Interventions et prises de position

Vous trouverez ci-dessous les dernières prises de position de Jean-Pierre Sueur.

C’est avec bien du retard que je découvre ce livre, paru il y a dix-huit mois, qui m’a frappé par sa simplicité, sa lucidité – et finalement sa force.

Sonia Mabrouk, qui fut longtemps journaliste à Public Sénat, qui l’est aujourd’hui sur C’News, et qui anime l’émission dite des « grandes voix » sur Europe 1, y relate les conversations téléphoniques – ou via Skype – et échanges épistolaires qu’elle a eus avec sa grand-mère tunisienne, qui s’appelle Delenda – ce qui ne manque pas d’éveiller des réminiscences pour toutes celles et tous ceux qui ont appris le latin ; Sonia est née à Carthage, et, ayant été, il y a longtemps, enseignant à Carthage, je me souviens que la première élève que j’y interrogeais s’appelait aussi Delenda…

Sonia Mabrouk est franco-tunisienne. Delenda vit non loin de Carthage, à la Goulette, et elle suit de très près l’actualité internationale.

Le livre commence par une indignation de Delenda. À Kasserine, en Tunisie de l’intérieur, des terroristes sont revenus en force. Les femmes de cette ville se sont levées, elles sont sorties ensemble aux cris de « Vive la Tunisie ! » et de « Dégage, terrorisme ! » « Elles ont défié les traîtres », et elles ont eu le dessus. « Alors que les balles fusaient entre militaires et assaillants, ces femmes voilées et non voilées, de tous âges et de milieux très modestes ont dit non au terrorisme. » Et elles eu le dessus.

… Et on n’en parle pas, sur aucun média, ce qui indigne Delenda qui le crie à sa petite-fille, journaliste. Première leçon de ce livre : l’information est sélective ! L’information peut aussi être plus qu’approximative. Ainsi, combien de fois a-t-on qualifié M. Erdogan d’« islamiste modéré » ? Or, aujourd’hui, un réel« climat de suspicion pèse sur tous les Turcs : journalistes, professeurs, soldats, écrivains, policiers… »

Deuxième leçon : « Les terroristes font dire n’importe quoi aux textes religieux. À nous, aux musulmans, de rétablir la vérité ou du moins la vision de l’islam contemporain. Si on ne le fait pas avec plus de force, ces menteurs et ces traîtres prendront peu à peu le dessus (…) Je n’ai pas besoin de voile pour me sentir musulmane et encore moins pour me convaincre que je suis bonne musulmane. »

Autre leçon de ce livre : il faut se défier des discours simples, et même simplistes, sur la « déradicalisation ». Lorsque j’ai rédigé au Sénat le rapport d’une commission d’enquête parlementaire sur le thème « Filières djihadistes : pour une réponse globale et sans faiblesse », j’ai été, au fil des auditions, de plus en plus persuadé qu’on se payait trop souvent de mots avec la « déradicalisation ». Sonia Mabrouk explique : « Quand j’entends parler de déradicalisation, j’ai l’impression qu’on me raconte une vaste blague ! Comme si c’était aussi facile qu’une opération de dératisation. »

Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de réponse face au djihadisme et à l’emprise sur des êtres humains de ce que Sonia Mabrouk qualifie d’« idéologie totalitaire ». Mais c’est un leurre de croire que quelques vidéos, quelques séances ou quelques stages dits de « déradicalisation » peuvent enrayer le mal. Non : il faut beaucoup de prévention et d’éducation, un suivi personnalisé des personnes – et notamment des jeunes – qui s’apprêtent à adhérer ou qui adhèrent à ces idéologies mortifères, l’apport de psychologues, d’éducateurs, etc. Autrement dit, c’est toute la société – ou une bonne part de la société – qui doit se mobiliser.

Autre leçon que Sonia Mabrouk décline avec force : il ne faut pas céder au « clientélisme religieux » et à la« dérive communautaire ». Elle écrit : « Nous ne sommes pas des victimes. Bien sûr, il y a des difficultés sociales, d’énormes problèmes d’accès à l’éducation, à l’emploi. Cela étant, il ne faut pas accréditer l’idée que les musulmans sont des citoyens à assister ! Stop à cette victimisation permanente. » Et elle demande, fort logiquement, qu’on remette en cause les politiques dites de « discrimination positive ».

Sonia Mabrouk nous parle aussi de sa chère Tunisie. C’est aujourd’hui le seul pays arabo-musulman  qui a choisi le chemin de la démocratie et qui s’est doté d’une Constitution proclamant l’égalité entre les femmes et les hommes et affirmant les libertés imprescriptibles de chaque être humain. Mais il faut aider la Tunisie : « Rarement un pays aura connu autant de défis en même temps : retour des djihadistes, chaos à la frontière avec la Libye, urgence économique, bouleversement politique et fortes attentes sociales (…). La Tunisie a besoin de faire rapidement sa transition économique vers un nouveau modèle de développement pérenne. Le nerf de la guerre, ce sont les investisseurs – qui la boudent encore. »

Sonia Mabrouk nous parle aussi des chrétiens d’Orient qui « subissent une double peine. Ils sont oubliés à la fois par les Arabes et les Occidentaux. »

Elle s’inquiète également de la vision qui est donnée de l’islam. « Pourquoi – demande Delanda – les défenseurs d’un islam de paix sont-ils si peu représentés dans les médias ? » Ceux-là ne nient pas « l’existence des versets du Coran appelant à la violence, mais ils ont toujours rappelé les milliers d’autres, prônant la bonté et la concorde. Il faut du recul et un minimum de culture pour les interpréter. »

J’arrête là. Il faudrait citer tout le livre qui traite, au travers de ce dialogue singulier, nombre de sujets qui font notre actualité. Je finirai comme j’ai commencé, en saluant ce livre très lucide. J’ajouterai que c’est un livre de sagesse.

Jean-Pierre Sueur

  • Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille, Sonia Mabrouk, éditions Flammarion, 215 pages, 19 €.

 

En dépit des polémiques, et même des insultes, la commission d’enquête parlementaire constituée au Sénat sur ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Benalla » poursuit ses travaux avec calme, sérénité, vigilance et détermination.

Étant co-rapporteur de cette commission d’enquête, j’ai été très sollicité. Et je souhaite revenir sur quelques sujets sur lesquels j’ai été interrogé par différents médias.

D’abord, cette « affaire » ne prend-elle pas trop de place ? Ma réponse est simple : les membres de la commission d’enquête ne sont pas responsables de la place qui lui est donnée dans les médias, qui exercent librement leur mission. Nous ne méconnaissons pas les lourdes questions qui apparaissent dans l’actualité nationale et internationale. Et nous passons beaucoup de temps à préparer les débats sur les projets de loi à venir (je pense en particulier au projet de loi sur la justice) ou sur ceux qui reviendront (comme le projet de loi « ELAN »). Mais nous nous devons aussi d’assumer notre tâche au sein de la commission d’enquête.

Celle-ci était-elle nécessaire ? Oui, bien sûr. Chaque fois que des événements aussi graves que ceux qui ont eu lieu se produisent, chaque fois que des dysfonctionnements manifestes et lourds de conséquences apparaissent, de telles commissions d’enquête sont créées. Au Sénat, il y en a chaque année six ou sept. Il y en a autant à l’Assemblée Nationale.

La Constitution confie au Parlement la tâche de voter la loi. Elle lui donne, par son article 24, une deuxième mission qui consiste à « contrôler le gouvernement » et à « évaluer les politiques publiques. » L’article 51 dispose que, pour l’exercice ces « missions de contrôle et d’évaluation (…) définies à l’article 24 (…) des commissions d’enquête peuvent être créées. »

L’ordonnance du 17 novembre 1958 dispose que « toute personne dont la commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à cette convocation qui lui est délivrée. »

Elle dispose également que les commissions d’enquête parlementaires « ne peuvent traiter de faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires. » C’est pourquoi nous veillons scrupuleusement à ne pas interférer, dans nos questions, sur ce qui relève de la justice.

Notre tâche n’est pas celle de la justice. Elle consiste, je le rappelle, à « contrôler le gouvernement » et à « évaluer les politiques publiques. »

Nous nous attachons donc à ce qui relève de l’État, de la puissance publique, des services publics.

Toutes les personnes que nous interrogeons doivent jurer de dire « toute la vérité. »

Nous nous attachons, et nous attacherons, à connaître la vérité – il y a encore aujourd’hui des non-dits, des imprécisions, des ambiguïtés et des contradictions –, à connaître tous les dysfonctionnements qui ont pu apparaître à tous les niveaux et nous ferons enfin des propositions pour mettre fin à ces dysfonctionnements.

Un dernier mot. Certains nous ont accusés de mener des objectifs politiques. Ce n’est pas le cas. Lorsque, dans des débats parlementaires,  nous nous exprimons sur des projets et propositions de loi, nous défendons évidemment, chacune et chacun, nos positions politiques.

L’objectif d’une commission d’enquête parlementaire est tout autre. C’est pourquoi le président de la commission, les deux co-rapporteurs et les membres de la commission œuvrent en totale cohésion et cohérence, dans le respect et dans les limites de nos prérogatives constitutionnelles.

Ce n’est pas au Sénat, mais c’est à l’Assemblée nationale, qu’une commission d’enquête a explosé en plein vol, pour des raisons politiques.

Pour notre part, nous poursuivrons notre travail, dans l’état d’esprit que je viens de rappeler, au service de la République.

Jean-Pierre Sueur

>> Voir les vidéos des trois auditions du mercredi 12 septembre :

  • François-Xavier Lauch, chef de cabinet du président de la République
  • Général Éric Bio-Farina, commandant militaire de la présidence de la République
  • Maxence Creusat, commissaire de police à la préfecture de Police de Paris
>> Voir les vidéos de deux débats auxquels Jean-Pierre Sueur a participé :

>> Lire l’article de Public Sénat sur les questions juridiques

La vie est un très long chemin.

C’est avec un intérêt que je ne dissimulerai pas que j’ai appris que Serge Grouard était désormais favorable à la création d’une troisième ligne de tramway dans notre agglomération orléanaise !

Je me souviens, en effet, des temps où il dénonçait fortement… la première ligne… faisait tout pour l’empêcher, pour la retarder… faisait campagne électorale sur le thème « Non au tram ! » et promettait que, pour la suite, on utiliserait d’autres engins roulants.

Et de fait, nous vîmes se succéder les présentations de toutes sortes de tram à pneus, de trolleybus mis au goût du jour… avant que les pourfendeurs d’hier ne décident finalement, avec l’assentiment des usagers, de faire – cinq ans plus tard ! – la seconde ligne.

Je saluai comme il se doit ce revirement. Tout le monde peut se tromper et changer d’avis.

Mais, aujourd’hui, je suis comblé !

Nous en sommes donc à la troisième ligne.

Et j’espère de tout cœur que ceux qui gouvernent la ville et l’agglomération – et ceux qui les gouverneront après 2020 ! – écouteront cette sage préconisation de Serge Grouard.

Nous n’avions donc pas tort, mes collègues élus et moi-même qui avons défendu le tram – car ce fut un travail d’équipe !

Nous étions juste, peut-être, en avance.

… Mais puisque j’en suis aux confidences, je révèlerai que dès l’élaboration de la première ligne, j’avais à l’esprit la troisième !

Ce ne fut en effet pas simple de faire passer cette ligne par l’avenue du Paris, la rue de la Gare et Coligny, malgré les banderoles et les admonestations, que j’ai encore présentes à l’esprit, de Charles-Éric Lemaignen…

Mais il y avait une raison à cet itinéraire qui n’était pas le plus court, ni le plus simple : c’est que nous desservions l’ouest d’Orléans, le quartier Coligny et nous rapprochions des Blossières.

… Et surtout, ce choix permettait d’ajouter depuis là une troisième ligne qui desservirait, à la faveur de deux ou trois stations supplémentaires, la ville de Saran !

Vous imaginez la scène : Michel Guérin accueillant, avec Mme la maire, le tram à Saran sous le regard réjoui de Serge Grouard, qui ne manquerait pas de profiter de l’occasion pour prendre position pour une quatrième ligne…

Ce serait, enfin, un succès complet !

Jean-Pierre Sueur

>>  La République du Centre du 11 septembre

 

Je salue la juste décision d’Emmanuel Macron qui a reconnu la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice Audin et les actes de torture dont il a été victime. Il était nécessaire et salutaire que cette décision fût prise.

JPS

La commission d’enquête parlementaire du Sénat sur ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Benalla » reprend ses travaux ce mercredi matin 12 septembre. Elle est désormais la seule commission d’enquête parlementaire consacrée à ce sujet, celle de l’Assemblée nationale ayant « explosé en vol. »

Jean-Pierre Sueur, co-rapporteur de cette commission d’enquête, a rappelé le 7 septembre  sur France Info l’état d’esprit qui est le sien – comme il l’avait indiqué dans plusieurs interviewes publiées durant l’été (voir ci-dessous).

Il y a, pour lui, trois objectifs à atteindre : d’abord connaître la vérité, car les premières auditions ont montré qu’il y avait nombre de silences, de « non-dit » et de contradictions ; en second lieu établir tous les dysfonctionnements que cette affaire a révélés, à la préfecture de Police de Paris, au ministère de l’Intérieur et à l’Élysée ; en troisième lieu, faire des propositions pour mettre fin à ces dysfonctionnements.

Jean-Pierre Sueur a assuré qu’avec le président de la commission, la co-rapportrice et les sénateurs membres de la commission, il entendait mener à bien ce travail « dans le temps qu’il faudra, avec calme et détermination. »

>> Dans les médias :

Le programme des auditions du mercredi 12 septembre à suivre en direct sur Public Sénat :

  • 9 h 30. François-Xavier Lauch, chef de cabinet du président de la République.
  • 11 h. Général Éric Bio-Farina, commandant militaire de la présidence de la République.
  • 12 h 15. Maxence Creusat, commissaire de police à la préfecture de Police de Paris.

Jean-Pierre Sueur s’est adressé à Stéphane Richard, président directeur général d’Orange et à Étienne Bordry, délégué régional, pour appeler leur attention sur les grands inconvénients et préjudices dont sont victimes de nombreux habitants de Pithiviers, abonnés à Orange, qui ne peuvent plus utiliser leur téléphone portable ou bénéficier d’un service normal dans une bonne partie du centre-ville de Pithiviers depuis que l’antenne d’Orange a été supprimée dans le quartier Saint-Aignan et remplacée par celle de Bondaroy qui ne couvre pas le même périmètre géographique.
Il leur a exposé que, concrètement, les habitants résidant, notamment, place des Halles, rue du Gâtinais, Faubourg du Gâtinais, mail Sud et dans une partie du Faubourg d’Orléans, sont très pénalisés.
Il a conclu en leur demandant de prendre dans les meilleurs délais ls mesures nécessaires afin que ces habitants puissent bénéficier du service auquel ils ont droit, ce qui est important, aussi bien pour leur vie quotidienne que pour l’activité économique, commerciale et dans tous les domaines.
 
 

L’ouvrage qui vient d’être publié par Alain Bergounioux et Jean-François Merle sous le titre Le rocardisme. Devoir d’inventaire (éditions du Seuil) était plus que nécessaire. En effet, après avoir été sévèrement combattu, Michel Rocard a été tellement récupéré – parfois par ceux-là mêmes qui l’avaient combattu –, on s’est tant approprié son action et son héritage, qu’il était salutaire que nos deux auteurs, qui l’ont constamment soutenu, fassent avec rigueur et sans complaisance (Michel Rocard n’eût pas aimé la complaisance) une histoire et un inventaire du rocardisme.

Pour avoir moi-même été profondément marqué par l’apport de Michel Rocard, que je crois considérable, après celui de Pierre Mendès-France (mais il y avait entre les deux hommes beaucoup de points communs), j’ai lu avec un grand intérêt cet ouvrage qui va à l’essentiel.

L’essentiel, c’est que Michel Rocard a rénové le discours de la gauche qui, très marquée par vingt-trois ans d’opposition, n’avait pas eu l’opportunité de rénover sa pensée comme il l’aurait fallu.

Michel Rocard a d’abord réhabilité le marché – ce qui, à l’époque, parut presque scandaleux. Il a expliqué que le marché était plus apte à répondre aux « milliards d’équations » qu’induisait une économie ouverte que n’importe quelle puissance étatique ou bureaucratique.

Mais il ajoutait aussitôt que, pour nécessaire qu’il fût, le marché souffrait du défaut d’être myope. La puissance publique était donc indispensable afin de réguler l’économie, d’imposer l’impérieux sens de l’intérêt général et de mettre en œuvre de tout aussi impérieuses solidarités.

Le socialisme moderne serait celui qui trouverait de nouvelles formes d’action publique dans une économie ouverte, largement propice aux initiatives de tous les acteurs.

Il s’ensuivait que, pour nécessaire qu’il fût – ô combien ! –, l’État ne devait pas tout régenter.

Ainsi en allait-il en matière de nationalisations. Celles-ci étaient perçues et vécues avant 1981 – et après – par nombre d’hommes et de femmes de gauche comme le « marqueur » du changement. Contester la nécessité de nationalisations intégrales – à 100 % –, c’était pour beaucoup s’inscrire forcément dans une dérive droitière.

Or Rocard refusait de considérer les nationalisations comme un dogme. Il était à cet égard d’un total pragmatisme. Il y était favorable si elles permettaient d’orienter dans le sens de l’intérêt général certaines entreprises et certains secteurs industriels, particulièrement stratégiques. Il s’insurgeait contre le fait que certains tenaient à ce que l’État achetât tout, y compris les filiales, considérant qu’il suffisait de maîtriser 51 % du capital pour exercer le pouvoir.

Je me souviens du jour où, après examiné l’activité des filiales de certains grands groupes, il s’écria : « Mais enfin, l’État doit-il produire les cafetières ? »

On dira que tout cela est aujourd’hui dépassé. Mais ce fut un combat culturel autant que politique de grande ampleur.

Dans le même esprit, Rocard fut le chantre de la décentralisation. La première intervention qui le fit connaître fut son discours, prémonitoire, tenu lors d’un colloque, en 1966, sur le thème : « Décoloniser la province. »

Alain Bergounioux et Jean-François Merle ont aussi présenté la personnalité de Michel Rocard : « Il a toujours été l’homme du libre examen » ; il avait « une attention au temps long plutôt qu’à l’écume des choses » ; il s’attachait à « parler vrai » – cela devint son image de marque – quitte à devenir « briseur de rêves » ; il a toujours refusé le « clientélisme » et les « phénomènes de cour » – quitte à en subir les conséquences – ; il avait une réticence à l’égard des campagnes électorales durant lesquelles il fallait serrer des centaines de mains sur les marchés, exercice qui lui paraissait singulièrement factice.

Nos auteurs retracent l’histoire. Celle du jeune dirigeant des étudiants socialistes, adhérent à la SFIO ; celle de la rupture, lors de la guerre d’Algérie, qui le conduisit à créer avec d’autres le PSU ; sa volonté d’essayer, après Mai 68, de trouver d’impossibles synthèses au sein du PSU ; son arrivée au Parti socialiste, les congrès de Nantes, de Metz et la suite…

Ils retracent l’histoire des générations de « rocardiens » qui se sont attachés, au fil du temps, à ses idées et, indissociablement, à sa méthode.

Enfin, ils évoquent avec beaucoup de pertinence, ce qu’ils appellent le « rocardisme ministériel. »

Michel Rocard fut ministre du Plan. La principale innovation dont il fut l’auteur, à ce titre, ce furent les « contrats de plan. » Il avait compris que la planification sans fin vantée était devenue, au plan national, un exercice d’école. Il fallait, pour être efficace, que les collectivités locales, et tout particulièrement les Régions, fussent associées à l’exercice de prospective, évidemment nécessaire.

Les contrats de plan sont toujours en vigueur. Ils reposent sur un principe simple : pour chaque objectif, pour chaque action, l’État d’une part, et les Régions d’autre part, afficheront, pour chaque année, un chiffre précis. Ne pas respecter l’engagement pris, ce serait encourir une juste critique du partenaire. Parce qu’ils reposaient sur une logique contractuelle, les contrats de plan ont été efficaces : première illustration – il en y eut bien d’autres – de l’importance, pour Michel Rocard, du contrat dans la vie politique et sociale.

