Je me souviens de mon émotion lorsque, jeune député, j'ai applaudi son discours du 17 septembre 1981 à l'Assemblée nationale, puis voté l'abolition de la peine de mort, bouleversé par son inoubliable plaidoirie. Et aussi de son autre plaidoirie, plus récente, pour l'abolition universelle de la peine de mort. Je me souviens de cette phrase de lui : « La principale cause de la récidive, c'est la condition pénitentiaire ». Ce combat pour la « régulation carcérale » et l'amélioration des conditions de détention est toujours devant nous ! Je pense encore à toute l'amitié qu'il me porta lorsque nous siégions ensemble au Sénat. J'ai mesuré au Sénat combien il était « l'éloquence incarnée ». Il m'a légué, en partant, ce dossier auquel il tenait tant de la « compétence universelle » du juge français par rapport aux crimes relevant de la Cour pénale internationale. Depuis, nous avons pu avancer sur ce sujet, avec son soutien, mais il reste encore du chemin à faire. Je me souviens aussi de sa passion pour l'œuvre et la personne de Victor Hugo… Il y aurait tellement à dire…
Alors, je dirai simplement aujourd'hui : un grand merci pour tout, cher Robert Badinter !
Jean-Pierre Sueur
Au moment de présenter des vœux, je pense d’abord à toutes celles et tous ceux qui souffrent de la guerre qui, décidément, revient toujours et encore dans notre monde, comme si les leçons de l’histoire étaient continuellement oubliées.
Inexcusable est l’agression de Poutine contre l’Ukraine, comme l’est le terrorisme du Hamas, comme l’est aussi l’acharnement de Netanyahou à bombarder massivement les populations civiles. Puissent les instances internationales, les diplomaties du monde entier, les femmes et les hommes de bonne volonté être entendus lorsqu’ils œuvrent pour ce bien si précieux qui s’appelle la paix !
En France, l’année sociale a été rude, et le dialogue social n’a pas prévalu, c’est le moins qu’on puisse dire, s’agissant en particulier de la réforme des retraites. Et l’adoption, dans les conditions que l’on sait, de la loi sur l’immigration, suscite de lourdes inquiétudes car une ligne a été franchie, puisque nombre des articles de cette loi mettent en cause les valeurs de la République, et sont autant contraires à l’égalité qu’à la fraternité. En outre, quelle absurdité que de dissuader les étudiants étrangers de s’inscrire dans nos universités en leur imposant une caution qu’ils ne récupèreraient qu’en partant, comme si on voulait absolument se débarrasser d’eux ! Quel message à la jeunesse du monde !
Alors, pour 2024, je souhaite de tout cœur que les artisans de paix soient entendus et que nous sachions restaurer, et faire vivre, les si précieuses valeurs de la République.
Et je présente mes vœux les plus sincères à tous les habitants du Loiret, et particulièrement à ceux qui souffrent des difficultés de la vie ! Que pour toutes et tous la vie soit meilleure !
Jean-Pierre Sueur
Membre honoraire du Parlement
Ancien ministre