Loiret

  • Jean-Pierre Sueur, Anne Leclercq, vice-présidente de la Région Centre Val de Loire, David Valence, maire de Saint-Dié (Vosges) et des représentants des salariés d’Inteva de Sully (Laurent Chéramy et Dénis Bernard) et de Saint-Dié ont été reçus le 2 octobre au ministère de l’économie, des finances et de l’industrie par Louis Margueritte, secrétaire général du Comité interministériel à la restructuration industrielle (CIRI) et ses collaborateurs. 
    Les élus et représentants des salariés ont insisté  auprès de leurs interlocuteurs pour que les trois demandes suivantes soient clairement prises en compte par le Ministère de l’industrie et celui du Travail, en particulier dans leurs interventions auprès du groupe Inteva.
    1) Le respect intégral des engagements pris par l’entreprise à l’égard des salariés qui l’ont d’ores et déjà quittée dans le cadre des Plans de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui ont été signés.
    2) Un engagement clair sur la pérennité du site de Sully-sur-Loire, le maintien sur place des activités de recherche comme des activités de production, et donc les investissements nécessaires pour assurer cette pérennité, tout cela étant étudié en lien avec les collectivités locales. Et que tout soit fait désormais pour réduire au maximum le nombre d’emplois supprimés à Sully-sur-Loire.
    3) Un engagement effectif pour la ré industrialisation du site de Saint-Dié, la mobilisation pour ce faire, dans des délais rapides, de crédits inscrits dans le plan de relance. Et une implication forte du ministère sur place en lien étroit avec les collectivités locales. 
     
    >> Dans les médias :
  • Auteur de nombreux ouvrages, enraciné dans le village de Bou situé au bord de la Loire à l’est d’Orléans, Christian Chenault est ethnologue. Le dictionnaire nous apprend que l’ethnologie a pour objet « l’étude comparative et explicative de l’ensemble des caractères culturels et sociaux des groupes humains. » On imagine souvent que l’ethnologue se préoccupe surtout de sociétés lointaines et perçues comme exotiques. Mais rien n’est plus faux ! Les méthodes de l’ethnologie s’appliquent à toute société, à toute civilisation.

    Christian Chenault en fournit l’illustration en poursuivant inlassablement ses recherches sur les cultures populaires dans notre pays et notre région.

    C’est ainsi que son dernier livre, Chansons traditionnelles et cultes populaires (publié aux éditions Loire et terroirs) nous offre une passionnante analyse d’un corpus impressionnant de chansons traditionnelles et populaires puisqu’il compte 450 chansons publiées et 150 enregistrées, soit six cents textes au total.

    Il les étudie en référence aux saints qui ont ponctué le calendrier des fêtes populaires en une véritable « galerie » allant d’Antoine (17 janvier) à Nicolas (6 décembre), en passant par Vincent (22 janvier), Blaise (3 février), Jean (24 juin), Pierre (29 juin), Marguerite (20 juillet), Madeleine (22 juillet), Anne (26 juillet), Maud (15 août), Crépin (25 octobre), Hubert (3 novembre), Martin (11 novembre), Catherine (25 novembre), Éloi (1er décembre) et Barbe (4 décembre).

    Il suffit de parcourir les villages et villes du Loiret pour mesurer combien ces prénoms (qui donnent lieu chacun à un chapitre du livre) sont encore le nom, souvent aux dates dites ou proches, de fêtes vivaces, et que celles-ci sont souvent liées à un métier ou à une corporation.

    En même temps qu’il nous rappelle, avec un réel plaisir, les histoires et légendes attachées à ces saints et à ces fêtes, Christian Chenault débusque les idées toutes faites, explique d’où elles viennent et comment elles évoluent et fait œuvre scientifique. C’est donc une vraie culture populaire vivante – le contraire d’un almanach vieillot et figé – qu’il restitue dans son livre.