Ministre de l’Agriculture, Michel Rocard fut respecté des agriculteurs comme de ses partenaires européens. Je me souviens des critiques suscitées par les « quotas laitiers » qui permettaient de gérer rationnellement les volumes produits… et de la vive désolation des agriculteurs concernés – y compris ceux qui les avaient contestés – lorsque les instances européennes, cédant aux sirènes du « tout libéral », décidèrent de les supprimer… Alain Bergounioux et Jean-François Merle notent aussi la grande réussite que fut le vote à l’unanimité à l’Assemblée nationale comme au Sénat des lois sur l’enseignement agricole public et sur l’enseignement agricole privé – là encore le sens du dialogue et le choix du pragmatisme s’étaient révélés efficaces…

Devenu Premier ministre, en dépit du fait qu’il ne disposait pas de la majorité absolue (ce qui le contraint à recourir vingt-huit fois à l’article 49.3 de la Constitution…), Michel Rocard fit de grandes réformes. Nos auteurs évoquent longuement la création de la CSG comme celle du RMI. Ils expliquent combien le choix – encore une fois ! – du dialogue et du pragmatisme fut précieux pour régler le difficile problème calédonien. Ils rappellent aussi l’attachement de Michel Rocard à l’environnement, avec l’accord de La Haye qui devait présager son intense engagement, à la fin de sa vie, pour la planète – en particulier pour les « pôles », sujet sur lequel il s’investira pleinement.

Alain Bergounioux et Jean-François Merle insistent à juste titre sur le fait que Michel Rocard fut toujours fidèle au socialisme. Il prit sa première carte à la SFIO en 1949 et sa dernière au Parti socialiste peu avant son décès. Il croyait à l’action collective. Et cela le distingue d’un certain nombre de ceux qui voudraient se présenter comme ses héritiers, sans avoir la même ténacité, ni la même fidélité.

Je laisserai le mot de la fin à François Hollande, cité dans ce livre, qui, lorsqu’il lui remit la grand-croix de la Légion d’honneur, l’a définit comme « un rêveur réaliste et un réformiste radical. »

Jean-Pierre Sueur

 

 

Jean-Pierre Sueur était l’invité de l’émission « Entre les murs du Grand Paris » animée par Hacène Belmessous sur Fréquence Protestante le 4 septembre à l'occasion du 20e anniversaire de son rapport de 1998 sur ville.

>> (Ré)écouter l’émission

Dans La République du Centre de ce mardi 4 septembre, Stéphane Bern déclare : « Au Parlement, les élus ont eu gain de cause contre les architectes des bâtiments de France et ils ont voté d’une seule voix pour la loi ELAN. »
Je tiens à m’inscrire en faux contre cette déclaration. En effet, la suppression de l’avis conforme des architectes des bâtiments de France dans plusieurs circonstances importantes n’a été adoptée au Sénat que par cinq voix de majorité ! J’étais intervenu avec beaucoup de force contre cette disposition qui porte grandement atteinte à notre patrimoine que Stéphane Bern défend avec beaucoup de conviction.
De même, avec d’autres, je me suis opposé à la très grande restriction du rôle des architectes pour la construction des logements sociaux, à la mise en cause des concours d’architecture et de l’égal accès des différents opérateurs aux marchés publics.
Avec d’autres, j’ai regretté que la ministre de la Culture ne participe nullement aux débats où elle aurait pu et dû défendre les architectes et l’architecture.
Au total, si la loi ELAN a été majoritairement votée, un nombre significatif de parlementaires s’y sont opposés, tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat.
Mais ce n’est pas tout, puisque la loi n’est pas définitivement adoptée. Il y a encore la commission mixte paritaire et les dernières lectures.
Je veux espérer que ce sera l’occasion d’un sursaut en faveur de l’architecture et du patrimoine. En tout cas, je ne manquerai pas de m’exprimer en ce sens !
Jean-Pierre Sueur

L'ensemble des parlementaires du Loiret, le président du Conseil départemental et les représentants des organisations agricoles du Loiret (FDSEA, JA et Chambre d'agriculture) adaressent une lettre commune à Stéphane Travert, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à propos des zones défavorisées simples (ZDS).

>> Lire la lettre

La démission de Nicolas Hulot ne m’a pas étonné. Je le sentais mal à l’aise et inquiet depuis de longs mois.
Il a souhaité que son acte ne soit pas récupéré de façon « politicienne ». Je comprends cette légitime préoccupation.
Je me limiterai à un constat. On le voit aujourd’hui : l’écologie ne dépend pas d’un ministère, fût-il un ministère d’État, fût-il occupé par une forte personnalité.
C’est l’ensemble du gouvernement qui doit défendre, dans tous les domaines, de nouveaux modèles de production, de consommation, d’urbanisme, etc., qui seront autant d’aspects d’un développement durable qui créera l’activité et les emplois de demain.
Et pour cela, il faut réussir de nécessaires synthèses. Il serait absurde d’opposer l’environnement et le social, l’économie, la culture, l’éducation, l’emploi – ou de dire que l’une de ces préoccupations doit laisser les autres au second plan. Non : tout marche ensemble ! Il faut sauver la planète et il faut un monde plus juste : ce n’est pas contradictoire, c’est, plus que jamais, complémentaire.
Jean-Pierre Sueur
 

Après le Chantecler d’Edmond Rostand en 2016 et 2017, Élisa Chicaud nous a offert une nouvelle très remarquable mise en scène en montant la pièce de Jean-Claude Grumberg En r’venant d’l’expo, une pièce peu jouée, mais qu’il était judicieux de faire revivre – tant elle suscite d’écho, y compris dans notre présente actualité –, une pièce qui fut servie jusqu’à ce dimanche 2 septembre par vingt-cinq comédiens plus que motivés qui jouaient pleinement leurs nombreux rôles, en un lieu, l’immense ferme de Rivotte, où s’est installé depuis longtemps le Théâtre de l’Escabeau, un théâtre que j’aime, car il rassemble des hommes et des femmes amoureux du théâtre, fous de théâtre, qui vivent pour lui, même s’il leur arrive d’en vivre mal, mais cela est une autre histoire…

La pièce de Grumberg commence lors de l’exposition universelle de 1900 à Paris. Une riche exposition (pardonnez la redondance) nous la présente d’ailleurs en prélude ou en complément du spectacle. Et, de fil en aiguille, on se retrouve au cœur d’un café-concert, « Le bouchon de Clichy », dont les consommateurs représentent toutes les catégories sociales, des aristocrates et bourgeois puissamment conservateurs aux anarcho-syndicalistes, sans oublier un chanteur-serveur et d’autres chanteurs et musiciens qui nous font vivre par la chanson toutes les facettes de ce qu’il est convenu d’appeler « la Belle époque ». Et on se retrouve ainsi, alternativement, en contrepoint, dans un local où les syndicalistes de l’époque préparent, inlassablement, la « grève générale » en se défiant des hommes politiques, fussent-ils socialistes…

L’histoire est protéiforme. Mais elle s’articule surtout autour de Louis – remarquablement interprété par Chloé Bourgeois – qui exerce au départ les fonctions de « comique troupier » et, peu à peu, change de rôle jusqu’à partager les idéaux de ses camarades syndicalistes, dont il finit par épouser les rêves et les espoirs.

Et l’on retourne au Bouchon de Clichy, où l’on retrouve toute la société, et toutes ses contradictions, sous la houlette de Stéphane Godefroy qui, comme de coutume, ne s’économise pas…

Tout cela compose un spectacle à la fois gai et profond. À peine sortis de l’Exposition universelle, on découvre tous les antagonismes, tous les mouvements sociaux qui marquent l’époque jusqu’à l’assassinat de Jaurès. On retrouve toutes les positions sur la guerre, depuis ceux qui l’espèrent, ceux qui annoncent qu’elle sera courte, ceux qui proclament que ce sera la dernière et ceux qui pensent qu’elle n’aura pas lieu puisque les prolétaires des pays belligérants s’y opposeront en engageant une « grève générale universelle. » Quand on découvre qu’elle est inéluctable, Louis se contente de dire, ultime et dérisoire parade, et dernière réplique : « On tirera en l’air ! »

C’est du théâtre, au sens plein du terme, la réalité devenue drame. Vous pourrez, très heureusement, voir ou revoir ce spectacle en 2019. J’espère de tout cœur que d’ici là l’État, notamment, et plus précisément la Direction régionale à l’action culturelle (DRAC) aura versé au Théâtre de l’Escabeau la subvention qu’il mérite amplement.

Jean-Pierre Sueur

 

C’est une somme, absolument sans précédent, que nous livre France Brel, fille de Jacques, avec cet ouvrage de 632 pages qui rassemble non seulement toutes les chansons enregistrées de Jacques Brel, mais aussi un grand nombre de chansons et de textes jusqu’ici inédits.

Inutile de dire que ce livre où chaque texte, connu ou inédit, se trouve commenté, mis en situation, éclairé par de multiples citations n’est pas vraiment objectif. Ce n’est d’ailleurs ni son objet ni son propos. France fait preuve d’une vraie passion pour son père et son œuvre. Elle ne le cache pas et ne s’en cache pas. Ce n’est pas pour autant un panégyrique. C’est plutôt une mise en lumière.

Tous ceux qui aiment Jacques Brel, cet éternel adolescent qui détestait ceux qu’il appelait « les adultes », cet aventurier qui voulait toujours « aller voir », ce chanteur qui s’épuisait dans des tournées sans fin qu’il sut cependant, à l’inverse de tant d’autres, arrêter net, ce créateur qui ne voulait pas se répéter, qui s’investit dans la comédie musicale, quitte à s’épuiser encore dans L’homme de la Mancha, qui se fit comédien, réalisateur de deux longs métrages, aviateur et navigateur, pour « aller voir » encore, toujours plus loin, ailleurs, – tous ceux, donc, qui aiment son œuvre, avec ses forces et ses faiblesses, ses grandeurs et ses excès, l’œuvre d’un homme qui était « frère de colère » et « frère de tendresse », tourneront avec plaisir les pages de ce gros livre qui décourage l’analyse, mais au sein duquel je suis tombé sur des trouvailles que j’énumérerai avec vous, si vous voulez bien me suivre dans ce voyage désordonné. J’en ai retenu trente-cinq. Il pourrait y en avoir bien davantage…

1. Les œuvres de jeunesse de Jacques Brel sont prolifiques. France nous expose que l’un de ses tout premiers textes intitulé « Chemineau », écrit alors que son auteur avait seize ans, et qu’elle publie intégralement, comptait déjà nombre de thèmes qu’il développera ensuite. Le chemineau, c’est le César, qu’on retrouvera dans l’Aventure. Il y a déjà Madeleine. Et l’on marche déjà sur des chemins de halage.

2. À dix-huit ans, Jacques Brel devient le directeur d’une revue qui s’appelle Le grand feu. On lit dans l’éditorial du premier numéro qu’il s’agit de « remplacer ce goût bourgeois du confort et du luxe par le désir que la vie soit quand même plus utile à quelque chose. »

3. Dans une chanson de jeunesse inédite, Les gens, Jacques Brel s’insurge contre « ceux qui se disent heureux parce qu’ils sont des bigots. »

4. L’une des premières chansons enregistrées de Jacques Brel, Ça va, le diable, fut chantée dès 1954 par Juliette Gréco, bien qu’elle fût, selon elle, strictement « inchantable. » C’était une sorte de défi. Elle rappelle souvent l’émotion que la saisit quand cet inconnu, maigre et dégingandé, débarqua chez elle, timide, la guitare à la main, pour la lui chanter. Elle la chanta lors de son premier récital à l’Olympia. Jacques lui en fut « éternellement reconnaissant. » On ne croirait pas aujourd’hui que cela fût possible, mais la chanson fut interdite sur les antennes publiques en Belgique.

5. Le premier disque de Jacques Brel édité en France (un tout premier avait été édité en Belgique) compte la chanson La haine où il est dit que « L’amour est mort. » La toute dernière chanson qu’il a enregistrée – l’avant-dernière du livre – s’appelle L’amour est mort. Elle ne fut diffusée que plusieurs années après la mort de son auteur.

6. Sur la place est un chef d’œuvre. On apprend que cette chanson qui décrit les fenêtres qui se ferment lorsqu’une fille danse et chante fut inspirée par « Caroline, la Gitane qui tournait la manivelle d’un orgue de Barbarie en virevoltant, un tambourin à la main, pour se donner la cadence, sur la digue de la station balnéaire de Wenduine et qui fascine l’enfant Jacky lors de ses vacances sur le bord de la mer du Nord. » France Brel nous offre, à l’occasion de cette chanson, d’utiles remarques sur le passage du on au nous. On verra dans la totalité du livre son attachement aux pronoms et à leurs variations. Plus tard, « Les fenêtres » dans la chanson éponyme s’ouvriront plus largement sur la poésie et les pesanteurs de la vie sociale avant de se fermer pour « aider les amants à s’aimer. »

7. Quand il quitte la fabrique de carton familiale où il « s’ennuyait à hurler » pour tenter de devenir chanteur à Paris, Jacques Brel « recevra son salaire pendant les douze mois prévus pour cette période d’essai. » Quand cette période fut achevée, « il dut rembourser l’avance… avec les intérêts… »

8. Grand Jacques, chanson du premier disque paru en France, s’adresse à son auteur et dénonce « la facilité à faire semblant. » Brel commente : « Je trouve que celui qui ne doute pas doit être malheureux puisqu’il n’a plus rien à découvrir. On a dit que le rire était le propre de l’homme. Moi je crois que c’est le doute. »

9. Quand on n’a que l’amour. Pour France Brel : « Comme le héros de "Chemineau", mon père ne se sent plus barbare et les vers de son crescendo l’emportent vers la puissance de l’oubli de soi. Sans avoir rien à perdre, il veut gagner de nouvelles terres inconnues : le cœur du public. »

10. Le colonel. Toujours France Brel : « Dans ce texte, le colonel s’ennuie, tout comme le faisait avec conviction le caporal Brel. Mais dans sa réalité quotidienne, Jacques n’a pas, n’a plus, le temps de s’ennuyer, ayant parfois sept cabarets à assumer en une nuit. »

11. Je ne sais pas. Jacques Brel adore la harpe. Et François Rouber, l’orchestrateur de nombre de ses chansons, lui fait « en plus de son amitié, l’immense cadeau de pouvoir enregistrer accompagné par d’excellents musiciens classiques reconnus, comme la célèbre harpiste Lily Laskine. »

12. Barbara fut l’interprète du premier film de Jacques Brel. Elle y interprétait Léonie. Jacques disait à son propos : « Je crois qu’on ne peut pas présenter Barbara parce que Barbara c’est le mystère et le mystère ne se présente pas. »

13. Jacques Brel admirait le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD – Quart Monde. Il alla le voir à Noisy-le-Grand. Comme, plus tard, il chanta gracieusement dans les sanatoriums. C’est en hommage au père Wresinski qu’il introduisit ce couplet dans la chanson Voici – que Barbara devait aussi interpréter :
« Qu’en vos faubourgs délavés
Des prêtres en litanie
Sont devenus ouvriers. »

14. Toujours Jacques Brel, à propos de son tour de chant : « J’aime ça même si je suis claqué. Si tu voyais la tête que j’ai sous mon fond de teint !... Hier c’était samedi. Je passe mon tour ici. Je bondis à la télé, je reviens chanter ici. Et puis je regalope à la télé et je passe un tour à un premier gala, un dernier tour ici et puis, vers les deux heures du matin, je me produis à une fête de charité. Bilan : aujourd’hui, je suis mort. »

15. Les « Litanies pour un retour » (« Mon cœur, ma mie, mon âme… ») sont inspirées par la dernière lettre écrite par Beethoven, qui ne fut jamais envoyée : « Mon ange – mon tout, mon moi… »

16. Sur Ne me quitte pas, Jacques Brel : « On compose une chanson pour trois mots. Trois mots qui vous transpercent le cœur, un jour, on ne sait pourquoi. Ils vous assaillent n’importe où, chez des amis, en lisant, en conduisant. Pour ces trois mots, on écrit un poème. On cherche des phrases qui les énumèrent, qui les encerclent. Ce qu’il y a d’important, ce sont les trois mots : le reste, c’est du remplissage. »

17. Jacques Brel commence son premier Olympia en 1961 par Les prénoms de Paris, chanson qui se termine par « Paris je reviens. » France Brel : « Cette phrase serait-elle une allusion à sa première prestation passée totalement inaperçue sur cette même scène en 1954, du temps où personne ne lui avait demandé d’arriver ? »

18. Le plat pays. Sait-on que Jacques Brel restait « méfiant sur la qualité de ce texte, estimant l’avoir écrit rapidement ? » (France Brel). Sait-on que ce chef d’œuvre fut écrit sur les bords de la Méditerranée, à Roquebrune exactement ? Sait-on enfin que Jacques Brel était très attaché, dans son orchestration, à « ce son venu d’ailleurs que produisent les ondes Martenot » ?

19. Bruxelles. L’une des toutes premières chansons de Jacques Brel, demeurée inédite, portait déjà ce nom. Il y est question des « étincelles des trams » et des « serpents de néon » de la place de Broukère. Sait-on que pour les besoins de la cause, ou de la rime, dans la chanson Bruxelles de 1962, beaucoup plus célèbre, Jacques Brel a inventé une « place Sainte-Justine » qui n’existe pas ?
(Ainsi, certains se sont usé les yeux à chercher sur une carte d’Israël la « Jerimadeth » qu’évoque Victor Hugo dans « Booz endormi ». Cette ville n’existe pas : Charles Péguy nous dit que c’est un calembour (« J’ai rime à dais »). Il n’empêche que le vers
« Tout reposait sans Ur et dans Jerimadeth »
est d’une somptueuse beauté).

20. Madeleine. Ce sera la dernière chanson du tour de chant. C’était auparavant Quand on n’a que l’amour. Jamais de « bis » ni de « faux rideau », ni de « faux départ » : « La dernière chanson est vraiment la dernière. »

21. Trois M : Madeleine, Marieke, Mathilde. L’attente, le départ, le retour.

22. Il neige sur Liège. Une chanson, méconnue, faite de pure poésie :
« Il neige, il neige sur Liège
Croissant noir de la Meuse sur le front d’un clown blanc. »

23. Combien de temps faut-il pour faire une chanson ? Jacques Brel : « En moyenne six à huit mois. Il y a cependant des exceptions. Pour "Au suivant", j’ai mis douze minutes, alors que pour "Mathilde », il m’a fallu deux ans et demi. »

24. Les bigotes sont inspirées d’Émile Verhaeren : « Elles jugent, blâment et louent… tous ceux qui passent sur le trottoir d’en face… féroces de leurs parlottes. »

25. J’aimais. Tout est, déjà, inscrit dans l’enfance. Une chanson sur la psychanalyse.

26. La chanson de Jacky. Jacques Brel refuse d’« en arriver à se produire pour un public finissant. » France Brel : « Il se souvient sans doute de sa participation peu glorieuse à un concours sur la scène du casino de Knokke-le-Zoute lors de son premier concours de chanson en 1953 où il a terminé à l’avant-dernière place. »

27. Ces gens-là. S’agissant de Frida, il y avait à la fin un couplet « explicatif » que Jacques Brel a heureusement supprimé. Et c’est beaucoup plus fort ainsi. Ce couplet, c’était :
« Frida, si tu vis encore
Que tu sois loin
Que tu sois vieille
Frida, si tu vis encore
J’aimerais bien que tu te souviennes. »

28. Jacques Brel aimait bien écouter en voiture de la musique classique. Mais il n’y avait alors ni CD, ni cassette. Alors – nous dit France –, « il écoutait souvent Radio Vatican »« il y avait de la musique classique. »

29. Jacques Brel s’est engagé avec ses musiciens pour soutenir Pierre Mendès France, qu’il admirait. Il a dit : « Je trouve désolant qu’un pays comme la France n’ait pas, à la Chambre des députés, un homme de la valeur de Pierre Mendès France. Ce manque est désolant. Il y a des hommes dont on n’a pas le droit de se priver. » Pierre Mendès France les a chaleureusement remerciés.

30. Souvent des mots, des vers passent d’une chanson à l’autre. Sait-on que Mon père disait, l’une des chansons les plus poétiques et intimistes de Jacques Brel, faisait au départ une seule et même chanson avec celle qui est devenue La bière, qui décrit une immense kermesse aux dimensions de l’Europe.

