Présidentielle 2022

  • Public Sénat, 9 février 2022

     
  • La République du Centre, 8 mai 2022

  • Notre admiration est sans borne pour le peuple ukrainien qui lutte et résiste de toutes ses forces contre l’agression criminelle de Poutine qui s’abat sur lui et suscite l’indignation dans le monde entier.
    Notre solidarité doit être totale. Et nous devons soutenir tout ce qui est fait aujourd’hui par ceux qui en ont la responsabilité, au plus haut niveau de l’État, comme aux plans européen et mondial, pour apporter aide et assistance à l’Ukraine et œuvrer pour des cessez-le-feu et pour la paix.
    Certains concluent de ces événements tragiques que la campagne électorale pour l’élection présidentielle n’a plus de sens, que les jeux sont faits, qu’elle doit être reléguée au second plan.
    Je tiens à dire mon total désaccord avec ces points de vue. Les conditions sont, bien sûr, particulières. Mais elles n’empêchent nullement qu’un vrai débat démocratique ait lieu dans notre pays. Et comme les conditions sont particulières, je plaide pour que, dans ce débat, les candidats nous épargnent les polémiques inutiles, les dérapages, les insultes et les « noms d’oiseaux », mais qu’ils se consacrent à l’essentiel, c’est-à-dire les vrais enjeux pour la France et l’Europe.
    C’est justement parce que nous voyons les horreurs auxquelles conduit le pouvoir dictatorial qu’il est d’autant plus nécessaire de faire vivre ce bien si précieux qu’est la démocratie.
    Jean-Pierre Sueur
  • Nous avons été nombreux à croire que la chute du mur de Berlin ouvrirait une période d’extension de la démocratie dans notre monde.
    Ce n’est malheureusement pas le cas. Les dictatures et autres régimes autoritaires et impérialistes ne manquent pas, hélas !
    Et la guerre, la guerre toujours recommencée, en dépit de tout, est encore là, toujours là, en Europe même, puisque l’Ukraine en est partie prenante par sa culture et son histoire.
    Il est vrai que, comme l’a dit Nicolas Sarkozy, toutes les instances internationales – et il n’en manque pas ! – ont été, une fois encore, impuissantes pour prévenir et empêcher la guerre. Et cela, malgré les efforts diplomatiques mis en œuvre en particulier par Emmanuel Macron.
    Il reste que, comme l'a dit François Hollande à Libération : « Un jour, les générations à venir nous dirons : qu’avez-vous fait le jour où Poutine a écrasé l’Ukraine ? »
    Anne Hidalgo a tenu, à cet égard, des propos clairs à Bordeaux. Je cite : « Nous, la gauche européenne, nous sommes toujours avec les agressés, les opprimés, avec le droit d’un peuple à décider de son destin. […] Je propose une procédure accélérée d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. […] Ciblons les banques, frappons, même si cela demandera des sacrifices, ses exportations de gaz ou de pétrole, ses échanges extérieurs. […] Je demande l’interruption immédiate du système Swift de transaction financière entre la Russie et le reste du monde, une décision difficile qui aura des conséquences sur nos vies, mais la prospérité n’est rien sans la liberté et la paix. » Soutenant « la livraison de matériel militaire », elle a enfin dit vouloir avancer « rapidement vers une Europe de la défense. »
    Je cite longuement ces propos d’Anne Hidalgo, à dessein, pour montrer que le sens de la responsabilité n’est heureusement pas indexé sur le niveau – actuel–  des sondages, alors que d’autres ont bien du mal à masquer par de vains retournements les connivences qu’ils affichaient hier encore.
    … Mais il est des moments où la politique politicienne pèse décidément peu !
    Elle pèse peu devant la résistance qu’oppose vaillamment le peuple ukrainien, que nous nous devons de soutenir autant que nous le pouvons, de toutes les manières possibles, car nous mesurons combien son combat est essentiel, vital, pour lui, bien sûr, mais, au-delà, pour l’avenir du monde.

    Jean-Pierre Sueur