Permettez-moi, tout d'abord, de vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue au nom des vingt maires, des élus et des habitants de notre agglomération et de vous remercier très sincèrement d'avoir accepté de venir ici, aujourd'hui, pour inaugurer deux projets majeurs, qui ont été, pour nous, l'objet de beaucoup de passion, d'effort et de travail : le Pont de l'Europe et la première ligne du nouveau tramway.
Je tiens à saluer, tout aussi chaleureusement, Madame Catherine TASCA, ministre de la culture et de la communication, dont je sais le grand intérêt qu'elle porte à la place de l'architecture dans la ville, et M. François HUWART, secrétaire d'Etat au commerce extérieur qui, à celui de membres de votre gouvernement, ajoute le titre, qui lui tient à cœur, de conseiller régional de la Région Centre.
Construire un pont sur la Loire n'est pas chose facile. Il suffit de choisir un site pour qu'on vous explique que ce n'est pas le bon. Ceux qui habitent là vous expliquent que ce serait mieux ailleurs. Mais ailleurs, d'autres vous disent la même chose. Et ainsi de suite.
Soyons clairs. Il y a derrière tout cela l'idée que l'œuvre des êtres humains mettrait inéluctablement en cause la nature, qu'elle serait nécessairement dommage et pollution, atteinte à la qualité des sites et des paysages.
Or, il n'y a là rien d'inéluctable. Il fallut beaucoup d'amour de l'architecture et de la nature – indissociablement – pour inscrire la basilique de Saint-Benoît-sur-Loire en ce point exact de cette courbe de la Loire où elle se trouve, pour élever cet autre vaisseau dédié à Louis XI, à Cléry, en ce point unique du Val de Loire où il apparaît, pour édifier le Pont Royal à Orléans, le pont de Beaugency, celui de Gien, ou, au XIXème siècle, le pont-canal de Briare, là où ils sont.
Ces précédents sont sublimes. Comment, devant eux, ne pas être modestes ? Mais comment ne pas penser aussi à renouer avec une ambition qui soit à la mesure de notre époque ?
Je n'oublierai jamais, mes chers collègues, cette réunion du jury au terme de laquelle nous avons choisi, pour ce pont sur la Loire que vous venez d'inaugurer, Monsieur le Premier Ministre, le projet de M. Santiago CALATRAVA, que j'ai grand plaisir à saluer. Deux points d'attache seulement pour une immense courbe sur un large plateau. Un édifice fait de pureté et de limpidité. La force de deux lignes sur l'immensité du fleuve. Un nouveau paysage constitué indistinctement d'architecture et de nature.
Lorsque l'homme méprise la nature, il se méprise lui-même. En même temps, la nature sans l'homme est une construction artificielle, abstraite. A vrai dire, elle n'existe pas. Ou elle est inconnaissable. L'être humain n'est donc pas un intrus. S'il peut être destructeur, il peut être aussi créateur d'harmonies. Le nouveau paysage que nous avons traversé est, à la fois, œuvre de l'homme et de la nature en un dialogue incessant, auquel participera chaque passant.
Merci à tous ceux qui ont œuvré pour ce pont : la SETEC, l'entreprise BUYCK, les entreprises GTM – Chantiers Modernes, Lesens ; les sociétés Signes, Tracés Urbains ; merci aux personnels de la Direction Départementale de l'Equipement, de la Communauté de Communes, des villes d'Orléans, de Saint-Jean de la Ruelle, de Saint-Pryvé-Saint-Mesmin.
Merci aux élus de la Communauté de Communes, qui a financé seule la totalité de cet ouvrage, qui sera bientôt complété par un échangeur sur l'autoroute A71, pour lequel nous avons, heureusement, trouvé d'autres financeurs.
Monsieur le Premier Ministre, vous avez bien voulu placer cette visite à Orléans sous le signe de l'architecture : l'architecture dans le paysage naturel et urbain, l'architecture dans la ville.
C'est un signe fort pour tous les élus qui se sont engagés dans le vaste mouvement du renouvellement urbain.
L'urbanisme de la deuxième moitié du XXème siècle a été marqué tout à la fois par les grands ensembles, par les grandes surfaces et par la grande industrie. Ces trois formes, ces trois modalités allaient ensemble, se complétaient et se confortaient.
Que sera l'urbanisme, que sera la nouvelle urbanité du XXIème siècle ? A nous de les concevoir et de multiplier aujourd'hui les concours d'urbanisme et d'architecture ainsi que les "dialogues citoyens" puisqu'il s'agit à la fois d'art et de démocratie, puisqu'il s'agit de continuer la ville, de la renouveler sans la nier, de parier sur la nouvelle qualité de tous les logements, et d'abord des logements sociaux, sur la mixité, sur la plurifonctionnalité là où, hier, les espaces étaient voués à un seul usage, qu'il s'agisse de logement, de commerce, d'activité, d'université, de loisirs. La nouvelle urbanité est une réponse à la ville "patchwork", à la ville en morceaux, à la ville éclatée, dispersée.
