
C'est pourquoi il faut remercier Françoise Michaud-Fréjaville, professeur émérite à l'Université d’Orléans et ancienne directrice du Centre Jeanne-d'Arc d’Orléans pour le superbe livre consacré à la figure de Jeanne d'Arc dans les vitraux des édifices religieux de la région Centre-Val de Loire qu'elle vient de publier.
Françoise Michaud-Fréjaville y décrit les vitraux représentant Jeanne d'Arc et son histoire qu'elle a recensés dans 116 édifices religieux de notre région. C'est dire que ce fut un grand travail, sans précédent. C'est un bonheur de retrouver les photos – de grande qualité – de ces vitraux et de lire les commentaires qui les accompagnent.
L'ouvrage commence par un chapitre très éclairant sur l'histoire de Jeanne d'Arc – Françoise Michaud-Fréjaville en est l'une des meilleures spécialistes ! – où on lit, par exemple : « Que penser de cette fille en garçon attachée à ses prières et s'arrêtant aux sanctuaires, irréprochable dans ses mœurs […] Ce n'est pas une "voyante", une volubile, une praticienne de tours de passe-passe de foire, une prostituée de Babylone. Mais c'est incontestablement une obstinée, une sérieuse tête de mule. »
Le même chapitre revient sur la perception de Jeanne d'Arc – sa personne, son mythe – au fil des siècles. Ainsi, « pendant quatre siècles, on n'a pas du tout oublié Jeanne, mais le personnage est passé devant la personne. » Et cela nous conduit, notamment, au débat de 1920, année de la canonisation de Jeanne d'Arc presque concomitante du vote d'une loi instaurant une fête laïque de Jeanne d'Arc, à l'initiative de Maurice Barrès ressuscitant une initiative trentenaire de « l’incroyant Joseph Fabre » devant le Sénat.
Et puis, nous parcourons les thématiques, magnifiquement illustrées, des enseignes aux bannières, des événements de l'épopée (Domrémy, Chinon, Orléans, Reims…) aux « petites vies » de l'héroïne, retrouvant au fil des pages et de l'iconographie nombre d'aspects des mouvements artistiques des 19e et 20e siècles, de l'« art nouveau » aux tendances plus contemporaines, ainsi que les thématiques qui renvoient aux contextes dans lesquels les œuvres étaient commandées et les vitraillistes travaillaient. Ainsi, pendant la Guerre 14-18, comme à son issue, comme durant et après la Seconde Guerre mondiale, se sont développées des images d'une Jeanne patriote et d'une Jeanne aspirant de toutes ses forces à la paix. On fait toujours l'histoire en pensant au présent.

Un dernier chapitre évoque les « peintres-verriers » du Centre-Val de Loire, et notamment la famille Lorin à Chartres et la famille Gouffault à Orléans. Nous leur devons beaucoup.
Jean-Pierre Sueur
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Éditions Rencontre avec le patrimoine religieux, 33 €.