à l’attente des universitaires.
Je me bornerai à une disposition, introduite au Sénat et – hélas – maintenue par la CMP et qui ôte, dans les faits, tout pouvoir au Conseil national des universités (CNU) sur la reconnaissance et la validation des qualifications des enseignants-chercheurs en vue de leur nomination en qualité de maître de conférence et de professeur au sein des universités.
Cette disposition censée être une « expérimentation » pour quatre ans n’a jamais été présentée ni devant le CNU, ni devant le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, ni devant le Conseil d’État. Elle n’a donné lieu à aucune étude d’impact.
Elle a suscité l’opposition du CNU qui rassemble les représentants de toutes les disciplines universitaires et qui considère, à juste titre, que cette disposition met fin au « cadre national de recrutement des enseignants-chercheurs » et parle de « mépris » à l’égard de la « communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche. »
Ce qui est en cause, c’est la reconnaissance des qualifications, compétences, qualités à diriger les recherches par des pairs, en collégialité, au sein de chaque discipline.
C’est à partir des décisions du CNU et sur la base des compétences par lui reconnues qu’aujourd’hui les universités procèdent à leurs recrutements.
Supprimer, de fait, le CNU, c’est rompre avec une politique nationale de l’enseignement supérieur qui conduira à favoriser certaines universités au détriment de beaucoup d’autres, au mépris de toute cohérence nationale.
Je m’en tiens à cette unique disposition (il s’agit de l’article 3 bis) qui n’est pas la seule qui suscite l’inquiétude et l’opposition de nombreux universitaires.
Je précise que comme celle-ci a été adoptée par la CMP, elle le sera probablement par la majorité des deux assemblées et, au cas où la majorité du Sénat ferait de la résistance, ce dont je doute, par l’Assemblée Nationale en dernière lecture.
Le seul espoir sera un recours auprès du Conseil Constitutionnel.
Inutile d’ajouter que je signerai ce recours des deux mains !
Il en va d’une certaine idée de l’Université.

Jean-Pierre Sueur

Je signale tout particulièrement deux amendements dont je suis cosignataire et qui ont été adoptés lors du récent débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021.

Le premier  (n°716 rectifié) répond à une demande du mouvement sportif. Il maintient l’exonération des cotisations sociales des entreprises pour la création d’installations sportives, qui avait été supprimée par l’Assemblée Nationale en première lecture. Il a été voté à l’unanimité par le Sénat.

Le second (n° 787) a pour objectif de lutter contre le non-recours aux aides sociales. La demande d’accès à un dispositif social déclenchera l’examen de l’éligibilité aux autres aides possibles. La question du non-recours aux droits sociaux est cruciale en cette période de crise, car ces non-recours aggravent les conditions de vie des plus fragiles.

JPS

>> Lire :

>> Voir la vidéo du débat sur l'amendement 787

Tristesse, à la suite du décès de Jacqueline Deroin. Jacqueline fut, toute sa vie, totalement dévouée. D’abord au service des mères célibataires à la Maison de l’enfance, à Orléans,  puis, en sa qualité de cadre de santé, à la maternité de l’hôpital ainsi qu’au service de chirurgie gynécologique. Lors d’une visite de Simone Veil au CHRO, elle demanda avec une grande insistance à lui parler, en dépit du protocole. L’entretien dura une heure. Jacqueline gagna Simone Veil à la cause d’une construction d’une nouvelle maternité. Un an plus tard, avec son soutien, le chantier du bâtiment « Mère et enfant » démarrait. Elle était une figure de l’hopital. Jacqueline Deroin s’engagea ensuite, sans jamais compter son temps, au service de l’association des « Clos du Loiret », le Clos Roy à Lorris, qui accueille  les adultes en situation de handicap, et le clos Saint-Martial, qui accueille les enfants et les jeunes en situation de handicap - association dont elle était  vice-présidente. Elle fut longtemps conseillère municipale à  Lorris. Bien qu’elle ait connu bien des épreuves, Jacqueline Deroin est toujours restée d’une inaltérable générosité. Merci, Jacqueline.

Jacqueline Fourniguet, qui vient de nous quitter, était une figure du commerce orléanais. Nombre d’orléanais gardent le souvenir de son épicerie, place du Châtelet, qu’elle tenait avec son frère Claude et son épouse Denise. Jacqueline s’était pleinement engagée au sein de l’UDICO, association des commerçants d’Orléans. Elle fut durant deux mandats conseillère municipale déléguée chargée des sports. Elle était passionnée par le sport orléanais. Jacqueline m’honorait de son amitié. C’était une femme très chaleureuse ! Aujourd’hui, je pense à tous ses proches.

Jean-Pierre Sueur et Hugues Portelli ont été à l’initiative de la loi du 25 avril 2016 qui précise les informations qui doivent accompagner la première publication ou diffusion d’un sondage politique ou électoral (article 2) ainsi que les informations qui doivent être communiquées à la commission des sondages et rendues publiques sur son site (article 3).

Une récente décision de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) rappelle que les informations mentionnées ci-dessus doivent être impérativement communiquées et rendues publiques.

>> Lire la décision de la CADA

À la demande des dirigeants de la FNACA du Loiret, Jean-Pierre Sueur était intervenu auprès de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des anciens combattants au sujet de la situation des veuves, et notamment de l’attribution à celles-ci d’une demi-part fiscale.

Dans sa réponse, la ministre précise que les veuves d’anciens combattants pourront bénéficier, à partir du 1er janvier 2021, de cette demi-part à compter de leur 74 ans, même si l’ancien combattant est mort entre 65 et 74 ans et n’a donc pas pu lui-même en bénéficier.

>> Lire la lettre de Geneviève Darrieussecq

Au moment où Maurice Genevoix et, avec lui, les combattants de 1914-1918 entrent, trop tardivement, au Panthéon, Pierre Brunel et Étienne Crosnier publient aux Éditions La Guêpine un livre à deux voix intitulé Genevoix, de près… dont le titre renvoie au texte si fort, récit et méditation à la fois, que celui-ci publia en 1972 sous le titre La mort de près et que les éditeurs de la version intégrale de Ceux de 14 (Éditions Omnibus) ont eu la bonne idée de publier en épilogue à celle-ci, bien qu’il fût publié plus de cinquante ans plus tard.

Pierre Brunel, dont je suivis jadis les cours d’agrégation, infatigable chercheur de correspondances entre toutes les littératures – on appelait cela la « littérature comparée » – nous offre un vagabondage littéraire autour de deux rencontres avec Genevoix. La première devait être triviale, mais elle le marqua beaucoup. Il s’agissait pour le jeune « conscrit » (élève de première année de l’École normale supérieure) de venir proposer à l’illustre ancien qu’était Maurice Genevoix deux « cartes de bal » qui donnaient droit à l’entrée au rituel bal de l’école. On ne saura jamais si les deux filles de l’écrivain, secrétaire perpétuel de l’Académie Française, ont honoré de leur présence cette manifestation. Ce qu’on apprend, en revanche, c’est que « chacun des mots qu’il prononça au cours de l’entretien » fut « comme un signe chargé d’une résonance lointaine » qui l’« l’atteignait au-delà de la lettre. »

La seconde de ces rencontres eut lieu à la Sorbonne. Pierre Brunel rapporte la colère qui y fut exprimée par Genevoix à l’encontre de Raymond Radiguet. Il évoque aussi, en cette occasion, combien les livres réunis dans Ceux de 14 se voulaient d’abord des témoignages, au plus près de la réalité, et de ce qu’elle recelait de terrible, excluant toute forme de romanesque : « C’est de propos délibéré que je me suis interdit tout arrangement fabulateur, toute licence d’imagination après coup. J’ai cru alors, je crois toujours, qu’il s’agit là d’une réalité si particulière, si intense et dominatrice qu’elle impose au chroniqueur ses lois propres et ses exigences. »

Dans le même ouvrage, Étienne Crosnier pourfend à très juste titre l’idée convenue et fallacieuse selon laquelle il y aurait deux œuvres distinctes dans l’œuvre de Genevoix. D’abord les chroniques de guerre et puis des romans et contes champêtres, rustiques, animaliers, magnifiant la nature, la forêt, la Loire et la Sologne… Il y aurait en quelque sorte une épopée suivie d’une somme d’écrits quasiment régionalistes.

Or, rien n’est plus faux. Parce que, d’abord, dans les deux cas, nous sommes emportés par la force, la richesse de l’écriture – son rapport si étroit au réel, quel qu’il soit.

Mais aussi parce que les mêmes obsessions, les mêmes obstinations se retrouvent dans les deux versants de l’œuvre. Étienne Crosnier le montre concrètement en analysant deux livres qui sont des « romans poèmes » selon l’expression forgée par Maurice Genevoix lui-même : La dernière harde et La forêt perdue.

Et parmi ces obsessions et obstinations, il y a précisément La mort de près, cette mort que Maurice Genevoix côtoya à quatre ans, lorsqu’il fut atteint de diphtérie, cette mort d’un rouge-gorge qui marqua pour toujours l’enfant qu’il était, cette mort de sa mère qu’il apprit, lycéen, « par un matin d’avant printemps d’une magnificence indicible », cette mort qui fut sa compagne dans les tranchées de la guerre, aux Éparges, chaque jour, chaque heure et chaque nuit, cette mort qui revint rôder avec la grippe espagnole… et qui revient dans les « romans poèmes », car « la biche ou la tourterelle à l’agonie », les bêtes qui se battent contre d’humains prédateurs qui apportent la mort font irrépressiblement penser aux soldats qui tombent sous le soleil ou dans les lumières de la nuit.

Lui, Genevoix, témoigne. Il écrit et décrit. Il croit que la restitution du réel a plus de poids que les discours moralisateurs.

Il écrit aux Vernelles, cette maison ligérienne entre Châteauneuf-sur-Loire et Saint-Denis-de-l’Hôtel, bâtie à l’ombre des vernes qui sont les « aulnes de la Loire » ; il écrit en regardant  la Loire couler et en songeant que par-delà les horreurs de la guerre et les brutalités de la nature, si belle indissociablement, comme l’humanité sait l’être, il faut « cultiver l’amour du vivant pour faire reculer la barbarie. » Il pense que la littérature est œuvre de paix.

L’épilogue de La mort de près décrit le regard de trois mourants, trois de ses camarades. L’un d’entre eux « a passé les yeux ouverts, nous laissant le souvenir de son visage pacifié. » Et d’un autre, il nous dit : « Nos yeux ont vu s’effacer de ses traits la crispation douloureuse qui les nouait, et sur eux, jeune et tendre, presque enfantin, la lente lumière d’un sourire. »

Et Maurice Genevoix conclut d’une courte phrase : « Comment irai-je au-delà ? »

Jean-Pierre Sueur

>> Aux Éditions La Guêpine, 140 pages, 19 €

Nous publions ici un texte de Jean-Pierre Sueur, intitulé « Des vicissitudes de l’initiative parlementaire », qui vient de paraître dans un volume de Mélanges offerts à Jean-Louis Hérin, qui fut secrétaire général du Sénat. Jean-Pierre Sueur y expose les difficultés auxquelles se heurte concrètement l’initiative parlementaire, dont la fonction est essentielle dans une démocratie fondée sur la séparation des pouvoirs.

>> Lire le texte

Ce jeudi 5 novembre, Jean-Pierre Sueur, Sénateur du Loiret, a interrogé au Sénat le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur la protection des civils dans les conflits armés. 
Aujourd'hui, lorsque des armes explosives sont utilisées lors de conflits dans des zones peuplées, 90 % des victimes sont des civils. Les conséquences sont dramatiques.
L'actualité tragique au Haut-Karabakh nous le rappelle à nouveau cruellement : l'usage massif d'armes explosives à large rayon d'impact en zones peuplées tuent et blessent actuellement femmes, enfants et autres civils vulnérables. C'est pourquoi le secrétaire général de l’ONU et le président du comité international de la Croix rouge se sont prononcés pour mettre fin à l'utilisation de telles armes dans les zones peuplées. Suite à la conférence de Vienne pour la « protection des civils dans la guerre urbaine », qui s'est déroulée en octobre 2019, la majorité des 133 États présents ont annoncé leur volonté de travailler ensemble à l'élaboration d'une déclaration politique visant à mettre fin aux souffrances humaines causées par l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées. Si la France s'est engagée de façon active dans les discussions à Genève, elle n'a cependant toujours pas donné, à ce jour, son accord pour éviter l'usage des armes explosives les plus destructrices, « à large rayon d'impact », dans les zones peuplées. Il a demandé au ministre à quelle date la France donnera cet accord.
Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères a répondu que le Gouvernement partageait pleinement les préoccupations humanitaires de Jean-Pierre Sueur. Il a évoqué la situation des populations utilisées comme bouclier humain. Il a dit que la France s’était engagée pleinement dans le processus initié par l’Autriche et l’Irlande et qu’elle contribuera très activement à la conclusion des travaux, le droit humanitaire proscrivant l’utilisation d’armes explosives à l’égard des populations civiles.
Jean-Pierre Sueur a demandé en conclusion que la France puisse signer au plus vite la déclaration en préparation à ce sujet.
 
