Dans nombre de communes du Loiret, des associations d’habitants travaillent sur leur histoire et élaborent des publications souvent précieuses, car le passé explique le présent et la connaissance de l’histoire est essentielle pour préparer l’avenir.
Parmi ces publications, je signale tout particulièrement la dernière en date intitulée
Les petites et grandes histoires du quartier est d’Orléans réalisée par l’Association pour la mémoire et l’animation de l’est d’Orléans (
AMAE). Celle-ci est consacrée à toute la partie est d’Orléans, depuis les quais de la Loire, le faubourg de Bourgogne, le quartier Saint-Marc, l’Argonne, le Belneuf jusqu’à la Barrière Saint-Marc et se présente comme la forme d’un abécédaire.
On y redécouvre toute la vie de ces quartiers, où, dans le passé, l’arboriculture était très présente avec la vigne qui, par exemple, entourait le « Cabinet vert », au bout du « quai du Roi », dont l’histoire nous est contée, les fêtes de toutes sortes, le cirque Lavrat qui y avait son siège. On y retrouve l’École normale du Faubourg de Bourgogne et son école annexe, et la grande figure de Charles Péguy qui en fut l’élève puisqu’il habitait à proximité, au numéro 50 de ce faubourg, dans sa maison natale qu’une municipalité eut la mauvaise idée de détruire.
On parcourt la rue du Fil Soie et on apprend comment la rue de la Fosse au Diable fut rebaptisée du nom de Pierre-et-Marie-Curie.
On suit l’histoire du logement social, depuis la loi Loucheur, en passant par la cité d’urgence du Belneuf, la Cité Rouge (du nom de la couleur de ses toits) et la Borde aux Mignons, et aussi l’histoire de l’église Saint-Jean-Bosco située dans le quartier d’habitat social.
On visite des édifices remarquables, tels la villa Sébastopol, siège d’innombrables fêtes, cérémonies et banquets, devenue le « Kiproko », boîte de nuit partiellement détruite en 1982, la maison Barillet située au 46 rue Saint-Marc, représentative de l’Art nouveau, ou le collège Jean-Rostand, l’ancien et l’actuel (qui n’a pas encore reçu de dénomination).
On côtoie les associations, comme la très active Étoile Saint-Marc.
Et enfin, on rencontre nombre de personnes remarquables, certaines sont toujours vivantes, comme Daniel Gélis, artiste peintre de renommée internationale, qui vit et travaille dans le quartier Saint-Marc, et Jean-Nicolas Weigel, champion du monde de boxe, devenu entraîneur et expert en joutes nautiques.
D’autres nous ont quittés : Jean Zay, le grand ministre de l’Éducation nationale du Front populaire à qui fut dédiée l’avenue qui relie ces quartiers Est au centre-ville d’Orléans inaugurée en 1994 ; Alice Lemesle, « bienfaitrice du quartier » ; Théophile Naudy, directeur de l’École normale, qui détecta les talents de Charles Péguy et le fit inscrire au lycée ; Olympia Cormier, institutrice militante qui fut déportée à Ravensbrück ; Henri Lavedan, auteur de nombreuses comédies ; et enfin Roger Toulouse, grand artiste, qui vivait et peignait dans sa maison rue de l’Abreuvoir et dont l’œuvre immense est trop longtemps restée méconnue de beaucoup.
Au total, ce voyage historique, géographique, et d’abord humain, au cœur de l’est d’Orléans, mérite d’être emprunté. C’est ce que nous propose ce livre, fruit d’un travail sérieux d’une équipe de bénévoles qu’il faut remercier.
Jean-Pierre Sueur