« Jean-Benoît Puech est né en 1947. Il a été enseignant à l’Université d’Orléans et a publié une quinzaine de livres depuis le premier en 1979. »

Voilà ce que l’on lit sur la « quatrième de couverture » du nouvel ouvrage du même auteur qui, comme ce fut le cas pour l’un des précédents, Orléans de ma jeunesse, se présente en apparente rupture avec tous les autres, comme un récit au « premier degré. »

Ce récit intitulé Une adolescence en Touraine est, en effet, linéaire. C’est une belle histoire, souvent romantique, voire mélancolique. Elle commence à Orléans et se poursuit à Chinon, où le jeune Jean-Benoît est expédié pour y faire de meilleures études, en classe de troisième. Là, il est hébergé à l’Hôtel de la Boule d’or, tenu par des membres de sa famille.

On aura auparavant reconnu Orléans, la rue de Vaucouleurs, la Maison des Tourelles entre La Source, La Ferté-Saint-Aubin et Marcilly, que j’eus, pour d’autres raisons, l’occasion de connaître. Et tous les symptômes de l’adolescence, des « Signes de piste » illustrés par Pierre Joubert en passant par les Marabout Junior, les œuvres de Michel Quoist, Hugues Aufray, Pascale Audret, et bien sûr Françoise Hardy (« Message personnel »)…

Et puis, à Chinon, Jean-Benoît découvre Odile – et son amie Anne. Il nous conte l’histoire de sa liaison avec Odile. Une liaison pure, faite de retenue. C’est un peu plus et un peu moins que le « vert paradis des amours enfantines. » Ce sont des promenades, des cachettes dans des îles, des parcs ouverts avec effraction. Des thés partagés. Toutes sortes de thés.

Lui vit parallèlement de longs voyages littéraires, de Patrice de la Tour du Pin à Julien Green et à Jean-Paul Sartre…

En lisant cette prose censément écrite « au premier degré », on découvre combien Jean-Benoît Puech prend plaisir à décrire, à conter, à écrire. Ce qui est le plus remarquable dans ce livre, c’est le grain de l’écriture.

Notre auteur peut bien nous expliquer au détour d’une phrase ou dans une note exhaustive (page 153) que cette littérature censément plus simple est en fait le « substrat », la « structure profonde » - les fragments de vraie vie - qui ont engendré tant de chapitres de ses livres riches en dédoublement et en complexité.

Mais est-ce si sûr ? La prose d’Une adolescence en Touraine est plus riche et plus ambigüe qu’il y paraît de prime abord. Elle est faite de désirs inavoués, de tourments, de rêves contrariés, de recherches de plénitude et aussi de descriptions au scalpel qui alternent avec les analyses psychologiques.

Non, Jean-Benoît : ce n’est pas une littérature « au premier degré. » En tout cas, elle mérite d’être lue.

Jean-Pierre Sueur

  • Ce livre est paru aux éditions Le Guépin.