>> Lire son intervention (la question, la réponse de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État, et la réplique de Jean-Pierre Sueur)

Intervenant lors du débat en séance publique au Sénat sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, Jean-Pierre Sueur a demandé que les très nombreuses ordonnances décidées ces derniers mois donnent lieu à des ratifications explicites par le Parlement.

>> Lire son intervention

Intervenant lors du débat sur la proposition de loi sur l’accélération et la simplification de l’action publique, Jean-Pierre Sueur a défendu une disposition importante demandée par nombre d’associations de consommateurs et qui avait été présentée par Martial Bourquin, alors sénateur du Doubs. Il s’agit de la possibilité de résilier tout contrat d’assurance emprunteur un an après sa date de souscription, à la « date anniversaire ». Le Sénat a adopté cette disposition, qui sera prochainement mise en application. Il a de surcroît adopté une mesure complémentaire en vertu de laquelle les assureurs devront informer les souscripteurs chaque année de cette possibilité qui leur est offerte. 

À Nice, après Conflans-Sainte-Honorine, à nouveau l’horreur !

Après le professeur d’un collège, les fidèles d’une église pris pour cible et assassinés odieusement !

Il nous faut être aux côtés des proches des victimes et de toutes celles et ceux qui, avec elles, se sont sentis menacés, bafoués, injuriés.

Contre les assassins qui se revendiquent de l’islamisme radical et qui n’ont aucun respect pour la vie humaine, nous devons réagir avec fermeté, sans faiblesse. Et c’est pourquoi il est juste, il est nécessaire d’accroître partout les effectifs de sécurité – policiers, gendarmes, militaires – pour protéger, en particulier, tous les lieux sensibles.

Nous sommes une démocratie, une République. Les divergences d’opinion, de conception, de croyance ont droit de cité. La liberté, et la liberté d’expression, sont des biens précieux, au même titre que l’égalité et la fraternité.

Céder là-dessus serait donner raison aux adeptes de la barbarie.

C’est pourquoi au Parlement, et au Sénat, nous veillons, texte après texte, au respect des valeurs essentielles, tout en soutenant les mesures qui s’imposent, même si elles sont dérogatoires, en raison des circonstances, pour défendre la santé et la sécurité publique.

Tous ensemble, au-delà de nos légitimes différences, il nous faut tenir bon sur l’essentiel.

Jean-Pierre Sueur

Texte publié vendredi 30 octobre.

Beaucoup de commerçants de nos communes, petites, moyennes et grandes, ont, à juste titre, le sentiment que la justice et le principe d’égalité sont bafoués puisque nombre des articles qu’ils ne peuvent plus vendre sont vendus dans les grandes surfaces. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Sénat a voté à l’unanimité un amendement disposant que les préfets puissent, à titre dérogatoire et lorsque les conditions sanitaires le permettent, autoriser l’ouverture de commerces de vente au détail. Malheureusement, les représentants de la majorité des députés se sont opposés à cet amendement lors de la commission mixte paritaire qui a eu lieu, ce qui exclut toute possibilité de vote de cet amendement par le Parlement. Devant cette situation, Patrick Kanner, président du groupe socialiste du Sénat, vient de saisir le président de la République de cette atteinte au principe d’égalité.

>> Lire la lettre envoyée samedi par Patrick Kanner au président de la République

Lors du débat en séance publique au Sénat le 27 octobre sur la loi sur l’accélération et la simplification de l’action publique, Jean-Pierre Sueur est intervenu sur le fond et sur la méthode.

>> Lire son intervention

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Lors du débat en séance publique au Sénat sur le projet de programmation sur la recherche, Jean-Pierre Sueur a préconisé un meilleur équilibre que celui prévu par le projet de loi entre le financement de l’ensemble des organismes de recherche et leurs projets, d’une part et, d’autre part, les projets pilotés par l’Agence nationale de la Recherche (ANR).

>> Lire l’intervention de Jean-Pierre Sueur

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Intervenant en séance publique au Sénat lors du débat sur le projet de loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, Jean-Pierre Sueur a notamment contesté les délais prévus pour la prolongation de l’état d’urgence sanitaire sans intervention du Parlement et la multiplication excessive des ordonnances – qui est une autre façon de dessaisir le Parlement de ses prérogatives.

>> Lire les interventions de Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur a participé sur Public Sénat le 28 octobre à un débat sur l’actualité politique avec Philippe Dallier, sénateur de Seine-Saint-Denis.

>> (Re)voir le débat (à partie de 2 h 31 mn)

Un ouvrage intitulé Droit et crémation vient de paraître aux Éditions Kairos. Il reprend notamment une intervention faite par Jean-Pierre Sueur à Nancy lors d’un colloque organisé par l’Université de Lorraine et l’Union crématiste européenne. Il est publié sous la direction de Marc Meyer et Bruno Py.

>> Lire le texte de Jean-Pierre Sueur

 

 

 

Un « hussard noir de la République » : cette expression est apparue, si juste, si forte s’agissant de Samuel Paty, victime de cet acte barbare, innommable, monstrueux – les mots manquent – qu’elle a été reprise par tous, depuis le président de la République jusqu’à nous tous, élus, journalistes, citoyens de tous âges et de toutes origines.

On a peu dit – comme si on ne le savait pas, ou on l’avait oublié – d’où venait cette expression. Elle vient d’un livre publié en 1913 par l’Orléanais Charles Péguy, intitulé L’Argent, dans lequel il évoque, dans un passage très remarquable, les élèves-maîtres de l’École normale d’instituteurs, située près de la maison de son enfance, faubourg de Bourgogne à Orléans. Il y parle avec lyrisme de ces jeunes normaliens issus du peuple, faisant corps avec lui, « ces gamins qui étaient vraiment les enfants de la République. »

En hommage à Samuel Paty, je publie cet admirable passage de L’Argent de Charles Péguy

Jean-Pierre Sueur

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Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat au sujet de la représentation plus juste des communes au sein des intercommunalités lors du débat sur une proposition de loi constitutionnelle pour le plein exercice des libertés locales.

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>> Voir la vidéo de son intervention

Jean-Pierre Sueur est intervenu – lors du débat sur la même proposition de loi – pour défendre l’instauration d’une loi de finances spécifique au financement des collectivités locales. Il est en effet extrêmement difficile de « lire » l’ensemble des mesures concernées, très dispersées dans les différents chapitres des lois de finances.

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Toujours lors de l’examen de la même proposition de loi, Jean-Pierre Sueur a soutenu le fait que les études d’impact des projets de loi puissent être réalisées par des organismes publics indépendants.

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Jean-Pierre Sueur est intervenu lors de la réunion de la commission mixte paritaire (réunissant sept députés et sept sénateurs) qui a eu lieu le 21 octobre au Sénat sur le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique. Nous reproduisons le résumé de son intervention publié dans le compte-rendu de la réunion de la commission. Jean-Pierre Sueur y reviendra plus longuement en séance publique le 27 octobre. Nous publierons dans la prochaine lettre électronique le texte intégral de son intervention.

>> Lire le résumé de son intervention

Spécialiste de Charles Péguy et fondatrice de Centre Jeanne-d’Arc – Charles-Péguy de l’Université de Saint-Pétersbourg, en Russie, Tatiana Taïmanova nous a quittés il y a quelques semaines.

Je publie très volontiers le courrier que je viens de recevoir de Nikolaï Mikhaïlovitch Kropatchev, recteur de cette université, en réponse à la lettre que je lui avais adressée, par laquelle celui-ci me fait part des hommages si justifiés que l’Université de Saint-Pétersbourg a rendus et rendra à notre amie Tatiana, si attachée à la France et à sa culture, et à la ville d’Orléans.

JPS

>> Lire la lettre

Oui, ce qui s’est passé vendredi soir à Conflans-Sainte-Honorine s’appelle barbarie.
Et face à la barbarie, nous tous, citoyennes et citoyens attachés à la République et aux principes qui la fondent, devons être et rester tous unis, quelles que soient nos différentes convictions.
Nous devons l’être pour soutenir les enseignants.
Leur tâche est noble et difficile. Ils doivent enseigner et éduquer, transmettre les connaissances, former des citoyens, développer chez les jeunes la faculté de penser, d’analyser et de comprendre le monde dans lequel nous vivons, leur apprendre l’esprit critique.
C’est une tâche noble, nécessaire et qui demande un grand engagement de la part de ceux qui l’exercent.
Tout assassinat est ignoble.
Mais pour les raisons que je viens de dire, l’assassinat de ce professeur est, de surcroît, une atteinte à ce bien si précieux qu’est le libre exercice de la faculté de penser, d’enseigner – et de cet autre bien si précieux pour vivre ensemble dans le respect des lois de la République qu’est la laïcité.
Le terrorisme est toujours ignoble.
Le terrorisme islamiste a, de surcroît, ceci de spécifique : il proclame que la laïcité, l’esprit critique, les lois de la République doivent être combattus au nom d’un fanatisme qui justifie le fait de tuer n’importe qui, n’importe quand et d’anéantir chaque être humain et, en chaque être humain, la part d’humanité qu’il porte en lui.
Je salue la position des responsables de l’islam de France qui ont fermement condamné cet acte odieux.
J’ajoute qu’il y a des mots qui tuent.
Je précise : nous devons défendre inlassablement la liberté d’expression.
Mais le racisme n’est pas une opinion. Il est un délit puni par la loi.
Il y a sur les réseaux sociaux nombre de messages qui sont contraires à la dignité humaine. Ils doivent être sanctionnés sans faiblesse. Et cela au-delà des réseaux sociaux.
La lutte contre le terrorisme et contre la barbarie exige unité, force, ténacité et détermination.

Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur est intervenu une nouvelle fois en séance publique au Sénat pour dénoncer le recours abusif fait par le gouvernement à la procédure accélérée dans l’examen des projets de loi.
Alors qu’en vertu de l’esprit de la Constitution, ce recours devait être exceptionnel, il s’est pratiquement  généralisé. Cette procédure qui se traduit par une seule lecture dans chaque assemblée avant la réunion d’une commission mixte paritaire ne permet pas la « bonne écriture de la loi » que la navette parlementaire a justement pour objet de favoriser. Jean-Pierre Sueur a rappelé que toute ligne, tout mot de la loi s’applique à tous les Français de métropole et d’outre-mer, souvent durant de nombreuses années. D’où la nécessité de veiller à cette « bonne écriture ».
 

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat lors du projet de loi organique relatif au Conseil économique social et environnemental (CESE).
 

La chaîne LCP a réalisé une émission très complète sur les commissions d’enquête parlementaire. Jean-Pierre Sueur intervient dans le quatrième volet de cette émission (2018) consacré à la commission d’enquête sur « l’affaire Benalla », dont il fut co-rapporteur.

>> Voir l’ensemble de l’émission

Jean-Pierre Sueur a reçu une réponse du ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, à la question écrite qu’il avait posée pour demander l’attribution de primes exceptionnelles aux auxiliaires de vie et la prise en compte des difficiles conditions de travail qui sont les leurs en cette période marquée par l’épidémie de la COVID.

>> Lire la question écrite et la réponse

Dans le cadre du Festival des Orgues en Pays Loire-Beauce fut interprété pour la première fois le 10 octobre dans l’église de Cravant, par la soprane Chloé Jacob, un poème de Christophe d’Arnell intitulé Une petite Beauce, mis en musique par Gildas Harnois, qui accompagnait Chloé David sur le remarquable orgue « Cavaillé Coll » de Cravant. Je publie ci-dessous le texte de ce poème inédit.

Jean-Pierre Sueur

Une petite Beauce de Jean-Christophe d'Arnell (avril 2020)

Comme le souffle exquis d’un tilleul en exil,
Héroïque, son âme inventait d’autres ciels
Radieux au chevet de chapelles intimes,
Infinis de douceur pour les blés en sommeil.
Ses chemins conduisaient aux rivages fragiles,
Ténébreux et sacrés de l’enfance éternelle.
 