    Ainsi, écrit-il, « les références à de saints personnages sont rarement religieuses et s’affranchissent de textes relatant leur vie […], le plus bel exemple étant Sainte Catherine confondue avec Sainte Barbe. »Ou encore : « Saint Vincent n’a jamais été vigneron. »

    De même, Christian Chenault nous apprend que, n’en déplaise aux « néo-mariniers »,Saint Nicolas « apparaît fort peu dans les chansons dites de la marine de Loire. » En revanche, il est, comme chacun le sait, lié à l’enfance en vertu d’une tradition du Nord et de l’Est, et non du Val de Loire – et le livre nous offre une analyse des diverses interprétations de la « légende des enfants au saloir. » Ce qu’on sait moins, c’est que Saint Nicolas fut aussi longtemps le « patron des amoureux. » C’est ainsi qu’en Orléanais, « les jeunes filles et les jeunes hommes qui voulaient se marier allaient l’invoquer au pied de la croix érigée au pied du pont Saint-Nicolas qui sépare Saint-Pryvé-Saint-Mesmin de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. »

    Christian Chenault montre que si cette culture populaire trouve sa source dans de « saints personnages »,ceux-ci ont bien souvent dans la chanson populaire « des représentations pas toujours très catholiques. » Ainsi, tous les registres cohabitent, de la religion à la grivoiserie en passant par les conflits sociaux et toutes sortes d’antagonismes, mais aussi de syncrétismes.

    Enfin, l’assignation d’une chanson ou d’une légende – et même d’une fête – à un terroir est souvent illusoire : « Tout comme pour les contes, on s’aperçoit que les chansons se réfèrent à des termes universels véhiculés sur tout le territoire et même au-delà, par des soldats, les Compagnons du Tour de France, les marchands ambulants ou les colporteurs. Des populations locales se les sont appropriées et les ont souvent adaptées à leurs contrées. Plutôt que des chansons de Bretagne, de Lorraine ou du Berry, nous avons souvent affaire à des versions bretonnes, lorraines ou berrichonnes d’une même chanson. »

    En bref, Christian Chenault démystifie les idées toutes faites, mais en même temps il nous fait mieux connaître et aimer un immense patrimoine.

    Jean-Pierre Sueur

    • Aux éditions Loire et terroirs, 95 pages, 22 €.
     
  • Il faut remercier et féliciter les éditions Infimes pour avoir publié récemment sous le titre Des hectares de silenceun « choix de poèmes » de Jean-Louis Béchu en une édition établie et préfacée par Alexandre Vigne.
    Jean-Louis Béchu est né en 1918 à Fay-aux-Loges, il a vécu dans « La maison au bord du canal » (titre d’un de ses recueils de nouvelles), avant de passer « l’essentiel de sa vie de poète et d’écrivain » à Orléans, dont une partie rue Davoust, « dans le voisinage des tours gothiques de la cathédrale. » Il est mort en 1996, à Saran.
    Entre romans, nouvelles, poésie, son œuvre est considérable. Ses nouvelles et romans témoignent d’un beau sens de l’écriture, mais ce sont surtout ses poèmes – une douzaine de recueils – qui étonnent et séduisent. Ce sont des vers courts, cursifs, qui décrivent la réalité sans fioritures, mais avec une sensible émotion. C’est ce mélange de réalisme, d’émotions et de sentiments qui constitue sa poésie. Il était reconnu par ses pairs. C’est ainsi qu’il a obtenu le prix François-Villon.
    Mais voilà, ses recueils étaient devenus introuvables et cet authentique poète du Loiret resté méconnu jusqu’à ce que les éditions Infimes aient la riche idée de publier ce florilège, où l’on trouve des poèmes consacrés à « Paris-la-misère », aux usines (« Pour la conscience du métal » ; « L’acier, la rose »), au « Vin des rues », aux jardins, à Venise, aux voyages – et tant d’autres sources d’inspiration.
    Je finirai en citant un seul poème – il faudrait en citer bien d’autres – intitulé « Écrire » :
    Écrire pour ne pas oublier,
    Ancrer l’éphémère
    Avant de choir dans le grand brasier,
    Dire et redire,
    Les fruits de l’hiver
    L’algèbre du temps
    La vie quotidienne
    Avec la pierre chaude
    Les lézards au soleil
    Dire le silence des collines,
    Les saisons de l’âme,
    Ou du corps,
    Dire, redire,
    Jusqu’au dernier souffle.
    Ce poème est tout un programme… Ne vous privez pas de tous les autres. Ce livre ne coûte que dix euros. Il les vaut largement !
    Jean-Pierre Sueur
  • Le Courrier du Loiret, 6 septembre 2023