31. À Roubaix, ce fut le tout dernier récital de Jacques Brel. Il était « aphone ». Cela se ressent quand on écoute l’enregistrement. Alors qu’il ne chantait plus cette chanson, il a repris pour la circonstance Le moribond. Adieu…

32. Un mystère. Pourquoi la magnifique chanson intitulée La cathédrale qui nous décrit l’édifice devenu bateau appareiller dans toutes les mers du monde ne fut-elle pas retenue dans le dernier disque de Brel, celui des Marquises ? C’est une question à laquelle France Brel ne répond pas.

33. En revanche, elle fait de belles et justes comparaisons entre Le plat pays et Les Marquises : « Les quatre vents, tournoyant éternellement sur la carrefour de la Belgique, semblent se réunir sur son archipel "perdu en mer" pour faire danser l’alizé qui chante désormais sur ce décor immobile dans lequel, sans geindre, Jacques préserve le cœur voyageur, remettant son avenir au hasard. »

34. Jojo, enfin. Et ce vers :
« Tu frères encore »
où l’on retrouve l’un des traits de style que Jacques Brel, comme Barbara, affectionne. Il s’agit de transformer un mot en un autre relevant d’une autre catégorique lexicale. Ainsi ici le nom devient verbe. Ce procédé a été longuement analysé par le linguiste Lucien Tesnières sous le nom de « translation. »

Promis, quand j’aurai le temps, je ferai un texte sur « la translation chez Jacques Brel » !

35. Merci, France Brel.

Jean-Pierre Sueur

  • Jacques Brel auteur, l'intégrale de ses textes commentés par France Brel, Fondation Jacques Brel
 

Dans La République du Centre de ce 28 août, Aurélie Richard nous apprend que le nombre de contrats aidés dans le Loiret est passé de 1 003 à 255. Les réactions de la Banque alimentaire, de la Croix-Rouge ou du président des maires ruraux sont unanimes. Pourquoi ces suppressions si drastiques d’emplois si utiles dans les associations et les communes - et précieux pour de nombreux jeunes ?

Dans le classement de l'hebdomadaire Le Point, le SAMU du Loiret apparaît comme le plus fiable de France. Que ce soit l’occasion de saluer le travail considérable accompli en permanence par les médecins et les personnels du SAMU, travail toujours plus lourd en raison de la désertification médicale !

L’incendie dramatique d’Aubervilliers doit nous rappeler l’urgence de la lutte contre les marchands de sommeil et de l’adoption des mesures qu’avait courageusement proposées à cet égard Évelyne Yonnet quand elle était sénatrice. L’une de ces mesures a été adoptée par le Sénat lors du débat en première lecture sur le projet de loi « Elan », suite à un amendement que j’ai déposé. Elle permet la confiscation de tous les biens des marchands de sommeil, comme c’est le cas pour le blanchiment. Restons vigilants pour que cette mesure subsiste dans le texte qui sera définitivement adopté. Et battons nous pour que les marchands de sommeil soient enfin réprimés comme ils le méritent.

La tragédie de Gênes ouvre les yeux. On apprend qu’un rapport récent est inquiétant et que 10 000 ponts sont en mauvais état en France. Les crédits sont depuis longtemps notoirement insuffisants. Sans la catastrophe, s’en soucierait-on ? Or, même si ce n’est ni spectaculaire ni médiatique, l’entretien sur le long terme des infrastructures est une nécessité pour l’intérêt général et doit être une priorité.

Je soutiens la position de Carole Delga et Jean-Claude Gayssot : « Nous ne pouvons pas continuer à détourner les yeux face à une situation qui déshonore l’Europe. » Merci, Carole, de nous rappeler que Jean Jaurès disait : « Il y a une seule race : l’humanité. »

J’apprends avec tristesse le décès de Roger Aguiton, qui fut le chaleureux président de la Chambre de métiers du Loiret.

Avec lui, nous avons beaucoup travaillé sur les questions de l’artisanat, des métiers et de l’apprentissage.

Toutes mes pensées pour Danielle et toute sa famille.

Je salue la mémoire de David Ojalvo, ancien conservateur du Musée des Beaux-arts d’Orléans, dont le décès vient d’être annoncé par une communication du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.

David Ojalvo a été conservateur de notre musée de 1968 à 1990. Il a géré le transfert des collections de la place de la République au nouveau musée qu’il a ouvert dans son emplacement actuel. Il a exercé pendant vingt-deux ans ses missions avec une grande rigueur, une grande attention aux collections dont il avait la charge et la volonté de faire connaître ces riches collections. Ainsi a-t-il organisé des expositions qui auront beaucoup marqué. Je pense à celles consacrées à Léon Cogniet, à Antigna et Max Jacob. Je pense aussi à celles qu’il a consacrées à Vieira Da Silva et Olivier Debré.

Lorsqu’il fut retraité en 1990, David Ojalvo se dévoua à la cause du musée d’art juif de paris – il en était le trésorier bénévole –, qui devint le Musée d’Art et d’Histoire et du Judaïsme auquel il est resté profondément attaché.

David Ojalvo fut un grand serviteur de l’art à Orléans. Nous lui devons reconnaissance.

Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur était l'invité de l'émission "Le téléphone sonne" sur France Inter le 3 août.

>> (Ré) écouter l'émission

Communiqué de la commission des lois du Sénat

La commission des lois du Sénat que préside M. Philippe Bas (Les Républicains – Manche) s’est réunie le 1er août pour un échange de vues relatif aux travaux de la mission d’information, créée le 23 juillet pour faire la lumière sur les dysfonctionnements constatés à l’occasion de l’"affaire Benalla", avec pour rapporteurs Mme Muriel Jourda (Les Républicains – Morbihan) et M. Jean‑Pierre Sueur(Socialiste et républicain – Loiret).

Cette mission a pour but d’établir les faits, d’apprécier la réalité, l’ampleur et la gravité des interférences survenues dans le fonctionnement de services placés sous la responsabilité hiérarchique ou fonctionnelle du ministre de l’intérieur, et d’évaluer les conséquences des perturbations constatées sur le fonctionnement normal de ces services.

À l’issue de ses travaux, la commission fera des propositions d’amélioration du fonctionnement de notre État de droit pour que de tels faits ne se reproduisent pas, en veillant tout particulièrement au respect des missions constitutionnelles distinctes de la présidence de la République et du Gouvernement.

Elle n’a naturellement pas vocation à s’intéresser aux infractions qui ont pu être commises mais à évaluer le fonctionnement de services publics pour contribuer à l’améliorer, dans le cadre de la fonction de contrôle dévolue au Parlement à l’égard des administrations placées sous l’autorité du Gouvernement.

Pour mener à bien cette mission, le Sénat, par un vote unanime, a doté la commission des lois des pouvoirs d’une commission d’enquête, pour une durée de six mois. Elle a déjà procédé à 19 auditions de responsables politiques et administratifs, qui ont été entendus sous serment.

Elle a aussi sollicité de plusieurs autorités, en particulier la présidence de la République et le ministère de l’intérieur, la communication des pièces et documents qu’elle a jugé nécessaires.

Selon Muriel Jourda, co-rapporteur : "Ces premières auditions ont permis de mieux comprendre les conditions dans lesquelles MM. Alexandre Benalla et Vincent Crase ont pu participer aux opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations du 1er mai. Elles ont aussi fait émerger un questionnement sur l’articulation des relations entre les services de la présidence de la République, du ministère de l’intérieur et de la préfecture de police".

À l’issue de cette première série d’auditions, des contradictions persistent. Pour le co‑rapporteur Jean‑Pierre Sueur : "La commission des lois n’a pas été, à ce stade, en mesure de lever les doutes sur les missions réelles de M. Benalla au sein du cabinet du chef de l’État, ni de répondre à toutes les interrogations sur les conditions de l’organisation de la sécurité du Président de la République dans la période récente, en lien avec le ministère de l’intérieur, et sur les perspectives d’évolution de cette organisation".

La commission des lois poursuivra ses travaux à partir du mois de septembre. Comme le relève le président Philippe Bas : "Les auditions à venir auront en premier lieu pour objectif de lever les incohérences qui demeurent. Au-delà, il s’agira de faire les préconisations nécessaires pour que le fonctionnement normal d’administrations placées par la Constitution sous la seule autorité du Gouvernement, soit assuré sans interférences, dans le respect des règles fondamentales des fonctions publiques civiles et militaires".

Jean-Pierre Sueur est intervenu le 31 juillet au Sénat, lors de la dernière lecture du projet de loi sur l’asile et l’immigration. Il a dénoncé la « question préalable de confort » dont le vote a été rendu possible par une coalition hétéroclite, et qui a empêché un nouveau débat et le vote d’amendements sur ce texte au motif que « l’Assemblée nationale ferait ce qu’elle voudrait » en ultime lecture. S’opposant à cette question préalable, Jean-Pierre Sueur a souligné les insuffisances de ce texte qui, pour lui, méconnaît les enjeux essentiels liés aux phénomènes migratoires qui continueront à se développer dans le monde entier, à la nécessaire politique européenne en la matière, notamment pour lutter contre l’activité criminelle des « passeurs » qui transforme la mer Méditerranée en un « cimetière à ciel ouvert », ainsi qu’à tout ce qui concerne l’intégration. Il a souligné qu’en ultime lecture, l’Assemblée nationale avait la possibilité de reprendre des formulations du Sénat, conformément à la Constitution. Et il a mis en garde ses collègues sénateurs par rapport à la future réforme constitutionnelle : « Ne donnons pas, par de telles procédures, des arguments à ceux qui voudraient, à l’occasion de cette réforme constitutionnelle, réduire le rôle du Sénat dans le débat parlementaire, après les commissions mixtes paritaires, ce qui serait une atteinte - que nous récusons – au bicamérisme. »
 

Jean-Pierre Sueur a posé ce mardi 31 juillet une question orale à Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, sur les modalités de réparation du préjudice subi par les victimes du Distilbène (DES).
Il a dit : « La prise de ce médicament, qui a été prescrit à des femmes au cours de leur grossesse entre 1948 et 1977, et dont la toxicité est aujourd'hui avérée, a eu des conséquences délétères sur la santé de trois générations : elles-mêmes (« mères DES »), leurs enfants (« fils et filles DES ») et leurs petits-enfants (« petits-enfants DES ») ». Il a rappelé qu'elle a considéré, dans une réponse à une question écrite n° 1037 publiée le 31 mai 2018 (Journal officiel des questions du Sénat, p. 2 711), que le dispositif mis en place dans le cadre du dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, comprenant la prise en charge intégrale de l'analyse du frottis par l'assurance maladie tous les trois ans, constituait une réponse adaptée aux risques auxquels sont exposées les « filles DES ». Il a fait observer que « cette réponse méconnaît tout de la nécessité du suivi spécifique de ces victimes, dont le risque de développer un cancer ACC du col utérin et du vagin est démultiplié. Les « filles DES » ont par ailleurs un risque accru de dysplasie du col et du vagin. C'est pourquoi une consultation médicale annuelle et adaptée constitue la condition indispensable d'une prévention pertinente pour elles. Il faut d'ailleurs observer que l'institut national du cancer (INCa) a précisé que les femmes sous traitement immunosuppresseur pendant de longues durées, les femmes porteuses du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et les femmes exposées in utero au DES (« filles DES ») présentaient un risque majoré de cancer du col de l'utérus et nécessitaient un suivi spécialisé. Or, contrairement aux deux autres catégories de femmes, les « filles DES » ne bénéficient d'aucun statut particulier. De ce fait, elles ne sont pas incitées à effectuer un dépistage suffisamment régulier eu égard à leur vulnérabilité spécifique. Cela peut constituer un risque majeur pour leur état de santé ». Il lui a demandé en conséquence quelles dispositions elle comptait prendre afin d'octroyer un statut spécifique à ces femmes, victimes du DES, et de les faire bénéficier d'une prise en charge à 100 % par le régime général d'assurance maladie d'une consultation gynécologique annuelle, adaptée à leur situation et comprenant la réalisation d'un frottis spécifique.
 
 
Sophie CLUZEL, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées lui a apporté, au nom d'Agnès BUZYN, la réponse suivante :
 
« Monsieur le sénateur Jean-Pierre Sueur, chacun connaît ici votre investissement sur ce sujet depuis de nombreuses années et je vous remercie pour votre question. Comme vous le savez, le Distilbène est un oestrogène de synthèse qui a été prescrit à partir de 1940 pour réduire le risque de fausse couche et a été en 1980 suite à diverses alertes sanitaires sur la nocivité du produit. Les femmes ont été exposées in utero sont confrontées à des anomalies du col de l’utérus et des trompes, pouvant entraîner la stérilité ou les accidents de grossesse. Ainsi, depuis 2006, les femmes souffrant d’une grossesse pathologique liée à l’exposition in utéro au DES, peuvent bénéficier d’un congé maternité spécifique. Elles peuvent ainsi se voir attribuer le versement d’indemnité journalière maternité dès le premier jour de l’arrêt de travail et jusqu’au bout du congé prénatal légal. Une telle prise en charge permet aujourd’hui de compenser la nécessité pour ces femmes de cesser le travail bien avant le début du congé prénatal. Les femmes ont également un risque accru de certains cancers féminins. Le risque majoré de cancer du col de l’utérus a conduit l’institut de lutte contre le cancer à recommander un suivi particulier, avec la réalisation d’un frottis annuel. Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus prévoit la prise en charge à 100% d’un frottis pour les femmes n’en ayant pas réalisé lors des trois dernières années. L’arrêté qui définit le périmètre de dépistage précise bien que les femmes exposées au distilbène deuxième génération sont inclues dans la population cible. Il est donc essentiel d’intégrer celles qui ne réalisent pas de frottis ou pas suffisamment régulièrement. Pour celles qui réalisent un frottis annuel, la participation de l’assurée sur le frottis et la consultation sans dépassement d’honoraire est intégralement prise en charge par l’assurance obligatoire et complémentaire ; dans le cadre des contrats responsables qui représentent 95% des contrats de marché. Pour les personnes ayant des difficultés financières, l’action sociale des caisses peut permettre de prendre en charge les frais de suivi. Les caisses pourraient être sensibilisées à ce sujet. Enfin, s’agissant de l’information de ces femmes quant aux examens nécessaires à leur suivi, le site de l’Assurance maladie, Ameli.fr, contient les renseignements utiles sur la possibilité d’un allongement de la période de versement de l’indemnité journalière maternité. A court terme, l’information sur la réalisation du frottis annuel pourrait y être développée sur la base de recommandations médicales établies. »
 

Ayant été élu co-rapporteur de la commission d’enquête parlementaire du Sénat qui a été créée à la suite des faits qui sont apparus ou ont été induits parce qu’on appelle « l’affaire Benalla », je tiens à apporter ici quelques précisions – sans pour autant anticiper sur les conclusions que notre commission, et ses rapporteurs, rendront publiques le moment venu.

D’abord, une commission d’enquête parlementaire n’est pas un tribunal. Elle ne juge personne. Et elle ne prononce pas de sanction. Et d’ailleurs, elle ne peut pas traiter des faits dont la justice a été saisie ou s’est saisie.

Non : son but est d’établir la vérité, de mettre en évidence, le plus précisément possible, les dysfonctionnements qui ont eu lieu et de faire des propositions pour éviter que ceux-ci perdurent ou se renouvellent.

C’est dire qu’une commission d’enquête parlementaire n’est pas, ne doit pas être un lieu d’un combat politique ou de conflits politiques – comme ce fut le cas à l’Assemblée Nationale, ce que je déplore.

Les membres d’une commission d’enquête appartiennent à TOUS les groupes du Sénat – comme de l’Assemblée. Nous sommes deux co-rapporteurs, ma collègue Muriel Jourda et moi-même qui n’appartenons pas aux mêmes groupes politiques. Cependant, aux côtés du président, Philippe Bas, nous ne menons, les uns et les autres – avec mes collègues sénateurs qui interviennent et posent des questions lors de nos travaux – qu’un seul combat : le combat pour la VÉRITÉ, pour mettre à jour les contradictions, les insuffisances, les dysfonctionnements – et pour y remédier.

Chacun et chacune, à sa place, contribue à l’œuvre commune.

C’est pourquoi nombre des rapports des commissions d’enquête du Sénat sont adoptés à l’unanimité, après un travail approfondi.

Et en un mot, il s’agit de servir la République.

C’est à quoi je m’attache et continuerai à m’attacher dans la suite de nos travaux, en toute indépendance, avec vigilance et sans complaisance.

Jean-Pierre Sueur

>> Voir toutes les vidéos des auditions

>> Le programme des auditions du lundi 30 et du mardi 31 juillet

 

Dans la presse

>> La République du Centre, 28 juillet : L’affaire Benalla transite par le Loiret

>> Mag'Centre, 23 juillet : Jean-Pierre Sueur (PS-Loiret) rapporteur de la commission d’enquête du Sénat

>> RFI, 30 juillet : Jean-Pierre Sueur sur l'affaire Benalla : « Mon but, c'est de connaître la vérité »

>> La République du Centre, 21 juillet : « Comment le Président a-t-il pu se soustraire à la loi ? »

>> France Info, 24 juillet

>> RMC/BFM TV, 27 juillet : « Des documents prouvent qu'il exerce une mission de police » 

>> France 3 Centre-Val de Loire, 27 juillet

>> Mag'Centre, 24 juillet : Les policiers très remontés

>> Le Monde, 23 juillet : L'audition très attendue du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron

>> Le Monde, 26 juillet : Ce qu’il faut retenir de l’audition du secrétaire général de l’Elysée par le Sénat

>> Le Monde, 26 juillet : Pour le secrétaire général de l’Elysée, la sanction à l’encontre de Benalla « peut apparaître insuffisante »

>> Le Huffpost, 25 juillet : Gérard Collomb en apprend "tous les jours" et égratigne au passage les socialistes

>> Le Huffpost, 26 juillet : lL Parlement prouve qu’il ne veut pas être transformé en fan-club du Président

>> Public Sénat, 23 juillet : « Il faut remettre en cause la réforme de la Constitution », selon le sénateur socialiste Rémi Féraud

>> Public Sénat, 24 juillet : Que retenir de l'audition de Gérard Collomb au Sénat ?

>> L'Obs, 23 juillet : Le Sénat auditionne jeudi le secrétaire général de l'Elysée

>> Le Courrier du Soir, 25 juillet : Le DG de la Police Nationale détruit la version de l’Elysée et aggrave la crise

>> L'Essor de la Gendarmerie nationale, 25 juillet : Le directeur de la Gendarmerie assume la nomination de Benalla comme spécialiste dans la réserve

>> La Croix, 27 juillet : Ce que l’on sait après une semaine

>> Le JDD, 26 juillet : Sur le port d'arme accordé à Alexandre Benalla, le secrétaire général de l'Elysée est mis en difficulté

>> L'Express, 26 juillet : Le meilleur du Sénat et le pire de l'Assemblée

>> Bourse Direct, 26 juillet : Port d'arme de Benalla en raison de sa "mission de police" ? Kohler ne répond pas

 

Il faut féliciter Olivier Jouin et les 250 bénévoles qui nous offrent cette année – et pour quatre ans – un spectacle très remarquable sur la Résistance, telle qu’elle a été vécue dans le Val de Loire, la Sologne et la Beauce.

Les « son & lumière » de Cléry étaient jusqu’ici consacrés à une histoire plus lointaine dans le temps. Il y eut Louis XI, Dunois, Jeanne d’Arc, la Renaissance, la Révolution Française évoquée du point de vue des femmes. Cette année, c’est une histoire plus contemporaine qui nous est racontée. Et cela est fait avec vérité, justesse, efficacité. La mise en scène est parfaitement au point. On mesure combien, depuis l’écriture du texte, la composition de la musique, l’élaboration des décors et de la bande-son jusqu’au jeu de très nombreux acteurs, cela a demandé des heures et des heures de répétition – et beaucoup de travail.

Mais le résultat est là.

D’ailleurs les spectateurs, qui sont les meilleurs juges, expriment fortement leur enthousiasme à la fin de la représentation.

J’ajoute que ce « son & lumière » a une grande vertu pédagogique. Il permet à toutes les jeunes et moins jeunes générations de connaître cette page d’histoire et d’apprendre ou de se souvenir de tout ce que nous devons aux « combattants de l’ombre » que furent les Résistants.

