Le président de la République a récemment annoncé que, d’ici trois ans, la taxe d’habitation serait totalement supprimée.
Le même président de la République avait annoncé auparavant devant le congrès des maires de France, le 23 novembre dernier, qu’il voulait « garantir pleinement l’autonomie financière et fiscale » des communes et que, pour ce faire, il mettrait en œuvre une« réforme en profondeur de la fiscalité locale, et en particulier communale » et qu’une mission était confiée à cet effet à Alain Richard et Dominique Bur.
Je rappelle que la suppression totale de la taxe d’habitation se traduira par un « manque à gagner » de dix-neuf milliards… et que ces dix-neuf milliards ne se trouveront pas sous les pieds d’un cheval…
Ancienne sénatrice devenue ministre, Jacqueline Gourault annonçait légitimement qu’il y aurait un nouvel impôt local, défini au terme de la mission annoncée et mise en œuvre.
Et puis, le lendemain, le ministre Le Maire contredit Jacqueline Gourault, contrainte au « rétropédalage » : non, dit-il, il n’y aura pas d’impôt nouveau !
… La question reste cependant entière. Si l’État compense intégralement le manque à gagner pour les collectivités locales… il faudra toujours trouver dix-neuf milliards.
L’augmentation d’un impôt existant serait évidemment – et formellement – compatible avec les propos de Bruno Le Maire.
Mais ne joue-t-on pas sur les mots ?
Jean-Pierre Sueur
On reste confondu devant le si long mutisme des dirigeants de Lactalis.
On demeure interrogatif devant le quasi-laconisme, un mois durant, des membres du gouvernement.
On est interdit lorsqu’on apprend que la grande majorité des distributeurs a continué à vendre des produits dont le retrait était exigé après la date où ils ont eu connaissance du caractère impératif de ce retrait.
On se rend compte qu’à l’heure où chaque produit est référencé, qu’il est donc « traçable », à l’heure où l’informatique est partout présente jusqu’à la moindre caisse enregistreuse… une telle mise en danger sanitaire reste tout à fait possible. On le sait pourtant. On nous l’a assez dit et redit. Le principe de précaution exige que, dès qu’il y a un dysfonctionnement, une erreur, une faute, les responsables concernés fassent preuve d’une totale transparence et tirent immédiatement toutes les conséquences.
L’examen de ce qui s’est passé justifiera évidemment une commission d’enquête parlementaire.
On me permettra un dernier mot. Certains déclarent ici et là que ces faits démontrent qu’il faudrait davantage de contrôle – et donc davantage d’agents de la DGCCRF… Je note que ce sont parfois les mêmes qui se plaignent du trop grand nombre de fonctionnaires… Et je leur rappelle, au cas où cela leur aurait échappé, que la dernière loi de finances se traduit par une diminution de quarante-cinq postes à la DGCCRF.
Jean-Pierre Sueur
Par une question écrite, Jean-Pierre Sueur était intervenu auprès d'Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, au sujet des conditions de financement, par le Conseil départemental en particulier, de l'aide personnalisée à l'autonomie (APA). Agnès Buzyn a répondu à Jean-Pierre Sueur.