communication. Au nom de cet improbable substantif, on nous sert, jour et nuit, des discours vides, des messages préformatés. On court après l’opinion, sans voir qu’à force de vouloir se conformer à l’opinion, ou à l’idée qu’on s’en fait, on court vers la vacuité.
Dans ce contexte, il est salubre, il est salutaire, il est nécessaire qu’une revue ose brandir haut l’étendard de la littérature.
La littérature, qui est un art d’écrire et de vivre à la fois, qui consiste inlassablement à décrire le réel et les rêves, à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » (Mallarmé).
Alors, vive la littérature que nous offre à foison « Théodore Balmoral », comme les poèmes d’Etienne Faure dans le dernier numéro, ou encore, dans ce même numéro, le premier texte de Raphaël Lamy-Can.
Mais je ne voudrais pas être désobligeant avec les autres contributeurs. Nombre d’entre eux devraient être cités.
Et merci, mille merci, à Thierry Bouchard qui fait vivre cette revue, avec autant de rigueur que de passion.
Jean-Pierre SUEUR.
Théodore Balmoral, revue de littérature, 5 rue Neuve-Tudelle, 45100 Orléans.
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A propos d’Albert Camus, je signale ce texte particulièrement visionnaire écrit en 1948 : « Nous savons que notre époque repose sur le mensonge. Mais la tragédie de notre génération est d'avoir vu, sous les fausses couleurs de l’espoir, un nouveau mensonge se superposer à l'ancien. Du moins, rien ne nous contraint plus à appeler sauveurs les tyrans et à justifier le meurtre de l'enfant par le salut de l'homme. Nous refusons de croire ainsi que la justice puisse exiger, même provisoirement, la suppression de la liberté. À les en croire, les tyrannies sont toujours provisoires. On nous explique qu'il y a une grande différence entre la tyrannie réactionnaire et la tyrannie progressiste. Il y aurait ainsi des camps de concentration qui vont dans le sens de l'histoire et un système de travail forcé qui suppose l'espérance. A supposer que cela fût vrai, on pourrait au moins s'interroger sur la durée de cet espoir. Si la tyrannie, même progressiste, dure plus d'une génération, elle signifie pour des millions d'hommes une vie d'esclavage et rien de plus. » Albert Camus