La grande manifestation "Archilab" que nous organisons chaque année à Orléans avec le concours du FRAC Centre et du Ministère de la Culture a justement pour but d'ouvrir de nouveaux chemins en rassemblant des équipes d'architectes venus du monde entier.
Le nouvel urbanisme du XXIème siècle se traduira aussi par de nouvelles mobilités. On a tellement adapté la ville à l'automobile, au "tout automobile" qu'on a fini, trop souvent, par la détruire, par la nier, par la briser à grand renfort de voies rapides, de pénétrantes, de tangentielles et de trémies.
La nouvelle mobilité : c'est dans cette perspective que s'inscrit notre première ligne de tramway qui est, indissociablement, une nouvelle forme de transport respectueux de l'environnement et un projet urbain du nord au sud, en attendant la seconde ligne de l'est à l'ouest.
Notre agglomération a connu deux ruptures. Au XIXème siècle, on a fait deux gares, donc deux pôles urbains : Orléans et Fleury-les-Aubrais. Au XXème siècle, on fait une ville nouvelle, Orléans-La Source, à douze kilomètres de l'ancienne.
Quel est le sens urbain du tramway ? Il est de résorber ces deux ruptures, de relier des espaces urbains disparates, de constituer un fil conducteur, de créer de la ville, une nouvelle urbanité : du cœur de Fleury-les-Aubrais au centre d'Orléans, à Saint-Marceau, à Olivet et à La Source.
Ce tramway est exemplaire :
• parce qu'il est une ligne écologique : sur les dix-huit kilomètres de la ligne, huit sont constitués de pelouse ;
• parce qu'il est accessible : composée de trente associations de personnes handicapées, la "commission accessibilité" a fait plus de quarante réunions pour étudier chaque détail ;
• parce que chaque station est une œuvre d'art différente conçue par M. GRISONI ;
• parce que le long de la ligne, huit œuvres conçues par des artistes majeurs de plusieurs continents ont été rassemblées par Serge LEMOINE ;
• parce que la conception architecturale de l'ensemble est l'œuvre de Jean-Michel WILMOTTE et que cinq autres équipes d'architectes ont pris en charge une part du projet.
Nous citerons ce soir les très nombreuses entreprises qui ont œuvré pour ce grand projet – la première ligne la plus longue de France, construite dans les délais les plus courts, pour le prix le moins élevé au kilomètre – mais je veux dès maintenant remercier SYSTRA, ALSTOM, TRANSDEV, la SEMTAO, TRANSAMO, la SETEC, le GEC, Brigitte BARBIER, l'atelier Tudelle, mes collègues élus et tous les ingénieurs, tous les techniciens de la communauté de communes et de nos communes, et tous les salariés de toutes les entreprises de toute nature, sans lesquels nous ne serions pas réunis aujourd'hui.
J'ajouterai que sans l'intercommunalité, rien n'aurait été possible.
J'ajouterai encore que votre Gouvernement, Monsieur le Premier Ministre, nous a apporté un très précieux soutien qui s'est traduit par une subvention de 375 millions de francs. Je tiens à remercier à cet égard M. Jean-Claude GAYSSOT, ministre de l'équipement, des transports, du logement et du tourisme, pour son aide constante. Je le remercie aussi de nous avoir donné la semaine dernière l'accord définitif de l'Etat pour l'échangeur dont je parlais tout à l'heure.
Monsieur le Premier Ministre, votre présence parmi nous est hautement symbolique. Au moment où la France préside l'Union Européenne, vous avez bien voulu venir inaugurer le "Pont de l'Europe", signe des espoirs que nous portons en l'avenir de ce continent dont la culture commune consiste à concilier le sens de l'initiative, l'esprit d'entreprise, la force de la solidarité, la nécessité de l'action publique et le respect, partout, des droits de l'homme.
En dépit des embûches, des manœuvres de retardements et des bâtons dans les roues, nous avons voulu et nous avons pu réaliser deux projets majeurs qui sont de forts atouts pour l'avenir de l'agglomération d'Orléans, un avenir qui, pour nous, suppose que le dynamisme économique aille de pair avec la qualité de la vie de chacun.
C'est une grande joie, et je vous remercie du fond du cœur, Monsieur le Premier Ministre et cher Lionel JOSPIN, d'être venu la partager avec nous.
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