     
  • La République du Centre, 20 juin 2022 

     
     
  • Patrice de La Tour du Pin a vécu dans le Loiret, au Bignon-Mirabeau. Il nous a laissé quatre volumes - publiés aux éditions Gallimard) d’une poésie dense, inspirée, qu’il faut prendre le temps de lire, de savourer, ligne après ligne.
    Les éditions de l’Écluse avaient publié il y a quelques années un beau recueil de plusieurs de ses poèmes illustrés par son ami Jacques Ferrand sous le titre Lieux-dits.
    Les éditions de l’Écluse récidivent – si je puis dire – en nous offrant un second recueil, toujours illustré par Jacques Ferrand qui, après Jean Lurçat, a su rejoindre en son travail de dessinateur et de peintre l’écriture forte parce qu’épurée de Patrice de La Tour du Pin. Ce second recueil s’intitule Le Pâtis de la création. Les animaux y tiennent une large place. Il y est question aussi des plantes. Mais c’est surtout un regard sur la nature et sur la vie que le poète nous offre.
     
    Il écrit :
     
    « Il suffit d’une nuit parfois
    Pour que tout un pan de forêt
    Avec son cœur soit remplacé
    Par des maisons en longues files :
    Il n’est plus ni bête ni bois
    Mais la ville, et toujours la ville…
    Et le poète n’y peut rien :
    Il ne ranime pas les choses
    Broyées dans la métamorphose
    Désolées du petit matin. »
     
    Il interroge :
     
    « Où retrouver l’ombre animale
    Et le beau secret forestier ? »
     
    Et il affirme :
     
    « Et la sagesse est de lire le signe
    En le tournant au-delà de l’histoire
    Vers des temps où la nuit descendait
    Chaque jour au sein de la lumière. »
     
    On le voit, ces quelques vers suffisent – du moins je le crois – pour inciter à lire davantage et à relire encore la poésie de Patrice de La Tour du Pin.
    Jean-Pierre Sueur
  • La République du Centre, 7 janvier 2022

     
  • L’UFC-Que Choisir a soixante-dix ans. Pour célébrer cet anniversaire, elle a choisi de publier un livre contant son histoire, rédigé par Jean-Bernard Gallois, qui se lit (presque) comme un roman.
    On apprend ainsi que l’Union fédérale de la consommation (UFC), créée au départ par le ministre de l’Économie, devenue bien vite association, et dont – est-ce une légende ? – Valéry Giscard d’Estaing aurait été le premier adhérent, a bien vite recherché à affirmer son indépendance à l’égard de tous les pouvoirs.
    Si elle fut à l’origine épaulée par la puissante union des consommateurs belges, éditrice de la revue Test-Achats, elle s’en sépara bien plus tard, ce qui entraîna de lourds et difficiles contentieux.
    Si elle était dans ses premières années une association très centralisée, les unions et associations régionales, départementales et locales y prirent peu à peu le pouvoir.
    Si Que-Choisir ? était au début une publication confidentielle, s’il y eut même des tentatives pour dissocier le journal et l’UFC, cette revue monta en puissance – et en tirage – avec la publication de très nombreuses analyses comparatives, établies avec rigueur et que l’imposant réseau que constituaient les associations locales permettait de mettre en œuvre, grâce à la constante mobilisation de milliers d’adhérents bénévoles.
    Si les gouvernements créèrent l’Institut national de la consommation (INC) pour, explicitement ou non, concurrencer l’UFC, celle-ci sut refuser – au fil de péripéties que le livre raconte – toute forme de récupération, ou d’atteinte à son indépendance.
    En un mot, ce fut, en soixante-dix ans, un vrai combat pour l’information des consommateurs contre tous les lobbies, contre la puissance des marques et des distributeurs, au prix de nombre de contentieux.
    Et ce combat, qui se continue, est très précieux. Il illustre combien le monde associatif peut contribuer à une vraie citoyenneté, dans le quotidien des existences, puisque nous sommes tous consommateurs et qu’à bien des égards il est important de consommer mieux – face à tous les défis de l’heure.
    De fortes figures jalonnent l’histoire de l’UFC, du premier président, André Romieu, à Marie-José Nicoli, femme de grande conviction, respectée de tous, trop tôt disparue, jusqu’à Alain Bazot, infatigable président depuis 2003, profondément attaché, lui aussi, à l’indépendance de l’UFC-Que Choisir – et qui, de surcroît, connaît et aime notre département du Loiret.
    … Et puisque l’auteur me fait l’honneur de citer mon engagement et mes propos lorsque dans les années soixante-dix j’étais, avec une poignée de militants, à l’origine du groupe local d’Orléans, qu’il me soit permis de mentionner ces jours où nous parcourions les supermarchés de l’époque et rédigions les premiers numéros d’une modeste revue ronéotypée qui s’appelait Consomm’action
    Oui, le militantisme et le bénévolat de « terrain » sont infiniment précieux.
    Jean-Pierre Sueur
  •   La République du Centre, 3 septembre 2022