JPS

Je tiens à saluer tout particulièrement le retour des « Nocturnes » à Ferrières-en-Gâtinais.

On le sait : cette manifestation, très originale, s’était interrompue durant une année.

Et puis grâce – là aussi – à de très nombreux bénévoles parfaitement désintéressés, amoureux du patrimoine exceptionnel de Ferrières, autour de son abbaye, de son abbatiale, de sa ville ancienne et de ses ruelles descendant vers le lavoir – les Nocturnes sont repartis !

Le concept est original. Les visiteurs sont invités à participer à une vingtaine de spectacles disséminés dans les lieux remarquables de la cité.

Il y a dans l’abbatiale ces structures blanches, faites d’acteurs qui se figent et nous offrent des tableaux des scènes de l’ancien et du nouveau Testament très impressionnants.

Il y a tout le peuple des bâtisseurs devant l’église.

À Bethléem – autre lieu de culte – l’histoire, la longue histoire de Ferrières est mise en scène.

À côté, c’est une farce, Giani Schichi, qui nous est présentée, servie par des comédiens enjoués.

À tous les coins de rue, tout un peuple de sorcières, de chanteurs, danseurs er lavandières nous attend…

C’est toute la ville – ses pierres illuminées – et ses habitants devenus comédiens qui se changent, se transfigurent en spectacle vivant.

Ne manquez pas les « Nocturnes ».

JPS

 

 
 
 
 

« Exaspération ! ». C’est par ce mot que Jean-Pierre Sueur a commencé son intervention par laquelle il a, dix minutes durant, soutenu avec force la proposition de loi renforçant la lutte contre les rodéos motorisés. « Exaspération, - a-t-il dit - de nombre de nos concitoyens, dont nous ont fait part beaucoup de maires dont - dans le Loiret - Fleury-les-Aubrais et Sully-sur-Loire, et qui est liée à la fois au danger  pour la sécurité publique et aux fortes nuisances sonores  induites par ces rodéos motorisés.
 
Il a souligné que cette proposition de loi présentait l’avantage de définir précisément ce phénomène dans la loi. Il a ajouté qu’elle accroissait les peines applicables et donnait aux juges la possibilité de décider d’une gamme de sanctions adaptées, incluant la confiscation du véhicule. 
 
Jean-Pierre Sueur a insisté sur la nécessité de pouvoir recourir à la vidéo pour établir les faits, sur l’importance de la prévention et sur la nécessité de donner aux personnels de la police et de la gendarmerie les moyens d’appliquer effectivement la loi.
 
Le texte ayant été adopté dans les mêmes termes par le Sénat et l’Assemblée Nationale, il est définitivement adopté et sera prochainement promulgué. 
 

Actuellement, près de 200.000 logements sont considérés en France comme indignes, c’est-à-dire qu’ils représentent « un déni au droit au logement et portent atteinte à la dignité humaine » selon la définition de l’Insee. Les propriétaires qui les exploitent, appelés « marchands de sommeil », profitent de la position de faiblesse des locataires pour leur louer un bien indécent et insalubre. 
 
Un amendement, présenté par Jean-Pierre Sueur a été adopté le 24 juillet par le Sénat. Son objet est d’appliquer aux personnes physiques et morales condamnées pour avoir soumis une ou plusieurs personnes à des conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine, la peine de confiscation générale de leur patrimoine, comme c'est le cas en matière de blanchiment.
 
La confiscation pourra alors porter sur tout ou partie des biens appartenant au condamné, quelle que soit leur origine, licite ou illicite, même en l'absence de tout lien avec l'infraction, ainsi qu'à tous les biens dont il a la libre disposition, sous réserve des droits des tiers de bonne foi.
 
 
 

Je n'insisterai pas sur la gravité de la situation créée par ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Benalla".

Il est sans précédent sous la Cinquième République qu'un gouvernement se trouve dans l'impossibilité de faire en sorte qu'un débat se poursuive sur un projet de loi essentiel - il s'agit de la Constitution - au sein d'une Assemblée Nationale où il doit théoriquement compter sur une majorité absolue.

La commission des lois du Sénat m'a fait l'honneur de me désigner comme co-rapporteur de la commission d'enquête instaurée au sein de notre Assemblée.

Ce qui compte aujourd'hui, c'est la vérité, toute la vérité sur ce qui s'est passé, mais aussi sur le fonctionnement de toutes les instances concernées, ou existant de fait, en matière de sécurité publique.

C'est ce à quoi je m'attacherai, dans l'exercice de la mission qui m'a été confiée, en totale indépendance, et avec une grande vigilance.

JPS

 

>> Nous reproduisons ci-dessous :

>> (Ré) écouter mon interview sur France Info le mardi 24 juillet

>> Le programme des premières auditions menées par la commission d'enquête (diffusées en direct sur www.senat.fr)

 

  

S'appuyant sur le dernier rapport du Défenseur des Droits, Jean-Pierre Sueur a saisi le Premier ministre, Édouard Philippe, sur la nécessité d'offrir à toute personne une possibilité d'effectuer des démarches administratives sans forcément recourir au numérique.

Le Premier ministre lui a répondu.

> Lire la question écrite et la réponse.

Jean-Pierre Sueur est intervenu à de nombreuses reprises lors du débat sur le projet de loi "Évolution du logement, de l'Aménagement et du Numérique".

Il a notamment défendu le patrimoine, les architectes, les concours d'architecture, l'accès des artisans et PME aux marchés publics - en particulier s'agissant des logements sociaux.

 

 (Re) lire les communiqués publiés

>> Au Sénat, Jean-Pierre Sueur défend le patrimoine

>> Au Sénat, Jean-Pierre Sueur défend l'architecture et les architectes

 

 (Re) voir ses principales interventions

>> Sur le rôle des Architectes des Bâtiments de France pour défendre le patrimoine : ici ou encore

>> Sur la liberté d'accès aux marchés publics : Jean-Pierre Sueur défend les positions des architectes, des artisans du bâtiment (CAPEB), des entreprises de second œuvre et PME du bâtiment.

>> Sur les concours d'architecture, notamment pour les logements sociaux

>> Sur le soutien aux jeunes architectes

Je tiens à signaler tout particulièrement le livre de Patrick Communal intitulé « La petite reine de Kaboul » qui vient de paraître aux éditions de l’Atelier.
L’héroïne de ce livre, Masomah Ali Zada, était membre, avec d’autres jeunes filles, de l’équipe nationale féminine de cyclisme d’Afghanistan.
Comme elle l’écrit : « En Afghanistan, faire du vélo est considéré comme un des plus grands péchés et déshonneurs qui puissent arriver aux filles. De ce fait, elles n’osent pas en faire et leurs familles ne le permettent pas ».
Pour s’entraîner, Masomah et ses compagnes doivent faire rappel à nombre de ruses et de précautions. Elles sont constamment menacées.
Patrick Communal écrit : « Au début, Masomah a peur, mais elle va au-delà de sa peur, elle affronte son pays, le peuple afghan, pour dire et redire que le destin des femmes ne peut être une vie d’esclave au service d’un homme et de sa famille, que les femmes doivent pouvoir faire du sport, des études, décider de leur avenir ».
Les menaces et menaces de mort visent nos jeunes cyclistes. Leur situation devient plus difficile encore lorsqu’elles participent – au prix de nombre de difficultés – à des compétitions internationales, ce qui accroît leur notoriété et donc les menaces qui pèsent sur elles…
Comme l’écrit Pascal Martineau dans sa préface, « Ce récit qui nous conduit de Kaboul à Guéhenno en passant par Katmandou, Téhéran, Dubaï, Prague, Paris, Orléans, Albi et Lille, plus encore qu’une histoire exemplaire de solidarité reliant des vies a priori si éloignées, est une invitation à une réflexion tout autant individuelle que collective sur l’altruisme ».
JPS
 
 
 
 

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat, lors du débat sur le projet de loi sur le logement, l’aménagement et le numérique (ÉLAN) pour défendre les concours d’architecture dont, selon les termes du projet de loi, tous les organismes de logement social pourront se dispenser , dans tous les cas et en toutes circonstances. Il a défendu la nécessité d’une architecture de qualité pour les logements sociaux. 
Il a fait part de la vive préoccupation des architectes devant les mesures  inscrites dans ce projet de loi (réduction des prérogatives des Architectes des Bâtiments de France, multiplication des « marchés globaux »,  limitation des concours d’architecture, etc.) dont l’effet cumulé sera de porter atteinte à la création architecturale, à l’égal accès à la commande publique et à la protection du patrimoine. 
 

Jean-Pierre Sueur, vice président de la commission des lois du Sénat, est intervenu ce 20 juillet au Sénat pour préciser que la commission des lois du Sénat demanderait à se constituer en commission d’enquête parlementaire, non seulement pour auditionner le ministre de l’Intérieur, mais pour procéder à l’examen de l’ensemble des questions induites  par  les événements récemment divulgués  - évoquant notamment les questions relatives aux agissements  des personnes assurant des missions de sécurité auprès  des autorités publiques. 
Il a, par ailleurs, répondu au ministre Jacques Mézard qui avait déclaré que les membres du gouvernement avaient répondu la veille à toutes les questions des sénateurs. Il s’est inscrit en faux contre cette affirmation, rappelant qu’une question qui  avait été posée par des orateurs de trois groupes politiques différents n’avait reçu aucune réponse. Cette question, essentielle, est la suivante : pourquoi le président de la République n’a-t-il pas fait application de l’article 40 du code de procédure pénale qui lui faisait obligation de saisir ou de faire saisir « sans délai » le procureur de la République dès lors qu’il avait connaissance - ce qui est avéré - des faits délictuels en cause ?
 

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat, le 18 juillet, dans le débat sur le projet de loi relatif au logement, à l’aménagement et au numérique, pour défendre, avec force, le respect du patrimoine. 
Il a rappelé les combats menés par le passé avec Jack Ralite, Catherine Tasca, Yves Dauge, Yann Gaillard et tant d’autres face à un vote de l’Assemblée Nationale qui avait ôté leurs prérogatives aux Architectes des Bâtiments  de France (ABF). 
Tout en insistant sur le nécessaire dialogue entre les ABF et les élus locaux, ainsi que sur les voies de recours que ceux-ci peuvent désormais mettre en œuvre, il s’est opposé à des dérogations, certes limitées, que le projet de loi instaure par rapport aux prérogatives des ABF, y voyant  le début d’un processus qui pourra se développer au détriment de la protection de notre patrimoine. 
Le vote a été serré puisque les dérogations ont été adoptées par 173 voix contre 168, soit  voix d’écart. 
Jean-Pierre Sueur restera vigilant sur cette question de la préservation et de la valorisation du patrimoine, qui, depuis André Malraux - qu’il a cité -, constitue l’une des missions majeures du ministère de la culture.     
 

Depuis 2008, le président de la République peut s’adresser à l’ensemble des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. À mon sens, cette procédure doit être utilisée dans des circonstances exceptionnelles (comme l’a fait François Hollande après les attentats terroristes) ou solennelles. Et je ne suis pas sûr qu’il soit souhaitable de la banaliser.
Il y a dans cette procédure un aspect qui peut paraître étrange. Puisque, comme nous l’avons à nouveau vécu le 9 juillet, le président de la République parle durant une heure et demie et il s’en va… Et les représentants des groupes politiques de l’Assemblée Nationale et du Sénat s’expriment ensuite… en son absence !
Pour remédier à cette apparente incongruité, Emmanuel Macron a proposé une (nouvelle) révision constitutionnelle qui permettrait au président de la République de rester sur place et de répondre aux parlementaires.
Je crains pour ma part que cette innovation, si elle était adoptée, n’entraîne une dérive vers une logique qui nous rapprocherait de la Quatrième République. Dans la Constitution de 1958, c’est le Premier ministre qui répond aux parlementaires. C’est lui qui est responsable devant eux.
D’ailleurs, Emmanuel Macron a, en fait, prononcé devant le Congrès, le 9 juillet, un discours de politique générale (même s’il a annoncé peu de mesures concrètes), ce qui – toujours dans la Constitution de 1958 – est l’apanage du Premier ministre.
Il est, certes, légitime de défendre, en France comme ailleurs, un régime présidentiel – c’est-à-dire un régime dans lequel il n’y aurait plus de Premier ministre, le président de la République jouant, de fait, ce rôle, ni de dissolution, ni de motion de censure. Certains défendent cette thèse à laquelle mon ami, hélas disparu, grand constitutionnaliste, Guy Carcassonne, était farouchement opposé. Il pensait, en effet, que le dispositif que nous connaissons se caractérise par une souplesse qui a permis de s’adapter à nombre de situations différentes depuis 60 ans, y compris aux « cohabitations ».
Toujours est-il qu’il serait contestable d’aller vers une telle évolution de manière subreptice à la faveur d’un amendement de circonstance.
Jean-Pierre Sueur.
 

À la demande de Christian Braux, maire de Saint-Cyr-en-Val, Jean-Pierre Sueur était intervenu auprès du Premier ministre, Édouard Philippe, au sujet des conditions de vie des personnes autistes et de leurs aidants.

Édouard Philippe lui a répondu.

> Lire la lettre du Premier ministre.

Jean-Pierre Sueur a posé à Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, une question écrite relative aux préoccupations des kinésithérapeutes

>> la question écrite

 

Aux côtés de Patrick Kanner, président du groupe socialiste et républicain du Sénat, Jean-Pierre Sueur a reçu Paul Néaoutyine, président de la Province Nord de la Nouvelle Calédonie et, avec lui, une délégation du groupe de l'Union nationale pour l'indépendance (UNI) du Congrès de la Nouvelle Calédonie.

> Lire le communiqué publié à l'issue de cette rencontre 

La Compagnie Clin d'Œil a quitté temporairement le Loiret, et Saint-Jean de Braye, pour s'installer pour un mois en Avignon où, dans le cadre du festival "Off", elle présente un spectacle poétique, mis en scène par Aurélie Audax, dont le titre - un peu long ! - "Il y a des jours où le mot moi devient insupportable" ne doit pas rebuter - tout au contraire !

Ce spectacle, réalisé d'après la pièce "Le Cabaret des mots" du poète-dramatruge franco-roumain Matéï Visniec, est consacré aux mots qui, tels des êtres vivants, nous parlent, se parlent, se contredisent, s'aiment, s'adorent, se détestent, ne peuvent plus se voir, se retrouvent, etc.

C'est un spectacle, donc, de pure poésie, qui est une réflexion sur le langage, notre rapport au langage et aux mots. Aux mots en liberté - en toute liberté.

N'hésitez pas à aller le voir, jusqu'au 29 juillet, à 17h30, au théâtre "Le Petit Chien", 76 rue Guillaume Puy (réservation : 04 84 51 07 48).

JPS

 

 
 

Jean-Pierre Sueur avait interpellé Élisabeth Borne, ministre chargée des transports, sur les graves dysfonctionnements constatés à la gare d’Orléans fin 2017.
Élisabeth Borne vient de lui apporter la réponse ci-jointe qui porte à la fois sur ces dysfonctionnements et aussi sur l’ensemble des travaux aujourd’hui programmés sur la ligne SNCF Paris-Orléans, pour le tronçon situé au nord d’Orléans.
 

Jean-Pierre Sueur a été reçu avec Anne Cognieux et Pascal Bourreau, responsables de la CFDT du groupe Thalès, au ministère des Armées le 11 juillet par Hervé Grandjean et Animya N’Tchandy, conseillers auprès de Florence Parly, ministre des Armées.
Cette audience avait pour objet d’évoquer les questions et les inquiétudes des salariés de Thalès par rapport au contexte créé par l’opération en cours de rachat du groupe Gemalto par le groupe Thalès.
Au terme de cette audience, Hervé Grandjean a assuré ses interlocuteurs de la grande vigilance du ministère des Armées pour ce qui est de l’indépendance du groupe Thalès et de la préservation de ses compétences et intérêts souverains en ce qui concerne les enjeux industriels liés à la Défense. Il les a également assurés de la grande vigilance du ministère par rapport à toute fuite éventuelle de données.
Hervé Grandjean les a également assurés de toute l’attention du ministère des Armées quant aux futures créations d’emplois au sein du groupe Thalès.
Dans le Loiret, le groupe Thalès est implanté à La-Ferté-Saint-Aubin et à Fleury-les-Aubrais.
 

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat lors du débat relatif à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Il a défendu un amendement selon lequel tout acte de pénétration sexuelle entre un majeur et une personne mineure de moins de 13 ans doit être considéré comme un crime de violence sexuelle. Cette mesure avait été approuvée unanimement par la délégation aux droits des femmes du Sénat.

 Jean-Pierre Sueur a exposé que cette mesure lui paraissait indispensable pour la protection de l’enfance et a notamment répondu aux objections selon lesquelles cette mesure pourrait avoir pour effet de réduire, en fait, les mesures répressives contre les viols et agressions sexuelles dont les victimes ont plus de 13 ans en exposant que l’adjonction de la disposition qu’il a défendue  ne supprimait aucun article, aucune ligne des lois pénales en vigueur à ce sujet.

Jean-Pierre Sueur regrette que l’amendement qu’il a défendu avec beaucoup d’autres n’ait pas été adopté par la majorité du Sénat.

>> Lire le compte-rendu de son intervention

 

Ce fut un bonheur que de vivre dans l’Agora de Montpellier à ciel ouvert, devant une façade ocre, la première de la nouvelle création de Maud Le Pladec, directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans (CCNO), intitulée Twenty seven perspectives.

La météorologie, certes, réserva une surprise. La pluie se mit à tomber, et après une demi-heure d’un spectacle magique, il fallut que tout s'arrêtât. Il y eut une intense déception, suivie d’une interrogation. Pourra-t-on reprendre ? Oui, on le put. L’incident avait créé un espoir, un effet d’attente. Tout fut encore plus beau, magnifié, ensuite.

Cette nouvelle création de Maud Le Pladec est un ballet dont la musique est la reprise constante du thème de la Symphonie Inachevée de Schubert. C’est un dialogue serré entre la musique et la danse, entre la symphonie et le mouvement des corps, servi par dix danseurs qui donnent beaucoup d’eux-mêmes. C’est un travail très rigoureux qui reprend et transcende les formes classiques.

« L’idée est peut-être d’achever cette symphonie, voire d’en épuiser la forme autour de variations gestuelles et chorégraphiques » écrit Maud Le Pladec. Nous serons heureux de redécouvrir à Orléans cette œuvre qui fait assurément honneur au CCNO.

JPS

  • Dans le cadre d’une tournée en France et en Belgique, Twenty seven perspectives sera sur la Scène nationale d’Orléans les 10 et 11 janvier 2019
 
 
 

« Jean-Benoît Puech est né en 1947. Il a été enseignant à l’Université d’Orléans et a publié une quinzaine de livres depuis le premier en 1979. »

Voilà ce que l’on lit sur la « quatrième de couverture » du nouvel ouvrage du même auteur qui, comme ce fut le cas pour l’un des précédents, Orléans de ma jeunesse, se présente en apparente rupture avec tous les autres, comme un récit au « premier degré. »

Ce récit intitulé Une adolescence en Touraine est, en effet, linéaire. C’est une belle histoire, souvent romantique, voire mélancolique. Elle commence à Orléans et se poursuit à Chinon, où le jeune Jean-Benoît est expédié pour y faire de meilleures études, en classe de troisième. Là, il est hébergé à l’Hôtel de la Boule d’or, tenu par des membres de sa famille.

On aura auparavant reconnu Orléans, la rue de Vaucouleurs, la Maison des Tourelles entre La Source, La Ferté-Saint-Aubin et Marcilly, que j’eus, pour d’autres raisons, l’occasion de connaître. Et tous les symptômes de l’adolescence, des « Signes de piste » illustrés par Pierre Joubert en passant par les Marabout Junior, les œuvres de Michel Quoist, Hugues Aufray, Pascale Audret, et bien sûr Françoise Hardy (« Message personnel »)…

Et puis, à Chinon, Jean-Benoît découvre Odile – et son amie Anne. Il nous conte l’histoire de sa liaison avec Odile. Une liaison pure, faite de retenue. C’est un peu plus et un peu moins que le « vert paradis des amours enfantines. » Ce sont des promenades, des cachettes dans des îles, des parcs ouverts avec effraction. Des thés partagés. Toutes sortes de thés.