Ses vagues façonnaient d’ondoyantes collines
Gisants de chaume et d’or, au visage vermeil.
Sa tristesse, parfois, troublait l’encre docile
Des Mauves-reposoirs, dont les bras en tonnelles
Gansaient l’astre des nuits d’une moire divine :
Immarcescible écrin de lumière et de grêle.
 
II régnait en son cœur, l’espérance et l’abîme
L’obscure éternité de la plaine d’Ukraine
Et le bel unisson de nymphes sibyllines
Auréolées de fleurs et de feuilles pérennes.
 
Son prodigue murmure, au détour d’une vigne
Annonçait un orage, un élan fraternel
De faunes musiciens, ivres de joies infimes,
D’antiques symphonies et de fugues rebelles.
 
Son horizon, présage de riches avrils
Apprivoisait la brume et sa nacre de gel,
Et transformait l’hiver en bouquets d’églantines,
Seringas et lilas aux parfums irréels.
 
Et l’aube célébrait la présence subtile
Des siècles en cortège et des Mânes fidèles
En exhumant de l’ombre, un odéon d’argile,
Une Petite Beauce, à tout jamais, Eden

Avec nombre de mes collègues – de tous groupes politiques – je me suis opposé au projet de privatisation d’Aéroports de Paris.

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat – elle aussi pluraliste – sur les concessions autoroutières qui vient de paraître (on trouvera ci-dessous un lien vers le texte intégral) nous fournit un argument complémentaire d’une clarté limpide !

Il démontre en effet combien la privatisation des autoroutes décidée par le gouvernement de Dominique de Villepin afin de « renflouer » les caisses de l’État s’est traduite par des manques à gagner et des pertes considérables pour l’État, au plus grand profit des actionnaires.

Je me bornerai à citer cette conclusion de mon collègue Olivier Jacquin, sénateur socialiste de Meurthe-et-Moselle, reprise dans le rapport : « Nos travaux prouvent arithmétiquement et froidement, sans contestation possible, le surprofit que vont empocher les concessionnaires d’ici à la fin des contrats. Ils sont évalués par notre commission d’enquête à environ quarante milliards d’euros. Très concrètement, la rentabilité des concessions va doubler sur la période 2020-2036, comparativement à la période 2005-2020 pour atteindre des niveaux stratosphériques et indécents. »

On voit qu’il n’est pas possible d’en rester au statu quo quand on mesure les difficultés financières auxquelles nous sommes et serons confrontés.

C’est pourquoi Olivier Jacquin demande, à juste titre, « la mise en place d’une conditionnalité des soutiens publics », des « prélèvements exceptionnels sur de tels niveaux de recettes indues » et « l’examen rigoureux des conséquences d’un retour en régie. »

Jean-Pierre Sueur

>> Lire le rapport

 

À la suite de l’article de Pascale Auditeau dans La République du Centre du 10 octobre dernier et de l’interview du maire de Dordives, Jean Berthaud, Jean-Pierre Sueur vient d’adresser à Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, une question écrite.

>> Lire l’article de Pascale Auditeau et l’interview du maire de Dordives

Question écrite

Situation des usagers de la gare SNCF de Dordives (Loiret)

M. Jean-Pierre Sueur appelle l’attention de M. le ministre délégué aux transports sur la situation pour le moins étonnante dans laquelle se trouvent les usagers de la gare SNCF de Dordives (Loiret). Aucun agent de la SNCF n’étant affecté à cette gare et celle-ci n’étant pas équipée d’un distributeur, il est impossible d’y acheter un billet pour se rendre à la gare voisine de Souppes-sur-Loing située au sein de la région Île-de-France (accessible en quatre minutes de trajet), ni d’ailleurs à aucune autre gare. Il n’existe par ailleurs aucun point  de vente de billets SNCF dans cette commune. Il est également impossible d’obtenir des billets pour aller de Dordives à Souppes-sur-Loing dans l’une des gares parisiennes, que ce soit à la gare de Lyon ou à la gare de Bercy, ni sur Internet, et le coût de l’achat d’un titre de transport à bord est passé de 1,50 € à 6 €, ce qui apparaît prohibitif pour un trajet de quelques kilomètres. Il lui demande quelles dispositions il compte solliciter auprès de la SNCF pour qu’il soit mis fin à cette situation absurde. Il lui demande en outre quelles autres dispositions il envisage de solliciter pour mettre fin aux disparités qui subsistent, en dépit des efforts accomplis par la Région Centre-Val de Loire, par rapport à l’accès à la carte Navigo. Si les usagers de la gare SNCF de Malesherbes (Loiret) peuvent en bénéficier, il n’en va pas de même pour les usagers des gares de Montargis, Ferrières - Fontenay-sous-Loing… et Dordives. Outre le préjudice qui vient d’être évoqué, les usagers de Dordives doivent ainsi acquitter, lorsqu’ils se rendent à Paris pour leur travail – ce qui est le cas de nombre d’entre eux – un abonnement de 76 € par mois, alors que la carte Navigo est accessible depuis la gare de Souppes-sur-Loing située à un peu plus de trois kilomètres de Dordives et donc à environ quatre minutes de temps de trajet – ce qui, on en conviendra, se traduit par un coût considérable pour une minute ou un kilomètre de trajet.

 

L’un des plus extraordinaires souvenirs du théâtre que je garde en moi, le plus extraordinaire sans doute, ce fut au Palais de Chaillot, en 1987, la représentation en version complète – dix heures au total – du chef d’œuvre de Paul Claudel, Le soulier de satin, dans la mise en scène d’Antoine Vitez. « La scène de ce drame est le monde » écrivait Claudel. Ce drame « voltige entre tous les styles, du burlesque au tragique » écrit Youness Boursenna. Oui, c’est un monde, un univers, une épopée, une histoire, ou plutôt plusieurs, fruits d’une écriture puissamment poétique, qui nous emporte. Il faut, bien sûr, accepter de se laisser emporter !

À la fin du spectacle, qui avait commencé dès le matin – il était une heure du matin, de l’autre matin –, nous avons applaudi durant une demie heure. Nous ne pouvions pas, littéralement, nous ne voulions pas quitter le théâtre.

Je dois dire que j’ai éprouvé des sentiments et sensations analogues – bien que ce  fût, il vrai, différent –, lorqu’Olivier Py nous offrit la même version intégrale de la pièce à Orléans.

Aujourd’hui, trente ans après la mort de Vitez, l’INA publie enfin un coffret de quatre DVD – durée totale : 11 h 10 ! – reprenant son inoubliable mise en scène.

Et sa fille, Jeanne, nous explique dans Marianne (numéro du 18 septembre), s’agissant de son père et de Claudel : « Si leurs croyances semblent antagonistes à première vue, mon père […] aimait dans Le soulier de satinla folie de cette pièce dans laquelle il voulait tous – comédiens, spectateurs, techniciens – nous embarquer […] Je garde de cette pièce le souvenir d’un éblouissement […] À chaque entracte, on se demandait si les spectateurs seraient toujours là et ils restaient ! […] L’accueil du public a été extraordinaire […] Cette pièce qui dure dix heures réussit à tenir presque sans accessoires, seulement avec la force de son texte et de ceux qui le jouent. »

On comprendra pourquoi j’ai tant tenu à ce que l’une des trois salles du Théâtre d’Orléans s’appelât « Salle Antoine Vitez ».

Ce choix était pour moi une marque de reconnaissance et un manifeste.

Un manifeste pour une conception de la mise en scène.

Être metteur en scène, c’est d’abord servir les textes.

Servir les textes avec modestie, rigueur et sympathie.

C’est être le passeur qui fait vivre et revivre les textes.

Ce n’est pas se servir soi-même.

Puisse-t-on s’en souvenir.

Jean-Pierre Sueur

>> Sur le site de l’INA : la présentation par Antoine Vitez de la pièce Le soulier de satin

À l’occasion de leur 113e salon, les Artistes Orléanais ont rendu hommage à plusieurs artistes récemment disparus.

Nous reproduisons ci-dessous le texte que Jean-Pierre Sueur a écrit à leur demande sur Camille Murcia, texte qui figure dans le catalogue de ce 113e salon.

>> Lire le texte

   

 

Jean-Pierre Sueur a été désigné ce lundi par le groupe socialiste et républicain du Sénat pour être l’un des trois questeurs du Sénat.
Cette désignation, qui doit être actée ce mardi par le Sénat, se traduira par l’exercice par Jean-Pierre Sueur d’une mission particulièrement importante.
En effet, les questeurs ont en charge la gestion de l’ensemble de l’administration du Sénat et disposent de pouvoirs financiers, règlementaires et de nomination.
Leur fonction découle directement du principe d’autonomie administrative et financière des assemblées parlementaires consacrée par la tradition républicaine française et qui constitue une des garanties de leur indépendance vis-à-vis de l’exécutif. De ce principe découle le fait que les assemblées doivent gérer elles-mêmes leur administration, leur personnel et leurs crédits, sans être tributaires des décisions du pouvoir exécutif.
À ce titre, Jean-Pierre Sueur sera membre du bureau du Sénat.
Ces nouvelles attributions sont naturellement compatibles avec l’ensemble du travail parlementaire. C’est ainsi que Jean-Pierre Sueur continuera à participer activement aux débats du Sénat, tout particulièrement sur les textes relevant de la commission des lois, en matière notamment de Justice, de libertés publiques, de collectivités locales et de sécurité.

Jean-Pierre Sueur, Anne Leclercq, vice-présidente de la Région Centre Val de Loire, David Valence, maire de Saint-Dié (Vosges) et des représentants des salariés d’Inteva de Sully (Laurent Chéramy et Dénis Bernard) et de Saint-Dié ont été reçus le 2 octobre au ministère de l’économie, des finances et de l’industrie par Louis Margueritte, secrétaire général du Comité interministériel à la restructuration industrielle (CIRI) et ses collaborateurs. 
Les élus et représentants des salariés ont insisté  auprès de leurs interlocuteurs pour que les trois demandes suivantes soient clairement prises en compte par le Ministère de l’industrie et celui du Travail, en particulier dans leurs interventions auprès du groupe Inteva.
1) Le respect intégral des engagements pris par l’entreprise à l’égard des salariés qui l’ont d’ores et déjà quittée dans le cadre des Plans de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui ont été signés.
2) Un engagement clair sur la pérennité du site de Sully-sur-Loire, le maintien sur place des activités de recherche comme des activités de production, et donc les investissements nécessaires pour assurer cette pérennité, tout cela étant étudié en lien avec les collectivités locales. Et que tout soit fait désormais pour réduire au maximum le nombre d’emplois supprimés à Sully-sur-Loire.
3) Un engagement effectif pour la ré industrialisation du site de Saint-Dié, la mobilisation pour ce faire, dans des délais rapides, de crédits inscrits dans le plan de relance. Et une implication forte du ministère sur place en lien étroit avec les collectivités locales. 
 
>> Dans les médias :

Le Conseil Constitutionnel vient de tirer les conséquences d’une décision de la Cour européenne des Droits de l’Homme du 30 janvier 2020 condamnant la France à faire respecter le droit des personnes placées en détention provisoire – donc présumées innocentes – à être incarcérées dans des conditions qui ne violent pas la dignité humaine.

Le Conseil Constitutionnel a ainsi décidé que le Parlement devrait voter dans les cinq mois une nouvelle loi permettant que ce droit soit respecté. La loi devra être votée avant le 1er mars 2021.

Comme l’a écrit Jean-Baptiste Jacquin dans Le Monde, « si le délai laissé au législateur est si court, c’est que l’institution estime, ici, que l’atteinte à un droit constitutionnel est particulièrement grave. » Le Conseil constitutionnel rappelle en effet que le préambule de la Constitution de 1946 dispose que « la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation est un principe à valeur constitutionnelle. »

La balle – si l’on peut dire – est donc désormais dans le camp du gouvernement et du Parlement.

Il me paraît essentiel que le Parlement et tout particulièrement le Sénat s’emploient à tirer toutes les conséquences de cette décision qui a le mérite d’être très claire et conforme à des principes qui doivent être respectés en toute circonstance.

Jean-Pierre Sueur

>> Lire la décision du Conseil Constitutionnel

Jean-Pierre Sueur avait interpellé Nicole Belloubet, alors garde des Sceaux, sur le décret relatif à DataJust et sur les craintes qu’il induit quant à une éventuelle remise en cause du principe de personnalisation de la réparation des préjudices.

Éric Dupond-Moretti lui a répondu.

