Il y a quelques années, mon ami Alain Malissard, président de l’Association Guillaume-Budé d’Orléans - trop tôt disparu - hélas, m’a demandé de faire une conférence devant cette association. Sans trop réfléchir à tout ce que cela impliquerait, je lui ai dit : « Victor Hugo au Sénat. » Je me suis mis à travailler aussitôt à la bibliothèque du Sénat et à solliciter le service des Archives du même Sénat. Et je me suis rendu compte de l’importance et de la grande qualité des discours et interventions que notre grand prédécesseur, Victor Hugo, avait faits d’abord à la Chambre des Pairs puis, après l’exil, au Sénat. La plus grande partie de ces interventions était méconnue ou oubliée.
Alors, j’ai eu l’idée d’écrire ce livre pour faire revivre ces textes remarquables.
J’ajoute que, faisant fréquemment visiter le Sénat, je montre aux visiteurs la place de Victor Hugo dans l’hémicycle. Et je rappelle qu’ici au Sénat, mais aussi à l’Assemblée Nationale ou en bien d’autres lieux et circonstances, Victor Hugo a défendu : l’abolition de la peine de mort, l’abolition de l’esclavage, le droit de vote des femmes, les lois sociales (il avait écrit Les Misérables), l’école publique et laïque pour tous (« Ouvrir une école, c’est fermer une prison. »), les États unis d’Europe, la monnaie unique européenne, l’amnistie après la Commune.
… Presque à chaque fois, on traitait Victor Hugo d’utopiste. On disait que c’était un poète, un idéaliste… Mais ce qu’il a défendu a fini par être accepté et voté, quelquefois longtemps après : la politique, c’est gérer le présent et mais aussi préparer l’avenir. Et les visionnaires, comme Victor Hugo le fut en son temps, nous sont infiniment précieux !
Jean-Pierre Sueur
- Ce livre est publié aux éditions Corsaire (son coût : 14 €).