     
  • L’autobiographie est un art difficile.
    Je n’ai pas oublié les premières lignes des Confessions de Jean-Jacques Rousseau : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de sa nature ; et cet homme ce sera moi. »
    Et je n’ai pas oublié non plus toutes les analyses qui nous ont montré combien Rousseau avait modifié, enjolivé ou rectifié bien des aspects de la « vérité » promise.
    Il n’empêche que les Confessions sont un chef d’œuvre, et qu’à vrai dire, tout livre de mémoire est toujours, peu ou prou, une re-création de la réalité – et donc, en un sens, une fiction.
    William Sheller s’est essayé à l’exercice, guidé par une bonne fée, Françoise Hardy, qui l’a « poussé à « écrire ce livre après en avoir lu les premières pages » et nous propose donc sous ce titre modeste, William, aux éditions Équateurs, un ouvrage de 490 pages qui, comme il le dit dans la dédicace qu’il m’a fait l’amitié de m’écrire, est « le récit d’un être humain et le reflet d’une époque », et, comme il est encore indiqué dans la quatrième de couverture, est un récit « qui ne craint pas l’aveu sans jamais se départir de la pudeur des grands artistes. »
    C’est donc l’histoire d’une vie et d’une époque, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, ni à l’édification, ni à son contraire, une histoire souvent haletante, qui nous conduit des quartiers de Paris, de ses rues grouillantes de vie, de bonheurs et de souffrances, à Montfort-l’Amaury, en passant par les États-Unis, la Finlande, le Japon et un peu partout, et par d’innombrables théâtres et studios…
    Mais c’est d’abord l’histoire d’une quête personnelle, l’histoire d’un homme qui recherche outre-Atlantique un « vrai père » et le découvre après qu’il a disparu, en même temps que sa « vraie famille », ou du moins une partie de celle-ci, et écrit : « Voir pour la première fois le visage de son père est une émotion qu’aucun mot n’a le pouvoir de restituer. »
    Et c’est ensuite l’histoire de rencontres de toutes natures, un vrai kaléidoscope, une sociologie prise sur le vif, allant des délicieux pompiers de Monfort-l’Amaury à tous les acteurs du « show biz » avec leurs « hauts » et leurs « bas ». Il nous dit : « Je me demande pourquoi j’ai croisé autant de zinzins durant toute ma vie. »Il déplore encore, s’agissant du monde du show biz, que chez Philips, les « directeurs artistiques » soient devenus des « chefs de produit ».
    Émergent quelques grandes figures, comme Françoise Hardy, déjà citée, Catherine Lara, Nicoletta… et bien sûr Barbara. Barbara à qui il est présenté par François Wertheimer, auteur de ces vers baroques, que Sheller reprend :
    « Un Apollon solaire de porphyre et d’ébène
    Attendait Pygmalion assis au pied d’un chêne. »
    Barbara l’invite à Précy pour lui jouer« quelques chansons en cours d’écriture » et lui demande d’y « poser çà et là des cordes bleues » (elle parlait ainsi !).
    Et puis, un jour (ou une nuit), « en se repoudrant le visage », elle lui dit : « Tu devrais chanter, toi. »
    Et c’est ainsi que tout commence…
    Et que le roman picaresque nous mène de chanson en chanson, de théâtre en théâtre, les chansons alternant avec un grand nombre de compositions musicales de haut vol.
    Et puis William Sheller finit par atterrir dans le Loiret, à Jouy-le-Potier.
    Des ennuis de santé le conduiront au « CHU d’Orléans », comme il l’écrit page 472. Puisse cette appellation être prémonitoire !
    Depuis 2014, il est encore plus près d’Orléans. Nous l’y laisserons tranquille.
    Barbara, petite fille, voulait être une « pianiste chantante ». Lui voulait être « compositeur ».
    Il écrit qu’un beau jour, il s’est dit : « Assez du show biz. Fais autre chose. Tu es compositeur, compose ! »C’est ce à quoi il se voue désormais.
    Il écrit encore à la fin du livre que quand il paraîtra, il lui restera « encore vingt ans pour écrire, transmettre, créer. »
    Alors, laissons-le écrire, transmettre et créer…
    Jean-Pierre Sueur
    • William, aux éditions Équateurs, 490 pages, 23 €
  • Jean-Pierre Sueur était l’invité de « Dimanche en politique » ce 11 juin sur France 3 Centre-Val de Loire pour une émission consacrée au Sénat.
    >> (Re)voir l’émission (un compte - gratuit - est nécessaire pour y accéder)
  • Jean-Pierre Sueur a donné une interview à Philippe de la Grange et Paul Bureau, pour l’hebdomadaire Le Courrier du Loiret, parue dans l’édition du 6 septembre.
     
