Droits humains

  • Relisant le rapport que j’avais publié avec Christian Cointat et Félix Desplan en juillet 2012 à la suite de la mission que nous avions effectuée au nom de la commission des lois du Sénat à Mayotte, je mesure combien, depuis longtemps, la situation explosive que connaît ce 101e département français était connue, diagnostiquée et combien des mesures spécifiques étaient déjà définies pour éviter que la situation n’empire. D’autres missions ont depuis corroboré nos analyses et nos propositions. Je pense en particulier aux travaux d’Alain Christnacht.
    Malheureusement, la situation n’a cessé d’empirer. On ne compte plus le nombre de ceux qui, partis d’Anjouan, la principale île des Comores, située à soixante-dix kilomètres de Mayotte, sur ces bateaux appelés « kwassas kwassas » ont péri parmi les coraux, ou, après avoir passé une nuit au centre de rétention de Mayotte, ont été reconduits à Anjouan… avant de tenter de revenir quelques jours plus tard, affrontant les mêmes risques, à nouveau convoyés par des passeurs, dont l’action s’inscrivait et s’inscrit toujours dans le cadre d’une corruption non seulement organisée, mais tolérée.
    Pour beaucoup de Comoriens, Mayotte, c’est la France et c’est déjà l’Europe. D’où une attraction très forte. La population de Mayotte s’est ainsi multipliée par dix en cinquante ans. La surpopulation est considérable. Quelque 30 % des habitants sont sans papier. Les bidonvilles ont proliféré, l’insécurité aussi. Faute de place, les enfants ne vont, le plus souvent, à l’école qu’une demi-journée par jour afin que d’autres puissent y être accueillis l’autre demi-journée.
    Face à cette situation, Gérald Darmanin a annoncé de « grands moyens » – répondant, ce faisant, aux vœux d’une grande partie de la population et des élus. Son objectif est de renvoyer aux Comores des personnes venues en grand nombre d’Anjouan et, ainsi, de mettre fin à des quartiers d’habitat insalubres, et plus qu’insalubre.
    Le problème est que les autorités comoriennes – qui n’ont jamais accepté la départementalisation de Mayotte ni d’ailleurs son rattachement à la France – ont décidé de fermer les ports et donc l’accès aux Comores pour les personnes venant de Mayotte – arguant notamment, ce qui n’est pas faux, que des liens familiaux existent souvent entre les habitants d’Anjouan et de Mayotte.
    Et comme l'écrit Le Monde dans son édition du 29 avril, « la démonstration de force voulue par l’État s’est transformée en mise en scène de son impuissance et piège politique […] L’instrumentalisation politique du thème de l’immigration, sa gestion uniquement sécuritaire, en lieu et place d’une action gouvernementale coordonnée incluant les dimensions sociales et diplomatiques, a transformé une série de problèmes lourds et complexes en machine infernale. »
    Nous préconisions déjà en 2012 d'« œuvrer activement pour la conclusion d’accords bilatéraux entre la France et les Comores dans les domaines de l’immigration. » Nous expliquions aussi que les sommes dépensées pour tenter de lutter contre une immigration illégale, souvent en pure perte, pourraient contribuer au développement des Comores et qu’un accord global pourrait à la fois porter sur le développement et la maîtrise de l’immigration. Je n’ignore nullement combien cela était, et reste, difficile, même si des initiatives ont été prises récemment par les autorités françaises en direction de celles des Comores.
    Ce qui me paraît sûr, c’est que le volet sécuritaire ne suffira pas à régler une situation qui est, à bien des égards dramatique.
    Jean-Pierre Sueur
     
  • Jean-Yves Le Drian vient de répondre à une question écrite que Jean-Pierre Sueur lui avait posée il y a plus d’un an à propos de la « coopération de l'Union européenne avec les garde-côtes libyens dans la gestion de l'immigration. »

    >> Lire la question écrite et la réponse

  • Le Point Afrique, 16 février 2023

  • Jean-Pierre Sueur a cosigné une tribune intitulée « Marioupol, Kharkiv, Mykolaïv... plus jamais ça ! La France doit se montrer à la hauteur des drames qui se jouent pour les populations civiles lors des conflits urbains ».
     

