Le Figaro littéraire a publié, le 6 février dernier, deux pages consacrées à l'actualité de Charles Péguy.
.Le Figaro littéraire a publié, le 6 février dernier, deux pages consacrées à l'actualité de Charles Péguy.
.Je tiens à signaler le livre récemment paru de Gérard Grunberg : « La loi et les prophètes. Les socialistes français et les institutions politiques » (CNRS éditions) qui propose une très remarquable analyse des relations entre le mouvement socialiste français et la question des institutions, « le gouvernement des personnes fait place à l’administration des choses et à la direction des opérations de production » (p. 16) – autrement dit, ce qu’on appellera socialisme se traduira par la fin de ce qu’il est convenu d’appeler le politique.
Un peu plus loin, Gérard Grunberg fait le constat très fort selon lequel le refus, l’incapacité de penser le politique et le caractère impensable de celui-ci, au-delà du changement radical de société auquel le mouvement socialiste aspire et pour lequel il se bat, engendreront des désastres idéologiques et pratiques de grande dimension.
A rebours de ces conceptions, Jaurès s’est employé, on le sait, à réaliser une synthèse entre l’idéal socialiste et les principes républicains. Il a témoigné à la fois son attachement au suffrage universel et à la représentation parlementaire.
Avec l’avènement de la Cinquième République, et en 1962, l’élection du président de la République au suffrage universel, le Parti Socialiste est pris écrit Gérard Gungerg « dans une contradiction grandissante. D’un côté, il a su, dans ce cadre des institutions de la Cinquième République, devenir l’un des deux grands partis de gouvernement […]. D’un autre côté, il demeure hostile idéologiquement et culturellement à une évolution du régime représentatif dont la forte présidentialisation n’est qu’une des dimensions. Ses appels récurrents à une Sixième République traduisent, en réalité, une volonté de résister à une évolution générale qui implique une profonde transformation de son modèle partisan » (p. 346).
Alors que le parlementarisme a inspiré les modes de fonctionnement et les institutions propres au Parti Socialiste, voilà que les mœurs de la Cinquième République le pénètrent à leur tour et rendent caduc le modèle parlementariste qui lui a servi de matrice.
J’en prendrai trois exemples.
Le premier fut la décision d’élire le premier secrétaire du parti au suffrage universel direct par les adhérents en analogie avec l’élection du président de la République au suffrage universel.
Second exemple : les conséquences pour le Parti socialiste du quinquennat et du changement de date des élections législatives et présidentielle, les premières suivant désormais la seconde. La conséquence en est claire : il fait, de manière plus explicite encore qu’auparavant, des élections législatives le simple prolongement de l’élection présidentielle. Il s’ensuit un accroissement de la logique présidentielle qui remet d’actualité le débat sur le scrutin proportionnel.
Troisième exemple : les primaires. La logique des primaires conduit à s’interroger sur l’identité et les fonctions du Parti socialiste, comme des autres partis d’ailleurs.
Dans la logique d’il y a cent ans, les militants disposaient de l’information sur les positions en présence dans les congrès ; ils définissaient leurs positions ; ils désignaient leurs représentants aux congrès et dans les instances internes ; ils désignaient leurs candidats aux élections.
Rien de cela ne subsiste : l’information est largement partagée ; les débats internes sont d’abord externes ; les candidats du parti ne sont plus désignés par leurs seuls membres – et cela s’étend désormais du plan national aux élections locales.
Ainsi, le modèle parlementaire du parti est battu en brèche.
En même temps, le « politique » a pris toute la place – même si, d’une certaine manière, l’idéologie a symétriquement vu sa part d’influence régresser. On dira que cela nous mène loin des questions institutionnelles. Pas vraiment. Car, justement, le grand mérite du livre de Gérard Grunberg est de mettre au grand jour et d’analyser tout ce que ces questions révèlent au-delà de ce qu’elles désignent.
Jean-Pierre Sueur
.J’aime Orléans. C’est une ville qui oscille entre le repli et l’ambition. Entre la résignation à être ou à rester une « ville moyenne » et l’aspiration à jouer pleinement son rôle de « capitale régionale ».
Orléans ne doit pas être seulement tournée vers le passé. Elle doit puiser dans son passé les forces du renouveau, de l’audace, de la création.
Il faut qu’Orléans renoue enfin avec l’architecture du XXIe siècle, qu’elle redevienne une ville qui innove dans le domaine de la culture, et qui en ait la fierté.
Il faut, avec Blois et Tours, faire vivre ce Val de Loire qui recèle un patrimoine mondialement connu et en faire aussi la vallée de l’université, de la science, des nouvelles technologies, de l’économie du futur, de l’écologie magnifiée, au cœur d’une région forte, développant son identité.
Il faut plus de solidarité à Orléans et que notre ville s’ouvre davantage à l’Europe et au monde.
Il faut une ville plus verte alors qu’elle devient chaque jour trop minérale.
Il faut…
Je pourrais continuer longtemps, mais j’arrête là : chacun aura compris les raisons pour lesquelles j’ai apporté jeudi 30 janvier mon total soutien à Corinne Leveleux-Teixeira, tête de liste, à Michel Brard et à tous les membres de la liste « Orléans à 100 % ».
Je leur souhaite bon vent et pleine réussite.
Jean-Pierre Sueur
.La commune de Chambord doit être la seule des 36 700 communes françaises où le maire et le conseil municipal sont pratiquement privés des pouvoirs que la Constitution et la loi donnent à tous les maires de France.
Cela fait plusieurs fois qu’avec Jacqueline Gourault et Jeanny Lorgeoux, nous avons défendu un amendement, soutenu par le gouvernement, pour rendre à la commune ses droits et instaurer une convention entre l’établissement public qui gère certaines compétences à l’intérieur du parc de Chambord et la commune qui y est incluse.
Chacun pourra lire le débat intégral ci-dessous et se faire son idée.
Pour ma part, je constate que depuis des années et des mois, bien des acteurs, des intérêts sans doute, se mobilisent pour faire échouer ce qui est simplement la restitution de ses droits à une commune française.
Certains demandent ouvertement la suppression de la commune et sa fusion d’office avec une commune voisine.
Pour moi, et pour les signataires de ces amendements, c’est une question « essentiellement, profondément et foncièrement républicaine ».
Jean-Pierre Sueur
Lire :
>> Le compte-rendu intégral du débat
>> Les amendements Sueur et Gourault/Lorgeoux
>> La dépêche AFP
Fruit de nombreux mois de travail au sein de l’Assemblée constituante, un beau signe d’espoir. A ceux qui ont cru devoir faire la « fine bouche » et qui se sont complus en commentaires mitigés, soulignant les inévitables compromis, voire les ambiguïtés que ce texte recèle, je réponds que c’est la première fois dans l’histoire qu’une Constitution reconnaît, dans un pays arabo-musulman, la « liberté de conscience », que cette même Constitution affirme le caractère civil de l’Etat, l’indépendance de la Justice, met en œuvre le pluralisme politique, affirme les libertés d’expression, d’association, de la presse et le droit de chaque citoyen à l’information, qu’elle proclame les droits des femmes et oblige l’Etat à œuvrer pour la parité dans toutes les assemblées élues.
Tout cela est essentiel. Les membres de l’Assemblée constituante tunisienne doivent être salués pour avoir su l’écrire. L’enthousiasme sur les bancs de cette assemblée était d’ailleurs palpable au moment où ce texte a été adopté. Oui, un signe d’espoir !
Jean-Pierre Sueur
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