     
     
     
     
     
     
  • Un grand merci au Théâtre des Vallées qui, reprenant une ancienne tradition, s’est déplacé en roulotte dans quinze communes de l’est du Loiret pour offrir à un large public, avec Les impromptus de Molière, un florilège de scènes du théâtre de Molière. Un spectacle qui fait aimer le théâtre – et qui fait aimer Molière !
    Jean-Pierre Sueur
     
     
     
     
     
  • Je tiens à signaler tout particulièrement le livre de François Guéroult, journaliste à France Bleu Orléans, intitulé SIDA, la peine et le sursis qui est paru aux Éditions Infimes.

    En décembre 2008, pour la première fois en France, une cour d’assises a jugé une affaire de contamination par le sida. C’était à Orléans.

    Si le récit retrace les faits tels qu’ils sont apparus lors du procès, François Guéroult nous emmène en immersion « dans la tête » de l’un des jurés, ou plus exactement au cœur de ses réflexions, de ses états d’âme, de ses questionnements, tels qu’il a pu les imaginer.

    Et le mérite de ce livre est de nous faire vivre ce procès de l’intérieur, en nous livrant une description minutieuse de tout ce qui faitun procès d’assises.

    Tout d’abord, il y a cette affaire : la contamination par le SIDA au sein d’un couple et l’absence de preuve matérielle. Le chef d’accusation ? « Administration de substance nuisible par conjoint suivie de mutilation ou infirmité permanente ». Pas de cadavre ni d’arme du crime. C’est « parole contre parole ». On entre alors dans toute la complexité des êtres humains : en l’absence de preuve matérielle, la difficulté de faire la part de la vérité, du ressenti, du non-dit. Le lecteur se retrouve happé par cette affaire, confronté aux états d’âme du juré – des jurés, chacun avec leur propre personnalité et leur situation personnelle –, à la connaissance du monde de la Justice, aux plaidoiries des avocats, etc.  

    François Guéroult nous livre une analyse psychologique des différents protagonistes, l’accusée, la victime, les jurés, les avocats, la présidente, l’ensemble des « acteurs » de ce procès et leur relation au monde qui les entoure, les difficultés que peuvent connaître les journalistes face à ce premier « procès du SIDA » : comment faire entrer le drame de deux vies dans le temps ultra court de l’information radio ?