Lui vit parallèlement de longs voyages littéraires, de Patrice de la Tour du Pin à Julien Green et à Jean-Paul Sartre…

En lisant cette prose censément écrite « au premier degré », on découvre combien Jean-Benoît Puech prend plaisir à décrire, à conter, à écrire. Ce qui est le plus remarquable dans ce livre, c’est le grain de l’écriture.

Notre auteur peut bien nous expliquer au détour d’une phrase ou dans une note exhaustive (page 153) que cette littérature censément plus simple est en fait le « substrat », la « structure profonde » - les fragments de vraie vie - qui ont engendré tant de chapitres de ses livres riches en dédoublement et en complexité.

Mais est-ce si sûr ? La prose d’Une adolescence en Touraine est plus riche et plus ambigüe qu’il y paraît de prime abord. Elle est faite de désirs inavoués, de tourments, de rêves contrariés, de recherches de plénitude et aussi de descriptions au scalpel qui alternent avec les analyses psychologiques.

Non, Jean-Benoît : ce n’est pas une littérature « au premier degré. » En tout cas, elle mérite d’être lue.

Jean-Pierre Sueur

  • Ce livre est paru aux éditions Le Guépin.

François Landré nous a quittés. Il fut durant trois mandats maire de Jargeau, puis conseiller général. Il s’identifiait à sa commune à laquelle il était profondément dévoué. Durant ses mandats, il a constamment cherché à rassembler, à unir les élus et les habitants au service de sa ville qu’il connaissait bien et au sein de laquelle il était, hier encore, reconnu et respecté.

François Landré avait de fortes convictions européennes. Lui qui aimait les arbres – il était arboriculteur – disait qu’il fallait constamment cultiver l’esprit européen, gage de paix. C’est pourquoi il s’est  beaucoup impliqué dans les jumelages de Jargeau avec Corsham en Grande-Bretagne et Reilingen en Allemagne.

Il avait courageusement tenu, malgré certaines oppositions, à ce qu’une stèle fût érigée pour rappeler les souffrances endurées pendant la guerre, et plus tard, par les tsiganes, sur le terrain où le collège de Jargeau a été érigé.

François Landré fut aussi président de la « Maison de Loire ».

À la fois discret, attentif et chaleureux, François Landré aura marqué sa commune, et bien au-delà nombre de ceux – dont je suis – qui ont eu la chance de le connaître et de partager bien des dialogues avec lui.

JPS

Comment et pourquoi cacher l’émotion que j’ai éprouvée lors de la cérémonie digne, forte et belle qui a précédé l’entrée au Panthéon de Simone et Antoine Veil ?

Il y eut la musique infiniment juste, la chorale de jeunes enthousiaste – cela ne trompe pas –, « Nuit et brouillard », les paroles qu’il fallait dire et aussi, et surtout, le chant des oiseaux enregistré quelques jours auparavant à cinq heures du matin à Birkenau.

Simone Veil, dans les jours d’épreuve qu’elle vivait en déportation, regardait les arbres et écoutait les oiseaux. Elle se raccrochait aux battements de la vie.

Sa vie, elle fut extraordinaire.

Simone fut arrêtée le soir où s’achevaient les épreuves du baccalauréat. Déportée, elle dut de garder la vie au fait qu’elle déclara un âge qui n’était pas le sien. Il y avait deux files. Elle échappa ainsi à celle qui menait directement à la mort.

Une surveillante lui dit qu’il serait dommage qu’une jeune fille si belle meure dans le camp. Elle lui proposa d’aller dans les ateliers. Alors qu’elle n’était pas en situation de revendiquer quoi que ce soit, Simone exigea cependant que sa mère et sa sœur l’y accompagnent. Et elle l’obtint.

Longtemps, elle ne parla pas de la déportation, mais elle n’oublia rien.

Magistrate, elle défendit bec et ongles la situation des femmes détenues. On comprend pourquoi.

Un autre souvenir me revient. Je l’ai dit le plus sincèrement que je l’ai pu, ce dimanche soir, sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire.

Ce souvenir, c’est celui de la loi de 1974 instaurant l’interruption volontaire de grossesse qu’avaient voulue Valéry Giscard d’Estaing, président de la République, et Jacques Chirac, Premier ministre.

Il y a quelque chose qui, encore aujourd’hui, me fait honte et qui est à inscrire au tableau du déshonneur de la politique. C’est l’attitude de ces députés qui, dans un hémicycle presque totalement masculin, ont méprisé, vilipendé et même injurié cette femme qui était très droite, parlait sans peur, disait toute la force de sa conviction, parlait pour tellement de femmes, peut-être toutes les femmes.

Simone n’oubliera jamais que, sans les voix de la gauche, sa loi n’aurait pas été votée.

Je me souviens de ce rassemblement au cours duquel deux mille femmes maires l’applaudirent longuement.

Et puis il y eut le Club Vauban, fondé par Antoine, qui réunissait chaque mois une vingtaine de « politiques », une moitié de gauche (qu’il appelait les « partageux »), une moitié de droite (qu’il appelait les « parcimonieux »).

Simone, et Antoine à ses côtés, se défiaient de la politique politicienne. Ils voulaient rassembler sur la base de valeurs humanistes, sociales, et aussi, et surtout, sur un attachement indéfectible à la construction européenne.

Ayant été recruté par Antoine et Simone, j’ai ressenti comme une fierté de participer à « Vauban » durant quinze ans. Antoine avait un don remarquable pour créer des liens, des ponts, tout en se méfiant – Simone s’en méfiait encore plus – des consensus de façade et des synthèses factices.

Dernière image, celle de Simone première présidente du Parlement européen.

Les tragédies de sa vie appelaient si fort l’idée de l’Europe qu’elle portait en elle que, pour nous, lui être fidèle, ce sera se battre de toutes nos forces pour que l’Europe ne s’abîme pas dans des nationalismes, des fermetures et des reniements qui seraient l’exact contraire de l’idée européenne.

Jean-Pierre Sueur

>> (Re)voir le 19-20 de France 3 Centre Val de Loire (à 16’25’’)

 

Jean-Pierre Sueur avait saisi la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes de la non-application de la loi sur les devis-modèle.

Sa directrice générale lui a apporté une réponse précise.

>> Lire la réponse

Jean-Pierre Sueur a écrit à Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la transition écologique, pour lui demander de tout faire pour éviter la fermeture au public de l’Arboretum des Barres à Nogent-sur-Vernisson – ce qui irait à l’encontre de la politique qu’il mène en faveur de l’environnement.

>> Lire la lettre adressée à Nicolas Hulot

>> Le Journal de Gien du 28 juin 2018

Lors de mon intervention pour défendre la « question préalable » sur le projet de loi « asile et immigration », j’ai insisté sur l’inutilité de celle-ci, pointée par le Conseil d’État, alors qu’aucune évaluation n’a été faite de l’application des lois de 2015 et de 2016. J’ai surtout dit qu’on avait tort de ne pas prendre ce débat dans toutes ses dimensions. Les migrations seront une réalité sur toute la planète dans les décennies à venir. À nous de penser ce « nouveau monde ». Dans cette perspective, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’interview donnée par Marcel Gauchet dans le dernier numéro de L’Obs. Il faudrait tout citer. J’en reproduis deux extraits significatifs.

« Une crise, c'est un moment aigu dans des circonstances particulières. Ce à quoi nous assistons n'est, au contraire, que la poursuite d'une tendance de fond qui s'est amplifiée ces dernières années avec les migrations africaines et asiatiques notamment. Cette pression migratoire accrue n'est pas un accident, c’est un problème chronique structurel, un phénomène fondamental qui·va troubler l'horizon européen pendant des décennies, bien au-delà de la question ponctuelle de tel ou tel bateau de migrants qui ne trouve pas de port d'accueil.

Il faut regarder les choses en face : l'Europe représente un havre de paix, de prospérité et de protection sociale unique au monde, alors même qu'elle n'abrite que 7 % de la population mondiale. Nous ne sommes qu'un demi-milliard d'habitants et nous avons beaucoup plus que les autres. Il suffit de comparer une ville européenne et une ville qui pousse en Afrique ... À l'échelle globale, pour tout individu désireux d'améliorer son sort, la solution la plus sûre est de passer du côté de cet îlot privilégié. L'expression « appel d'air » recouvre donc au fond un phénomène très normal, très humain.

Certes, l'histoire de l'humanité est une histoire de migrations, mais elle s'est déroulée dans un espace très différent sur le plan démographique et politique. Le XXe siècle a vu la population globale plus que tripler et la planète achever de s’organiser en États-nations souverains qui ont leur mot à dire sur ce qui se passe sur leur territoire. Cela change tout. »

 

« La grande idée depuis des années est qu'on va tarir le problème à la source en aidant le Sud à se développer. Personne ne peut être contre sauf que ça ne répond absolument pas à la question posée. Stephen Smith établit cela dans son dernier livre (La Ruée vers l’Europe, chez Grasset, 2018) – dont la lecture devrait être obligatoire pour tous les responsables politiques. Dans un premier temps, le développement encourage les migrations car il crée un niveau minimal d'instruction et de richesse qui favorise les départs. Ce ne peut donc pas être une réponse aux défis que posent les déplacements humains ... À long terme, sans doute, nous serons tous riches (sourire). Mais nous en sommes loin.

C’est un nouveau défi. Au fond, c'est la question inverse du colonialisme qui nous est posée. Le colonialisme partait de l'idée d’une supériorité qui nous justifiait d'apporter la civilisation aux autres. Aujourd'hui, nous sommes devenus un objet d'attraction. Il nous faut répondre à l'affection démesurée que nous portent ces populations auxquelles on ne sait pas quoi dire. Ce n'est pas qu'un problème de décision politique. Cela réclame une doctrine de ce qui est possible, une redéfinition de l'équilibre entre le principe de liberté et celui de souveraineté populaire, entre la nécessité du collectif et celle des droits individuels. Qui plus est, la nouvelle donne migratoire nous oblige à redéfinir notre rapport au reste du monde. L'humanité se trouve face à une question de justice mondiale. Faut-il sacrifier nos privilèges, notre modèle social ? Ou les défendre ? C'est l'immense question qui se trouve devant nous, celle qui supplante la question sociale. En somme, c'est la même question, mais dans un cadre qui a changé : il ne s'agit plus de discuter de la redistribution à l'intérieur des frontières, mais à l'échelle du monde. »

À l’initiative de son groupe orléanais, le mouvement « La Vie Nouvelle » a tenu son assemblée générale nationale à Nouan-le-Fuzelier. Lors de celle-ci, j’ai participé à une table ronde sur le thème de l’engagement.

Le mouvement « La Vie Nouvelle » s’inscrit dans la lignée de la philosophie personnaliste d’Emmanuel Mounier.

Je profite de cette occasion pour signaler deux publications récentes de « La Vie Nouvelle ».

JPS

 

JPS

À l’invitation du président de la République, Jean-Pierre Sueur participera à la cérémonie officielle qui aura lieu ce dimanche pour l’entrée de Simone et Antoine Veil au Panthéon.

Simone Veil a été avec Jean-Pierre Sueur, alors maire d’Orléans, cofondatrice du CERCIL.

Jean-Pierre Sueur a été, durant plus de quinze ans, membre du « Club Vauban » animé par Simone et Antoine Veil.

 

Marianne Dubois, Stéphanie Rist, Claude de Ganay, Richard Ramos, Hugues Saury et Jean-Pierre Sueur, parlementaires du Loiret, et Maxime Buizard, président des Jeunes Agriculteurs 45 et représentant de la profession agricole, ont été reçus ce mercredi 27 juin au ministère de l’Agriculture par  Hervé Durand, directeur général adjoint de la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises. Ensemble ils ont appelé à une révision réaliste du schéma actuel des zones défavorisées simples qui prévoit la sortie de communes mettant à mal un certain nombre d’exploitations. Ils transmettront prochainement au ministre de l’agriculture, une proposition concrète qui sera élaborée en lien avec les professionnels du secteur. Ils ont également appelé de leurs vœux la mise en place d’un dispositif d’accompagnement pour les agriculteurs qui seraient exclus de la nouvelle carte des zones défavorisées simples qui entrera en vigueur au 1er janvier 2019. Par ailleurs ils ont défendu avec force le principe de continuité territoriale pour la reconnaissance du Loiret dans la Zone Intermédiaire.

Nous publions ci-dessous le message que Jean-Pierre Sueur a adressé à l’occasion de la cérémonie qui a eu lieu à la mémoire de Jean Zay ce 24 juin et que sa fille Hélène a bien voulu lire.

« Être fidèle à la mémoire de Jean Zay, c’est continuer à faire vivre les valeurs qui l’ont constamment guidé dans son action.

C’est, en particulier, aujourd’hui, être fidèle à une conception exigeante de l’Éducation  Nationale. Le temps de l’école, l’enseignement et l’éducation apportés par l’école, sont la seule richesse des jeunes qui n’en ont pas, des jeunes issus des familles les plus défavorisées. Sachons nous en souvenir.

Être fidèle aux valeurs de Jean Zay, c’est aussi défendre les droits humains. La mer Méditerranée fut le berceau de notre civilisation. Elle devient un cimetière à ciel ouvert. Le premier devoir est le devoir humanitaire. Face à l’Europe de l’exclusion, de la fermeture et de la xénophobie, nous devons, contre vents et marées, défendre une Europe des droits humains, c’est à dire de tous les droits de tous les êtres humains – et d’abord du droit à vivre. »

Je tiens à saluer les vingt-neuf communes du Loiret qui ont choisi de maintenir quatre jours et demi de temps scolaire pour la prochaine année scolaire. On trouvera la liste ci-dessous.

Je rappelle qu’avec quatre jours et demi hebdomadaires, les élèves sont scolarisés durant 162 jours.

Je rappelle que la moyenne européenne est de 185 jours.

Je rappelle enfin qu’avec quatre jours hebdomadaires, les élèves ne seront scolarisés que 140 jours par an, soit 45 jours de moins que dans la moyenne des pays d’Europe.

JPS

>> Voir la liste des communes du Loiret avec la mention des choix effectués par chacune

J’ai apporté, lors de la Foire de la Saint-Jean à Nogent-sur-Vernisson, mon total soutien au « collectif sos arboretum ».

Il y a, à l’Arboretum des Barres à Nogent-sur-Vernisson, neuf mille arbres remarquables représentant 2 300 espèces.

C’est un patrimoine de grande qualité.

L’arboretum attire chaque année 17 000 visiteurs.

Il faut éviter sa fermeture !

Après avoir saisi le ministre de l’agriculture, je vais saisir le ministre de la transition écologique et solidaire.

Et je participerai, bien sûr, à la réunion qui aura lieu prochainement à ce sujet à la préfecture du Loiret.

JPS

>> Lire aussi à ce sujet

En sa qualité de président du groupe France-Tunisie du Sénat, Jean-Pierre Sueur a publié un communiqué pour souligner l’importance pour l’économie tunisienne de la reprise du tourisme et du retour des touristes français.

Lire :

>> Le communiqué

>> Le compte-rendu du colloque organisé par Jean-Pierre Sueur sur le tourisme en Tunisie

>> Un article du Quotidien du Tourisme

Jean-Pierre Sueur a présenté au Sénat une question préalable sur le projet de loi « asile et immigration ». Il a demandé à Jacqueline Gourault, qui représentait le gouvernement, de retirer ce texte « inefficace par rapport à ses propres objectifs, négatif, uniquement répressif, ignorant l’enjeu européen alors que la clé des problèmes est nécessairement européenne. » Il a dit que le monde du futur sera davantage celui des migrations, pour des raisons liées aux droits de l’homme, aux persécutions, à la misère économique et aux changements climatiques qui pousseront nombre d’êtres humains à chercher refuge ailleurs que là où ils vivent. 
 
Il a évoqué « l’Odyssée de l’Aquarius », le silence de la France durant deux jours, alors que la première loi est la loi humanitaire,  la mer Méditerranée, où  notre civilisation est née, devenue cimetière à ciel ouvert, alors que l’Europe doit enfin œuvrer efficacement contre le cynisme des passeurs, développer une puissante coopération avec les pays de l’Afrique et du Maghreb et maîtriser les frontières de l’Europe.
 
Il a dit que le raccourcissement des délais de recours et l’allongement de la rétention n’auront aucun effet par rapport à la réalité d’aujourd’hui : seules 15 % des décisions d’éloignement du territoire sont exécutées et seuls 5 % des déboutés du droit d’asile regagnent leur pays d’origine. Il a dit qu’aucune disposition ne figurait dans la loi de finances pour 2018 permettant de financer les mesures inscrites dans ce texte. Il a noté que l’«intégration » était absente du texte. 
 
Il a rappelé l’avis du Conseil d’État dénonçant l’inutilité de ce texte alors que l’effet des lois de 2016 et de 2017 n’a pas été évalué. 
Il a rappelé la position de Michel Rocard qui disait que « La France ne peut accueillir toute la misère du monde » - et qui ajoutait : « Mais elle doit y prendre toute sa part. » 
 
> (Re)voir la vidéo de son intervention

Emmanuel Mounier aimait Péguy. Il a écrit à son sujet cette phrase célèbre : « Il y a dans l’œuvre de Péguy de quoi mécontenter tout le monde. » Il a surtout publié en 1931 un livre éclairant sur intitulé La pensée de Charles Péguy. Pour préparer ce livre, il s’est livré à une véritable enquête, presque journalistique.

Les presses de l’université de Rennes viennent de publier les Carnets d’Emmanuel Mounier. Et la revue L’Amitié Charles Péguy a eu la bonne idée de publier à son tour dans son premier numéro de l’année 2018 tous les passages de ces carnets qui concernent Péguy.

On y trouve, en particulier, un témoignage exceptionnel que je reproduis intégralement ci-dessous. Il s’agit du récit par Mounier de sa visite, en 1930, chez la mère de Charles Péguy, Cécile Quéré, la célèbre « rempailleuse de chaise », âgée alors de quatre-vingt-quatre ans.

Dans un article publié parallèlement à son livre, et que citent les éditeurs de ce texte, Mounier écrit : « Tout de suite se révèle la race ardente qui nous a donné un de nos plus vigoureux polémistes. La race où l’on connaît encore la fierté, fût-elle un rien batailleuse, et où l’honneur n’est pas un vain mot transmis par une caste, mais la conscience un peu farouche de la droiture gardée. »

Mounier décrit la maison de Cécile en 1930, celle du 52 rue du Faubourg de Bourgogne. Ce n’est pas celle où elle vécut avec son fils, qui portait le numéro 50. Une municipalité d’Orléans a eu en effet la funeste idée de démolir la maison natale de Charles Péguy pour y « trouer » la rue éponyme. Ce devait être en 1925. Par une sorte de remords, on a mis là une stèle à peine visible, qui jouxtait l’ancien garage entre des herbes folles, et qu’il serait judicieux de remettre pleinement en valeur.

Donc Cécile est relogée au 52, mais auparavant elle a tenu une épicerie rue de Bourgogne.

Elle raconte à Mounier les péripéties qui ont précédé l’entrée de Charles Péguy à l’École Normale Supérieure. « Il s’est présenté à Normale une première fois. On en prenait vingt-quatre, il est 26e, le 25e est pris après une démission, mais lui passe à côté. Alors, il fait son service pensant travailler à côté. Mais il faut croire qu’on n’a pas beaucoup de temps après l’exercice, il échoua encore. Il alla alors à Sainte Barbe avec une demi-bourse, je payais l’autre moitié et j’aurais bien tout payé pour mon garçon. L’épicerie marchait bien de ce moment. Il réussit. Il fait un an d’école. Puis il me dit : "Je veux prendre un an de congés pour faire ma Jeanne d’Arc". Je ne voulais pas qu’il quitte son étude. Enfin ! »

Le récit d’Emmanuel Mounier est également très révélateur pour ce qui est des rapports entre Cécile et la belle famille de Charles Péguy, la famille de son épouse Charlotte, les Baudouin. Cécile dit : « Cette gaillarde de mère Baudouin entortille mon garçon. » Elle ajoute : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour empêcher le mariage. C’est pour ça qu’ils m’en veulent les Baudouin. Il n’a jamais pu se défaire de la belle-mère ; et il en a bien souffert, le pauvre petit. »

Enfin, Cécile déploie sur son établi de rempailleuse de chaises, sous le regard admiratif d’Emmanuel Mounier, les cahiers de l’élève Péguy, « tous de la même calligraphie soignée, écrits d’on ne sait quelle plume qui ne laisse sur le papier qu’un trait imperceptible et sûr », ainsi que les superbes cartes de géographies qu’il passe des après-midis à dessiner fût-ce en renonçant à la cavalcade du mardi gras.