>> Lire la question écrite et la réponse

Jean-Pierre Sueur avait interpellé Franck Riester, alors ministre de la Culture, sur les difficultés que connaissent les écoles nationales d’architecture et sur leur devenir.

Roselyne Bachelot vient de lui apporter une longue réponse.

>> Lire la question écrite et la réponse

En ce lundi où les obsèques de Juliette Gréco se déroulent à Saint-Germain-des-Prés, on me permettra, en ultime hommage, d’évoquer trois de ses chansons méconnues… parmi tant d’autres, car au-delà de Jolie môme, Il n’y a plus d’après, La Javanaise… il y a, en vérité, des centaines de chansons de Juliette Gréco qui sont méconnues, voire inconnues, et qui ne demandent (mais les chansons ne demandent rien !) qu’à être redécouvertes.

La valse des si
Cette chanson date de 1958. Sa musique est une valse d’Henri Sauguet. Elle est dédiée à Elsa Schiaparelli. Ses paroles sont très simples, et même étonnement simplistes, puisqu’elles se limitent à un seul mot, un mot d’une syllabe, donc un monosyllabe : « Si ». Ce « si » est exactement répété ou plutôt prononcé, vécu – c’est le mot qui convient – trente-quatre fois. Chaque fois, la tonalité est différente. Cette extrême pauvreté du vocabulaire permet l’extrême richesse des sentiments, toute une palette, révélés par ces nombreux « si ». Ainsi Juliette Gréco nous offre en chaque syllabe par elle dite ou chantée une profusion de sentiments et de sensations. Les censeurs américains et français ne s’y sont pas trompés. Cette chanson fut interdite de diffusion à la radio.
 
Jean de la Providence de Dieu
C’est un poème de Pierre Mac Orlan. Il est étrange et plus qu’étrange. Son auteur a dit que c’était une histoire vraie, vécue à Rouen. Mais cette histoire est surréaliste, faite de bribes. On peut l’entendre cent fois – et toujours céder à sa magie, sans jamais être sûr d’avoir compris exactement de quoi il peut s’agir. C’est un bar qui s’appelle « L’Irlandaise ». Il y a un personnage qui s’appelle « Langlois », deux autres qui s’appellent « Machin » et « Chose ». Il y a aussi « moi ». Et il y a un marin qui s’appelle Jean qui navigue et qui pêche sur un bateau dénommé « La Providence de Dieu ». Les personnages apparaissent, disparaissent. Juliette restitue l’indicible mélancolie de ce texte fascinant comme le vent, omniprésent, le vent du nord, le « vent hystérique », qui emporte tout. Cela se passait en « l’an mille neuf cent deux/Au rendez-vous des amoureux. »
 
La place aux ormeaux
C’est un texte de Robert Nyel. La musique est de Gérard Jouannest. Et c’est très fort. C’est une chanson que l’on n’oublie pas dès lors qu’on a entendu Juliette Gréco la chanter une fois. Oui, une fois suffit.  Je cite seulement le début et la fin. Et je laisse chanter les paroles…
Celles du début :
« En trente-neuf, cette année-là
On commençait de faire la guerre
Moi, j'étais trop petite, je ne comprenais pas
Ce que c'était la guerre
Je regardais les fleurs et l'eau de la rivière
Ou je jouais aux caches sur la place aux ormeaux
Sur la place aux ormeaux
Il n'y avait plus de fêtes, plus de bals populaires
Il n'y avait plus qu' des vieux sur la place aux ormeaux
Sur la place aux ormeaux
On prenait Radio Londres en cachette, derrière
L'ombre de nos rideaux
Tandis qu'on découpait la France en deux morceaux. »
… et celles de la fin (ou presque) :
« Depuis ce temps, tout ce temps-là
On continue de faire la guerre
Et moi, qui suis adulte, je n' comprends toujours pas
Pourquoi faire la guerre
Alors qu'il y a des fleurs, des oiseaux, des rivières
Et des enfants qui s'aiment sur la place aux ormeaux. »
 
Il n’y a pas de conclusion.
Il y a plus de sept cents chansons à retrouver.

Jean-Pierre Sueur

Les discours des fêtes de Jeanne d'Arc à Orléans, ceux des maires et de leurs invités, sont des discours qui se réfèrent à une histoire – et c'est, bien sûr, toujours la même histoire, que chacun connaît ! Mais ce sont aussi des discours qui s'inscrivent dans la période, dans l'année où ils sont prononcés. Si bien que tout en parlant de l'histoire – et de la même histoire –, ils évoquent l'actualité, ils appellent à la mise en œuvre des valeurs qui étaient celles de Jeanne d'Arc en un temps donné. Et donc, l'intérêt de ces discours tient à ce qui, entre eux, est permanent, mais aussi à ce qui est changeant.

C'est pourquoi il faut saluer le livre que Pierre Allorant et Yann Rigolet viennent de publier aux Éditions Corsaire – éditions orléanaises – sous le titre : Voix de Fêtes : cent ans de discours aux Fêtes de Jeanne d'Arc d'Orléans (1920- 2020).

Précisons d'abord que si ce livre porte sur les cent dernières années, c'est simplement parce que c'est à partir de 1920 que les maires d’Orléans – le premier étant Albert Laville – ont choisi d'inviter une personnalité pour présider les fêtes de Jeanne d'Arc. Il s'en est suivi rituellement un discours du maire pour accueillir l'invité avant que celui-ci ne réponde.

Précisons aussi que le livre de Pierre Allorant et de Yann Rigolet n'est pas exhaustif : outre le fait que certains discours n'ont pas pu être retrouvés, il aurait fallu bien des pages pour recueillir quelque deux cents discours… Et encore y a-t-il, de surcroît, les discours prononcés lors de la cérémonie dite de « remise de l'étendard » dont l'étude serait également intéressante, tant pour ce qu'il y aurait dans ces deux cents autres discours de permanences et aussi de différences significatives.

Le premier invité, en 1920, fut le maréchal Foch. Il y avait là une logique qu’explique bien dans la préface de l'ouvrage Jean Garrigues : Foch était « auréolé des lauriers de la victoire sur les Allemands qu'il avait boutés hors de France comme Jeanne d'Arc avait bouté les Anglais. »

Pierre Chevallier, maire élu peu après la guerre, voit en Jeanne d'Arc le symbole de la Résistance à laquelle il a participé et qu'il tient à magnifier. Il évoque la « bouleversante analogie », les « retours dont l'histoire est coutumière » qui se traduisent par le fait que « si peu enclin que nous fussions au mysticisme, il était au moins une voix que nous entendions », celle de Jeanne d'Arc, dont l'exemple était « le commandement de la Résistance. »

Charles de Gaulle, invité en 1959, établit naturellement, bien qu'il ne l’explicite pas, une relation entre le destin de Jeanne d'Arc et le sien. Comment ne pas songer à l’homme du 18 juin lorsqu'il évoque cette jeune fille « venue combattre au moment où tout semblait perdu », lui qui avait déjà affirmé en 1944 : « Où donc la Libération peut prendre une signification aussi grande qu’à Orléans ? »

Et puis il y eut le discours de Malraux en 1961, souvent cité, souvent repris, qui résonne encore dans nos mémoires : « Jeanne sans sépulcre, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants, regarde cette ville fidèle […] Jeanne sans portrait, à tout ce pourquoi la France fut aimée, tu as donné ton visage inconnu. »

En 1982, invité par Jacques Douffiagues, François Mitterrand a cité Michelet : « Elle aimait tant la France, et la France, touchée, se mit à s'aimer elle-même. »

Invité à nouveau en 1989 – ce fut la troisième fois, il était déjà venu en 1947 en tant que secrétaire d'État aux anciens combattants –, il déclara : « C'est donc, mesdames et messieurs, la troisième fois, que vous devez me compter parmi vous. Ce n'est pas un abonnement, mais cela s'est inscrit au travers d'une vie politique qui a duré quelque peu et m'a permis de voir ce qu'était la France du demain de la guerre, le redressement qui a suivi, et maintenant la plénitude à laquelle elle aspire. »

Jacques Chirac, en 1996, dresse un portrait de Jeanne qui consonne avec ses convictions et ambitions propres : « La France est forte quand elle agit, quand elle se bat, quand elle repousse le pessimisme, l'esprit d'auto dénigrement qui, parfois, s'emparent d'elle et paralysent son énergie. »

Et quant à Emmanuel Macron, il est difficile de ne pas voir dans le discours qu'il tient en 2016 alors qu'il était ministre de l'économie et des finances, une sorte de dessein subliminal : « La France réussira si elle parvient à concilier les Frances, celle qui aime le cours du monde et celle qui le craint, celle qui croit en elle et celle qui doute […]. C'est un projet fou au fond ! »

Et il y a une préoccupation qui revient à de nombreuses reprises, qui transcende les clivages politiques, et qui vient de loin – puisqu'elle a déjà beaucoup marqué les débats du Sénat de 1894 sur la proposition de loi visant à instaurer une fête nationale de Jeanne d'Arc –, cette préoccupation, c'est que nul « n’accapare » Jeanne d'Arc, qu'aucun parti ne se l'approprie, qu'elle reste à tous. Cela a été particulièrement exprimé en raison de la tentative d’accaparement de Jeanne d'Arc par le Front national qui n'était, tant s'en faut, pas la première et qui, à mon sens, sera oubliée plus vite qu'on ne le croit. Roger Secrétain avait à ce sujet une solide philosophie lorsqu'il accueillit Jacques Chaban-Delmas en lui disant : « Nous avons un secret, c'est d'avoir commencé il y a cinq cents ans ! »

Le refus de cet accaparement apparaît de manière éclatante dans le discours de Michel Rocard, mais aussi dans ceux de Jacques Chirac, d'Hélène Carrère d'Encausse, jusqu’à celui, l'année dernière, d’Édouard Philippe.

Je terminerai en évoquant deux femmes invitées.

La première, Ségolène Royal, fut la seule, avec Malraux, qui choisit de tutoyer Jeanne, en 1998, et de lui parler « de femme à femme. » Elle lui dit : « Tu es pour nous toutes femmes un témoignage de l'insoumission et de la tendresse […] Jeanne, je ne suis qu'une femme politique dont on ne se souviendra pas du tout dans cinq cents ans. Je retiens de notre rencontre que la politique doit être comme toi dérangeante, crânement généreuse, franchement morale. »

La seconde est Geneviève Anthonioz de Gaulle. Elle fut invitée en tant que présidente d'ATD Quart monde et présidente de l'Association nationale des femmes déportées, amie de Simone Veil. Elle accomplit sa mission avec tant de conviction, elle parla si justement des combats de sa vie contre la pauvreté, pour la justice et la liberté, elle appela si fort à ne jamais renoncer qu'elle suscita de la part des Orléanais respect, mais aussi ferveur et admiration.

Il faut remercier Pierre Allorant et Yann Rigolet, pour ce livre qui, pour reprendre les mots de Jean Garrigues, contribue à mettre en évidence « le fil conducteur de notre archéologie mémorielle. »

Jean-Pierre Sueur

Juliette Gréco avait un infini respect pour ses auteurs. Ses récitals obéissaient à un rituel. Avant chaque chanson elle disait : « C'est une chanson de… elle s'appelle… ». Elle n'y dérogea jamais sauf pour les trois ou quatre chansons, sur plus de sept cents, qu'elle écrivit.

Elle se revendiquait comme interprète. Interprète, elle l'était assurément, mais plus encore. Car par une alchimie particulière qui tenait à sa voix grave, à son phrasé, à ses intonations allant de la gouaille à la tendresse en passant par la colère et l'amour, elle a fait que ces centaines de chansons, de poèmes, écrits par tant d'auteurs, si divers, finissent par constituer comme une œuvre unique, la sienne, une œuvre inimitable.

Ils étaient nombreux, ses auteurs. Elle choisissait à l'instinct les chansons qu'elle retenait, ne reculant devant aucune difficulté. Ainsi accepta-t-elle immédiatement d'interpréter le texte « inchantable » (comme elle disait) qu’était venu lui apporter un jeune chanteur intimidé : c'était Le diable, de Jacques Brel.

Il y eut Jean-Paul Sartre et la rue des Blancs-Manteaux, à elle dédiée, et puis Jacques Prévert, Raymond Queneau, François Mauriac, Aragon, Éluard, Marie Noël, Joseph Kosma, Robert Desnos, Pierre Mac-Orlan, Françoise Sagan, et puis, Béart, Aznavour, Ferré, Brassens, Brel, Gainsbourg, Fanon… et tellement d'autres… Impossible de les citer tous : ce serait un vrai dictionnaire…

… Mais quels qu'ils fussent, Juliette servait les textes qu'elle avait choisis, savourant chaque mot, donnant à chaque syllabe une couleur particulière.