    Mais le mérite de cet ouvrage tient aussi et surtout à ce questionnement sur ce qu’est l’ « intime conviction ». François Guéroult nous en trace les contours : « La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves apportées contre l’accusé et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : « Avez-vous une intime conviction ? »

    L’intime convictionest au cœur de la difficulté de juger. Il ne s’agit pas alors de prendre une sanction « pour l’exemple » ou « au bénéfice du doute ». L’avocat de la défense illustre bien toute la difficulté de l’exercice : « On ne répare pas un drame par une injustice ».

    Au final, un jugement, cinq ans de prison assortis de sursis. C’est un jugement qui ne fâche personne.

    Mais François Guéroult suppose que le juré rentre chez lui avec cette question : « La cour d’assises n’a osé ni l’innocence ni la prison. Mais a-t-elle osé la justice ? »

    La question reste ouverte. François Guéroult n’y répond pas. Il ne propose aucune réponse toute faite. Il pose les questions, présente des témoignages et une analyse. Son livre donne assurément matière à réflexion sur un sujet complexe. Ce n’est pas le moindre de ses mérites.

    Jean-Pierre Sueur

    • Éditions Infimes, 275 pages, 13 €

     

     

  • C’est un livre rare, précieux. C’est un livre d’art – une œuvre d’art. Car son auteur, Frédéric Tachot, « typographe-pressier », est à la fois un artisan et un artiste. Il porte en lui toute la grandeur et la noblesse de la corporation des imprimeurs – ces imprimeurs qui, depuis Gutenberg, jouèrent un rôle considérable dans l’histoire intellectuelle, politique et sociale. Ils ont beaucoup œuvré pour donner à notre langue, le français, et à d’autres, la forme qu’elles ont. Ce livre conte leur histoire, mais aussi les mœurs, « mythes et symboles » de la profession, en cinq chapitres empruntant leurs titres au Pentateuque puisque l’histoire a retenu « la Bible comme le premier ouvrage imprimé en typographie en Occident. » Il y a une totale harmonie entre la forme de cet ouvrage – travail de typographie d’une singulière beauté – et ce qu’il narre, preuve s’il en fallait, que la sempiternelle distinction entre forme et fond n’a pas de pertinence. Les mots du métier sont expliqués, son histoire est restituée, non pas de manière froide et technique, mais avec passion : la passion du bel ouvrage. Et aussi la passion pour tous ceux, connus ou méconnus, qui en furent les acteurs. Sans oublier l’Orléanais Étienne Dolet qui « en marchand vers l’échafaud, se moquant encore une fois de la douleur, aurait lancé en ricanant : "Ce n’est pas Dolet qui souffre, mais la foule compatissante". »

    Merci à Frédéric Tachot de m’avoir écrit qu’il avait façonné – dans tous les sens du terme – cet ouvrage « en souvenir de l’époque où le plomb des caractères donnait aux mots un poids certain. »

    Jean-Pierre Sueur

    PS. J’ajoute un mot pour conseiller vivement à tous ceux qui ne l’ont pas encore fait d’aller visiter l’« Atelier Musée de l’Imprimerie » (AMI) à Malesherbes. Ce remarquable musée qui présente de manière très vivante l’histoire de l’imprimerie et des médias de Gutenberg à nos jours, est unique en Europe. Merci encore à Jean-Paul et Chantal Maury sans lesquels il n’aurait pas vu le jour.

     

     

     
  • La République du Centre du 7 septembre 2009

    090907larepemploisloiret

    .

  • La République du Centre, 22 novembre 2022

  • La Parisien, 2 juillet 2021

     
  • Je salue la mémoire d’André Dabauvalle qui fut longtemps conseiller municipal et adjoint à Orléans ainsi que conseiller général du Loiret.
    Son engagement était profondément ancré dans les valeurs et convictions spirituelles et humaines qui étaient les siennes.
    Il était très proche des habitants des quartiers des Aydes, des Blossières et Dunois, mais aussi de beaucoup d’autres.
    Engagé dans la vie sociale et associative, il était un authentique élu de terrain dans le sens plein et noble du terme.

    Jean-Pierre Sueur

  • La République du Centre, 20 janvier 2022