Emmanuel Mounier embrasse Cécile en partant, et il achève ainsi son reportage : « Je me perds dans Orléans, entre des murs qui sentent le vinaigre, dans des rues étroites sans trottoirs, emmurés, et sans but, de vieux quartiers calmes. La nuit tombe. »

Jean-Pierre Sueur

>> Lire l'entretien du 28 janvier 1930 entre Emmanuel Mounier et la mère de Péguy

Jean-Pierre Sueur est intervenu au Sénat pour soutenir une proposition de loi présentée par Martial Bourquin et Rémy Pointereau créant un pacte national pour la revitalisation des centres bourgs et centres villes, et contenant des mesures relatives à la fiscalité, aux commerces, au logement et aux normes. 
 
Il a notamment défendu le compromis trouvé pour qu’en matière de sauvegarde du patrimoine les prérogatives des Architectes des bâtiments de France s’exercent dans le cadre d’un dialogue approfondi avec les élus.   
 
La proposition de loi a été adoptée à l’unanimité par le Sénat. 
 
 
 

Jean-Pierre Sueur est également intervenu lors de la discussion de la proposition de loi relative à l’équilibre territorial et à la vitalité de la démocratie locale pour demander que la plus grande liberté soit laissée aux élus des intercommunalités  pour la définition et le fonctionnement des « pôles territoriaux » qui peuvent être créés au sein de ces intercommunalités, récusant à cet égard un cadre législatif trop strict et trop complexe.

>> Lire le compte-rendu intégral de son intervention

 
 

Après avoir entendu depuis deux jours tant de déclarations affligeantes, je reste stupéfait devant la position du gouvernement français sur l’accueil - ou plutôt le refus d’accueil - de l’Aquarius et de ses passagers en détresse. 
Il ne s’agit pas du droit d’asile. Il s’agit du devoir humanitaire de secours à des êtres humains en danger, pris en charge par une ONG française. 
Il est évident que les ports corses étaient plus proches de la position de l’Aquarius que ceux d’Espagne ! Il y a, à ce sujet, des déclarations ahurissantes ! 
J’ajoute qu’en vertu du  strict droit maritime, l’Espagne avait moins de raison que la France d’accueillir ce navire ! Son gouvernement l’a fait pour des raisons humanitaires, comme la France aurait pu, et aurait dû, le faire.
Et quant à l’Italie, l’Europe l’a laissée seule accueillir tous les êtres humains victimes des passeurs et de la misère qui atteignaient ses textes au péril de leur vie.
La réponse à cette absence de solidarité, on l’a trouvée dans les urnes italiennes. 
Le défi des migrations est considérable. On n’y répondra pas par des projets de loi de circonstance. La France doit être fidèle à ses valeurs. Et il faut courageusement se battre pour une vraie politique européenne, contre toutes les démagogies, toutes les fausses prudences et toutes les démissions.
Jean-Pierre Sueur
 
Une remarquable tribune de Christiane Taubira
Je signale tout particulièrement le texte remarquable publié par Christiane Taubira dans le JDD.
 
 

À la demande des responsables de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs du Loiret, exprimées lors de leur manifestation devant le dépôt pétrolier de Saint-Jean de Braye, Jean-Pierre Sueur a adressé un message à Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture pour apporter son soutien à leurs demandes suivantes :
- interdire l’importation de tout produit ne correspondant pas aux standards de production français ;
- consulter systématiquement le CORENA (Comité de rénovation des normes en agriculture) pour réaliser des études d’impact  en cas de nouvelles réglementations ;
- donner des moyens pour concrétiser les objectifs des États généraux de l’Alimentation et pour mettre en œuvre les plans filières.
 
 

Jean-Pierre Sueur est intervenu auprès de Stéphane Travert, ministre de l'agriculture, pour lui demander d’apporter les moyens financiers à l’Office national des Forêts (ONF) afin de maintenir l’ouverture au public de l’Arboretum national des Barres, situé à Nogent-sur-Vernisson dans le Loiret.
Il a souligné auprès de lui la grande qualité de l’action menée depuis 2009 par l’ONF pour accueillir des visiteurs toujours plus nombreux et mener des actions pédagogiques de qualité. Il lui a écrit qu’il n’y aurait aucun sens à interrompre cette action qui a fait ses preuves et qui est très appréciée.
Il a aussi écrit à Jean-Marc Falcone, préfet du Loiret et de la région Centre-Val de Loire, pour lui demander de bien vouloir réunir les parlementaires et les élus de l’ensemble des collectivités locales concernées ainsi que les représentants de l’ONF afin qu’une solution soit trouvée.
Jean-Pierre Sueur rappelle que les Barres constituent aussi un site scientifique avec la présence de l’IRSTEA, dont la relocalisation en région parisienne a été évitée grâce à une forte mobilisation des élus de la région et du Loiret et qu’il est important que ce site garde sa pertinence dans toutes les dimensions qui sont les siennes.
Il rappelle enfin que l’Arboretum des Barres constitue une collection d’arbres unique au monde, internationalement reconnue. Il considère qu’elle peut et doit constituer un atout touristique majeur pour le Loiret et la région Centre-Val de Loire – ce qui passe en particulier par des efforts d’information et de communication. Il considère qu’à une époque où on insiste à juste titre sur l’écologie et le respect de la biodiversité, il serait aberrant de fermer au public ce joyau qui doit, au contraire, constituer à l’avenir un site majeur pour l’attractivité de l’est du Loiret et de l’ensemble de notre région.
 
 

Jean-Pierre Sueur a interpellé le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, lors de son audition devant la commission des lois à propos du projet de loi « asile-immigration ».

>> Lire le compte-rendu

>> Voir la vidéo

Jean-Pierre Sueur a posé à Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, une question écrite relative à la retraite des personnes handicapées.

>> Lire la question écrite

Jean-Pierre Sueur a été interviewé le 5 juin par Yacha Hajzler, de France 3 Centre-Val de Loire, à propos des fiches S.

>> Voir l'interview sur Facebook

>> Lire l'inteview

 

C’est avec tristesse que j’apprends le décès de Michel Villeneuve.

Michel Villeneuve a été conseiller municipal d’Orléans de 1995 à 2001.

Il était conseiller municipal délégué, chargé des transports et de la sécurité routière.

Toujours disponible, très sérieux dans l’exercice de ses responsabilités, d’une grande rigueur intellectuelle, Michel ne cherchait pas à se mettre en avant. Mais il s’impliquait beaucoup dans l’exercice de son mandat, faisant bénéficier la Ville de toutes les compétences acquises lors de son parcours professionnel à l’étranger et au sein de la Direction régionale de l’Équipement. Il était attaché à son quartier de Saint-Marceau.

Michel avait été résistant très jeune, à 17 ans. Il était titulaire de la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945 et de la Croix des Combattants Volontaires de la Résistance. Il était Chevalier de l’Ordre National du Mérite.

À son épouse Ghislaine et à ses enfants, j’exprime toute mon amitié dans cette épreuve.

Jean-Pierre Sueur

  • Une exposition exceptionnelle sur l’enfance de 1870 à 1920
  • Un ouvrage présentant tous les soldats de la Grande Guerre habitant la commune

Je tiens à féliciter la commune de Bray-Saint-Aignan pour la très remarquable exposition qu’elle nous offre dans sa salle des fêtes jusqu’au 24 juin prochain.

Intitulée « Graine de Poilus : l’enfance de 1870 à 1920 », cette exposition présente « l’école, la littérature, les jeux et les jouets des enfants » et de nombreux documents.

Aussi bien les livres, manuels, affiches que les nombreux jeux et jouets (ce sont des pièces uniques, fruit d’années de recherche) témoignent de ce qu’étaient l’éducation et l’instruction des enfants et des adolescents à une époque où, après la défaite de 1870, après l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, le sentiment patriotique était très fort. Il était cultivé et développé par toutes sortes d’instances et de moyens. Et d’abord au sein des écoles communales. La France se préparait à un nouveau conflit.

Parallèlement à cette exposition, la commune de Bray-Saint-Aignan publie un livre très documenté sur la Grande Guerre – un conflit armé qui a fait dix millions de victimes ! – et présente chacun des enfants de la commune de Bray qui ont été soldats lors de cette grande – et terrible – guerre.

C’est un travail considérable.

Il permettra à chaque famille de la commune de se souvenir de tous ceux qui ont tout donné « pour la France. »

Merci donc à la municipalité de Bray-Saint-Aignan.

Et merci et bravo à ceux qui ont tant travaillé pour préparer cette exposition et ce livre : Colette Camus, Thierry Chassiot, Yves Mazuray, Dany Méthivier, Annick Pivoteau et Didier Pivoteau.

Jean-Pierre sueur

>> En savoir plus sur l'exposition

Tous ceux, dont je suis, qui aiment Beaugency, ont mille fois admiré son pont, l’un des plus anciens ponts de la Loire, dont l’harmonie nous séduit, même si nous discernons quelques irrégularités dans la succession de ses arches – et aussi à cause de cela !

Mais il ne faut pas se fier aux apparences, et l’histoire de ce pont fut mouvementée, tumultueuse. C’est presque une histoire picaresque. L’on admire encore davantage ce pont lorsqu’au-delà des légendes qui le hantent – comme celle du Diable et du chat –, on connaît les multiples épisodes de son histoire.

C’est pourquoi je suis reconnaissant à mon ami Dominique Daury qui a publié récemment une « histoire du pont de Beaugency » (qui constitue un supplément au bulletin annuel de 2017 de la Société archéologique et historique de Beaugency).

On y apprend que le premier pont, très probablement en bois, date du XIIe siècle ; qu’il n’y avait pas un pont mais deux – on parlait des ponts de Beaugency –, le plus petit, souvent victime des crues, conduisant d’une île – l’île des ponts – à la route de Lailly-en-Val ; qu’il y eut de part et d’autre des forteresses et des pont-levis ; qu’il y eut sur le pont une chapelle dédiée à Saint-Antoine, et une autre à Saint-Jacques, des commerces, un octroi, des habitations dont celle du « proviseur du pont » ; qu’il fallut construire une « arche marinière », le passage du pont suscitant maints problèmes au temps de la navigation sur la Loire ; que l’on doit à Francis Hennebique, inventeur du béton armé, la configuration actuelle du pont, en partie reconstruit et restauré à partir de 1946…

Mais j’arrête là. Et je vous laisse au plaisir de la lecture.

Jean-Pierre Sueur

Jean-Pierre Sueur a cosigné une proposition de loi présentée par Vincent Delahaye « renforçant la lutte contre les rodéos motorisés sur la voie publique. »

Ces « rodéos » créent dans plusieurs communes du Loiret de très réels problèmes de sécurité en même temps que des nuisances sonores.

Le dispositif légal actuel ne permet pas de les réprimer efficacement.

C’est pourquoi Jean-Pierre Sueur a cosigné cette proposition de loi.

>> Lire le texte définitif de la proposition de loi

René Dosière, ancien député, s’est beaucoup engagé, des années durant, pour accroître la transparence de la vie publique, qu’il s’agisse de la présidence de la République, du gouvernement, du Parlement, des lobbies, etc., en multipliant les questions écrites, enquêtes, analyses, rapports et livres.

Pour prolonger son action, et l’élargir, il vient de créer un « think thank » dénommé « Observatoire de l’éthique publique » constitué de quatorze parlementaires (dont Jean-Pierre Sueur) et de vingt-quatre universitaires et chercheurs.

Au sein de cet observatoire, Jean-Pierre Sueur sera le référent parlementaire du pôle « Définition et délimitation des frontières de la transparence et de la déontologie » (incluant notamment le lobbying et les conflits d’intérêt ainsi que la transparence et la déontologie des médias).

Jean-Pierre Sueur a signé une tribune parue sur Libération.fr exposant les orientations du nouvel observatoire.

>> Le dossier de presse

>> La tribune

Jean-Pierre Sueur a été élu membre du groupe restreint constitué au sein de la commission des lois du Sénat pour travailler sur l’amélioration et l’efficacité des « fiches S ».

>> Le communiqué de la Commission des lois

>> Un article du Monde intitulé « Terrorisme ; qu’est-ce que la fiche S ? »

>> Dans la presse :

Dans un ouvrage qui vient de paraître aux Presses universitaires de l’Université François-Rabelais et qui a été réalisé sous la direction de Pierre Allorant, Jean Garrigues et Alexandre Borrell, 250 notices rédigées par de nombreux auteurs sont consacrées à des « lieux, personnages, monuments » du Val de Loire.

Je reproduis ici les deux notices que j’ai rédigées, consacrées à des personnages bien différents : Étienne Dolet et Guy-Marie Riobé.

JPS

 

Étienne Dolet. « "Martyr de la pensée", Étienne Dolet, qui fut mis à mort avec ses livres sur le bûcher, s’est battu toute sa vie contre toutes les formes d’asservissement de la pensée et pour la souveraine liberté de l’esprit. »

>> Le texte sur Étienne Dolet

Guy-Marie Riobé. « Guy-Marie Riobé, évêque d’Orléans, issu d’un milieu catholique traditionnel, a su prendre des positions novatrices et progressistes, guidé par sa conscience et son souci de la vérité. Il considérait que les idées toutes faites, issues des habitudes et des traditions, devaient constamment être réinterrogées à la lumière des événements. »

>> Le texte sur Guy-Marie Riobé

 

Le groupe socialiste du Sénat organise le jeudi 14 juin au Sénat un colloque sur la réforme constitutionnelle – auquel participe Jean-Pierre Sueur – sur le thème : « Quelle constitution pour le XXIe siècle ? »

>> Voir le programme complet

>> Pour s’inscrire : pour des raisons de place et de sécurité, l'inscription est obligatoire par mail à : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. en précisant votre nom et prénom

Tous ceux qui ont suivi les enseignements sur les « faits de société » de Michel Armand à l’Université du temps libre (UTL) d’Orléans ont été impressionnés par ses qualités de pédagogue, sa grande culture et la clarté avec laquelle il donnait à ses auditeurs des clés pour « comprendre le monde ». La preuve : il y avait quarante auditeurs la première année en 1998, à la Maison des associations d’Orléans, et il fallut des salles toujours plus grandes – jusqu’à celle de La Passerelle à Fleury-les-Aubrais – pour accueillir les 280 inscrits qui se pressaient à ses cours dans les années 2010.

Michel Armand nous offre aujourd’hui avec son livre Un autre monde. Mémoires 1933-2013 un riche et fructueux éclairage retraçant son « parcours de vie. »

On me permettra de mettre l’accent ici sur deux passages du livre : celui sur la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et l’Action catholique de la jeunesse française (ACJF) et celui sur les responsabilités de syndicaliste dans l’enseignement qu’a exercées Michel Armand.

On le sait. François Mitterrand n’aurait jamais gagné l’élection présidentielle de 1981 si nombre de chrétiens n’avaient pas rejoint la gauche et le Parti socialiste. Ce fut manifeste en Bretagne, et avec des nuances, dans toute la France.

Les mouvements dits « d’action catholique » et leurs responsables ont beaucoup compté dans cette évolution, tout particulièrement les mouvements de jeunes, l’une des raisons de l’impact de ces mouvements étant due au fait qu’ils étaient dirigés et animés par des laïcs.

Michel Armand était de ceux-là. Il fut militant, puis dirigeant et secrétaire général de la JEC. Ce mouvement faisait, avec les autres (comme la JOC ou la JAC, devenue MRJC), partie de l’ACJF.

Animées par des jeunes très engagés, la JEC et l’ACJF devaient intervenir et prendre position dans maints domaines qui touchaient non seulement à la « société civile », mais aussi aux conditions de vie et de travail des étudiants et des lycéens, et plus largement à la sphère politique, en particulier sur la guerre d’Algérie qu’ils dénonçaient comme étant une guerre coloniale.

L’épiscopat ne put le tolérer. L’un des chapitres le plus forts du livre de Michel Armand s’intitule : « Existe-t-il une hiérarchie dans le gâchis ? » Il nous explique comment Mgr Guerry, archevêque de Cambrai, « sonna la charge […]. Les laïcs, dans les mouvements, recevaient un mandat de la hiérarchie […]. Dans la mesure où ce mandat existe, il ne peut être question qu’un mouvement prenne position sur un sujet délicat engageant l’Église. »

Ce « diktat », qui avait été précédé de démissions, mit fin à l’activité de l’ACJF. Il fut suivi de nombreuses démissions au sein de l’équipe nationale de la JEC. Pour les mêmes raisons, le mouvement connut une nouvelle crise, très rude, en 1965, à la suite des injonctions de Mgr Veuillot. Une équipe nationale qui était dans la ligne de la hiérarchie catholique se mit alors en place. Elle fut bientôt contestée à l’initiative des responsables des régions et des départements en 1967. J’en fus acteur et témoin.

On peut conclure de tout cela qu’il y eut une irrépressible aspiration de la part de jeunes laïcs au sein de l’Église française à un renouveau, à une émancipation, – une soif de liberté, le goût profond de bousculer les traditions face à une société en pleine mutation, comme le montrerait Mai 68.

Ce mouvement toucherait d’autres appareils.

C’est ainsi que je me souviens de cette page du quotidien Le Monde de l’année 1965 qui comptait six colonnes. Trois étaient consacrées à la crise de la JEC et à la contestation par ses dirigeants nationaux des positions de l’épiscopat. Trois autres étaient consacrées à la volonté de la direction du Parti communiste de mettre au pas les responsables de l’Union des étudiants communistes (UEC).

Parfaite symétrie !

 

« Déconfessionnalisation »

Dans la deuxième partie de son ouvrage, Michel Armand nous parle de sa passion pour son métier de professeur d’histoire-géographie, qu’il a longtemps exercé au lycée Benjamin-Franklin. Une passion de tous les instants qui ne le quitte pas et qui ne le quittera pas…

Il s’est engagé au Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) dont il devait devenir l’un des responsables nationaux, à la tête du secteur « secondaire » – celui qui comptait le plus d’adhérents – au terme de péripéties et de congrès qu’il nous fait vivre avec la même passion qu’il mettait en œuvre dans son enseignement.

Le SGEN, qui était l’un des syndicats de la CFTC, fut aux avant-postes du combat pour la « déconfessionnalisation » de celle-ci et la création de la CFDT, avec, notamment, Paul Vignaux. Grâce à lui, mais aussi bien sûr, à Eugène Descamps, Edmond Maire et beaucoup d’autres, cette transformation advint en 1964.

J’ai toujours eu le sentiment que Paul Vignaux, que j’avais rencontré en 1968, était favorable aux innovations portées par ce mouvement quant aux évolutions de l’Université et de la pédagogie.

Michel Armand montre, faits et arguments à l’appui, que ce ne fut pas le cas.

La nouvelle majorité du SGEN qu’il a soutenue lors des congrès qu’il décrit et dont il restitue les votes inattendus (c’était clairement démocratique) s’est engagée sur une voie très novatrice.

On a critiqué le « pédagogisme » au nom du respect du savoir et de la science.

J’ai toujours trouvé cette querelle assez vaine.

Ce qui est nécessaire, si l’on veut que l’école favorise la réussite de tous, c’est qu’elle s’appuie sur les meilleures pédagogies, qui doivent être au service d’une conception exigeante de la transmission et de l’apprentissage du savoir.
Jean Zay l’avait déjà beaucoup dit et écrit.

Et ce n’est pas par hasard si ceux qui se sont beaucoup battus naguère pour le renouveau pédagogique – dont Antoine Prost et Jacques Julliard – se retrouvent aujourd’hui à la tête des signataires d’une pétition qui condamne la démagogie en matière du nombre de jours et d’heures d’école*.

Oui, il faut une école exigeante et des pédagogies efficaces pour assurer la réussite de tous les élèves.

J’arrête là. J’espère avoir fait comprendre combien l’ouvrage de Michel Armand – qui se refuse à distinguer instruction et éducation – mérite d’être lu.

Jean-Pierre Sueur

* (Ré)écouter à ce sujet mon interview sur France Info

Jean-Pierre Sueur a transmis à Michel Beeuwsaert, maire de Nevoy, une lettre, qu’il a également rendue publique, à propos des aires de grand passage dans le Loiret.