    Jean-Pierre Sueur participera ce mercredi 23 mars à 15 heures à la séance publique au Sénat au cours de laquelle le Sénat entendra, en visioconférence, Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine.

     
  • Jean-Pierre Sueur est parmi les premiers signataires d’un appel signé par 210 députés et sénateurs français et allemands demandant à leurs deux pays d’avancer dans l’élaboration d’une déclaration européenne visant à interdire l’utilisation d’armes explosives en zones peuplées. Cette pétition a été publiée par le journal La Croix.

    >> Lire la pétition

  • Suite à l’absence de réponses précises à la question orale que j'ai posée au Sénat au sujet de l’assassinat de deux journalistes de RFI au Mali au nom du « secret défense » et du « secret de l’enquête », un collectif de journalistes a publié un communiqué.

    JPS

    >> Lire la dépêche AFP

  • Une série d'arrestations de personnalités politiques et de la société civile a eu lieu en Tunisie.
    Celles-ci ont été notamment condamnées par l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qui y voit une volonté "d'étouffer toute voix indépendante ou opposante".
    Le groupe d'amitié France-Tunisie du Sénat, que préside Jean-Pierre Sueur, a publié à ce sujet ce communiqué.
    >> Lire également l'article duPointdu 17 février.
  • Jean-Pierre Sueur a posé à Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la relance, une question écrite au sujet de l’application de la loi du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre.
    Bruno Le Maire lui a répondu.
  • Jean-Pierre Sueur a interpellé Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, sur le sort tragique des personnes qui cherchent à venir en Europe depuis la Libye, en s’appuyant sur un rapport de la commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe et sur un rapport provenant de la présidence du Conseil de l’Union européenne.

    Coopération de l'Union européenne avec les garde-côtes libyens dans la gestion de l'immigration

    Question n° 14187 adressée à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères

    À publier le : 06/02/2020

    Texte de la question : M. Jean-Pierre Sueur appelle l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la coopération de l'Union européenne avec les garde-côtes libyens en matière d'immigration. En novembre 2019, l'accord qui avait été conclu entre l'Italie, l'Union européenne et la Libye a été renouvelé. Cet accord a pour objet d'apporter une aide financière et d'assurer la formation des garde-côtes libyens pour s'opposer au départ des personnes exposées à la menace que constitue la traversée de la Méditerranée dans des bateaux présentant de multiples dangers, où elles sont entassées dans des conditions inhumaines, au péril de leur vie. Or, la Libye est en proie à des réseaux de trafics d'êtres humains. Et il apparaît que les personnes interceptées par les garde-côtes libyens alors qu'elles tentent de traverser la Méditerranée sont renvoyées dans des centres de détention au sein desquels les droits humains sont bafoués. La commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe soulignait, à cet égard, dans un rapport rendu public en juin 2019 que « les personnes récupérées par les garde-côtes libyens […] sont systématiquement placées en détention et en conséquence soumises à la torture, à des violences sexuelles, à des extorsions et à d'autres graves violations des droits humains ». Dans un rapport provenant de la présidence du Conseil de l'Union européenne et divulgué par le journal The Guardian en novembre 2019, des responsables européens écrivent n'avoir « aucun accès au littoral libyen afin de surveiller les activités des garde-côtes » et reconnaissent ne pas être en mesure de dénombrer les centres de détention de migrants en Libye, certains n'étant pas officiellement déclarés. Le même rapport affirme également que « les établissements représentent un business profitable pour le gouvernement libyen », les garde-côtes libyens exerçant des pressions sur les détenus afin que ceux-ci demandent à leur famille de payer une « rançon » pour obtenir leur libération. Face à cette situation dramatique, la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe a appelé l'Union européenne à suspendre sa coopération avec les garde-côtes libyens « tant que des garanties claires sur le respect des droits humains dans le pays ne seraient pas apportées ». Il lui demande, en conséquence, quelles mesures il compte prendre pour mettre fin aux trafics entraînant des êtres humains à tenter de traverser la Méditerranée dans des conditions très précaires, très dangereuses, et au péril de leur vie, tout en veillant scrupuleusement à ce que les très graves atteintes aux droits humains qui viennent d'être rappelées cessent et que les droits des personnes qui en sont victimes soient intégralement garanties.