Et puis sur scène, dans sa robe noire, elle jouait pleinement chaque phrase, en comédienne qu'elle était, surlignant chaque vers de mouvements subtils, ou plus démonstratifs, de ses blanches mains. Elle savait, elle voulait aller jusqu'au bout de la fatigue, jusqu’à la dernière chanson à laquelle, littéralement, elle ne pouvait ajouter aucune autre, par amour de son public.

Elle a chanté la chanson la plus courte du répertoire, La fourmi de Robert Desnos et le long poème de Bernard Dimey, Le bestiaire de Paris.

Elle n'a jamais caché ses convictions, se glorifiant d'avoir connu un insuccès total, un « bide » mémorable devant un public de droite – et plus– au Chili. L'un de ses meilleurs souvenirs de radio fut, lors de l'émission « À la croisée des chemins », l'interprétation qu'elle improvisa de la recette de cuisine parue le jour même dans France Soir. Cela s'appelle « Suprême de volaille aux crevettes ». Elle pouvait chanter tout, absolument tout, et donnait à tout cette marque inimitable qui n'appartenait qu’à elle.

Elle nous offrit en 2012 un album complet consacré aux ponts de Paris. Il s'appelle Ça se traverse et c'est beau. Et c'est plus que beau en effet.

Elle s'émerveillait de chanter pour la millième fois Le temps des cerises.

Il y aurait tant et tant à dire et à écrire que j’arrête là, au risque de noircir encore des pages et des pages à sa mémoire, à sa mémoire si vivante – car ces sept cents chansons, c’est sûr, vivent et vivront !

Merci, Juliette.

Jean-Pierre Sueur

Michael Lonsdale fut un immense acteur. Son interprétation de frère Luc dans le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, fut bouleversante. Impossible de l'oublier. On sait qu'il aimait Péguy à qui il a consacré un livre intitulé Entre ciel et terre, Péguy (éditions du Cerf, 2014). Dans ce livre, il fait deux parallèles, a priori tout à fait inattendus, entre Péguy et deux auteurs qu'il a connus et dont il a interprété des œuvres : Samuel Beckett et Marguerite Duras.

Au moment où Michael Lonsdale vient de nous quitter, on me permettra de lui rendre hommage en citant quelques extraits de ce livre consacré à ces destins qui, pour lui, se rencontrent, ou au moins se croisent.

« Samuel Beckett est un écrivain dramaturge et poète irlandais avec qui j'ai eu le bonheur de travailler.

Péguy et Beckett ont en commun leur commisération pour le genre humain. Ils ont une bienveillance pour l'humanité. À la différence de Péguy, les héros des pièces de Beckett sont des marginaux, des pauvres, des clochards ou des fous. Beckett aimait mettre en scène des personnes rejetées.

Beckett pouvait avoir comme Péguy un certain pessimisme face à la condition humaine. Si Péguy avait choisi la poésie pour combattre cette amertume, Samuel Beckett, lui, utilisait l'humour.

Ce qui me touche chez ces deux grands écrivains, c'est qu'ils mettent en action leur charité pour les plus pauvres. Péguy se rendait régulièrement à l'association caritative « La mie de pain » dans le XIIIe arrondissement, pour aider les plus défavorisés. Beckett, lorsqu'il reçut son prix Nobel de littérature en 1969, partagea son argent autour de lui, faisant preuve d'une immense générosité envers ses amis dans le besoin. Il pouvait même faire le ménage ou les courses pour une amie malade. L'amitié pour lui était sacrée […] » (pages 55-56).

J'en viens maintenant à des extraits de ce que Michael Lonsdale écrit sur Marguerite Duras.

« La coïncidence des dates me touche. Marguerite est née à Saigon le 4 avril 1914, année de la mort de Péguy.

J'ai rencontré Marguerite Duras grâce à Claude Régy qui a proposé mon nom lors de la création de L’amante anglaise par les Barrault. Ils avaient été chassés de l’Odéon et avaient trouvé refuge dans un petit théâtre à Paris, impasse Récamier. J'ai joué cette pièce pendant trente-cinq ans, jusqu’à la mort de Madeleine Renaud.

Comme Péguy, elle n'avait pas un caractère facile, mais elle fut une amie importante pour moi, une complice des mots.

À l'image de Péguy, l'écriture de Marguerite porte une marque de grande liberté. De nouveauté aussi. Son style est limpide et d'une grande pureté. Comme Péguy, elle écrivait continuellement. Je me souviens d'ailleurs qu'elle modifiait le texte en permanence, ce qui n'était pas sans poser de problème. Pour L’amante anglaise, je lui ai demandé d’arrêter ces changements, car toute l'équipe était perdue […].

Ce que j'aime chez Duras comme chez Péguy, c'est la création d'un style littéraire qui n'a jamais été entrepris auparavant.

Je suis dans la même recherche d'innovation artistique lorsque j'aborde un rôle, une création théâtrale ou picturale. C'est la raison pour laquelle je n'ai jamais voulu entrer à la Comédie-Française. Je ne voulais pas reprendre des rôles déjà magnifiquement joués avant moi […].

Il ne faut jamais jouer les mots au théâtre, mais jouer chaque soir ce qu'il y a derrière les mots. C'est mon professeur de théâtre, Tania Balachova, qui me le disait. C'est ainsi que notre art devient vivant. »

JPS

Dimanche prochain des élections sénatoriales auront lieu dans la moitié des départements puisque le Sénat est désormais renouvelé par moitié tous les trois ans. Cette élection n'est sans doute pas celle qui passionne le plus les Français – et encore moins dans les départements où elle n'a pas lieu –, si bien que revient rituellement la question de savoir s'il faut un Sénat, si une seconde assemblée parlementaire en plus de l'Assemblée Nationale est nécessaire dans notre pays.

À cette question, je réponds oui sans hésitation. Je sais que d'aucuns ne manqueront pas de me rétorquer que je défends « une boutique », de me taxer de corporatiste ou d'autres noms d'oiseaux. Mais je persiste et je signe et je vais reprendre ici les trois arguments principaux qui justifient ma position en ajoutant qu’ayant été député et sénateur, je crois bien connaître les deux assemblées, leurs spécificités, leurs différences et aussi leur complémentarité.

1. Le premier argument c'est la loi, c'est l'élaboration de la loi, l'écriture de la loi. La loi, est-il besoin de le dire, est essentielle dans toute démocratie. Nul ne peut se prévaloir de son ignorance. Toute la loi, toutes les lois s'appliquent à tous et à toutes. Chaque mot, chaque ligne de la loi s'applique à Brest comme à Strasbourg, à Lille comme à Nice, mais aussi en Polynésie, en Guyane, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à Mayotte... et en d'autres territoires encore. Et contrairement à ce que l'on croit à tort, beaucoup de lois ont une durée de vie longue. Lorsque des députés et des sénateurs ont rédigé puis voté la loi de 1901 sur les associations, ils ignoraient que 119 ans plus tard – nous y sommes –, cette loi s'appliquerait à 1 300 000 associations en France ! C'est dire la grande responsabilité des parlementaires lorsqu'ils élaborent puis votent la loi. Or je puis témoigner que cela suppose beaucoup de travail, d'attention et de réflexion. Cela suppose aussi beaucoup d'auditions : on ne peut pas faire la loi en vase clos et il faut savoir consulter, écouter, prendre en compte les attentes de nos concitoyens.

Vous me direz que je n'ai pas encore parlé du Sénat. C'est vrai. Car ce que je défends, ce n'est pas le Sénat pour le Sénat : c'est le fait qu'il y ait deux assemblées et des « navettes » – pour reprendre ce mot issu du langage de l'industrie textile – entre ces deux assemblées. Un projet de loi est présenté par le gouvernement. Il arrive devant l'une ou l'autre des assemblées en première lecture. Il y a en son sein un débat en commission puis en séance publique. Chaque sénateur ou député peut déposer des amendements, autrement dit des rédactions alternatives visant – selon lui ou elle – à améliorer le texte. Beaucoup d'amendements sont adoptés. Puis le texte part dans l'autre assemblée où le même processus a lieu. Puis il revient dans la première puis dans la seconde (sauf quand le gouvernement abuse, ce qui est – hélas ! – le cas de la procédure dite « accélérée »). Puis il y a une commission mixte paritaire composée de sept députés et de sept sénateurs (et d’autant de suppléants) pour rechercher un accord entre les deux assemblées, cet accord survenant dans la majorité des cas (contrairement à ce que l'on croit trop souvent) et il y a enfin les ultimes lectures au sein des deux assemblées.

J'ai organisé un colloque au Sénat (on trouvera ci-dessous un lien vers le texte intégral) sur « l’écriture de la loi » au cours duquel il a été largement démontré que les navettes permettent de mieux écrire la loi, d’en préciser et d’en peaufiner les termes après avoir étudié toutes les objections et alternatives. Or cela n'est possible que s'il y a DEUX assemblées, sans quoi la navette est impossible. Il n'y a qu'une lecture et puis c'est tout !

Je ne défends donc pas le Sénat pour le Sénat. Je défends le fait qu'il y ait deux assemblées – et donc le bicamérisme –, comme c'est le cas dans la plupart des grandes démocraties.

J'ajoute pour finir là-dessus cette citation de Victor Hugo, qui fut pair de France, député, puis sénateur : « La France gouvernée par une assemblée unique, c'est l'océan gouverné par l’ouragan. »

2. Le second argument tient à la seconde de mission que la Constitution assigne au Parlement à côté de sa mission législative : le contrôle de l'exécutif. Le fait que les parlementaires disposent de nombreux moyens pour assurer ce contrôle est une garantie pour un bon fonctionnement de la démocratie. Ces moyens, ce sont les questions d'actualité au gouvernement, les questions orales et écrites, la possibilité dans certaines conditions de procéder à des contrôles de documents « sur pièces et sur place » au sein des ministères et des administrations, etc. Ce sont aussi les commissions d'enquête parlementaire. On me pardonnera d'écrire que je connais un peu... le sujet pour avoir été rapporteur d'une commission d'enquête sur les réseaux djihadistes et plus récemment pour avoir été co-rapporteur d'une autre commission d'enquête sur « l'affaire Benalla ». S’agissant de cette dernière commission d'enquête, dont on a beaucoup parlé, je tiens à rappeler que la commission des lois de l'Assemblée Nationale en avait également créé une sur le même sujet au même moment. Simplement celle-ci a littéralement « explosé en vol. » Elle a dû rapidement interrompre ses travaux et n'a pas publié le moindre rapport. Pourquoi ? La réponse me paraît – on me dira que c'est une interprétation, mais je la crois juste – être liée à un manque d'indépendance de la majorité de l'Assemblée Nationale à l'égard de l'Élysée : dès lors que le choix des personnalités auditionnées donnait lieu à des consultations préalables ou, à tout le moins, à toute sorte de réticences, cela obérait les conditions d'indépendance absolue dans lesquelles une commission d'enquête parlementaire doit fonctionner. Au Sénat, rien de tel. Nous avons auditionné qui nous avons voulu auditionner. Nous avons auditionné deux fois le même la même personne au besoin. Nous avons travaillé en totale indépendance. Et j’ai la fierté de pouvoir écrire aujourd’hui que plus de dix-huit mois après la publication d'un rapport qui nous aura demandé beaucoup de travail, pas une ligne de ce rapport n'a été démentie ou contredite. Le travail du Sénat a donc été utile. Et j'ai entendu depuis des concitoyens me dire, à de nombreuses reprises : « Heureusement qu'il y avait le Sénat ! » De multiples autres commissions d'enquête et rapports d'information du Sénat sont précieux : je pense à la commission sur Lubrizol, au récent rapport sur les conséquences de la privatisation des autoroutes, à l’enquête en cours sur la gestion des masques par rapport aux épidémies (ou aux trois rapports de la commission des lois – pour lesquels on trouvera les liens ci-dessous – sur la gestion de l'urgence sanitaire par les pouvoirs publics au cours des derniers mois). Et je pourrais citer des dizaines d'autres exemples. Il est vrai que, dans sa diversité, le Sénat joue le rôle d'un « contre-pouvoir et non d'un anti pouvoir » pour reprendre l'expression de Gérard Larcher. Très attaché aux libertés, il sait faire preuve d'indépendance. Et cela, à mon sens, justifie pleinement son existence.