>> Lire la lettre

Depuis quelques années, La Fabrique Opéra mène à Orléans et dans le Loiret une action très remarquable  pour faire connaître l’opéra et l’art lyrique par les jeunes et leur faire « vivre » les œuvres en les conviant à y participer. Ainsi avons-nous pu assister au Zénith en 2018 à de belles représentations de My fair lady.

C’est avec une belle ambition – que je salue ! – que La Fabrique Opéra a choisi de nous présenter en 2019 le Faust de Gounod. C’est une œuvre exigeante, forte, qui offre des morceaux de choix aux chanteurs, aux chœurs, aux danseurs. C’est une œuvre dont les ressorts métaphysiques et dramatiques appellent à la réflexion.

Félicitons La Fabrique Opéra pour s’être lancée dans une telle aventure

JPS

Sur cette Terre, on a tous besoin des autres.

Mamoudou Gassama, un Malien sans-papiers, a sauvé la vie d’un enfant avec un courage extraordinaire.

Puissent ceux qui tiennent des propos tellement négatifs sur les « immigrés » et les « sans-papiers » méditer sur ce magnifique acte de bravoure.

JPS

>> Voir la vidéo

Jean-Pierre Sueur est intervenu ce mardi 22 mai en séance publique au Sénat au sujet de l’application des dispositions de la loi de 2008, qui a été votée à l’unanimité par le Parlement à son initiative et qui prévoit notamment que les entreprises funéraires habilitées devront déposer chaque année des devis-modèles les engageant à respecter les prix qu’elles déclareront pour chacune des prestations définies par un arrêté du ministère de l’Intérieur. Ces devis-modèles, doivent, en vertu de la loi, être mis à disposition des habitants par les maires des communes de plus de 5 000 habitants, au moyen notamment du site internet de la commune. Or, une enquête réalisée récemment par « Familles Rurales » conclut que seules 40 % des entreprises concernées appliquent la loi. D’autres enquêtes vont dans le même sens.

Jean-Pierre Sueur a demandé que des dispositions concrètes soient prises pour que la loi soit effectivement appliquée, ce à quoi la Garde des Sceaux s’est engagée. Il a en outre demandé que les entreprises qui persisteraient à ne pas appliquer les lois voient leur habilitation suspendue.

>> Lire le compte-rendu intégral de son intervention

>> Voir la vidéo de son intervention

 

On le sait : nombre de dreyfusards ont considéré qu’Alfred Dreyfus, après sa réhabilitation, fut un personnage assez « falot » qui n’était pas « à la hauteur de son rôle. » C’est ce qu’ont pensé, et écrit, Georges Clémenceau, Charles Péguy, Anatole France… et bien d’autres, jusqu’à Léon Blum.

Le dessein du livre que vient de publier Georges Joumas, Alfred Dreyfus citoyen, aux éditions « Regain de lecture » est précisément de battre en brèche ces idées toutes faites en s’appuyant sur une documentation et des lettres qui étaient – et pour cause – ignorées de ceux que je viens de citer.

Alors que, suite à la décision de la Cour de cassation et aux votes des deux assemblées au Parlement, Alfred Dreyfus est enfin réhabilité en 1906, une nouvelle injustice apparaît, puisque les années 1894-1906 ne sont pas comptabilisées dans son ancienneté au sein de l’armée. Lui, polytechnicien, se trouve « traité comme un officier médiocre qui s’est laissé distancer par tous ses camarades de promotion », comme l’écrit Laurent Greislamer, cité par Georges Joumas.

Profondément blessé, Dreyfus demande à prendre sa retraite. Il écrit à la marquise Arnocati-Visconti (les nombreuses lettres, inédites jusqu’à très récemment, qu’il lui adresse sont essentielles pour le comprendre) : « La mesure qui devait être prise à mon égard est une mesure de justice et d’équité, je ne saurais en faire une question dépendante de la volonté aléatoire d’un ministre problématique. »

Revenu à la vie civile, on pourrait croire qu’Alfred Dreyfus jouirait enfin d’une certaine tranquillité. Il n’en est rien. Les attaques antisémites à son égard sont quotidiennes dans la presse « nationaliste ». Il est « le traître réhabilité. » Il reçoit des lettres de menaces et d’injures. Des agresseurs tentent de lui arracher sa Légion d’Honneur. Et lorsqu’il est décidé de transférer les centres d’Émile Zola – qui aura tant défendu Dreyfus – au Panthéon, l’Action française se déchaîne. Charles Maurras, nous dit Georges Joumas, s’en prend à « l’État-Dreyfus qui détruit tout » et déclare que les restes de Zola vont « souiller […] la crypte du Panthéon. » Le cercueil de Zola est transporté rue Soufflot sous les huées. Et c’est devant le Panthéon, au cours de la cérémonie, qu’on découvre qu’un projet d’assassinat a été ourdi contre Alfred Dreyfus. Deux balles sont tirées. Dreyfus en réchappe de peu. L’auteur des coups de feu, qui collabore à La France juive illustrée, Louis Gregori, se retrouve devant la justice. Le jury l’acquitte… et il sort du tribunal sous les cris  de « A bas Dreyfus ! » et « Mort aux juifs. » Inlassablement, Alfred Dreyfus poursuivra sa bataille judiciaire et le combat contre une partie de la presse qui l’attaque sans relâche.

Il se tournera aussi vers l’action sociale, défendant la nécessité du syndicalisme, par des articles et des conférences, soutenant les salariés et les syndicats lors des grandes grèves de 1908 à 1910 et apportant son soutien à Jean Jaurès. Il s’engage dans l’affaire Ferrer, dans l’affaire Durand, comme dans l’affaire Aernoult-Rousset. Il combat les injustices – lui qui fut victime d’une injustice dont il vit encore chaque jour les séquelles. Il adhère à la Ligue des Droits de l’Homme dont il partage les combats.

Dans ces conditions, les accusations de Péguy dans Notre Jeunesse« Investi héros malgré lui, investi victime malgré lui, investi martyr malgré lui, il fut indigne de cette triple investiture » – apparaissent totalement injustifiées. Et Georges Joumas a raison de citer Géraldi Leroy qui a écrit que la « totale abstention de Péguy vis-à-vis des grandes manifestations ouvrières telles qu’elles furent gérées par Clémenceau » fut « stupéfiante. » Et il ajoute : « Péguy ne fit aucune allusion au comportement archaïque qui avait envoyé Ferrer à la mort ; en faveur de Rousset […], Péguy n’a pas bougé ; même silence sur l’affaire Durand. »

Dreyfus s’engage aussi sur le terrain politique. Il défend la cause laïque, la représentation proportionnelle. Il s’oppose à la politique française au Maroc. Il marque son soutien constant à Émile Combes et à Jean Jaurès – même si, comme Péguy, il regrette les concessions que ce dernier fait à Gustave Hervé pour préserver l’unité des socialistes. Comme l’avait fait Jaurès dans l’Armée nouvelle, Dreyfus présente des positions réformatrices et novatrices – malheureusement sans suite – pour l’armée, qu’il rejoindra à 55 ans pour « faire son devoir » au cours de la Première Guerre mondiale.

Au total, il faut remercier Georges Joumas pour avoir à nouveau « réhabilité » Dreyfus, alors que des images fallacieuses s’étaient inscrites dans les esprits. Son œuvre d’historien était à cet égard, non seulement utile, mais de surcroît nécessaire.

Jean-Pierre Sueur

Alfred Dreyfus citoyen, éditions Regains de lecture, 18 €

Tous nos concitoyens n’ont pas accès au numérique. C’est pourquoi, conformément à une recommandation du Défenseur des Droits, Jacques Toubon, Jean-Pierre Sueur a interrogé le Premier ministre pour lui demander l’existence d’alternatives dans tous les cas.

>> Lire la question écrite

À la suite des faits exposés lors de l’émission « Secrets d’Info » sur France Inter le 5 mai, émission à laquelle il a participé, Jean-Pierre Sueur a posé au ministre de l’Intérieur une question écrite relative au respect de la réglementation en vigueur sur les contrats obsèques.

>> Lire la question écrite

>> (Ré)écouter l’émission

Une pensée pour Gérard Jouannest, qui vient de nous quitter. Il fut le pianiste de Jacques Brel. Comme l’a écrit Bruno Lesprit,« impossible d’imaginer ses chansons sans ce piano qui constituait une seconde voix, comme un contrepoint fluide et délicat aux humeurs tourmentées du chanteur »1. Il composa, avec Brel le plus souvent, la musique de trente-cinq de ses chansons, dont ce que j’appelle les « trois M » - « Marieke », « Madeleine » et « Mathilde » : une épopée ! -, mais aussi « La chanson des vieux amants » et « J’arrive ». Avec François Rauber, il a accompagné toute l’aventure musicale de Brel. C’est la femme de François, Françoise, qui disait qu’il était « l’amitié à l’état pur »2. Il était aussi, à l’état pur, un homme de gauche. Après Brel, il a accompagné Juliette Gréco. Il a composé pour elle plus de cent mélodies. Il devint son mari. Je terminerai par cet extrait d’une lettre de Jacques Brel à Juliette : « Ma chère Gréco, il me faut te dire merci pour la tendresse que tu offres à Gérard. Tu sais, c’est un homme vraiment bien, et de savoir que tu le sais me donne envie de regarder le soleil dans les yeux »3.

Jean-Pierre Sueur

______________________________________________________

1 Le Monde, 19 mai 2018

2 Angela Clouzet, «Gérard Jouannest, de Brel à Gréco », p 56

3 Id. p 159.

Ayant reçu une invitation à fêter le bicentenaire des Caisses d'Épargne le 7 juin prochain au Château de Chambord, j'ai écrit à la présidente du directoire pour exprimer mon irritation devant une dépense somptuaire en cette période difficile pour les épargnants et les salariés.

JPS

>> Lire ma lettre

Dans les médias :

>> France Bleu Orléans

>> La République du Centre

Michel Rocard avait fait de ces deux mots, « parler vrai », un impératif éthique.

En matière fiscale, force est de constater que ce gouvernement – comme, d’ailleurs, d’autres avant lui – éprouve quelque difficulté à apporter les précisions et les réponses que les citoyens sont en droit d’attendre.

Ainsi en est-il de la compensation de la suppression de la taxe d’habitation dont on nous a annoncé qu’elle serait totalement abolie en 2020 ou 2021.

Aujourd’hui, cet impôt rapporte chaque année 26,5 milliards d’euros aux communes et intercommunalités. Celles-ci en fixent le taux.

Elles attendent, fort logiquement, une autre ressource pour compenser ce manque à gagner.

L’hypothèse qui a le vent en poupe serait de substituer à la taxe d’habitation perçue par les communes la part de la taxe foncière sur les propriétés bâties aujourd’hui perçue par les départements.

Les communes et intercommunalités – qui tiennent à leur autonomie fiscale, et donc à leur liberté de fixer un taux – pourraient donc toujours moduler le taux de cet impôt foncier, comme elles le font aujourd’hui pour la taxe d’habitation.

Mais cette ressource ne suffirait pas – sauf à faire exploser le taux ! – et il faudra donc, en plus, transférer une part d’un impôt perçu par l’État…

… Et, bien entendu, l’Association des départements de France est « vent debout » contre cette idée d’ôter aux départements leur part de taxe foncière… qui serait compensée par une part d’un impôt perçu par l’État (TVA, CSG ?)… ce qui, de ce fait, les priverait de l’essentiel de leur autonomie fiscale.

L’affaire se complique lorsqu’on nous annonce la reprise par l’État d’une large part de la dette de la SNCF (quarante milliards ?) sans que cela se traduise par des impôts nouveaux – dit le Premier ministre – alors que le ministère des Transports avait dit que cela serait pris en charge par « le contribuable. »

De même, Bruno Le Maire avait dit que la suppression de la taxe d’habitation ne serait pas compensée par la création d’un « impôt nouveau », cependant que Jacqueline Gourault avait dit qu’elle se traduirait par une fiscalité nouvelle…

Comme on nous dit qu’il est hors de question de ne pas respecter nos engagements européens – les 3 % –, et qu’il est également hors de question d’accroître la fiscalité sur les entreprises, qui doit baisser, la seule réponse, répétée à satiété, est qu’on réduira les dépenses publiques.

… Mais chacun voit bien qu’il faut plus d’argent pour les universités, la Justice, la sécurité, les EHPAD.

Et chacun se demande à juste titre comment on trouvera assez d’économies dans les dépenses publiques pour compenser les quarante milliards (environ) de la dette SNCF… et les 26,5 milliards annuels de la taxe d’habitation.

Il est dur, c’est sûr, de « parler vrai ».

Jean-Pierre Sueur

Sur le thème du nombre de jours d’école par an, j’ai été interviewé par Olivier de Lagarde de France Info. L’émission a été diffusée à six reprises durant la journée du 9 mai. J’y ai défendu le fait qu’avec quatre jours et demi d’école par semaine (situation actuelle), nous avions en France 162 jours d’école par an, soit nettement moins que la moyenne des pays d’Europe (185 jours) et qu’avec les « quatre jours » qui seront généralisés dans 90 % des communes, nous aurons 140 jours d’école par an et serons, de très loin, la « lanterne rouge » européenne. Dans ces conditions, le « décrochage » qui est déjà en cours sera inéluctable. J’ai appelé à ce que toutes les parties prenantes se mettent autour de la table avec une seule priorité : l’intérêt de l’élève.

Cette émission a suscité de nombreuses réactions, en majorité favorables à ma position.

Jean-Pierre Sueur

>> Lire et écouter l’interview

Je me suis déjà beaucoup exprimé sur le projet de loi constitutionnelle adopté par le Conseil des ministres le 9 mai dernier.

JPS

(Ré)écouter :

>> Le débat animé par Delphine Girard auquel j’ai participé sur Public Sénat le 9 mai

>> L’interview que j’ai donnée à Éric Normand sur France Bleu Orléans le 10 mai

(Re)lire les quatre articles déjà publiés sur ce site et dans ma lettre électronique à propos de la réforme constitutionnelle :

>> 31 propositions constructives

>> Au sujet de l'équilibre des pouvoirs

>> Sur le nombre de parlementaires

>> Ne touchez pas au droit d'amendement

Une fois encore, je rendrai hommage à Jean-Louis Pierre, spécialiste des œuvres de Ramuz qui a créé dans notre région Centre-Val de Loire une maison d’édition, La Guêpine, qui publie des textes souvent inédits ou mal connus, de haute qualité. Ainsi en est-il pour le Voyage au Mont-Blanc de Chateaubriand, pour le texte de Claude Louis-Combet sur Péguy ou cet autre texte majeur d’Albert Camus paru dans Le Soir républicain.

Cette fois, il nous livre quatre textes d’un pamphlétaire trop oublié qui s’en prenait aux autorités de la Restauration, dans un style qui s’inscrit en pleine continuité avec ceux de La Fontaine, de La Bruyère ou du Voltaire des Contes : il s’agit, bien sûr, de Paul-Louis Courier.

Le « florilège » que nous offre le préfacier, Jean-Pierre Lautman, se compose de quatre textes qui sont de vrais pamphlets, féroces autant qu’ironiques et souvent délicieux dans leur expression. Il s’agit d’une Pétition aux deux Chambres, d’une Lettre au rédacteur du Censeur, d’une Adresse aux âmes dévotes de la paroisse de Veretz, département d’Indre-et-Loire et d’une Pétition à la Chambre des députés pour des villageois que l’on empêche de danser.

Tout un programme !

Jean-Pierre Lautman écrit justement : « Égratigner et non poignarder, fatiguer et non anéantir, piéger et non s’exposer, telle est la nature du pamphlet selon Courier. »

Jugez-en par ces quelques extraits :

« Le secret est l’âme de toute opération militaire. À minuit, on monte à cheval ; on part ; on arrive sans bruit aux portes de Luynes ; point de sentinelle à égorger, point de poste à surprendre ; on entre, et au moyen de mesures si bien prises, on parvient à saisir une femme, un barbier, un sabotier, quatre ou cinq laboureurs ou vignerons, et la monarchie est sauvée. »

« On recommande à vos prières le nommé Paul-Louis, vigneron de La Chavonnière, bien connu dans cette paroisse. Le pauvre homme est en grande peine, ayant eu le malheur d’irriter contre lui tout ce qui s’appelle en France courtisans, serviteurs, flatteurs, adulateurs, complaisants, flagorneurs et autres gens vivant de bassesse et d’intrigue, lesquels sont au nombre, dit-on, de quatre ou cinq cent mille […], car ils l’accusent d’avoir dit en taillant sa vigne : "Qu’eux, gens de cour, sont à nous autres, gens de travail et d’industrie, cause de tous nos maux ; qu’ils nous dépouillent et nous dévorent au nom du roi, qui n’en peut mais ; que les sauterelles, la grêle, les chenilles, le charançon ne nous pillent pas tous les ans, au lieu que lesdits courtisans s’abattent sur nous chaque année […]" »

« Jésus avait dit : Allez et instruisez. Mais il n’avait pas dit : Allez avec des gendarmes, instruisez de par le préfet. »

Je terminerai en citant un extrait, incroyablement actuel, tiré de la Pétition aux deux Chambres : « On mande de Berlin que le docteur Kinkausen, fameux mathématicien, a depuis peu imaginé de nouveaux caractères, une nouvelle presse mobile, maniable, légère, portative, à mettre dans la poche, expéditive surtout, et dont l’usage est tel qu’on écrit comme on parle, aussi vite, aisément : c’est une tachytipie. On peut dans un salon, sans que personne ne s’en doute, imprimer tout ce qui se dit, et, sur le lieu même tirer à mille exemplaires toute la conversation à mesure que les acteurs parlent […] Je vous laisse à penser, Monsieur, quel déluge va nous inonder, et ce que pourra la censure contre pareil débordement. »

Dois-je rappeler que Paul-Louis Courier est mort assassiné le 10 avril 1825.

Jean-Pierre Sueur

  • Ce livre peut être commandé aux éditions La Guêpine, 10 mail de la Poterie, 37600 Loches. Prix : 13,90 €

Quand on a connu la crise du lait, celle de l’élevage, quand on connaît les incertitudes qui subsistent sur les zones défavorisées, quand on sait ce qu’il en est des revenus effectifs d’un certain nombre d’agriculteurs, comment ne pas partager les réactions des organisations professionnelles et du ministre de l’Agriculture qui dénoncent la réduction de 5 % des crédits de la « Politique agricole commune » (PAC) envisagée pour les années 2021-2027 au plan européen comme une diminution « drastique, massive, aveugle, inenvisageable. » Et je suis, bien sûr, solidaire des agriculteurs qui craignent d’être les premières victimes d’une telle décision et demandent au président de la République et au gouvernement de ne pas l’accepter.

Et cela même si je pense – à l’instar d’un nombre non négligeable d’agriculteurs – que l’on pourrait et devrait revoir la répartition des crédits de la PAC entre le premier pilier (aides directes) et le second (développement rural) et revoir aussi la répartition des aides directes selon les types d’exploitation et de revenus.

Mais je veux ajouter que si cette question de la réduction potentielle des crédits de la PAC a fait la « Une » dans les médias – ce que je comprends, eu égard à l’impact qu’elle aurait en France, tout particulièrement –, il serait injuste de passer sous silence les autres mesures inscrites dans ce projet de budget, qui vont dans le bon sens et qui sont – pour certaines – attendues depuis longtemps.

La première d’entre elles serait de conditionner le versement des fonds européens au respect de l’état de droit, de l’indépendance de la justice et des droits de l’Homme. De surcroît, les mesures afférentes seraient mises en œuvre par des décisions du Conseil européen prises non plus unanimement (ce qui ôterait tout effet), mais à la majorité. On comprend que cela ne plaise ni à la Pologne, ni à la Hongrie, ni à Malte, ni à la Roumanie… Mais on comprend aussi, et surtout, qu’en faisant une telle proposition, la Commission affirme que l’Europe n’est pas seulement une sphère marchande, mais que c’est d’abord le respect de principes et de valeurs communes.

Deuxième bonne nouvelle : il est proposé que les crédits pour « Erasmus » soient doublés. C’est une excellente initiative que d’aider ainsi les étudiants de toute l’Europe. Pareillement, les crédits pour la recherche progressent même si cette progression est trop faible au regard des enjeux.

