L'édito de La Lettre n°12
 
Le Loiret doit-il être rattaché à l’Île-de-France ou à une partie de celle-ci ?
Puisque cette question est venue sur le devant de l’actualité, je me dois de faire part, en toute clarté, de ma position.
Le Loiret est, certes, divers. Et l’on pourrait être tenté de donner des réponses différentes à la question posée selon que l’on songe au Gâtinais, au Pithiverais, au Giennois ou à l’Orléanais.
Et pourtant, je pense que ce ne serait pas un bon choix. Tout simplement parce que cela conduirait à un fractionnement préjudiciable. Le sentiment d’appartenance au Loiret est fort, plus qu’on ne le dit parfois. Finalement, chacun s’y retrouve. Mon mandat de sénateur me conduit à parcourir en tous sens notre département et je suis constamment frappé par la beauté de ses paysages, la richesse de son patrimoine, la complémentarité de ses terroirs.
La raison principale pour laquelle je suis en désaccord avec l’idée de rattachement du Loiret à l’Île de France ou à une partie de celle-ci, c’est que je suis intimement persuadé que nous n’aurions rien à gagner à devenir la banlieue de la grande banlieue parisienne ou la périphérie de sa périphérie.
On nous dit que la région Centre n’est pas une région naturelle au sens où le sont l’Alsace ou la Bretagne. C’est vrai, encore que s’agissant de la Bretagne, il y a, là aussi, des querelles de périmètre.
Mais une région constituée de deux départements de l’ex-région Île-de-France, du Loiret et de l’Eure-et-Loir serait, elle, pour le coup, totalement artificielle.
Je crois au contraire qu’il faut jouer pleinement la carte de la région Centre – quitte à revoir ou à compléter son nom, comme l’avait proposé Maurice Dousset. Il serait, à mon sens, plus parlant de l’appeler « Centre - Val de Loire ». Et s’il fallait l’élargir – puisqu’on nous parle d’aller vers de grandes régions –, je vois plutôt cet élargissement vers la vallée de la Loire, d’un côté ou de l’autre, que vers l’entité parisienne.
Alors que la vallée de la Loire et ses châteaux sont connus dans le monde entier, j’ai toujours regretté qu’on ne tirât pas un meilleur parti de ce fabuleux atout pour identifier et promouvoir notre région. 
On me dira que ni le Montargois ni le Pithiverais ni la Beauce ne sont dans le Val de Loire. C’est vrai. J’ajouterai que la Sologne, le Berry ou le Perche m’en font pas partie non plus. Et qu’un nom de région n’a pas vocation à être exhaustif. Sinon ce n’est plus un nom, c’est une énumération. Il faut que ce nom soit parlant, qu’il situe sur la carte et dans la perception commune un point fort, un axe majeur de la région. Ce n’est assurément pas le cas avec le seul vocable « Centre ».
J’ai grande confiance dans l’avenir du Loiret, enraciné dans notre région, - une belle région qui a une existence naturelle, historique, culturelle et humaine forte. Une région dont la capitale est aussi le chef-lieu du Loiret.
Il nous revient, à mon sens, de valoriser tous nos atouts, en unissant toutes les énergies, plutôt que de nous engager vers des regroupements artificiels.
Jean-Pierre Sueur