Il est difficile de voir un « changement » dans le changement de Premier ministre.
Car la stratégie reste la même.
Emmanuel Macron avait annoncé le dépassement du clivage entre la droite et la gauche qui, pourtant, structure la vie politique de notre pays depuis 230 ans.
Il serait « ni de droite ni de gauche » ou « et de droite et de gauche. »
J’ai toujours pensé que, même s’il peut répondre aux aspirations d’un certain nombre de nos concitoyens lassés d’un jeu politique qu’ils jugent trop conflictuel ou trop rituel, ce dépassement était illusoire.
Il ne correspond pas à la réalité, car il est difficile de nier le fait que le fléau de la balance penche à droite.
Mais, au-delà même de ce constat, il mène à une grande confusion. Que l’on m’entende bien : ni la gauche ni la droite ne sont des ensembles monolithiques, comme toute notre histoire le montre.
Mais si la vie politique n’est pas organisée autour de formations politiques porteuses de projets concurrents, et donc de clivages – qui ne doivent pas être belliqueux pour autant –, elle devient illisible. Elle perd son sens.
Sans doute y a-t-il là une autre cause de l’abstention.
Et je serai encore plus clair : la prise en compte de la diversité des convictions, des propositions et des projets n’empêche en rien qu’il puisse y avoir des accords, des rassemblements sur des actions d’intérêt général. Nos intercommunalités, depuis les communautés de communes jusqu’aux métropoles, le montrent constamment.
Non, la politique n’est pas la guerre. Mais sans la force des convictions, elle perd son sens.
Jean-Pierre Sueur