Troisième point important : une augmentation des crédits et des effectifs de Frontex. Il n’est pas d’autre moyen si on veut faire face aux « passeurs » qui exploitent la misère et transforment la Méditerranée en cimetière à ciel ouvert.

Quatrième point significatif : treize milliards d’euros seraient prévus pour « l’Europe de la Défense ». Bien que l’on proclame depuis des décennies l’ardente nécessité de cette « Europe de la Défense », on prévoit pour la première fois de dépasser le stade des incantations.

Enfin, le budget progresse. C’est donc plus d’Europe. Ce qui est bien, si l’on parvient à ce que les lumières éclairent davantage encore et à ce que l’on trouve des solutions pour dissiper les ombres annoncées.

Les négociations commencent.

Jean-Pierre Sueur

J’ai participé à l’émission « Secrets d’info » sur « les dérives du commerce des obsèques » qui a été diffusée samedi 5 mai sur France Inter, sous une forme abrégée sur France Info et a donné lieu à un article sur le site Internet de France Culture.

L’auteur de cette émission, Philippe Reltien, a réalisé une solide enquête sur les contrats obsèques. Celle-ci a montré – ce que je n’ai cessé de dénoncer ! – que de nombreux contrats souscrits sont rédigés dans des termes contraires à la loi. En effet, les contrats « packagés » sont strictement interdits. Tout contrat doit obligatoirement être assorti d’un devis précis et personnalisé, établi avec un opérateur funéraire. D’autre part, tout changement voulu par le souscripteur, à tout moment, s’agissant du lieu des obsèques, de l’entreprise choisie, du mandataire désigné, du mode d’obsèques voulu (inhumation ou crémation), ne peut donner lieu à une augmentation sensible du coût, mais doit être réduit à des frais administratifs minimes.

Enfin, l’usage qui consiste pour les banques et les assurances à diriger automatiquement les souscripteurs vers un groupe ou un opérateur funéraire peut être assimilé à un détournement de procédure. Choisir une banque ou une assurance pour un contrat obsèques, ce n’est pas choisir en même temps ou implicitement un opérateur funéraire. Les entreprises indépendantes se battent depuis longtemps contre cette « captation de clientèle » et m’ont souvent dit que « le monopole qui était sorti par la porte avec la loi de 1993 revient par la fenêtre avec le développement de ce type de contrats obsèques. »

J’ajoute que la disposition récente qui permet de prélever jusqu’à 5 000 € sur le compte d’une personne défunte pour acquitter les frais d’obsèques enlève beaucoup d’intérêt aux contrats obsèques.

Un autre point mériterait d’être traité. Il s’agit du prix des différentes prestations funéraires. Afin d’aller vers une vraie transparence et de permettre aux familles éprouvées, et donc vulnérables, de connaître et de comparer facilement les prix, la loi de 2008, complétée et précisée depuis, a instauré l’obligation de « devis-type » rédigés et renseignés selon un modèle établi par le ministère de l’Intérieur que les entreprises habilitées doivent délivrer aux mairies des communes de plus de cinq mille habitants et que les maires doivent obligatoirement rendre publics (en particulier au moyen du site Internet de la commune). Or, selon une enquête publiée par l’association Familles rurales le 1er novembre 2017, cette réglementation ne serait respectée que par quatre entreprises sur dix.

C’est pourquoi j’interrogerai le ministère de l’Intérieur à ce sujet en lui posant une question en séance publique le 22 mai prochain.

Jean-Pierre Sueur

>> (Ré)écouter « Secrets d’info »

>> L’article de Philippe Reltien sur le site de France Culture

>> Lire "Prix des obsèques : il reste du chemin à parcourir pour obtenir la complète application de la loi"

Jean-Pierre Sueur a posé une question écrite au ministre de l’Intérieur sur les conséquences de la facturation individuelle d’eau dans les copropriétés et immeubles collectifs.

>> Lire la question écrite

Je tiens à saluer la grande ténacité avec laquelle Gérard Dupaty, maire, et son équipe municipale ainsi qu’Éric Degoutte, directeur, font vivre l’art contemporain dans le site remarquable des Tanneries à Amilly.

La nouvelle exposition que l’on peut visiter jusqu’au 2 septembre présente un riche panorama de l’art contemporain – trente-deux artistes y ont contribué – sous le titre « Formes d’histoires » qui m’a aussitôt fait penser à Mikhaïl Bakhtine, à Roman Jakobsur et à tant d’autres qui se sont attachés à retrouver les structures des contes, des récits, des manifestions de la culture…

Avec les Tanneries, Amilly s’inscrit désormais dans les hauts lieux de l’art contemporain en France et en Europe.

JPS

Lucie Picandet, Vol d'un quatorze juillet dans la nuit d'hui - celui que je suis - Paysages intérieurs 8, 2018 (détail)

 

Je reviendrai plus longuement sur le projet de loi « asile et immigration » lorsqu’il sera soumis au Sénat.

Mais je veux d’ores et déjà faire part de plusieurs constats.

Ce qui me frappe d’abord, c’est que ce texte ne repose pas sur une analyse approfondie et prospective des défis de la migration dans le monde. Il y a toujours eu des migrations. Pour des raisons liées au droit d’asile, mais aussi pour des raisons économiques et climatiques, il y en aura davantage demain.

Le Conseil d’État a d’ailleurs noté qu’il a cherché en vain dans le projet « le reflet d’une stratégie publique fondée sur l’exacte mesure des défis à relever et sur des choix structurants orientant les services publics vers un exercice plus efficace de leur mission. »

Le Conseil d’État pointe même l’inutilité d’un nouveau projet de loi après tant d’autres, et surtout « après la loi du 7 mars 2016 qu’avait précédée la loi du 29 juillet 2015. » Il note que les rédacteurs du projet ne peuvent pas même « s’appuyer sur une seule année entière d’exécution » des mesures mises en œuvre dans ces lois. Et il ajoute : « S’emparer d’un sujet aussi complexe à d’aussi brefs intervalles rend la tâche des services chargés de leur exécution plus difficile et diminue sensiblement la lisibilité du dispositif. »

Comme l’a justement écrit Maryline Baumard dans un remarque article paru dans Le Monde du 16 avril dernier : « Bien que baptisé "Pour une immigration maîtrisée, un doit d’asile effectif et une intégration réussie", ce texte marie surtout dissuasion et répression, négligeant pour l’heure de volet intégration. »

Il est clair que ce texte ne facilitera pas les choses, ni pour les demandeurs d’asile, ni pour les « migrants économiques » – c’est-à-dire des êtres humains que la misère fait arriver en Europe et qui, pour l’essentiel, y restent, faute en particulier d’un « laisser passer » fourni par le pays d’origine.

Les chiffres, à cet égard, sont éloquents. Seuls 4 % des déboutés du droit d’asile sont effectivement renvoyés. Et seules 13,5 % des « obligations de quitter le territoire français » (OQTF) sont exécutées. Ces chiffres expliquent d’ailleurs le découragement de nombre de fonctionnaires chargés de ces questions, qui sont trop peu nombreux et ont le sentiment que leur travail n’est pas utile ni efficace.

Il est positif de raccourcir les délais pour l’examen des demandes d’asile. Mais cela doit être fait dans le respect des droits des demandeurs.

La question des « migrations économiques », liées à la misère, aux trafics des passeurs, appelle des réponses européennes. Elle appelle une coopération plus forte avec les pays d’origine. Elle appelle enfin beaucoup d’humanité. Un immigré est d’abord un être humain. Et compte tenu des chiffres cités ci-dessus – dont on peut penser qu’ils n’évolueront pas dans de grandes proportions, y compris si le projet de loi restait en l’état –, l’enjeu principal consiste à réussir l’intégration.

Qu’il me soit enfin permis de rappeler à l’auteur de la phrase désormais célèbre selon laquelle l’abstention d’un député serait un péché véniel et le vote contre serait, lui, un péché mortel, que notre Constitution dispose dans son article 27 que « tout mandat impératif est nul. »

Jean-Pierre Sueur

Je tiens à reproduire ci-dessous deux textes, à mon sens très remarquables.

Le premier, paru dans Le Monde du 25 avril, est un appel de trente imams qui dénoncent l’antisémitisme et le terrorisme. On attendait des prises de position claires des autorités de l’islam. Celle-ci est claire. Elle se termine par cette phrase : « Vive la République, vive la France ! » Ce texte doit être salué.

Le second texte paru le même jour dans Libération est une analyse de mon ami Michel Wieviorka que je partage entièrement et qui, pour l’essentiel, tient en ces quelques lignes : « Il n’y aura d’action efficace face au racisme et à l’antisémitisme que si ceux qui sont chargés de participer à un tel combat se mobilisent de concert. Que si les clivages sont transcendés plutôt que d’être exacerbés. »

Oui, il y a des causes qui appellent l’unité de celles et ceux qui les partagent – et par rapport auxquelles, il est, effet, néfaste d’« exacerber » les différences.

JPS

>> L’article du Monde : « Des imams au service de la République »

>> L’article de Libération : « Le grand pardon »

Pour avoir beaucoup travaillé sur ce sujet il y a quelques années – et encore récemment -  je tiens à saluer les propositions rendues publiques par Jean-Louis Borloo.

Et je veux souligner, comme il l’a fait lui-même, la forte mobilisation de plusieurs dizaines – et même de centaines – d’élus qui sont à l’origine de ces propositions et ont su faire entendre leur colère et leur désarroi devant le fait, qu’une fois encore, la politique de la ville leur paraissait s’enliser, se perdre dans les complexités administratives et surtout ne pas recevoir les financements et les moyens nécessaires.

Certaines des propositions concernent le long terme ou le moyen terme. D’autres relèvent de l’urgence.

Reprenant des thèses que j’ai amplement exposées dans le passé, j’insisterai sur trois points.

  1. Des moyens sont nécessaires. Lorsque j’avais proposé une loi de programmation de dix ans, lorsque d’autres l’ont fait ensuite, les autorités de Bercy ont récusé cette idée au motif de la sacro-sainte « annualité budgétaire ». Il faut aujourd’hui dépasser cette objection. Il faut une programmation sur dix ans, dotée de moyens « sanctuarisés » qui s’imposera à tous les gouvernements à venir (cela vaut aussi pour la Justice où le retard à rattraper est considérable).
  2. On a trop souvent, au motif de les « aider », maintenu et enfoncé les quartiers dits « de la politique de la ville » dans un statut – voire dans un ghetto. Il faut en sortir. Il ne faut pas seulement « réparer » ces quartiers. C’est toute l’aire urbaine qu’il faut repenser en mettant partout en œuvre la mixité sociale et la mixité fonctionnelle (l’une ne va pas sans l’autre). Chacun doit avoir droit de cité dans la ville de demain sur tous les espaces et dans chaque espace, toutes les fonctions (habitat, travail, formation, commerce, culture, sports, loisirs…) doivent être représentées. C’est dire que la mobilité doit être un enjeu essentiel.
  3. Il faut corrélativement en finir avec les « zonages » ou les « zonages » excessifs. La France a été la championne du monde des zonages dans la politique de la ville. Or le zonage stigmatise, même si l’on prétend que sa fonction est d’aider et de permettre au quartier considéré de « sortir » du « zonage » – ce qui le plus souvent n’arrive pas. Il est bien sûr indispensable de développer des politiques de solidarité et de « donner plus à ceux qui ont moins », mais il est possible (il doit être possible) de le faire sans que les « bénéficiaires » de cette salutaire œuvre de justice soient « assignés à résidence » dans des périmètres dont ils ne sortent pas.

Jean-Pierre Sueur

>> « Demain la ville » (1998)

>> « Villes du futur, futur des villes » (2011, Sénat)

>> « Le phénomène urbain, un atout pour le futur » (2016-2017, Sénat)

>> Changer la ville, Odile Jacob, 1999.

J’ai eu l’occasion de travailler et dialoguer avec Jean-Luc Roméro, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) que nous avons encore reçu récemment au groupe socialiste du Sénat. Je pense avec lui que la loi Claeys-Leonetti doit évoluer. C’est un sujet qui donnera lieu au Parlement à un débat qui est, pour moi, absolument nécessaire.

J’ai eu également l’occasion de dialoguer, à plusieurs reprises avec des responsables d’une autre  association, JALMALV, qui agit pour développer les soins palliatifs et accompagner les personnes en fin de vie. Pour bien connaître, dans le Loiret, les responsables et plusieurs bénévoles de cette association, je tiens à m’inscrire en faux contre les propos tenus par Christine Angot dans l’émission « On n’est pas couchés », selon laquelle cette association serait un« lobby » animé par des « catholiques intégristes » dont les bénévoles feraient « intrusion dans la vie des malades » et exerceraient sur eux une violence psychologique quand ils souhaiteraient qu’il soit mis fin à leur existence.

Damien Le Guay a dénoncé avec sa fougue habituelle ces propos dans Le Figaro du 26 avril dernier.

Pour ma part, je souhaite qui nous puissions mener la réflexion qu’appelle ce sujet essentiel avec la sérénité et le souci de la vérité et de l’objectivité qui ont visiblement fait défaut lors de l’émission en question.

JPS

Trop de livres politiques sont vite faits, mal faits. Ce ne sont pas toujours ceux qui les signent qui les écrivent. Si bien qu’ils sont bientôt oubliés…

Tel n’est assurément pas le cas de l’ouvrage que vient de publier François Hollande, Les leçons du pouvoir, dont on mesure à chaque page combien les analyses sont précises, les arguments et les explications solides – on les trouve parfois trop tardives ! – et combien l’auteur évite le piège de l’autosatisfaction et sait assumer ses erreurs.

C’est pourquoi ces quelque 400 pages méritent d’être lues et méditées.

François Hollande évite aussi les pièges et les illusions de la chronologie en donnant pour titre à chacun de ses dix-huit chapitres un verbe employé à l’infinitif (décider, réformer, affronter, regretter, rompre, renouer…) dans une visée que les linguistes qualifieraient de performative.

En politique, plus qu’ailleurs, les mots sont des actes et dire, c’est faire.

Le livre revient sur les points forts et les réussites du quinquennat, comme l’ancrage de la Grèce dans l’Europe : « La France a réussi à faire prévaloir l’intérêt général de l’Europe. Il passait par le sauvetage de la Grèce. Aurais-je cédé là-dessus que c’en était fait de la solidarité au sein de la zone euro et donc de son avenir […] Rien n’aura été acquis pour nous. »

Dans les réussites, il y a bien sûr l’Accord de Paris sur le climat. Il y a le mariage pour tous – sur lequel personne ne reviendra. Il y a une grande quantité de lois et de réformes qu’il serait fastidieux d’énumérer ici.

Et il y a assurément pour François Hollande, à rebours de tous propos démagogiques et simplistes, une politique économique qui, conformément aux préconisations du rapport Gallois, se traduit par le CICE (quelles que soient les critiques que l’on a pu faire sur les modalités de sa mise en œuvre) et le pacte de responsabilité.

Je n’ai – pour ma part – qu’un regret, c’est que le rapport Gallois n’ait pas été mis en œuvre dès le premier jour du quinquennat. Le « retard à l’allumage » n’a, en effet, pas été sans conséquence.

Le discours du Bourget

François Hollande a choisi de mener cette politique, car il était intimement persuadé que la perte de productivité des entreprises, le sens de la réduction de la part de l’industrie dans notre activité économique devaient donner lieu à des mesures puissantes et volontaristes. Il nous offre à cet égard une relecture du discours du Bourget, où cela était dit et redit. Je m’en souviens, j’y étais. On n’a malheureusement retenu de ce discours qu’une seule phrase.

Salutaire, nécessaire et tragique fut aussi la part prise par François Hollande au combat contre le terrorisme, au Mali, en Afrique, en Syrie – et aussi, bien sûr, en France, où il lui revint de lutter sans trêve pour prévenir de nouveaux attentats après avoir exercé les si dures missions qui lui incombaient à la suite des terribles attentats qui nous ont touchés.

Il nous dit sans détour que, devenu président, la réalité de la mort ne le quittera jamais.

François Hollande reconnaît ses erreurs. Il les explique. Il donne des justifications. Mais il ne biaise pas. Ainsi en est-il pour la déchéance de nationalité – que, comme d’autres, je n’aurais pas pu voter –, pour la loi El Khomri qui aurait dû être proposée plus tôt à la suite d’une concertation plus approfondie ou pour la politique fiscale, sur laquelle il revient longuement.

Il nous parle beaucoup des hommes et des femmes qui furent ses partenaires – Poutine, Merkel, Obama –, de ses Premiers ministres et de ses ministres.

Sur ses relations avec Emmanuel Macron, je note qu’il donne priorité aux faits, à la description de ce qui s’est passé – plutôt qu’aux jugements moraux, même si certaines phrases ne dissimulent pas les blessures.

Illusoire alternative

La dernière partie du livre me paraît être la plus importante. François Hollande s’y interroge longuement sur la crise de la social-démocratie en Europe.

Et il pourfend ceux qui, au nom d’une gauche prétendument radicale, du populisme, de la démagogie et d’un état d’esprit foncièrement anti-européen, prétendent opposer aux valeurs, à l’acquis et à l’espérance de la social-démocratie (du socialisme français) une illusoire alternative.

Il faut, pour lui, faire à cet égard un choix clair qui sera du même ordre et aura la même portée que celui qui a été fait lors du Congrès de Tours, en 1920.

Il écrit : « Le socialisme serait-il condamné à évoquer son passé comme pour mieux tirer un trait sur son avenir ? […] Mon expérience m’a confirmé  dans cette certitude : il ne s’agit plus de rêver d’une Europe nouvelle […]. Il s’agit de savoir s’il faut partir ou rester. Il n’y a plus de demi-mesure. Tout le reste est artifice. On n’est pas à moitié dans l’Union économique et monétaire. On n’est pas à moitié dans Schengen. On est Européen ou on ne l’est pas […]. Avec la gauche radicale d'aujourd'hui, il n'y a rien. Ni modèle ni construction. Pas même une idéologie. Seulement des discours, des incantations, des invectives. Avec cette gauche-là, si tant est qu'elle reste de gauche, les conservateurs comme les libéraux n'ont rien à craindre. Ils ne sont pas la première cible. C'est la social-démocratie qui est visée. C'est elle la généreuse, la sérieuse, la laborieuse qui doit disparaître. C'est elle qu'il faut empêcher, arrêter et même anéantir. L'obliger à se soumettre et à perdre toute crédibilité ou bien la renvoyer à des coalitions centristes où elle serait reléguée ainsi à des tâches subalternes pour être mieux accusée de collaboration et de compromission. Voilà le projet. Il est funeste. Ce n'est pas la mort lente de la social-démocratie, c'est la disparition assurée de la gauche. Ainsi le socialisme risque-t-il peu à peu de s'effacer, englué dans une Europe où il pèse de moins en moins, condamné par une radicalité qui s'est emparée de la longue histoire de l'insoumission pour la vider cyniquement de son sang. C'est en regardant en face cette menace que la social-démocratie peut retrouver la force de convaincre les électeurs qui l'ont quittée, en étant clair sur sa vision, en écartant la surenchère et en relevant la tête, c'est-à-dire en assumant son bilan, car d'autres périls s'annoncent. »

Je ne prétends pas avoir résumé les 400 pages de ce livre. J’espère  simplement avoir montré combien il mérite d’être lu.

Jean-Pierre Sueur

  • François Hollande signera son livre le mardi 25 avril à la Librairie Nouvelle, place de la République à Orléans, de 16 h 30 à 19 h 30.
 

Nous reproduisons le texte de Jean-Pierre Sueur inclus dans la plaquette Hommage à René Thinat publiée par la Ville d’Orléans à l’occasion de la journée marquant le quarantième anniversaire de sa disparition et consacrée à l’action qui fut la sienne en tant que maire d’Orléans.

>> Lire le texte de Jean-Pierre Sueur

 

 

 

 

Jean-Pierre Sueur est intervenu en séance publique, au Sénat, lors du débat sur la proposition de loi relative à la transposition d’une directive européenne sur le « secret des affaires ». Il a soutenu, lors de son intervention, que la protection du « secret des affaires » ne pouvait être opposée au respect de la liberté de la presse, ni à l’activité scientifique des chercheurs et des enseignants chercheurs.

>> Lire le compte-rendu de son intervention

>> Lire l'article de la République du Centre

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