3. Le troisième argument tient au fait qu'en vertu de la Constitution, le Sénat « assure la représentation des collectivités territoriales de la République. » Chacun le sait, les sénateurs sont élus par les représentants des communes, des départements et des régions (et par les parlementaires), et le corps électoral des « grands électeurs » est très majoritairement constitué par les représentants des communes élus au sein des conseils municipaux. On peut, certes, contester le mode d'élection des sénateurs et je suis de ceux qui ont plaidé pour un meilleur équilibre entre la représentation de la population et celle des territoires. Mais le fait que, sous cette réserve, le Sénat soit, par le mode d'élection de ses membres, structurellement lié aux territoires, m'apparaît être très positif. Si les sénateurs étaient élus comme les députés au suffrage universel direct – ce que certains prônent –, le Sénat deviendrait un clone de l'Assemblée Nationale et je ne pense pas que ce serait bénéfique ! Il est donc pour moi judicieux que le mode d'élection des deux assemblées soit différent.

Le rapport privilégié aux territoires et aux collectivités locales qu'entretiennent les sénateurs m'apparaît non seulement utile, mais même nécessaire, en cette période où la décentralisation revient, et d'ailleurs doit revenir, à l'ordre du jour. Chacun peut voir, en suivant nos débats, la place privilégiée qu’y tiennent les sujets relatifs aux communes, départements et régions et, tout particulièrement, à leurs ressources financières. Nous avons vu tant de transferts de compétences dont les compensations s'érodaient, tant de compensations qui devenaient, au fil du temps, des « variables d'ajustement », que nous avons appris à être vigilants. Et je suis persuadé que l'attention soutenue que porte le Sénat aux collectivités territoriales est un atout pour notre démocratie.

Jean-Pierre Sueur

Lire

>> Les actes du colloque sur « L’écriture de la loi » au Sénat le 31 juillet 2014

>> Les trois rapports de la Commission des lois sur la crise sanitaire :

Dans les médias :

>> Élections sénatoriales : une journée avec Jean-Pierre Sueur au Sénat et dans le Loiret. Un reportage de Jeff Wittenberg diffusé dans l'édition nationale du 19/20 de France 3.

>> À quoi sert le Sénat ? Une interview de Jean-Pierre Sueur sur France 3 Centre-Val de Loire et France Info

 
 
 

Un reportage de Jeff Wittenberg diffusé dans l'édition nationale du 19/20 de France 3.

À Orléans le 26 septembre à 15 h 30.

Cette année 2020 est celle d’un double centenaire. Celui de la canonisation de Jeanne d’Arc, mais aussi celui du vote définitif au Parlement – après un très long parcours législatif – de la loi instaurant la fête de Jeanne d'Arc comme fête nationale. Une conférence organisée par la Ville d’Orléans sera donnée à ce sujet par Yann Rigolet, doctorant en histoire moderne, et Jean-Pierre Sueur, ce samedi 26 septembre à 15 h 30 à la salle de l’Institut.

>> Entrée gratuite - insciption obligatoire

 

 

 

Auteur de nombreux ouvrages, enraciné dans le village de Bou situé au bord de la Loire à l’est d’Orléans, Christian Chenault est ethnologue. Le dictionnaire nous apprend que l’ethnologie a pour objet « l’étude comparative et explicative de l’ensemble des caractères culturels et sociaux des groupes humains. » On imagine souvent que l’ethnologue se préoccupe surtout de sociétés lointaines et perçues comme exotiques. Mais rien n’est plus faux ! Les méthodes de l’ethnologie s’appliquent à toute société, à toute civilisation.

Christian Chenault en fournit l’illustration en poursuivant inlassablement ses recherches sur les cultures populaires dans notre pays et notre région.

C’est ainsi que son dernier livre, Chansons traditionnelles et cultes populaires (publié aux éditions Loire et terroirs) nous offre une passionnante analyse d’un corpus impressionnant de chansons traditionnelles et populaires puisqu’il compte 450 chansons publiées et 150 enregistrées, soit six cents textes au total.

Il les étudie en référence aux saints qui ont ponctué le calendrier des fêtes populaires en une véritable « galerie » allant d’Antoine (17 janvier) à Nicolas (6 décembre), en passant par Vincent (22 janvier), Blaise (3 février), Jean (24 juin), Pierre (29 juin), Marguerite (20 juillet), Madeleine (22 juillet), Anne (26 juillet), Maud (15 août), Crépin (25 octobre), Hubert (3 novembre), Martin (11 novembre), Catherine (25 novembre), Éloi (1er décembre) et Barbe (4 décembre).

Il suffit de parcourir les villages et villes du Loiret pour mesurer combien ces prénoms (qui donnent lieu chacun à un chapitre du livre) sont encore le nom, souvent aux dates dites ou proches, de fêtes vivaces, et que celles-ci sont souvent liées à un métier ou à une corporation.

En même temps qu’il nous rappelle, avec un réel plaisir, les histoires et légendes attachées à ces saints et à ces fêtes, Christian Chenault débusque les idées toutes faites, explique d’où elles viennent et comment elles évoluent et fait œuvre scientifique. C’est donc une vraie culture populaire vivante – le contraire d’un almanach vieillot et figé – qu’il restitue dans son livre.

Ainsi, écrit-il, « les références à de saints personnages sont rarement religieuses et s’affranchissent de textes relatant leur vie […], le plus bel exemple étant Sainte Catherine confondue avec Sainte Barbe. » Ou encore : « Saint Vincent n’a jamais été vigneron. »

De même, Christian Chenault nous apprend que, n’en déplaise aux « néo-mariniers », Saint Nicolas « apparaît fort peu dans les chansons dites de la marine de Loire. » En revanche, il est, comme chacun le sait, lié à l’enfance en vertu d’une tradition du Nord et de l’Est, et non du Val de Loire – et le livre nous offre une analyse des diverses interprétations de la « légende des enfants au saloir. » Ce qu’on sait moins, c’est que Saint Nicolas fut aussi longtemps le « patron des amoureux. » C’est ainsi qu’en Orléanais, « les jeunes filles et les jeunes hommes qui voulaient se marier allaient l’invoquer au pied de la croix érigée au pied du pont Saint-Nicolas qui sépare Saint-Pryvé-Saint-Mesmin de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. »

Christian Chenault montre que si cette culture populaire trouve sa source dans de « saints personnages », ceux-ci ont bien souvent dans la chanson populaire « des représentations pas toujours très catholiques. » Ainsi, tous les registres cohabitent, de la religion à la grivoiserie en passant par les conflits sociaux et toutes sortes d’antagonismes, mais aussi de syncrétismes.

Enfin, l’assignation d’une chanson ou d’une légende – et même d’une fête – à un terroir est souvent illusoire : « Tout comme pour les contes, on s’aperçoit que les chansons se réfèrent à des termes universels véhiculés sur tout le territoire et même au-delà, par des soldats, les Compagnons du Tour de France, les marchands ambulants ou les colporteurs. Des populations locales se les sont appropriées et les ont souvent adaptées à leurs contrées. Plutôt que des chansons de Bretagne, de Lorraine ou du Berry, nous avons souvent affaire à des versions bretonnes, lorraines ou berrichonnes d’une même chanson. »

En bref, Christian Chenault démystifie les idées toutes faites, mais en même temps il nous fait mieux connaître et aimer un immense patrimoine.

Jean-Pierre Sueur

  • Aux éditions Loire et terroirs, 95 pages, 22 €.
 

Scandalisé, comme beaucoup, par les conditions déplorables dans lesquelles des corps légués à la science étaient conservés à l’université René-Descartes à Paris, Jean-Pierre Sueur a interpellé le gouvernement en décembre 2019.
La ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation vient enfin de lui adresser une réponse précise dans laquelle elle évoque l’article 16-1 du Code civil en vertu duquel les principes de dignité et de respect du corps humain ne cessent pas après la mort (article issu d’une proposition de loi dont Jean-Pierre Sueur est l’auteur).

Les polémiques ont été nombreuses sur ce que l'on a pudiquement appelé les « nuances politiques » attribuées aux listes municipales par les préfectures, certaines listes se trouvant ainsi qualifiées des vocables « centre droit » ou « centre gauche » ou « majorité » ou « opposition » sans que les chefs de file de ces listes aient été consultés, ni que l’appellation corresponde aux volontés ou convictions des membres de la liste. Ma position à ce sujet est simple : il faut respecter la volonté des candidats. Lorsque ceux-ci affichent une couleur politique, ce qui est légitime, que celle-ci soit clairement énoncée. Et lorsque ceux-ci ne souhaitent pas afficher de couleur politique – ce qui est le cas dans de nombreuses communes – que leur volonté soit également respectée.

Une circulaire ayant interdit de faire état de toute « nuance politique » dans les communes de moins de 9 000 habitants – même si ce n’était pas la volonté des listes concernées – j’ai posé une question écrite au ministre de l’Intérieur. Ce dernier m’a répondu.

JPS

Je salue le très remarquable défi qu’a lancé – et réussi – Benoît Lonceint avec toute l’équipe qu’il a réunie en créant il y a un an un supermarché coopératif, « La Gabare », à Olivet. Participant aux « Portes ouvertes » organisées ce samedi 12 septembre, j’ai appris que La Gabare comptait désormais 1 200 coopérateurs après un an d’existence. Le mouvement coopératif vient de loin. J’ai pensé à Jean Jaurès et à la Verrerie de Carmaux. Le succès de la Gabare montre que l’économie solidaire et coopérative est efficace et a de l’avenir.

JPS

>> En savoir plus sur La Gabare

À Olivet, très belle restauration – et même re-création – de la salle d’Yvremont, désormais dénommée « Alliage », qui abrite notamment une salle de spectacle de grande qualité. J’aurai eu le privilège de participer en 1981, jeune député, à l’inauguration du complexe d’Yvremont, dû à l’architecte Pierre Blareau, et, aujourd’hui, à l’ouverture de sa re-création due à l’architecte Bertrand Penneron. Un très fort atout pour la culture !

JPS

 

C’est un livre imposant, qui ne compte pas moins de 685 pages, une somme, fruit de plusieurs décennies de travail que Jacqueline Authier-Revuz nous offre. Et pour faciliter l’accès à cette somme, je dirai d’emblée que l’éditeur (De Guyter) a eu la salutaire idée de publier également le livre en Open acces (ce qui permet, en bon français, d’accéder gratuitement à l’ensemble du texte) – idée que n’ont, hélas, pas tous les éditeurs d’ouvrages universitaires (mais c’est un autre sujet !) – si bien qu’il suffit de composer sur Internet le nom de l’éditeur, de l’autrice et le titre du livre pour avoir accès à la totalité de l’ouvrage (je mentionnerai donc ci-dessous les pages auxquelles je me référerai).

Mais de quoi s’agit-il dans ce livre ? Il s’agit de toutes les modalités par lesquelles la « parole autre », c’est-à-dire tout ce qui est dit et écrit, tout ce qui a été dit et écrit, s’introduit ou a été introduit dans nos paroles, nos discours, nos écrits.

J’avais lu jadis un chef d’œuvre de Miguel Angel Asturias intitulé Hommes de maïs dans lequel ce grand écrivain évoque la croyance des tribus d’Amérique du Sud selon laquelle les hommes sont faits de maïs. Celui-ci est la substance dont ils sont pétris.

Je dirai que, pareillement, les êtres humains sont faits de mots. Ils sont faits, ils sont pétris de langage. Nos propos sont des « paroles parlant de paroles » écrit d’emblée (p. XV) Jacqueline Authier-Revuz. Elle cite aussi Émile Benvéniste pour qui « nous n’atteignons jamais l’homme séparé du langage […] C’est dans et par le langage que l’homme se constitue comme sujet » (p. 503). Et elle insiste : « Chaque discours donne à voir en lui d’autres discours » (p. XXVI). Elle cite encore Merleau-Ponty : « La parole joue toujours sur fond de parole » (p. 6) et fait même des citations et des non citations le marqueur de tout écrit : « Dis-moi qui tu cites, dis-moi qui tu ne cites pas » (p. 487).

De même que toute littérature s’écrit sur la base – dans la continuité ou la rupture – de toute la littérature qui a précédé, toute parole, qu’il s’agisse de la vie courante ou d’occasions plus solennelles, se réfère continûment à d’autres paroles, inscrit dans son énonciation ces autres paroles, ou s’inscrit en elles.

Ce sont ces faits qui sont donc constitutifs de toutes les pratiques langagières que Jacqueline Authier-Revuz s’emploie à distinguer, définir, décrire, articuler les uns avec les autres, en créant pour ce faire un appareil critique qui paraîtra abstrait, voire très technique, mais qui témoigne d’une profonde exigence de rigueur intellectuelle.

