Éditorial du numro 34 (avril 2021) de La Lettre de Jean-Pierre Sueur
 
Alors que la pandémie est là depuis plus d’un an, je n’ai pas envie de tenter d’apaiser les épreuves que beaucoup vivent, ou ont vécues, par de belles paroles. Ce serait vain. Je préfère m’en tenir à quatre mots que chacune et chacun connaît bien.
La liberté d’abord. Quand les temps sont difficiles, il faut s’attacher à faire ce que l’on sait faire et ce que l’on peut faire. En tant que parlementaire, avec d’autres, je m’attache à accomplir le mieux possible, jour et nuit (au sens propre du terme) notre travail qui consiste à légiférer et à contrôler le pouvoir exécutif. Et il y a beaucoup à faire pour préserver, le plus possible, nos libertés – de toutes sortes – et éviter de sombrer dans un étatisme et un dirigisme sans borne – même si nous savons que des mesures coercitives sont nécessaires.
L’égalité ensuite. Elle est battue en brèche. Tous les jeunes, tous les étudiants ne sont pas dans la même situation. Beaucoup « rament », comme ils disent justement. Tout doit être fait pour les aider. Comme il faut aider toutes celles et tous ceux qui vivent dans la précarité.
La fraternité enfin. Elle est là. Nous la lisons sur le visage des soignants et de tous les professionnels qui font le maximum, et plus encore. Elle doit exclure les attitudes cyniques que les situations de crise suscitent trop souvent, hélas ! Elle doit s’étendre aux dimensions du monde. Car pour les vaccins, comme pour tout, les pays les plus pauvres restent les plus pauvres.
J’ajouterai la laïcité. Je l’ai dit et redit au Sénat. La laïcité garantit le libre exercice des cultes. Il ne revient pas à l’État d’organiser les cultes. Mais il lui revient de veiller à la stricte application de la loi républicaine, y compris dans la sphère religieuse. Le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit. Et il revient à l’État – en l’espèce à la Justice – de le condamner et de le sanctionner chaque fois que c’est nécessaire. La laïcité est un bien précieux. Elle nous permet de vivre ensemble, dans le respect mutuel, au sein de la République.
Soyez assurés, en ces temps d’épreuve, de mes sentiments cordiaux et dévoués.
Jean-Pierre Sueur