On retrouve au départ de simples catégories grammaticales. Il y a le discours direct (Jean dit : « Je vais bien. »), le discours indirect (Jean dit qu’il va bien) et le discours indirect libre (Jean les a rassurés : il va bien).

Dirais-je ici ma joie de retrouver le fameux « style indirect libre » dont Jean de La Fontaine se fit le génial virtuose. Et de retrouver aussi, au détour des pages, Henri Bonnard, ancien instituteur, auteur d’une très classique, mais trop oubliée Grammaire des lycées et collèges (éditions SUDEL), pédagogue hors pair, dont je garde précieusement les polycopiés des cours dispensés à Nanterre où il trouvait toute sa place au cœur des théoriciens du structuralisme et du générativisme – premier dépassement dudit structuralisme –, et dont Jacqueline Authier-Revuz cite scrupuleusement (p. 140) les définitions du style indirect libre qui « n’est en fait qu’un style direct différant du type normal par la seule conservation des repérages contextuels » et qui « conserve toute la fraîcheur et la force du discours direct dont il n’est qu’une variante à peine altérée », cependant qu’on retrouve à la page suivante la définition de Maurice Grévisse – autre retrouvaille ! – pour qui, à l’inverse, le style indirect libre est une variante du style indirect…

… Mais l’objet du travail de Jacqueline Authier-Revuz est justement d’aller bien au-delà de ces définitions et de les dépasser. Pour elle, « le discours indirect libre résiste de toute [son] altérité […] à ce rapatriement dans un système commandé par le couple discours direct/discours indirect » (p. 144). Elle critique ces catégories, les transcende, montre qu’elles ne sauraient contenir ni décrire l’extrême complexité du réel.

Nourrie par Benvéniste, par Bakhtine, elle nous dit sa dette pour Michel Pêcheux et s’emploie à déceler au-delà de la « linéarité formelle du langage » la « matérialité discursive historique » (p. 379). Et elle développe une véritable théorie de la citation fondée sur des exemples concrets. On peut faire tout dire à une citation. Une citation peut dire le contraire de ce qu’elle dit. Parole dans la parole, elle n’est pas neutre. Elle n’est jamais la même quand on la reproduit ou la répète dans un autre contexte. La reprise des mêmes mots n’induit pas la même signification. Et Jacqueline Authier-Revuz appelle Montaigne à la rescousse : « Les paroles redites sont comme autre son, autre sens » (p. 147).

À la rescousse viennent aussi Flaubert, Hugo, Albert Cohen (Belle du Seigneur) et tant d’autres.

Et la phrase qui a tant servi à stigmatiser Édith Cresson : « La bourse, j’en ai rien à cirer » – phrase volée, sciemment détournée de son contexte (p. 179).

Et aussi la phrase, si redite, si exploitée, jusqu’à l’extrême-droite, de Michel Rocard : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde » – constamment isolée, détachée de ce qui a suivi : « Mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part » (p. 178).

Et encore les références à Hugo, Jaurès et Camus dans les discours de 1981 contre la peine de mort (p. 479) qui, elles, étaient strictement en phase avec le propos.

À travers ses développements sur l’autonymie (p. 248 et suivantes), les guillemets (p. 307 et suivantes), les enchaînements de discours rapportés (p. 357 et suivantes) et la citation (p. 360 et suivantes), Jacqueline Authier-Revuz contribue justement (dans les deux sens de l’adverbe) à cette œuvre de salubrité publique et politique que serait une critique de la citation (au sens kantien du terme).

Pas un discours sans citation… les citations sont censées être des preuves. Puisque celui-ci ou celle-là dit ceci ou cela, c’est bien ce qu’il pense ou ce qu’elle pense. Or rien n’est plus faux. Parce que toute citation est un découpage, un morceau de texte, un lambeau de phrase. Une citation ne peut restituer toutes les nuances, voire les contradictions ou les incertitudes d’un propos.

Et puis les milliers de phrases que chacun est amené à dire au cours d’une seule journée n’ont pas toutes le même statut. Certaines engagent, d’autres non. Il serait d’ailleurs impossible de vivre dans un monde où toutes les énonciations auraient le même statut. Les contextes sont changeants, qu’il s’agisse du contexte matériel ou du contexte langagier. Et encore n’abordons-nous pas les jeux pervers du « on » et du « off » par lesquels il est tacitement admis que je ne dis pas ce que je dis, pourtant…

On me dira que je suis loin du texte de Jacqueline Authier-Revuz. Je ne le crois pas. L’étude linguistique la plus – apparemment – aride nous entraîne au cœur du réel. Et elle-même achève son œuvre par une citation – forcément ! – de Françoise Armengaud (p. 631) : « Citer l’autre est l’une des multiples façons de vivre avec lui. »

Jean-Pierre Sueur

Le temps passe, en effet. Ce n’est pas une raison pour oublier ceux qui nous ont précédés et à qui nous devons beaucoup. Ainsi Pierre Ségelle, ancien député puis maire d’Orléans, ancien ministre, ancien résistant et déporté, qui fut d’abord médecin de campagne à Ligny-le-Ribault, puis médecin des pauvres à Orléans, que son tempérament n’incitait pas à se mettre en avant et qui fut pourtant – je suis tenté de dire d’autant plus – apprécié et aimé à Orléans, et au-delà.
Sa fille, Jeannine, restée attachée à l’idéal du socialisme démocratique, d’un socialisme profond, fondé sur de solides valeurs, celui de son père, vient de publier ses souvenirs, ou plutôt des souvenirs, dans un livre au titre étrange : Quel est l’oiseau qui allaite ? Une histoire personnelle de la Kabylie.
Pierre Ségelle est né à Médéa. Il est profondément resté attaché à son Algérie natale et à cette ville, Médéa, qu’il jumela avec Orléans quand il devint maire. Il nous en reste une « rue de Médéa ».
Ce n’est pas à Médéa que Jeannine a vécu son enfance, mais en Kabylie. Elle nous en restitue les légendes – d’où le titre du livre –, mais aussi les couleurs, les parfums, les beautés, en un mot la vie… Tout le livre est ainsi baigné dans une vision poétique de la Kabylie.
Mais Jeannine nous parle aussi des épisodes qui ont suivi et nous apporte des informations souvent inédites.
Ainsi, parmi ses souvenirs de la guerre, de ses dangers, y compris pour les populations civiles, parmi ses souvenirs de la Résistance, dont elle devine l’existence, il y eut ce jour de janvier 1944 où elle accompagne sa mère qui a obtenu l’autorisation d’aller voir son père au camp de Royalieu, qui était « l’antichambre de la déportation. »
Jeannine décrit : « Mon père a chuchoté "garde tes gants", a tripoté mes mains, comme en jouant et a glissé dans ma paume gauche un minuscule papier. Quelques résistants importants du Loiret étaient avec lui et ils avaient tous désigné ceux qui deviendraient les administrateurs à Orléans. La liste des responsables était bien au chaud dans ma main. On se méfie moins d’une enfant de onze ans que d’une adulte comme ma mère. » Ce père s’en était voulu ensuite de l’avoir « mise en danger. »
Jeannine nous parle du retour de la déportation de son père. Ceux qui revenaient avaient connu tant d’horreurs que, souvent, ils n’en parlèrent pas. Ils se sentaient « décalés », incompris dans une société au sein de laquelle la plupart des hommes et des femmes ignoraient les épouvantables épreuves vécues dans les camps de la mort. Ce n’est qu’après, longtemps après…
Jeannine décrit « un homme de trente kilos, son mètre 75 un peu voûté, l’œil gauche gonflé, souvenir de la schlague, regard anxieux. » Et pourtant, déjà, « un homme plein d’idées et d’énergie mentale. »
De Gaulle fait appel à lui. Ségelle explique : « Vous étiez un chef, oui mais à présent, je suis socialiste et vous… » Ce à quoi de Gaulle répond au téléphone : « Peu importe, venez à Paris, tout de suite. »
Jeannine témoigne que l’engagement socialiste de son père « est devenu complet après la déportation. » Élu député du Loiret en 1945, il deviendra ministre de la Santé et de la Famille durant quelques mois sans l’avoir nullement cherché. Le Canard Enchaîné l’a appelé « le ministre malgré lui. » On a trop souvent oublié l’action décisive qui fut la sienne pour la création de la Sécurité sociale, aux côtés de Pierre Laroque, d’Ambroise Croizat et de Marcel Legras.
De même, on a oublié que devenu peu après, pour quelques mois encore, ministre du Travail – la vie ministérielle sous la Quatrième République était un incessant tourniquet –, il fut promoteur du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).
Jeannine nous conte sa vie à l’Assemblée Nationale comme dans les ministères et à Orléans où « la salle d’attente du médecin est devenue celle des quémandeurs. »
Elle se souvient qu’il revint à son père d’annoncer à Juliette Gréco la mort de sa mère en déportation.
Elle nous parle de son amitié avec Léopold Sédar Senghor.
Elle nous parle de ses conflits avec Guy Mollet s’agissant de la guerre d’Algérie. Il disait à sa famille : « Il faut partir. On court au désastre, pour eux comme pour nous. »
Elle nous raconte comment son père fut amené à être élu maire d’Orléans et combien il exerça cette fonction avec une sagesse et un sens de la tolérance qui furent salués de tous – sans jamais oublier de mettre au premier rang la justice sociale qui était, pour lui, un impératif absolu.
On le voit : on doit à Jeannine Ségelle un livre qui en dit beaucoup plus que son titre ne le présuppose.

Jean-Pierre Sueur

 

 

Je garde le souvenir de cet homme si chaleureux qu’était Paul Lacube, récemment décédé à Montpellier. Né en Algérie, à Zéralda, Paul Lacube connut les déchirements des rapatriés. Il fut de ceux qui, parmi les premiers, arrivèrent dans le quartier de La Source, à Orléans, où il fut très actif.
On lui doit, en particulier, la création du Racing Club d’Orléans La Source (RCOS).
Pendant un mandat, de 1971 à 1977, il fut l’infatigable maire-adjoint d’Orléans chargé des Sports, de la Jeunesse… et de la Source.
Il fut à l’origine de nombre d’équipements sportifs. Dans la biographie qu’il a rédigée (lien ci-dessous), mon ami Jean Ros rappelle qu’il fut l’initiateur d’un projet de répartition des subventions aux différents clubs sportifs selon des critères précis et objectifs… qui fut mis en œuvre, dix-neuf ans après, par mon adjoint et ami François Lebon !
Ainsi, les projets avancent et les villes se façonnent au fil du temps, chaque élu apportant une part de lui-même.
Aujourd’hui, j’assure la compagne de Paul Lacube, Marie-Claude, de toute ma sympathie.
Jean-Pierre Sueur

>> Lire la biographie de Paul Lacube par Jean Ros

Il faut saluer le spectacle estival que les trois compagnies qui sont hébergées au Théâtre de l’Escabeau à Briare – la compagnie professionnelle, la compagnie amateur et la jeune compagnie – se sont unies pour nous offrir, malgré les contraintes de la période, sous ce titre (de circonstance) : Un été particulier. Ce spectacle était constitué de trois pièces délicieuses : deux écrites d’après Maupassant, Une partie de campagne et Le rosier de Madame Husson (dialogues de Marcel Pagnol) et une création époustouflante nous renvoyant aux médias d’il y a soixante-dix ans. Dans les trois cas, la mise en scène d’Élisa Picaud était juste, précise et enlevée. Elle était, de surcroît, ingénieuse puisque, pour tenir compte des contraintes précitées, les trois lieux que compte l’Escabeau étaient mis à contribution simultanément. Un grand coup de chapeau à tous les comédiens qui, en conséquence, ont dû jouer trois fois de suite le même rôle.

Jean-Pierre Sueur

 

Ce fut un plaisir de rencontrer, ce vendredi 4 septembre à Bellegarde, Philippe Gloagen, fondateur des « Guides du Routard » en 1973… après dix-neuf refus d’éditeurs et la faillite de la première maison d’édition ! Philippe Gloagen et ses – désormais – nombreux collaborateurs ont bien fait de persévérer. Car ces guides ont promu une nouvelle manière de voyager. Ils ont contribué à démocratiser le tourisme en proposant des adresses d’hôtels et de restaurants accessibles à celles et ceux disposant de ressources limitées (aux autres aussi d’ailleurs). Ils ont enfin privilégié un tourisme favorisant la rencontre avec les habitants des pays et régions visités.

Philippe Gloagen était venu pour présenter un nouveau « Guide du Routard » consacré au Gâtinais entre Montargis et Pithiviers et intitulé Escapades dans le Loiret.

Il faut remercier les pays Beauce-Gâtinais en Pithiverais et Montargois Gâtinais qui se sont fortement impliqués pour la parution de ce guide, obtenant notamment le concours du programme européen « Leader ». (Une petite parenthèse : j’écris « pays », mais il s’agit administrativement des PETR… signe auquel personne ne comprend rien… Ne pourrait-on pas en revenir à l’appellation « pays » ?)

Ce guide, donc, est très bien fait. Il présente en moins de cent pages les richesses patrimoniales, culturelles et naturelles de cette partie du Loiret, propose des itinéraires, nombre de « bonnes adresses » et donne d’utiles renseignements pratiques. Il démontre à ceux qui en douteraient encore combien notre département est – et combien il peut être davantage – une belle destination touristique.

Je terminerai par un vœu : que les autres « pays » (PETR…) du Loiret s’inspirent de cette initiative… et que l’on puisse découvrir demain deux autres nouveaux « Guides du Routard  », un pour l’Orléanais et le Val de Loire et un pour la Sologne…

Jean-Pierre Sueur

  • Éditions Hachette, 4,90 €.
 

Éditorial du numéro 33 de la Lettre de Jean-Pierre Sueur
 
S’il y a un an, on nous avait dit que le mot le plus employé dans la vie politique et sociale, en cette année 2020, aurait été « masque », nous ne l’aurions pas cru, ou cela nous aurait plongé dans la stupéfaction.
Qui pouvait imaginer, en effet, la survenue d’un tel événement, d’ampleur mondiale, encore qu’il n’avait pas manqué de précédents dans l’histoire de l’humanité, dont nous avions toutefois le sentiment, d’ailleurs fallacieux, qu’ils étaient d’ampleur plus limitée. Il est vrai que nous n'étions pas encore à l’heure de la « mondialisation ». Et puis, nous l’avions oublié, ou nous ne voulions pas y penser. Et nous étions loin d’imaginer que cet événement aurait plus de conséquences que les plus lourdes crises économiques, qu’il balaierait toutes les prévisions, nous obligerait à repenser, à changer tant de choses.
Nous n’imaginions pas, nous n’imaginons d’ailleurs toujours pas, l’ampleur et la dureté de ses conséquences, dans de nombreux domaines, pour l’emploi, comme pour l’économie, car à l’inverse de ce que proclament quelques bonimenteurs, il faudra rembourser les dettes, et cela même si la mutualisation décidée, non sans douleur et dans des proportions limitées, par l’Europe est une bonne chose.
Alors que j’écris ces lignes, au mois d’août, j’ignore ce que sera la situation quand vous les lirez en septembre.
Ces faits nous appellent à une certaine modestie. Même si la volonté et les projets restent indispensables – sans cela, la politique perdrait son sens –, ces évènements nous enseignent que, loin de toute vision prométhéenne, la politique c’est aussi, et souvent d’abord, gérer le plus efficacement et le justement possible « ce qui arrive ».
Ils nous enseignent aussi la lucidité. Ce n’est pas un hasard si La Peste d’Albert Camus a connu un record de ventes. J’y reviens dans ces pages. Le héros de ce livre nous rappelle qu’un jour viendrait où pour « l’enseignement et le malheur des hommes », la peste reviendrait au cœur d’une « cité heureuse » et qu’il était de ceux qui « ne pouvant être des saints et refusant d’admettre les fléaux, s’efforcent cependant d’être des médecins. » La littérature est si précieuse. Je ne peux concevoir la politique sans littérature...
...Pour la première fois, la parution de cette Lettre a dû être retardée. Même si elle est plus longue que d’habitude, j’ai dû me résoudre à de nombreuses « coupes ». J’espère qu’elle contribuera toutefois à l’impératif que je me suis fixé de « rendre compte » de ce que je dis et fais en vertu du mandat qui m’a été confié et de toujours contribuer à un dialogue utile entre nous.
Croyez en mes sentiments bien dévoués.
Jean-Pierre Sueur

C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès de Nicolas Bonneau. 
Conseiller municipal de La Chapelle Saint-Mesmin depuis 2001 et maire depuis 2008, c’est peu dire qu'il était attaché à sa commune : il l’aimait profondément, passionnément, et était très proche de ses habitants. 
Il avait de grandes qualités humaines. Je n’oublierai ni sa gentillesse, ni son sens de l’amitié. 
Socialiste, il était d’une grande ouverture d’esprit, d’une grande tolérance, recherchait l’union et la coopération au sein de l’agglomération d’Orléans. 
On lui doit de nombreuses réalisations. Je garde en mémoire la fierté qui était la sienne lors de l’ouverture récente de la Maison de Santé de La Chapelle Saint-Mesmin, ou lors de l’inauguration de la piscine entièrement rénovée ou encore lorsqu’il évoquait la restauration de l’église de la commune. 
Nicolas Bonneau était membre du comité directeur de l’Association des maires de France, rapporteur de la commission « villes numériques », membre de l’Observatoire national de présence postale. Il s’était engagé récemment dans la réserve citoyenne de la Gendarmerie nationale. 
Nous pensons à tes proches et te disons un grand merci, cher Nicolas.
Jean-Pierre Sueur

C’est avec tristesse que j’apprends le décès de Tatiana Taimanova, fondatrice, en 1996, du Centre Charles Péguy de l’Université de Saint-Pétersbourg, où elle était professeur. Femme courageuse, Tatiana a lutté contre la maladie, comme elle s’est battue durant des décennies pour faire connaître l’œuvre de Charles Péguy en Russie, multipliant les colloques, où elle nous accueillait avec beaucoup d’attentions, et  écrivant nombre d’articles, en particulier sur la philosophie politique de Péguy, dont beaucoup sont parus dans Le Porche, revue jetant des ponts entre les études littéraires françaises et russes – notamment –, créée par Yves Avril. Tatiana aimait Péguy, « écrivain de la dissidence ». Elle adorait Orléans, les fêtes johanniques et le « Mystère de la charité de Jeanne d’Arc ». Elle a d’ailleurs rebaptisé son centre d’études et de recherches en « Centre Jeanne d’Arc-Charles Péguy ». Encore récemment, elle prenait de nouvelles initiatives pour développer les liens entre spécialistes des littératures russes et françaises de la première partie du XXe siècle. Elle a, très justement, reçu en 2016, pour honorer son action inlassable, la croix de chevalier des Arts et Lettres. Un grand merci, Tatiana !

Jean-Pierre Sueur

 

À la demande de l’association du bassin de La Cléry, qui regroupe les propriétaires des moulins situés sur ce cours d’eau, Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret, a appelé l’attention de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, sur un récent décret du 30 juin 2020 modifiant la procédure en matière de police de l'eau qui crée un nouveau type de travaux en rivière « définis par un arrêté du ministre chargé de l'environnement, ayant uniquement pour objet la restauration des fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques, y compris les ouvrages nécessaires à cet objectif. » Or ce décret évite toute étude d’impact et toute information des citoyens. Il lui demande en conséquence de revoir cette « procédure régalienne » pour garantir l’information des citoyens dans les décisions relatives aux rivières et bassins versants.

>> Lire la question écrite

Un grand merci à Gisèle Halimi, née à la Goulette en Tunisie, défenseure ardente et infatigable de tous ceux qui se sont battus pour l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie et pour la décolonisation, et avocate si courageuse et efficace de la cause des femmes. J’ai fait connaissance avec Gisèle Halimi à l’Assemblée Nationale où, fortement engagée aux côtés de François Mitterrand, elle a été députée de l’Isère de 1981 à 1984.

Jean-Pierre Sueur a déposé une proposition de loi précisant les conditions de publication des marges d'erreur des sondages sans laquelle il est impossible d'apprécier justement les informations qu'ils apportent.

Lire :

>> L'exposé des motifs

>> La proposition de loi

Poursuivant son action parlementaire visant à protéger les familles endeuillées, et donc vulnérables, et à leur apporter des garanties, Jean-Pierre Sueur a déposé une nouvelle proposition de loi imposant que les tarifs des prestations funéraires inscrits dans les devis modèle soient réactualisés chaque année.

Lire :

>> l'exposé des motifs

>> la proposition de loi.

Lors de l’audition, ce mercredi, d’Éric Dupond-Moretti, nouveau garde des Sceaux, par la commission des lois du Sénat, je lui ai posé trois questions restées sans réponse - ou sans réponse précise.

La première portait sur la nomination des magistrats du parquet, qui devrait être décidée par le seul Conseil supérieur de la magistrature, sans aucune intervention du pouvoir exécutif, selon une proposition de loi adoptée dans les mêmes termes par l’Assemblée Nationale et le Sénat en 2013. Le garde des Sceaux s’y était dit favorable. Mais au terme de ses réponses confuses, nous ne savons toujours pas s’il s’agira d’une réforme constitutionnelle sur ce seul point présentée au Congrès - elle aurait alors de grandes chances d’être adoptée - ou d’un point parmi d’autres dans une réforme intégrant nombre d’autres sujets (comme le nombre de parlementaires), ce qui rendrait son adoption beaucoup plus problématique.

Ma seconde question portait sur le maintien du jury populaire, auquel Éric Dupond-Moretti avait dit son indéfectible attachement. L’expérimentation de sept « tribunaux criminels départementaux » instaurée par Nicole Belloubet avait pour objet, ou du moins pour effet, de tester leur suppression. Mais son extension, à la faveur du Covid, tenant lieu, en l’espèce, de prétexte, à trente, puis dix-huit départements, ne laissait pas de doute sur l’objectif de mise en cause du jury populaire. Or Éric Dupont-Moretti s’est refusé à revenir, aussi peu que ce soit, sur ce processus.

Ma dernière question portait sur l’important sujet de la réforme de la justice des mineurs. Nous demandons depuis longtemps un vrai débat au Parlement et non une ordonnance sur cette question essentielle. Là encore, le garde des Sceaux n’a pas suivi notre proposition simple consistant à transformer le projet d’ordonnance en projet de loi afin que le Parlement puisse en débattre vraiment, plutôt que celui-ci n’intervienne que pour une éventuelle et tardive « ratification ».

JPS

>> Dans la presse : 

 

Jean-Pierre Sueur est inervenu au Sénat sur la proposition de loi instaurant des mesures de sûreté

>> Lire son intervention

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat sur les projets de loi relatifs au Conseil économique social et environnemental (CESE).

>> Lire son intervention

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat lors du débat sur la proposition de loi relative à l'homologation des peines applicables en Nouvelle Calédonie.

>> Lire son intervention ici  et la suite ici 

 

 

À l’initiative de Jean-Pierre Sueur, des élus du Loiret et des représentants du personnel de l’entreprise Hutchinson de Châlette-sur-Loing ont été reçus ce vendredi 24 juillet à Bercy par Marc Glita, délégué interministériel représentant les ministères de l’industrie et du travail et Chloé Ridel.

Franck Demaumont, maire de Châlette-sur-Loing, Jalila Gaboret, conseillère régionale du Centre-val de Loire, Gérard Dupaty, vice-président du Conseil départemental du Loiret, Moussa Ozturk, adjoint au maire de Châlette-sur-Loing, Asma Manai-Ahmadi, représentante du personnel CFDT, M. Mahmut Arslan, représentant UNSA et M. Ahmet Olcay, représentant CGT ont également participé à cette réunion.

Ils ont particulièrement demandé aux représentants de l’État d’intervenir auprès de la direction de l’entreprise Hutchinson et du groupe Total pour que tout soit fait afin de préserver l’emploi et l’attractivité sur le site de Châlette-sur-Loing.

Ils ont particulièrement insisté sur les nécessaires relocalisations d’activité, sur les diversifications attendues et sur les besoins de formation pour l’ensemble des personnels.

 
 

Jean-Pierre Sueur a été l’invité de la matinale de Public Sénat le 8 juillet : il a posé plusieurs questions précises au nouveau garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti.

>> (Re)voir l'émission animée par Oriane Mancini

Jean-Pierre Sueur a été l'un des co-rapporteurs de ce rapport de la commission des lois qui vient de paraître, et qui présente une analyse détaillée de la mise en œuvre de l'état d'urgence dans les domaines relevant de cette commission.

>> Le texte intégral de ce rapport 

>> La synthèse

>> Le communiqué de la commission des lois

>> Les deux rapports d'étape qui ont précédé (Jean-Pierre Sueur était également co-rapporteur) :

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